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Moselle

Région :
Grand-Est
Département :
Moselle

Préfets :
(10/03/1939 - 09/06/1944) Préfet de la Moselle puis chargé des expulsés répartis dans les départements de zone libre à Montauban
(1945 - 1947) Préfet de Moselle.

À lire, à voir…

Jean-Émile Andreux Jean-Émile Andreux
Le Camp des Mazures et ses déportés juifs

 

Médard Brogly Médard Brogly
La grande épreuve - l'Alsace sous l'Occupation Allemande 1940-1944

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Daniel Froville Daniel Froville
Pierre Bockel, l’aumônier de la liberté

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Jean-Émile Andreux Jean-Émile Andreux
Mémorial des déportés du Judenlager des Mazures

 

 Collectif Collectif
Un exil intérieur : l'évacuation des Mosellans de septembre 1939 à octobre 1940

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Eric Rondel Eric Rondel
L'Armée américaine en Alsace : Haut-Rhin / Bas-Rhin 1944-1945

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Marie-Joseph Bopp Marie-Joseph Bopp
Histoire de l'Alsace sous l'occupation allemande, 1940 1945

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Max Lagarrigue Max Lagarrigue
1940, la France du repli, l'Europe de la défaite

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Texte pour ecartement lateral

Robert Frank

dit François Robert
Texte pour ecartement lateral

Metz 57000 Moselle
Date de naissance: 11/11/1929 (Metz)

Nationalité : Français
Aidé ou sauvé par : - Fernand Peyronnet - Denise Vallon - Auguste Jaeger - Marie Jaeger
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Histoire

Témoignage de Robert Frank

Avant la guerre

Max Moshe Frank, né le 11/09/1894 à Sierpec (Pologne) avaient épouse Betty née Wohl le 22/11/1904 à Brody (Pologne). Juifs croyants et pratiquants, ils avaient fuit la Pologne et quitter leurs familles devant les persécutions subies par les communautés juives. Ils ne parlaient pas le français. Le père parlait le yiddish et la mère parlait l’allemand.
Robert Frank est le seul des quatre enfants à devenir français lorsque son père le déclare à sa naissance, le 11 novembre 1929, à la mairie de Metz. Durant sa petite enfance, il vit dans les quartiers populaires de la ville où se regroupe la majorité de la population juive émigrée. À la naissance de sa sœur Mireille, le 07/07/1934, puis de ses deux frères Marcel, le 06/11/1936, et Charles, le 23/11/1938, les parents déménagent dans un quartier bourgeois de la ville. La maman ne travaille pas et s’occupe de ses enfants, alors que des documents trouvés en Pologne attestent qu’elle était auparavant institutrice. Devenu représentant de commerce pour un tailleur qui fait des costumes pour hommes, le père de Robert Frank part le lundi matin et ne revient à la maison que le vendredi dans l’après-midi pour respecter le repos du Shabbat.
Robert Frank apprend le français dès son entrée à l’école maternelle et reçoit chez lui une éducation religieuse. Il vit heureux à Metz dans des conditions matérielles satisfaisantes jusqu’à la déclaration de guerre le 3 septembre 1939 ; il va avoir 10 ans. 

