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Bas-Rhin

Région :
Grand-Est
Département :
Bas-Rhin

Préfets :
Émile Bollaert
(11/1945 - 1947) Commissaire régional de la République pour la région de Strasbourg (Bas-Rhin et Haut-Rhin). Arrêté et déporté en Allemagne en 1944, il est désigné commissaire de la République à Strasbourg après son rapatriement (1890-1978)

À lire, à voir…

Jean-Émile Andreux Jean-Émile Andreux
Mémorial des déportés du Judenlager des Mazures

 

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Pierre Bockel, l’aumônier de la liberté

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Médard Brogly Médard Brogly
La grande épreuve - l'Alsace sous l'Occupation Allemande 1940-1944

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Marie-Joseph Bopp Marie-Joseph Bopp
Histoire de l'Alsace sous l'occupation allemande, 1940 1945

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Georges Loinger Georges Loinger
Frida Wattenberg
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Organisation juive de combat : Résistance-sauvetage. France 1940-1945

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Jean-Émile Andreux Jean-Émile Andreux
Le Camp des Mazures et ses déportés juifs

 

Georges Loinger Georges Loinger
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René Gutman René Gutman
Le Memorbuch - Mémorial de la Déportation et de la Résistance des Juifs du Bas-Rhin

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Texte pour ecartement lateral

Georges Loinger

Texte pour ecartement lateral

Strasbourg 67000 Bas-Rhin
Date de naissance: 29/08/1910 (Strasbourg (67))

Nationalité : Français
Aidé ou sauvé par : - Ernest Balthazard - Jean Deffaugt Réseau de sauvetage : Deffaugt Jean
Balthazard Ernest
Le Hénaff Germaine
Profession: Professeur d'éducation physique
Qualité: Résistant juif
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Georges-Loinger
Un camp EI de gymnastique
organisé par Georges Loinger
à Montintin, Juillet 1943
source photo : Arch. fam.
crédit photo : D.R.
Georges-Loinger
Fanny, Emma, Amanda et Georges Loinger
source photo : Coll. Tamar Jacobs-Loinger
crédit photo : D.R.
Histoire
Mobilisé à la déclaration de guerre, il est fait prisonnier durant la débâcle et interné au Stalag 7A en Bavière, où il va rester 6 mois. Il s’évade au début de l'année 1941 en compagnie de son cousin, Marcel Vogel, fait prisonnier bien avant lui.
Il rejoint alors sa femme, Flore, à La Bourboule, qui s'occupe de jeunes juifs réfugiés.
Avec le soutien du docteur Joseph Weill, dirigeant de l'Œuvre de secours aux enfants, il organise jusqu'à la Libération le sauvetage de plusieurs milliers d'enfants juifs qu'il fait convoyer via Annemasse jusqu'en Suisse. Les premiers passages sont mis en place très simplement. Avec la complicité de Jean Deffaugt*, le maire d'Annemasse et du directeur du Centre d’accueil du Secours National d’Annemasse, un Alsacien, Eugène Baltazar*, Georges Loinger repère un terrain de sport. Une partie de football s'engage, non loin de la frontière suisse, et puis il faut aller chercher le ballons qui s'est égaré du bon côté... on soulève le grillage et on fait passer les enfants en Suisse. Georges Loinger assure avec succès le passage de nombreux enfants juifs en Suisse.
En 1944, recherché par la Gestapo, il doit cesser l’organisation de passages et tente de faire passer sa femme et leurs deux enfants. La nuit du passage, une patrouille allemande les surprend. La chance leur sourit tout de même et Georges Loinger parvient à faire passer lui même sa femme Flore et leurs deux fils, Daniel et Guy.

06/09/2010

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Intervention de Georges Loinger

Propos recueillis lors de la conférence sur le sauvetage des enfants cachés organisé par l'Amicale des déportés d'Auschwitz et des camps de Haute Silésie et l'Association des professeurs d'histoire et de géographie (APHG), le 19 mai 1999 et complétés par une interview le 14 juin 1999.

Aîné d’une fratrie de sept enfants, Goerges Loinger est né à Strasbourg, le 29 août 1910. Il appartient à la deuxième génération née dans cette "contrée" tantôt française, tantôt allemande. Sa famille est originaire d’Europe Centrale. Peu pratiquante, elle demeure néanmoins très attachée au respect des traditions. Son père tient un commerce d’antiquaire, tandis que sa mère élève les enfants. Pendant la guerre de 1914 – 1918, alors que son père est mobilisé comme tous les Alsaciens dans l’armée de l’Empire allemand, sa mère se révèle être une femme entreprenante, capable d’assurer la vie matérielle de la famille.

Vers l’âge de 12 ans, Georges Loinger devient membre d’un mouvement de jeunesse sioniste, la Hatikwah (Espoir). Créé et dirigé par des descendants de juifs allemands, intellectuels pour la plupart, et venus s’installer en Alsace après la défaite française en 1870, ce mouvement de jeunesse fait connaître à Georges Loinger, parfaitement bilingue, les écrivains et philosophes juifs allemands dont Theodor Herzl qui annonce dans son livre : L'État Juif (1896), le futur État d’Israël. Comme tous ses camarades, Georges Loinger envisage son avenir dans un kibboutz en Palestine.

