Le pasteur Marc Donadille, son épouse Françoise et leurs enfants, au presbytère de Saint-Privat-de-Vallongue, en 1943 source photo : Gay Block and Malka Drucker crédit photo : D.R.

Marc Paul Donadille* est né le 28 septembre 1911 à Sainte Croix Vallée française en Lozère. Il est le fils du pasteur Fernand Paul Louis Donadille et de Bertha Fasler.
Le 17 octobre 1935, il épouse à Carouge, en Suisse, Françoise Louise Jeanne Odier. Ils ont deux enfants nés en 1936 et 1939.
Consacré en septembre 1938, Marc Donadille devient le pasteur de la paroisse de Saint Privat de Vallongue et habite à Vialas en Lozère.

Marc Donadille*, avait fait son service militaire comme caporal-infirmier et acquis quelques connaissances médicales pratiques. En accord avec les docteurs de Florac et La Grand Combe, il pratiquait un premier diagnostic sur les malades de Saint-Privat-de-Vallongue et les environs et soignait les cas bénins, en accord avec les médecins des environs. C'est ainsi qu'il soignera l'acteur antifasciste et communiste allemand Richard Hilgert, né en 1905 à Berlin.

Le pasteur Marc Donadille*, membre de la commission inter-mouvements auprès des évacués (CIMADE) qui oeuvre depuis le début de la guerre en faveur des réfugiés et plus particulièrement ceux internés dans les camps français, et le pasteur Henri Manen* s'employèrent à faire sortir des Juifs internés au camp des Milles.

Le pasteur Henri Manen* qui habitait à Aix-en-Provence, à proximité du camp, réussit à faire sortir des dizaines d'enfants et des adultes.
Il en envoyait certains au pasteur Donadille*, qui, avec le concours de son épouse, Françoise*, trouvait des cachettes dans la région.

C’est ainsi que Marianne Ahfeld et son mari, qui avaient dû s'enfuir d'Aix-en-Provence lorsque leur cachette fut découverte, arrivèrent à Vialas. Ils avaient trouvé refuge à Aix-en-Provence, puis, découverts par la police, avaient été internés au Camp des Milles.
Henri Manen* les sauva alors qu’ils étaient sur le point d’être déportés.
Marc* et Françoise Donadille* les hébergèrent dans une petite maison de vacances qu’ils possédaient dans une forêt voisine de Saint-Germain-de-Calberte. Françoise* leur apporta tous les jours du ravitaillement. Elle fit inscrire Marianne, qui attendait un bébé, dans une maternité voisine, puis s’assura que la mère et l’enfant se portaient bien, s’occupant de la jeune femme avec dévouement après la naissance.

D'alarmante nouvelles concernant les arrestations de Juifs arrivent de toutes parts.
Durant l'été 1942, Madeleine Barot* envoi le pasteur Marc Donadille* aider Hubert Meyer*, le directeur du Le Coteau Fleuri, centre patronné par l'organisation protestante de secours CIMADE, destiné à accueillir des internés du camp de Gurs.
Un plan est établi pour la rafle imminente au Coteau Fleuri. Tous les pensionnaires sont cachés. Ils seront sauvés.

En février 1943, à la suite d’une rafle de Juifs dans les Cévennes, et notamment à Vialas, le pasteur Donadille* fit parvenir à la préfecture à Mende un message informant le préfet, Roger Dutruch, qu’une insurrection des gens de son village était à prévoir si les arrestations se poursuivaient. Le préfet se précipita à son domicile, tenta de se défendre en expliquant qu’il était obligé d’exécuter les ordres et demanda l’intervention du pasteur pour calmer les esprits. Ce à quoi Marc Donadille* répondit : "Vous êtes contraints d’ordonner à vos gendarmes de chercher les Juifs. Toutefois, vous pourriez peut-être leur laisser entendre qu’ils ne sont pas obligés de les trouver".

Le 8 juin 1943, Subra, commissaire de police de la section économique de Montpellier, procède à une perquisition chez Noël Blanc à Florac pour une affaire d'abatage clandestin. Il trouve quatre cartes d'alimentation et des notes manuscrites signées "D". La première, portant en tête "Saint-Privat-de-Vallongue", donne un état numérique de cette localité des personnes susceptibles de trouver des cachettes ou de donner asile aux défaillants. Noël Blanc est interrogé puis réussit à s'enfuir. Une perquisition sans résultat est effectuée au domicile de Marc Donadille*, absent, officiellement en cure à Châtel-Guyon (hôtel Mont Chabusset). Le tribunal correctionnel de Florac condamne Marc Donadille* en août 1943 à 600 francs d'amende pour avoir participé à un réseau de cache de réfractaires.
Le pasteur Marc Donadille* entre dans la clandestinité et ne sera plus inquiété.

Après la guerre, Marianne Ahfeld témoigna que des dizaines de Juifs devaient leur survie au pasteur et à son épouse.

Lien vers le Comité français pour Yad Vashem

Rescue story

01/03/2012
Lien : Yad Vashem