Léon Skorka

En 1929, Jacob Skorka rejoint la sœur de son épouse Slatka, installée en France, à Nancy. Il y trouve du travail en usine. Un an plus tard, il est rejoint par Slatka et les trois enfants nés à Zagorow Rivka (Régine) née le 24/01/1920, Yerme (Jérôme) né le 20/04/1924 et Zalme (Zali) Skorka qui meurt d'une pneumonie.

La famille s’était établi à Nancy où vivait un vieil oncle qui avait combattu pour la France, lors de la Première Guerre mondiale.

Rabbin de formation, Jacob Skorka avait d’abord travaillé à la chocolaterie Stanislas, avant d’entrer chez Nordon. Slatka tenait une boutique d’étalagiste, place du marché.

Le petit Léon naît à Nancy.

Avec sa sœur aînée Régine, Jérôme avait appris le français à l’école Didion.

En 1938, la famille est déclarée apatride par le gouvernement polonais et ils demandent la naturalisation française. La procédure de naturation reste en suspens...

Lors de la débâcle, la famille s’était réfugiée près de Bordeaux mais en septembre 1940, Régine rentre à Nancy.

Touchés par les lois antijuives de Vichy les Skorka avaient d’abord été assignés à résidence.

En octobre 1941 Jérôme Skorka est arrêté avec ses parents Slatka et Jacob Skorka et son jeune frère Léon et  internés au Camp de La Lande à Monts.

En 1941, Pierre Marie*, l'adjoint d'Edouard Vigneron* au bureau des étrangers du commissariat de Nancy, fournit à Régine une fausse carte d'identité au nom de Régine Hiebel, née à Metz. Elle utilise cette carte pour rendre régulièrement visite à sa famille au camp.

En octobre 1941, Jérôme s'échappe du camp et en juillet 1942, muni d'une fausse carte d'identité, au nom d'Hubert Hiebel, né à Metz, il passe en zone libre.

Ses parents et son petit frère Léon, 14 ans, sont déportés sans retour à Auschwitz. Slatka et Jacob Skorka sont déportés par le convoi n° 31 du 11 septembre 1942. Léon avait déjà été déporté par le convoi n° 8, en date du 20 juillet 1942.

Jérôme part retrouver sa sœur Régine.

Jérôme Scorin (Skorka) se souvient : "Je me suis présenté le 18 juillet 1942 au commissariat, dans le service de Édouard Vigneron*. Pierre Marie* m'a remis une fausse-vraie carte d'identité, au nom de Hubert Hiebel, né à Metz. Grâce à quoi je suis parti en zone sud, à Lyon."

Régine et Jérôme échappèrent à la rafle de Nancy. Quelques jours après, Pierre Marie* contacte Régine et lui remet des fausses cartes d'identité à donner à des familles juives qui ont échappé à la rafle...

Dès que possible, Régine et Jérôme partirent ensuite pour Lyon où Régine trouvera un emploi de vendeuse de chaussures. Ils s'engagèrent tous les deux dans la résistance. 

En juin 1943, Jérôme (sous son faux nom Hubert Hiebel) est envoyé dans un camp de jeunes travailleurs à Rumilly en Haute-Savoie. Apprenant qu'il va être envoyé en Normandie afin de travailler pour l'organisation Todt, il s'enfuit de nouveau.

Réfugiés rue de l’Annonciade à Lyon (69), Régine et Jérôme sont arrêtés par la Gestapo le 22 juin 1944, internés dans la prison de Montluc et interrogés par un homme dont ils n'apprendront le nom que beaucoup plus tard, Klaus Barbie, puis sont envoyés au camp de Drancy.

Le 31 juillet 1944, Régine et Jérôme sont déportés par le convoi no 77 de Drancy à Auschwitz. Ils restèrent quatre mois ensemble à Auschwitz, puis leurs chemins se séparèrent, Régine ayant été envoyée à Kratzau.

Jérôme connut l’enfer de 9 camps et dut à une jambe gangrenée d’être sauvé par un médecin soviétique. Ce fut ensuite la longue marche des déportés rescapés.
Lorsqu’il frappa à la porte de sa tante, la mère de Léon Herzberg, à Nancy, personne ne le reconnut.

Régine fut libérée le 9 mais 1945. Elle rentre à Nancy et retrouve son frère.

Régine se marie avec Henri Jacubert, résistant du maquis de la Drôme et à partir de 1980, elle témoignera sans relâche.

Jérôme a raconté son histoire dans un livre intitulé Itinéraire d’un adolescent juif de 1939 à 1945.
Il épouse Ida Korec. Ils ont deux fils : Joël, né le 17 avril 1953, et Bertrand, né le 14 janvier 1959, à Nancy.

Ayant appris le métier de tourneur, Jérôme reprit finalement le commerce de ses beaux-parents, avant de s’installer à son compte. 

En 1987, Jérôme Scorin et sa sœur Régine Skorka-Jacubert sont témoins à charge au procès de Klaus Barbie à Lyon.