Pendant la guerre

Metz est une ville proche de la frontière allemande et le maire décide l’évacuation de la totalité de la population civile, organisée par les autorités. La population juive de Metz se regroupe volontairement dans un même train qui est dirigé vers la côte atlantique.
Novembre 1939, Royan devient la destination des Frank. C’est une ville de villégiature et la grande majorité des villas sont vides à cette période de l’année. Nous pensons au ressenti de la famille devant ces premières difficultés vécues au début de cette guerre. Le lycée est complet et Robert Frank est scolarisé loin de son domicile avec d’autres enfants réfugiés, dans un wagon aménagé en salle de classe. Il doit entrer en classe de 6e, mais le niveau enseigné ne dépasse pas celui du certificat d’études. Les Allemands arrivent à Royan fin avril 1940. Envoyé par sa mère pour acheter du pain, il voit les troupes allemandes arriver, musique et drapeaux en tête ; fasciné par le spectacle, il rentre l’annoncer et voit sa mère se mettre à sangloter.
Royan ayant été déclarée « ville ouverte », les troupes allemandes pénètrent dans la ville sans rencontrer de résistance. Après l’armistice de juin 1940, la France est coupée en deux zones : zone nord occupée par les Allemands, zone sud, dite libre, dirigée par le Maréchal Pétain (Régime de collaboration de Vichy). Le 27 septembre 1940, première ordonnance allemande dirigée contre la population juive : le recensement. Toutes les personnes de religion juive (hommes, femmes, enfants) vivant en zone nord doivent aller se déclarer devant les autorités civiles. Réfugié en France, n’ayant pas la nationalité française, honnête et croyant, le père va à la préfecture et inscrit toute la famille, voulant à tout prix rester dans la légalité. Ils sont ainsi fichés. L’ordonnance allemande sur le recensement ne concernait que les personnes de « religion juive » mais quelques jours après, la première loi de Vichy portant le statut des juifs énonce la notion de « race juive ».
Début décembre 1940, un nouvel arrêté oblige les juifs à quitter la côte atlantique déclarée « zone interdite aux juifs ».Ils ne peuvent qu’emporter le strict minimum avec eux. Les juifs de Royan et des environs se retrouvent à la gare. À la descente du train, ils sont appelés parmi dix autres familles puis entassés à l’arrière d’un camion et emmenés dans un village de Dordogne dans la zone nord occupée par les troupes allemandes : Festalemps. Le maire les accueille et attribue à chacune des familles une ferme non occupée ou un placement chez l’habitant. Une grande ferme abandonnée, un peu à l’écart du village, est assignée aux Frank : la maman y pénètre et ressort en hurlant : « Jamais je n’entrerai là ». C’est vide, plein de toiles d’araignées, très sale, sans électricité ni eau courante, sans chauffage, des W.-C. loin dans un champ, mais il leur faut bien s’y installer. La Croix-Rouge leur fournit le minimum indispensable pour s’installer et la vie lentement reprend un cours normal. Le père et la mère fournissent un travail considérable pour rendre le lieu habitable et finalement agréable. Et c’est dans ce lieu que Robert Frank dit avoir passé l’une des périodes les plus merveilleuses de sa vie. Le père, un vrai paysan dans sa vie antérieure, en Pologne, où son propre père était maraîcher, a pu cultiver un lopin de terre, planter des légumes dans un champ et élever quelques animaux de basse-cour. Max continue à dire les prières matin et soir avec Robert Frank qui « doit » préparer sa bar-mitsvah (équivalent de la communion solennelle) car il a bientôt 13 ans !
