Geneviève Crutchelar

	Geneviève Crutchelar* en 1960 source photo : Coll. Yad Vashem crédit photo : D.R.

Geneviève Crutchelar*, âgée de 58 ans en 1942, est nourrice à Castetnau-Camblong, un petit village de 400 habitants dans les Pyrénées Atlantiques près de la frontière espagnole. Elle est veuve et gagne sa vie en faisant des ménages chez des familles du village. Elle vit avec Pierre Lartigue*.
La fille de Geneviève Crutchelar*, Jeanne Crutchelar*, âgée de 34 ans, vit dans la maison rudimentaire constituée d'une grande pièce en bas, au sol de terre battue, avec un lavabo et l'eau courante. Plusieurs chambres se trouvent à l'étage.
Le village se trouve à cinq kilomètres du camp d'internement de Gurs.

La famille Szafran est originaire de Pologne. Le père Israël Szafran émigre en France en 1928, la mère en 1930.
Les Szafran ont trois filles,Lisa, Madeleine et Ginette et habitent rue de la Mare dans le 20e arrondissement de Paris.
A la déclaration de la guerre, Israël Szafran s'engage dans la légion étrangère.
En 1940, il est fait prisonnier et envoyé en Allemagne où il reste jusqu'à la fin de la guerre. Il est délivré en mai 1945 et revient à Paris en juin 1945.
En février 1940, Lisa et Madeleine sont naturalisées Françaises. Ginette avait été naturalisée en 1934.
De 1940 à 1942, la famille Szafran doit souvent quitter Paris pour se cacher à la campagne pour échapper à la Gestapo ou à la Milice. Quand il devient trop dangereux pour les Juifs de rester à Paris, à la fin de l'été 1942, Madame Szafran décide d'envoyer ses trois filles en sécurité en zone libre par l'intermédiaire de l'OSE (Oeuvre de Secours aux Enfants). C'est ainsi que Lisa, Madeleine et Ginette sont envoyées chez une nourrice à Castetnau-Camblong chez Geneviève Crutchelar*.
Elle accueille les trois fillettes juives, Lisa, Madeleine et Ginette comme si elles étaient ses propres petites-filles. Les filles les appellent « Mémé » et « Pépé ».
Madeleine accompagne Geneviève Crutchelar* lorsqu'elle part chercher de la nourriture dans les fermes avoisinantes « pour ses trois petites-filles ».
Selon les saisons « Pépé » Lartigue* ramasse des champignons, des châtaignes ou des pommes dans la forêt ou les champs.
La présence des trois fillettes n'éveille pas de soupçons dans le village, mais la menace d'une dénonciation existe.
Ginette, Lisa et Madeleine sont scolarisées à Castetnau-Camblong.
Geneviève Crutchelar* a un grand cœur et aime la justice. Plusieurs fois elle n'a pas hésité à accueillir des Républicains Espagnols.
Madeleine se rappelle qu'à deux reprises des hommes vêtus d'imperméables noirs viennent interroger Geneviève Crutchelar*. Les habitants du village ont dû connaître les origines des fillettes, mais ont gardé le secret.
En juillet 1945, Israël Szafran vient rechercher ses filles pour les ramener à Paris et c'est avec beaucoup de tristesse qu'elles quittent Geneviève Crutchelar* qui les a accueillies, nourries, aimées et sauvées en risquant leurs vies pendant trois ans des conditions très difficiles et dangereuses.

Le 30 mai 2018, l'Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné le titre de Juste parmi les Nations à Geneviève Crutchelar*, à sa fille Jeanne Crutchelar* et à Pierre Lartigue*.

Lien vers le Comité français pour Yad Vashem