Céline Blum

Fils du député-maire Laurent Chantelauze, Maurice Chantelauze* est propriétaire d'un garage d'automobile à Vichy. Il est nommé maire de la petite commune de La Chaise-Dieu depuis 1935 après le décès de Jacques Laurent. 
Il conserve sa mairie pendant la guerre, bien qu'il ne plaise pas au gouvernement du Maréchal Pétain. 
En raison de ses activités professionnelles, il fait de nombreux déplacements. Il s'engage dans un mouvement de résistance-nord. Il fait le lien entre les deux zones et devient l'un des animateurs de la résistance-sud.
Il prend dès 1939 des dispositions pour répondre à la guerre, à l’afflux des réfugiés et des Israélites. 
Dès 1941, il adhère au FN, mouvement de Résistance. 

La famille Bloch est installée en France depuis le 18e siècle et Joseph Bloch exerçait la profession de marchands de bestiaux. Leur fille Francine est née à Mulhouse en 1932 et Joël est né en 1928. Leur maman, Yvonne Bloch, décède en 1935 et les enfants sont élevés par leurs grands-parents maternels, Jules Blum et Céline née Guggenheim. La famille vit confortablement.
Joseph Bloch est arrêté à Paris lors de la rafle du Vel d’Hiv et sera déporté à Auschwitz par le convoi n° 35 le 21 septembre 1942.

Le 15 juin 1940, Jules Blum charge la grande voiture. Céline Blum et sa sœur Julie Guggenheim, son frère Isaac et sa mère et son fils Guy, Francine et Joël Bloch. Ils sont entassés et partent en direction de Limoges. C’est la débâcle avec des milliers de personnes sur les routes. Ils arrivent à La Chaise-Dieu dans le département de la Haute-Loire. Ils sont très fatigués et désespérés. 

Le 18 juin 1940, Céline Blum souhaite faire une halte et si possible de ne plus aller plus loin. Ils trouvent un hôtel.
Le lendemain, Céline Blum se rend à la mairie et immédiatement Maurice Chantelauze* s’occupe d’elle avec beaucoup de gentillesse compétente. Il met à la disposition de cette famille une maison meublée très confortable adjacente à sa maison, perpendiculaire à la rue Sainte-Marie, à quelques mètres de l'abbatiale. Il montre une porte commune aux deux maisons et dit « elle ne sera jamais fermée à clef et en cas de danger vous pourrez sortir par là ». Il s’occupe de fournir des papiers, des allocations, de l’école pour les enfants. Il sait que la famille est juive. 

En 1943, il fait établir des faux papiers à Joël Bloch au nom de Joël Blachier pour le soustraire au STO et trouve un internat pour le cacher. 

D’autres personnes de la famille viennent s’installer à La Chaise-Dieu : deux frères de Jules Blum, Isaac Blum et Louis avec leurs femmes, Berthe et Hélène et leurs enfants Guy, Jenny, Raoul, Violette, David Gerson et son épouse Marthe née Berheim et Mme Goetschel.

En 1942, Céline Blum tombe malade, très malade. Elle est opérée à Clermont-Ferrand puis à Lyon. Elle décède en septembre 1942. Tout le village assiste à l’enterrement au cimetière catholique et le rabbin fait les prières en hébreu. Toutes les familles juives réfugiées sont également présentes. Francine qui est alors âgée de dix ans doit s’occuper du quotidien de la maison.

En septembre 1943, la milice française avec des soldats allemands ont envahi et fouillé la maison à fond et ils n’ont rien trouvé. Ils ont emmené les hommes dans un hangar à l’entrée du village et ils ont laissé Francine sous la surveillance de deux soldats allemands. Les hommes ont été relâchés le lendemain matin. Le village s’était mobilisé avec le maire, Maurice Chantelauze*, un Français humaniste, sans préjugés, qui avait confiance en l’être humain, fidèle à ses valeurs et qui a protégé les Juifs sans aucune arrière-pensée.
Le lendemain, Maurice Chantelauze* emmène Francine et sa famille aux champs dans une ferme inhabitée, isolée où ils passent l’hiver, sans eau courante, sans électricité, avec une cheminée pour cuisiner, mais sauvés du pire. Les plus proches voisins sont des maquisards.

En 1944, la famille Blum retourne à La Chaise-Dieu et attend la Libération. En mai 1945, tous rentrent en Alsace. .

À la Libération, en novembre 1944, Maurice Chantelauze* est nommé préfet de la Corrèze à Tulle par le général De Gaulle, afin de ramener le calme en Corrèze où gaullistes et communistes ne parviennent pas à s'entendre. Il réussit parfaitement sa mission mais refuse de prolonger son mandat après octobre 1945.
Il reste maire de La Chaise-Dieu jusqu'à sa mort en 1963 et devient également conseiller général.

En 2018, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné le titre de Juste parmi les Nations à Maurice Chantelauze*.