Jean Lacampagne

	De gauche à droite : Andrée Lacampagne, Raphaël Sarfati, Amélie Lacampagne, Mme Raphaël Sarfati, Jean Lacampagne source photo : Arch. fam. Robert Lacampagne crédit photo : D.R.

Ceci est le témoignage de Robert Lacampagne, né à Martignac près Bazas.
Il avait quatorze ans quand la guerre a commencé.
Il a fourni une aide active, il a risqué sa vie, "tous les jours la peur au ventre", comme il dit.

Sa famille : Émile Balade, le grand-père, Gaston* et Amélie*, ses parents et ses deux sœurs, dont Renée.
La ferme de Martignac est proche de la ligne de démarcation (22 juin 1940 au 11 novembre 1942)
Une fois par semaine, la voiture marron foncée à deux roues jaunes cerclées de noir, prend les chemins de traverse de Martignac à Auros. La jument Margot, une demi-trait alezane, emmène ses six passagers chargés de bagages. Parfois, quand il y en a plus, elle fait deux voyages. Ses passagers, en majorité des femmes et des enfants, viennent de Paris en train jusqu'à Bordeaux, ensuite la gare de Bazas, et un guide les emmène jusqu'à la ferme des Lacampagne où ils sont hébergés une nuit pour traverser la ligne de démarcation le lendemain jusqu'à Auros, huit kilomètres.

Comme dit Robert Lacampagne aujourd'hui : "il y avait toujours à manger, à la ferme, nous ne souffrions pas comme ces pauvres gens. Toujours de la viande de boucherie."
Quand il a appris que la gendarmerie française avait opéré les rafles au cours de la guerre, il a été horrifié. "Comment ont-ils pu ?"

Un jour arrivent Raphaël Sarfati, son épouse, Louise et leur fils Henri, ainsi que la sœur de Louise, mariée Ariel et sa famille. Les Sarfati sont malades, une bronchite, peut-être, ils les soignent. Les Ariel resteront six mois et les Sarfati toute la guerre. Robert Lacampagne et Henri sont encore en contact aujourd'hui.
La famille Lacampagne leur apporte la sécurité, le gîte et le couvert jusqu'à la fin de la guerre.
Robert Lacampagne raconte que pendant les rafles, il y a une cache au fond des bois, dans une cavité près d'un ruisseau. Il y va en compagnie de la famille Sarfati et d'un réfractaire au STO.
Les Sarfati participent aux travaux de la ferme, Raphaël Sarfati garde les vaches tandis que Louise aide Amélie Lacampagne* à la maison.
Robert Lacampagne dit que les motivations des sauveurs étaient de résister à l'occupant en aidant le plus de gens possible à fuir.
Le risque quotidien est la mort. Robert Lacampagne, qui surveille la patrouille des Allemands à chaque passage de fuyards, vit une adolescence avec la peur au ventre.
Les voisins sont au courant, ce sont aussi des agriculteurs qui effectuent certains travaux communs avec les Lacampagne.

Ces deux familles ont eu ensemble de très bonnes relations puisque les Sarfati sont restés jusqu'à la fin de la guerre et que Henri et Robert Lacampagne sont toujours en contact.

Récit de Robert Lacampagne concernant le passage de la ligne :
Les gens arrivaient de Paris à la gare de Bazas. C'était des groupes de huit à dix personnes. Deux passeurs les partageaient. L'un d'entre eux repartait tout de suite mais l'autre venait à la ferme.
Trajet de cinq kilomètres à pied : Depuis la gare, qui se trouvait au croisement de la piste cyclable d'aujourd'hui et de la route. Il subsiste toujours un hangar de l'époque.
Cours Ausone, route de Grignols où ils bifurquaient avant le poste allemand qui se trouvait dans la petite maison à hauteur de la plaque "Bazas". Vers Lespiau, puis le chemin de La Prade. Dès qu'ils avaient passé le pont, ils étaient en zone libre. (c'est là que Robert Lacampagne surveillait les patrouilles allemandes). Ensuite chemin Saint-Michel, église, route de La Réole à droite, tout de suite à gauche, chemin de La Sablère, tout droit, route d'Auros à droite jusqu'à la ferme de Martignac.
Après un repas et une nuit de sommeil, la charrette les emmenait jusqu'à Auros par la route, arrivée à l'ancienne station service.

Source : Témoignage recueilli par Édith Gorren pour l'AJPN, les 4 février et 29 novembre 2010.

Lien vers le Comité français pour Yad Vashem