Robert Frank pense aujourd’hui que les parents, coupés du reste du monde, vivaient dans une sorte de fausse tranquillité, occupés avant tout à pourvoir aux besoins essentiels. Pendant ce temps, la liste des décrets concernant les juifs et leur « rejet » progressif de la vie sociétale se poursuit et s’en ressent dans les grandes villes, particulièrement à Paris : couvre-feu après 20 heures, interdiction de posséder une voiture, un vélo, d’aller au cinéma, au théâtre, de jouer dans un square pour les enfants juifs, obligation de ne pénétrer que dans le dernier wagon du métro, ... Concernant Robert Frank, c’est l’obligation de porter une étoile jaune cousue sur les vêtements en dehors de l’habitation, le 1er juin 1942, qui est sa première et réelle prise de conscience de sa condition de juif et de la mise à l’index des juifs de la société. Deux années difficiles, mais tranquilles, s’écoulent à Festalemps jusqu’à la nuit du 8 au 9 octobre 1942.
À six heures du matin, deux gendarmes français les réveillent, leur ordonnent de préparer le minimum d’affaires puis d’attendre le car qui va passer environ une heure plus tard. Ils font le tour du village pour réveiller les autres familles juives, une liste à la main, et repassent une heure après avec le car qui emmène à Angoulême sept familles sur les dix arrivées en 1940.
Ils sont enfermés avec quatre cents autres Juifs, dans la salle philharmonique de la ville, au sein de l’actuel conservatoire de musique. Ils doivent dormir à même le sol, les fauteuils ayant été remplacés par de la paille.
Le 11 octobre1942, deux soldats allemands leur donnent l’ordre de remettre tous les objets précieux qu’ils possèdent. Le père de Robert Frank glisse à son fils un petit porte-monnaie et lui dit : « Tout ce que l’on a de précieux et l’adresse d’un rabbin sont dans ce porte- monnaie, glisse-le dans ta poche et ne dis rien ». Le lendemain, d’autres policiers allemands exigent que les pères d’enfants naturalisés français sortent avec eux dans une cour attenante avec le certificat de naturalisation à la main. Le père de Robert Frank montre aux autorités allemandes les papiers de son fils. Robert Frank est supposé quitter son père et rejoindre la file de droite, mais ne voulant pas obéir, il s’agrippe à son père. Pour le dégager, les deux soldats allemands frappent l’enfant en lui donnant un énorme coup de botte dans le genou et l’arrachent au père pour le jeter avec les autres enfants. Robert Frank voit alors pour la première fois de sa vie son père pleurer. Sur le chemin du départ, il se retourne une toute dernière fois vers son père qui lui crie en yiddish : « Robert, n’oublie jamais que tu es juif ! » Ce sont les dernières paroles de son père avant de quitter la salle philharmonique avec les autres garçons derrière un prêtre, le Père Jean-Baptiste Le Bideau sans avoir pu dire au revoir à son père ni aux autres membres de sa famille qu’il n’a jamais plus revus.
Il faut imaginer l’angoisse créée par cette situation. Le père Jean-Baptiste Le Bideau récupère les onze garçons juifs et les emmène dans un baraquement où se trouvent d’autres enfants qui ne sont pas juifs. Ils dorment sur des lits en bois et reçoivent un bon traitement. Le lendemain, les enfants demandent au prêtre s’ils peuvent revoir leurs familles. Il leur répond : « Non mes enfants, je ne peux pas aujourd’hui, je dois aller chercher de la nourriture pour vous tous, mais je vous emmènerai les voir demain, je vous le promets ». Les enfants apprennent, finalement, que leurs parents ont quitté Angoulême et qu’il n’est plus possible de les revoir. Environ deux semaines après leur arrivée, le Père Jean-Baptiste Le Bideau remet à Robert Frank une lettre ouverte. Il découvre l’écriture de sa mère et lit des reproches amers : ses frères et sa sœur pleurent toute la journée tant ils ont faim. Sa mère lui reproche de ne pas lui avoir retourné de colis contre les bons contenus dans les trois lettres qu’elle lui a fait parvenir de Drancy. Mais Robert Frank n’a reçu que la dernière et quatrième lettre. Ces bons, qui ne lui étaient jamais parvenus, bien sûr, devaient permettre d’envoyer de la nourriture en utilisant le contenu du porte-monnaie