Jacques Lévy

Léa* et Henri Chaumont*, riches fermiers de Haute-Marne possédaient un haras. Ils habitaient dans une ferme à Châtillon-sur-Broué, village de 80 habitants situé au sud-ouest du lac du Der-Chantecoq, avec leurs 6 enfants.

Avant la guerre, Henri Chaumont*, entretenait des relations personnelles et des relations d'affaires avec un maquignon juif du nom de Daniel Lévy, né à Saint-Dizier en 1889, qui habitait à Saint-Dizier. 
Henri Chaumont* lui répéta plus d'une fois qu'en cas de besoin il prendrait soin de lui et de sa famille. 

Le jeudi 27 janvier 1944, à 8 h 30, commence une rafle de grande ampleur dans la communauté juive haut-marnaise, et notamment bragarde. « Un court délai est donné aux familles pour rassembler un minimum de choses à emporter, puis un camion prend, au fur et à mesure, à son bord, les personnes arrêtées. Le regroupement s'effectue à l'Hôtel Rigole, près de la gare. 
Daniel Lévy, son épouse et leur fille, Colette, née à Saint-Dizier en 1922, sont arrêtés. Le fils, Jacques, âgé de 18 ans et demi, travaille alors à la graineterie Collot, avenue d'Alsace-Lorraine. Un ouvrier de la menuiserie Chanfrault, Aldo Griggio, part le prévenir de la rafle en cours. Depuis le « Coop » de l'avenue de la République, géré par M. Bécart, son père parvient, par téléphone, à le joindre. Il lui intime l'ordre de se sauver et lui conseille d'aller se réfugier chez Léa* et Henri Chaumont*. Ses parents et sa soeur seront déportés sans retour vers Auschwitz le 10 février 1944 par le convoi n° 68.
Aussitôt, Jacques Lévy se rend aux fonderies de La Noue, où P. Mogin et V. Paquis lui prêtent un vélo et des vêtements chauds. Une fausse carte établie en mairie, au nom de "Jacques Cléry", lui est délivrée, puis, par des chemins détournés, il se dirige, à deux-roues, vers la ferme des Bourgeois. Il y arrive au soir, et reste caché chez Léa* et Henri Chaumont* du 27 janvier au 19 mars 1944. 
Les Chaumont s'occupèrent néanmoins de lui comme s'il faisait partie de la famille. Lorsqu'un étranger s'approchait de la ferme, Jacques était prévenu par les aboiements des chiens; si c'était la nuit, il s’engouffrait dans une cachette spéciale ou se dissimulait dans un bosquet voisin. Après avoir pu obtenir de faux papiers et une carte d'alimentation grâce au maire de Saint-Dizier, il gagna finalement l'Aquitaine grâce à une filière clandestine, où il sert dans un groupe FFI, pour revenir à Saint-Dizier en novembre. 

Il resta par la suite en relations amicales avec les Chaumont et participa à toutes leurs fêtes.

Le 18 juin 1979, Yad Vashem a décerné à Léa* et Henri Chaumont* le titre de Juste des Nations.