Elizabeth Dessauer

Clothilde* et Valentin Daubas* habitaient à Bonas avec leurs trois enfants. Ce fermier, qui avait une trentaine d'années pendant l'Occupation, s'occupait de ses vignobles et élevait des canards. 
Hostiles au gouvernement de Vichy, ils vont accueillir deux réfugiées juives originaires d'Allemagne, au moment des rafles d'août 1942 la jeune Erika Dessauer, née à Fulda en Allemagne en 1923 et sa mère, Madame Dessauer.

Erika Dessauer et sa mère, Madame Dessauer, avaient été assignées à résidence à Castera Verduazan, non loin de La Cassagnard. 
Erika, qui avait alors dix-neuf ans, fut envoyée par sa mère à la ferme de Clothilde* et Valentin Daubas* pour acheter de la nourriture et sonder ses propriétaires : seraient-ils disposés à les aider si elles avaient un jour besoin d'une cachette ? Erika Dessauer fut émue par la bonté d'une famille large d'esprit qui lui assura qu'elle trouverait porte ouverte le jour où elle chercherait un abri pour elle et sa mère. 

Monsieur Dessauer, qui était resté à Toulouse, était en contact avec un officier de police, Charles Heyl, qui lui avait promis de l'avertir en cas de rafle. Il tint parole et, le 3 août 1943, convoqua Monsieur Dessauer au commissariat de Toulouse pour le prévenir que des arrestations massives de Juifs étaient imminentes. 
Monsieur Dessauer contacta immédiatement sa femme et sa fille et, utilisant le code qu'ils avaient mis au point, les prévint qu'elles devaient se sauver. 
Le soir même, les deux femmes se rendirent à pied à la ferme de Clothilde* et Valentin Daubas*, située à quatre kilomètres. Ils les accueillirent chaleureusement, les assurant qu'elles seraient en sécurité et qu'elles pouvaient rester aussi longtemps qu'il le faudrait. 
On expliqua aux enfants que Madame Dessauer, malade, était venue reprendre des forces à la campagne, mais qu'il ne fallait parler des visiteuses à personne. Clothilde* et Valentin Daubas* leur demandèrent de plus de les prévenir s'ils voyaient un étranger approcher. 

Erika Dessauer et sa mère, Madame Dessauer séjournèrent à la ferme pendant une semaine, et leurs hôtes refusèrent toute rémunération. 

Erika Dessauer n'oublia jamais la gentillesse de Valentin Daubas*. Bien des années plus tard, alors qu'elle vivait aux Etats-Unis, elle vint lui rendre visite en compagnie de sa famille, et retrouva le même fermier chaleureux et modeste, pour lequel ce qu'il avait fait pendant l'Occupation était tout naturel. Il lui écrivit par la suite : "Je n'ai fait que mon devoir envers vous et votre mère, car le rôle de la Résistance et d'une grande partie des Français était de faire échec aux Nazis. Nous y sommes parvenus et j'en suis heureux" se contenta-t-il de dire.

Le 5 mars 1989, Yad Vashem a décerné à Clothilde* et Valentin Daubas* le titre de Juste des Nations.