confié par son père. Collé à l’intérieur de cette unique lettre, il y avait un petit papier dactylographié indiquant : « n’envoyer ni colis, ni correspondance : partis pour une destination inconnue ». Devant la colère et les pleurs de Robert Frank, le prêtre affirme n’avoir jamais reçu d’autres lettres. Peu de temps après, Robert Frank reçoit une petite enveloppe sale, sans timbre. Sa maman lui écrit que la famille va bien, lui demande de bien prendre soin de lui, et espère le revoir bientôt. Trois mois s’écoulent lorsque le Père Jean-Baptiste Le Bideau annonce aux enfants juifs qu’ils sont prêts pour aller à la confession. Robert Frank prend peur à l’annonce de cette obligation. Il ne sait plus comment il a pu faire parvenir une lettre au Rabbin Bloch dont l’adresse figure dans le porte-monnaie.
Deux jours plus tard, la secrétaire vient chercher les enfants juifs pour les emmener à Poitiers, où réside le Rabbin. Aussitôt, les enfants sont placés dans des familles juives, Robert Frank à Châtellerault dans une famille juive qui avait déjà recueilli une jeune fille, Éva Nadel. Il y passe trois mois, dans d’excellentes conditions, scolarisé, jusqu’à ce que le commissaire de la ville vienne arrêter, sur l’ordre de Vichy, les enfants juifs français séparés de leurs parents, invoquant un « regroupement familial », à la grande joie des enfants. Robert Frank retrouve tous ses copains et copines de Metz, Royan, Festalemps, environ soixante enfants juifs français, arrachés à leurs familles et placés dans un camp de regroupement près de Poitiers (Camp de la route de Limoges) initialement ouvert pour les réfugiés espagnols fuyant la guerre d’Espagne et pour les Tziganes. Il n’y reste que trois jours puis tous sont conduits par train à Paris, gare d’Austerlitz. À l’arrivée, les enfants sont séparés en deux groupes selon des critères non connus et Robert Frank fait partie de celui qui est dirigé vers le foyer de l’UGIF, rue Lamarck à Paris XVIIIe. L’autre groupe, a-t-il appris après la guerre, a été dirigé sur le camp de Drancy puis déporté. À quoi tient la vie !
En réalité, bien après la guerre, Robert est entré en possession d’un certificat de la Préfecture des Deux-Sèvres indiquant que tout le groupe d’enfants était destiné au camp de Drancy pour être déporté à Auschwitz : c’était la véritable signification du regroupement familial !
Âgé de plus de treize ans et le foyer de Lamarck étant mixte, Robert Frank et quelques autres sont conduits dans un autre foyer de l’UGIF exclusivement ouvert pour des garçons, l’ancienne « École de Travail de l’ORT », 4bis, rue des Rosiers, dans le 4e arrondissement de Paris. Il y reste neuf mois.
En février 1944, une lettre cachetée, sans timbre lui est remise. Il est écrit : « Je suis un ami de ta famille. Tu ne me connais pas. Va – tel jour, à telle heure, à telle adresse (rue Alexandre Dumas). N’emporte rien. N’en parle à personne ».
Robert Frank se dit : « J’ai 14 ans. Que faire ? Qui est cet ami de la famille ? Pas de signature. Est-ce un piège ? » L’angoisse le saisit.
Muni d’un bon de sortie, Robert Frank décide d’aller voir. Il arrive devant une maison il entrouvre la porte et aperçoit une dame qui lui crie « Vous êtes Robert Frank ? Entrez et suivez-moi ». Elle le fait monter au premier étage, entrer dans une chambre et ferme la porte à clé derrière lui en lui disant de ne pas s’inquiéter, un monsieur va venir dans peu de temps lui expliquer la situation. Robert Frank se croit perdu, tambourine à la porte, hurle pendant que la dame essaie de le rassurer. Un vieux monsieur arrive peu après, explique à Robert Frank qu’il se trouve dans un ancien orphelinat protestant tenu par Auguste* et Marie Jeager*, qu’il va sortir du circuit juif, enlever l’étoile, avoir une fausse carte d’alimentation, changer d’identité, s’appeler "François Robert", être scolarisé et vivre en clandestin jusqu’à la libération.

