Marie Lagrollière

Marie-Thérèse Goumy* est institutrice et secrétaire de la mairie de Crocq.
Elle va mettre à profit son activité pour diffuser des informations sur les arrestations prévues et aussi établir de faux papiers - cartes d'identité et d'alimentation - aux familles juives.
Elle participera aussi activement au fonctionnement du foyer qui accueillit des enfants Juifs de 1939 à 1943.

En juin 1940, une voiture surchargée s'arrête devant la cour d'une maison de Crocq, en Creuse.
Parti de Paris dans le taxi du grand-père maternel, Moïse Pougatch, son épouse, Fanny Pougatch, sa fille, Mme Osowiechi et son petit-fils Pierre Osowiechi (2 ans et demi) arrive à Crocq le 16 juin 1940. Ils sont exténués et désemparés. Des Juifs !
Le père du petit Pierre Osowiechi, Chaïm Osowiechi, parti de Pologne en 1924, a vecu à Montevidéo Uruguay jusqu'en 1930 puis est venu en Françe où il a rencontrera son épouse, née à Paris de parents russes, s'engage dans le régiment des volontaires étrangers dès septembre 1939. Il est fait prisonnier.

De la maison, sortent à leur rencontre une dame et une jeune fille. Voyant l'enfant, la dame dit : "Il y a un bébé, il faut lui donner du lait".

Accueillis en tant que réfugiés, une petite maison sera mise gratuitement à la disposition de la famille, qui reçoit en plus une allocation aux réfugiés.
La famille va y demeurer pendant toute l’occupation, protégée et aidée par tout le village, avec de faux papiers sont fournis pour tous par Marie-Thérèse Goumy*.

Ils ne sont plus des "réfugiés" : la grand-mère fait des travaux de couture, les autres membres de la famille aident aux travaux des champs, ou deviennent plongeur ou garçon de café. Le père, Chaïm Osowiechi, boucher, libéré et qui a rejoint sa famille fin 1940, va remplacer à la boucherie du village le patron, prisonnier en Allemagne.
Le petit Pierre Osowiechi va à l'école, à l'église où il est même enfant de chœur, il a des copains, découvre la vie de ferme et de la campagne. Une vie somme toute presque normale... sauf que parfois il ne dort pas dans son lit mais dans un grenier, une cave, une cabane au fond des bois, il ne faut plus jouer, ne pas faire de bruit, rester tranquille et surtout attendre, attendre encore... puis sa vie d'insouciance d'enfant peut recommencer.

Le refuge israélite de Neuilly, dirigée par Louis Aron aidé de son épouse Yvonne, est évacué à Crocq en août 1939, connue sous le nom de La Maison des Granges, mais n'est que "tolérée" par la population. ¹ Marie-Thérèse Goumy* apporte une aide précieuse au refuge qui protège une centaine de filles juives de 5 à 20 ans jusqu'en juillet 1942 date de son déménagement à Chaumont près de Mainsat. Cette maison d'enfant restera ouverte jusqu'à la fin de la guerre et aucun des enfants ne sera déporté.

Un certain nombre de familles juives sont réfugiées à Crocq : elles sont logées dans trois hôtels. Marie-Thérèse Goumy* a pu fournir des faux papiers à certaines de ces familles et elle a empêché l’arrestation de la famille Rappoport.

En juin 1944 alors qu’une colonne de la division allemande qui avait pendu des résistants la veille à Tulle, s’était arrêtée à Crocq avant d’aller sur le front du débarquement allié en Normandie, Marie Lagrollière*, ancienne ouvrière d'une pelleterie, personne déjà âgée et de condition modeste vient chercher le petit Pierre à l'école (il était alors âgé de 6 ans et demi). Elle l'emmènera dans son grenier rejoindre ses grands-parents déjà avertis par Marie-Thérèse Goumy* où ils vont rester cachés jusqu’au départ des Allemands.

A Crocq, le 25 avril 2010, a été inaugurée la place Marie-Thérèse Goumy*, ex place de la Mairie et une plaque a été dévoilée devant la maison de Marie Lagrollière*.

Lien vers le Comité français pour Yad Vashem