Roger Soubeste

	Roger Soubeste, en 2007, devant le Mur des Justes, à Paris source photo : Arch. fam. crédit photo : D.R.
	Alphonse Soubeste*, Roger Soubeste*, Henriette et Moïse COHEN (parents de Denise et Claudine) source photo : Arch. fam. crédit photo : D.R.

Alphonse Soubeste* est commerçant dans les Landes. Son fils, Roger Soubeste*, est représentant en pièces détachées de radio et télévision et vit avec ses parents à Beyries (Landes).

Roger Soubeste* se souvient : "Tout a commencé un soir de 1942, lorsqu'une voiture s'est garée dans la cour de la ferme familiale…", dans le hameau de Beyries, à huit cents mètres seulement de la ligne de démarcation.
Henriette Cohen, son mari, Moïse, et leur fille Denise sont entrés au hasard chez les Soubeste* pour y trouver refuge. Inquiets, visiblement épuisés, ils sont accueillis avec chaleur, nourris, hébergés. Quelques jours plus tard, ils repartent dans l'espoir de gagner Paris. Les deux familles pensent alors ne jamais se revoir. Elles viennent en fait de se lier à jamais.

Quelques mois plus tard, Henriette Cohen revient chez les Soubeste* avec sa fille Claudine, âgée de 4 mois, fuyant Paris après que Moïse a été déporté vers Dachau.
Elle a du laisser sa petite Denise, âgée de trois ans et demi, chez ses parents dans la région de Brive. Elle demande à Roger Soubeste* et à son père Alphonse Soubeste* d’aller chercher sa fille en Corrèze et de la ramener.

Les deux hommes décident d'aller chercher la fillette de l'autre côté de la ligne. "On savait évidemment que c'était dangereux, qu'on risquait d'être fusillés si on se faisait prendre, sourit Roger. Mais à l'époque, on s'est dit qu'on n'avait pas le choix, qu'on ne pouvait pas être complice de cette situation. »

Jusqu'à la Libération, Henriette Cohen, Denise et sa petite sœur, Claudine, encore bébé, vivent dans la ferme des Soubeste*, souvent contraintes de se cacher dans la grange.

Avec l’aide des maires des communes environnantes, Roger Soubeste* leur procure de faux papiers, de fausses cartes d'alimentation.

À Beyries, tout le monde sait que les Soubeste* hébergent la famille Cohen, mais personne n’a parlé. "C'était un autre temps, ça nous paraissait naturel, avance Fernande, l'épouse de Roger Soubeste*. Aujourd'hui, avec toutes les tensions qui règnent dans la société, je crois que les gens ne sauraient pas garder ainsi le silence."

Après la guerre, Denise passe encore trois ans à Beyries, alors que ses parents, Moïse, libéré des camps de concentration, et Henriette Cohen tentent de reconstruire une vie à Paris.

Roger Soubeste* et Denise ne se perdront jamais de vue.

En janvier 2007, Roger Soubeste* a assisté à l'hommage du Panthéon, où une place lui avait été réservée tout à côté du président Chirac. Était présente également, Denise Cattan, née Cohen, qui a suivi des yeux "son Juste" tout au long de la cérémonie.

Lien vers le Comité français pour Yad Vashem