Auguste* et Marie Jeager* sont originaire d'Alsace et dirigent l'orphelinat protestant du Bon Secours, situé 95 bis, rue Alexandre-Dumas dans le 20e arrondissement de Paris jusque dans les années 1950.
L'orphelinat accueillait environ 45 pensionnaires avant la Seconde Guerre mondiale, mais Auguste* et Marie Jeager*, respectivement âgés de 70 et 55 ans, décidèrent en 1939 de réduire leurs activités et envoyèrent les enfants se mettre à l'abri.
Marie Jeager*, la fille du couple prend soin des enfants et leur confectionnait souvent des vêtements, tandis que le fils André, a pu procurer à certains enfants des cartes d’identité et de "vraies fausses cartes d’alimentation" par son poste au ministère de l’Agriculture? Sa femme Hélène rapporte de la nourriture en complément depuis sa Touraine natale.
Entre novembre 1942 et juin 1945, Auguste* et Marie Jeager* accueillirent ainsi une quarantaine de petits juifs (d’après le Pasteur Vergara*).
A la libération, une quinzaine d’enfants se trouvaient encore à l'abri des murs de l'orphelinat.

Denise Vallon*, directrice de l’Institut Voltaire à Paris, le prend alors chez elle avec un autre enfant juif,Georges Miliband, jusqu’à la fin de la guerre, près de la gare de l’Est. Denise Vallon*, veuve sans enfant, vit dans un grand appartement et part tous les matins, avec les deux enfants, assurer le fonctionnement de l’Institut Voltaire. C’est une femme merveilleuse, intelligente, tendre et comprenant leurs difficultés affectives. Elle n’a jamais tenté de se placer en substitut maternel ce qu’ils n’auraient su accepter. Robert Frank et Georges Miliband l’ont profondément aimée. Denise Vallon* a tout fait pour que Robert Frank rattrape une partie de son retard scolaire de trois ans, lui a permis de réussir son certificat d’études, son brevet élémentaire l’année suivante, en lui faisant donner des cours particuliers par ses enseignants après les heures de classe. Heureuse du succès de Robert Frank au brevet, elle l’a récompensé en lui payant le voyage et l’hôtel pour retourner seul à Metz. Il y retrouve des amis de ses parents et les lieux de son enfance.
Dans la synagogue de la ville, une plaque commémorant les Juifs polonais de Metz exterminés y est déposée, le nom des membres de sa famille y est inscrit, parents et enfants, Robert Frank compris. Robert Frank restera chez Denise Vallon* jusqu’à fin 1945, toujours dans l’attente du retour de sa famille. À la fin de la guerre, il décide d’aller gare de l’Est pour essayer de trouver des informations sur sa famille. Il demande à d’anciens déportés des renseignements, mais il ne reçoit que des réponses négatives. C’est à ce moment-là qu’il ressent fortement l’absence de ses parents.

Après la guerre

Robert Frank apprend que la personne qui lui a écrit la lettre au foyer de l’UGIF est le Docteur Fred Milhaud qui, membre de l’UGIF, surveillait la santé des enfants du foyer de l’UGIF, rue des Rosiers et travaillait également avec sa femme, dans la clandestinité, pour faire évader les enfants de ces foyers.
À l’origine d’une organisation multiconfessionnelle clandestine nommée l’Entr’aide Temporaire, ils ont pu ainsi sauver près de 500 enfants. L’Entr’aide Temporaire a poursuivi son action après la Libération et la fin de la guerre en étant attentive au devenir de certains des enfants restés sans parents, dont Robert Frank, en les conseillant, les surveillant et les aidant afin qu’ils puissent s’insérer correctement dans la vie sociale. Elle leur a fait obtenir le statut de Pupilles de la Nation et donc une prise en charge matérielle totale par l’État.
Robert Frank a pu entreprendre des études supérieures et obtenir un doctorat en chirurgie dentaire. Marié depuis soixante-cinq années à une femme juive psychologue-analyste, ils sont les parents de deux filles, de quatre petits-enfants et deux arrière-petites-filles. Il mène une vie heureuse bien qu’il ait beaucoup de mal à vivre l’absence de ses frères et de sa sœur.
Est-ce un homme heureux ?
Ce n’est qu’en 1978 qu’il a eu la certitude absolue de la disparition sans retour de ses parents en voyant écrit dans le « Mémorial de la Déportation des Juifs de France » de Serge Klarsfeld, le numéro 40 du convoi de déportation, le nom de tous les membres de sa famille, leur destination et leur massacre, gazés et brûlés, au camp d’extermination d’Auschwitz. Il lui a fallu dès lors accepter cette vérité et vivre avec.
Il est allé en Pologne chercher ses origines polonaises. Il a fait poser une plaque dans le village de Festalemps, portant les noms des sept familles juives déportées. Il se bat aujourd’hui et depuis plus de vingt ans pour recueillir les témoignages de déportés et d’enfants cachés, il témoigne sans arrêt dans les écoles pour transmettre ce qu’a été la Shoah, pour parler des siens, pour faire savoir qu’ils ont existé et que l’on n’oublie jamais ce que des hommes ont pu faire à d’autres humains et que cela ne puisse jamais se renouveler. Il a fait obtenir la Médaille des Justes pour Denise Vallon*, pour Auguste* et Marie Jeager*, pour le paysan, Fernand Peyronnet* qui, avec l’aide de l’instituteur à Festalemps, a aidé trois familles juives à traverser la ligne de démarcation et avoir ainsi la vie sauve. Il se bat pour lutter contre l’antisémitisme, contre le racisme, contre les discriminations. Il vit en permanence avec la Shoah au cœur. Depuis quelques années, il parcourt les établissements scolaires pour transmettre la mémoire de la Shoah pour que les jeunes générations ne puissent oublier et pour que de telles horreurs ne puissent se reproduire.

