Rosa Shönbrün

Fanny Vassallo*, veuve, a recueilli et élevé ses nièces Jeannine et Florette Boin. Elle est propriétaire de l’Hôtel Stéfany à Saint-Martin-Vésubie.

Alors que l’assassinat industriel des juifs d’Europe s’accomplit depuis juillet 1942, 1200 Juifs étrangers, ayant fui des pogroms et les rafles successives, amputés de membres de leur famille, affluent en zone italienne et sont assignés à résidence forcée à Saint-Martin-Vésubie. Le village alpin de 1600 habitants, lieu de villégiature, est riche de possibilités d’accueil. Des réfugiés occupent tous les hôtels de la vallée. Les loyers et un repas, pour les plus défavorisés, sont financés par l’American Jewish Distribution Committee (Joint).

Une Synagogue est installée à la Mairie et dans un chalet leurs enfants suivent des cours de Talmud Torah à l'école juive Angelo Donati. 
“Saint-Martin était comme un petit shtetl, un petit village juif de Pologne, de Tchécoslovaquie...”. 

Le préfet Ribière, qui avait promis à Laval 2 000 Juifs étrangers, organise une rafle dans la nuit du 26 août 1942. 664 réfugiés sont arrêtés. Alertés grâce à des fuites policières, les autres réussissent à s’échapper.

Début 1943, Alexandre Berlant, du Comité Dubouchage, lui loue toutes ses chambres pour des réfugiés qui passent à l'Hôtel Stéfany tout l’été. 

En septembre 1943, au moment du départ des Italiens après leur armistice avec les Alliés, les Juifs fuient vers le Piémont par le Col de Fenestre, à 2 474 m.
Le soir de la rafle, le 21 septembre 1943, la plupart de ceux de ses clients qui n’ont pas fui vers l’Italie se rendent. 

Fanny Vassallo* accepte de garder A. Berlant, Sophie Berlant et leur fils Alexandre. 
Se présente alors une jeune fille désemparée, Paulette Samsonovitz, 16 ans :
- “Tu sais ma petite Paulette, je ne peux pas te garder, j’ai peur pour mes nièces…” 
- “Alors j’irai dormir dans le cimetière !” 
- “Mais tu n’auras pas peur, dans le cimetière ?” 
- “Les morts ne me font pas peur, ce que je crains, c’est les vivants !” 
Émue, Fanny Vassallo* cède :
- “Mais n’ouvre jamais les rideaux, ne te montre pas car un gars, Paolo, dénonce…”. 
C’est ensuite le berger J. Ciais qui lui confie Rosa Shönbrün et sa fillette. Comment refuser ? Bien d’autres personnes trouvent asile chez Fanny Vassallo* et ses nièces de 17 et 13 ans : les Shönbrün, Asséo, Benveniste, Lederman, Goldwasser, Schwartz, “Joseph”, Moreau, Berlant… 
Le boulanger Joseph Grinda fournit Fanny Vassallo* en pains mais c’est pour elle la course à la recherche de nourriture, de vêtements. 
Avec l’aide des Solimeïs, des faux papiers sont réalisés dans sa cuisine. 

Suivant les consignes d’une organisation, elle conduit Paulette à Nice fin novembre 1943. 
Avertie de l’arrestation de son contact, la jeune fille téléphone aux Saïssi*, chez qui elle se réfugie. Paul* et Henriette Saïssi*, commerçants monégasques ayant séjourné l’été 1943 à Saint-Martin-Vésubie où leur fille Simone, 16 ans, était devenue l’amie de Paulette, l’accueillent et la protègent comme leur fille. Elle sera sauvée. 

En 1946, ruinée, Fanny Vassallo* vend son hôtel pillé et dégradé puis part vivre avec ses nièces à Monaco où elle décédera en 1987, âgée de 100 ans.

Suite à l’enquête ayant permis de retrouver Paulette Samsonovitz Grunberg et Jacques Samson en 2003, puis Jeannine Boin et Simone Saïssi, les dossiers constitués furent signés à Yad Vashem Paris en février 2004.