23/08/2019
Lien : De bouche à oreille

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La Maison de Sèvres

Robert Frank raconte ainsi les conditions de son " enlèvement " de l’Ecole du Travail :
"Un beau jour (....) c’était en octobre -1943- je reçois une lettre libellée ainsi : je suis un ami de ta famille, rends-toi tel jour à telle adresse, rue Alexandre Dumas, ne pose aucune question, n’emmène rien et n’en parle à personne."1

Robert Frank se rend au numéro indiqué de la rue Alexandre Dumas à Paris et arrive dans une maison d’enfants protestante, où un jeune homme l’attend vraisemblablement :
"Il me fait rentrer dans une pièce au deuxième étage, me fait entrer dans la pièce et ferme à clef derrière moi. J’ai tambouriné, il me dit : "ne t’inquiète pas quelqu’un va venir te voir, il ne faut pas que tu partes jusqu'à ce que cette personne arrive". Il y avait une espèce d’inconscience (...) qui faisait qu’en même temps il y avait la curiosité et la crainte."

Au bout d’un certain temps, un homme d’un certain âge qui se présente sous le nom de Monsieur Auger -il s’agit en fait du beau-père du docteur Fred Milhaud, dont le véritable nom est Monsieur Léon- lui explique la nécessité de le faire sortir du milieu Juif :
"Maintenant, tu ne retourneras plus à l’École de Travail, d’abord parce que c’est dangereux et deuxièmement parce qu’il faut que tu sortes de là. Tu vas sortir du circuit Juif, tu vas changer de nom, tu vas avoir une carte d’alimentation, mais pendant quelques temps tu vas rester là."

Monsieur Auger, alias Monsieur Léon, convoie fréquemment les enfants pour l’Entraide Temporaire. Après un bref passage dans cette maison d’enfants protestante, Robert Frank est conduit à l’Institut Voltaire, dirigé par Denise Vallon* et situé Boulevard Voltaire dans le XIe arrondissement de Paris. Il restera caché jusqu'à la Libération chez Denise Vallon* avec Georges Miliband, un autre garçon juif de son âge, qui, parti en colonie de vacances en juillet 1942, n’avait plus trouvé personne à son retour.

Les directeurs de certaines maisons d’enfants de l’U.G.I.F. sont plus que réticents à laisser sortir les enfants. Robert Frank explique que l’attitude du directeur de l’École de Travail, Monsieur Lévitz, était motivée par "La peur de son côté d’avoir des représailles pour lui-même ou concernant les autres enfants restés dans l’école" et l’empêchait de laisser les organisations clandestines enlever les enfants du centre. De fait, le jour de la disparition de Robert Frank, dans le registre des entrées et sorties de l’École du Travail est inscrit dans la colonne Observations : " Disparu, commissariat averti".

23/08/2019
Lien : La Maison de Sèvres

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Paul Joseph dit Joseph Bourson Arrêté comme otage et fusillé le 11 juin 1944 à Mussidan (Dordogne), Blog 2 pages, réalisation 2011
Auteur : Alain LAPLACE
Article rédigé à l'occasion de mes recherches généalogiques, puis la mise en ligne d'un blog (http://majoresorum.eklablog.com)dédié à la famille BOURSON qui a été expulsée en 1940 du village de Vigy (Moselle) et réfugiée à Mussidan (Dordogne) et les villages alentours où elle a vécu toute la durée de la guerre. Plusieurs personnes natives de Vigy faisaient partie des 52 otages fusillés le 11 juin 1944.
Paul Ernest dit Paul Bourson Farouche opposant au régime nazi, Exposé 2 pages, réalisation 2011
Auteur : Alain LAPLACE - terminal
Article extrait d'une étude généalogique sur la famille BOURSON de Vigy (Moselle) et alliés (http://majoresorum.eklablog.com)


Liens externes [Ajouter un lien vers un article d'intérêt ou un site internet]
1 Journal de guerre de Charles Altorffer
2 Site officiel de la Commune de Montigny-les-Monts
3 Site non officiel de la commune d' Auxon (Démarches administratives, histoire du village, cartes postales et photos anciennes. )
4 Saint-Dizier la période 1939-1945 en photos (La ville de Haute-Marne la période 1939-1945 en photos )
5 Histoire de Lièpvre de 1870 à 1945.

Notes

- 1 - Témoignage audiovisuel de Robert Frank, Les Enfants Cachés, Mémoire et Documents, 1993, 3h42.

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