En outre, il entreprend avec succès des études techniques d’ingénieur. Durant son service militaire, ses supérieurs remarquent ses qualités athlétiques et pédagogiques et l’envoient parfaire sa formation au bataillon de Joinville. Avec son diplôme de moniteur sportif et d’éducateur physique en poche, il rejoint son régiment. De plus, sa rencontre à Strasbourg avec le Docteur Joseph Weill est déterminante : il envisage de confier au jeune homme le rôle d’éducateur sportif pour l’ensemble de la jeunesse juive de France. Georges Loinger monte à Paris, passe ses examens de professeur et d’entraîneur sportif civil, se marie et cumule la double fonction de professeur et de directeur adjoint du nouveau lycée Maimonide.

La guerre, annoncée de longue date par J. Weill, observateur angoissé et pessimiste mais lucide, éclata. Après avoir assisté à l’ascension et à la prise du pouvoir en Allemagne par Hitler, il est convaincu qu’après avoir soumis l’Europe, il y appliquera ses projets d’extermination. Il est à noter que la lecture de Mein Kampf par les juifs alsaciens les plus éclairés, inquiétait. Georges Loinger se rappelle l’entrée triomphale des Allemands dans Paris et le défilé des troupes devant le Führer sur les Champs-Élysées. Il ne leur avait fallu que 34 jours, souligne-t-il, pour vaincre la France. La défaite rapide était aussi totale. Georges Loinger, mobilisé sur les bords du Rhin est fait prisonnier avec son régiment et envoyé dans un camp, le Stalag 7A, près de Munich.

Quant à Flore Loinger, directrice de l’œuvre de La Guette, elle travaillait peu avant la mobilisation de son époux pour le réconfort, le bien-être et la sécurité de 125 enfants juifs allemands, garçons et filles, âgés de 8 à 14 ans dont les parents avaient été arrêtés puis internés dans des camps en Allemagne. La Baronne Edmond de Rothschild avait, en effet, pris l’initiative de les faire venir dans son château de chasse, La Guette, près de Lagny en Seine-et-Marne. Ils étaient arrivés en France en 1938, accompagnés de leurs éducateurs, internés dès la déclaration de guerre par ordre du Gouvernement de la troisième République de Monsieur Edouard Daladier. Les enfants étaient bien conscients qu’ils ne reverraient plus jamais leurs parents et posaient de graves problèmes psychologiques.

Georges Loinger rappelle alors que jamais avant l’effroyable confit de 1939-1945, on n’avait vu dans l’histoire de la Civilisation Occidentale, des enfants être la proie systématique d’une chasse à l’homme. Organisée par les nazis, elle fut accomplie en France avec la collaboration du Gouvernement de Pétain.

Faisant alors référence au grand écrivain juif autrichien, Stefan Zweig, Georges Loinger lit alors un passage de son ouvrage : Le Monde d’Hier, qu’il écrivit avant de se suicider : "J’ai été témoin de la plus effroyable défaite de la raison et du plus sauvage triomphe de la brutalité de tous les temps. Jamais une génération n’est tombée comme la nôtre d’une telle puissance intellectuelle à une telle décadence morale".

Quand le Nord de la France fut occupé, les enfants furent installés à la Bourboule, en zone libre, à l’Hôtel des Anglais, loué par la Baronne. C’était un bâtiment désaffecté, sommairement arrangé où les conditions d’existence étaient difficiles. Par une lettre transmise par la Croix Rouge, Flore Loinger informa son époux, prisonnier à cette époque, des soucis que lui causaient ses enfants. Or, le couple n’avait à ce moment-là qu’un seul petit garçon de trois ans. Et Georges Loinger d’expliquer : "J’ai compris qu’il s’agissait du groupe d’enfants juifs dont elle était responsable. J’ai donc décidé de m’évader et j’ai mis un mois à rejoindre la Bourboule".

Il devint alors, pour un temps, formateur d’éducation physique des Compagnons de France (institution crée par Vichy), responsable de la région d’Auvergne. Pour l’exercice de ses nouvelles fonctions, il reçut des papiers d’itinérant officiel, ô combien précieux pour circuler à l’intérieur du territoire. D’autre part, fin 1941, les enfants furent pris en charge par l’OSE dont Georges Loinger devint un membre très actif. Si la zone libre représenta "un cadeau extraordinaire pour les Juifs ", pourtant ces enfants étaient menacés. En effet : "Ils avaient très rapidement appris la langue française, mais le soir dans les dortoirs, ils parlaient entre eux en allemand ce qui intriguait le personnel français et la population informée du pays. " A la longue, leur présence à la Bourboule devenait dangereuse d’où la décision de les disperser. La Guette fut la première organisation à le faire.

La situation se dégrada rapidement dans la zone sud : la première rafle eut lieu le 26 août 1942, avant son occupation au mois de novembre. C’est pourquoi, au mois de décembre, lors d’une réunion des responsables de l’institution, le Docteur Joseph Weill (responsable du service médico-social de l’OSE), informé par Gerhart Riegner, (Représentant le Congrès Juif Mondial à Genève), de la future déportation des enfants et de l’assassinat des vieillards, des femmes et des enfants dans l’est de l’Europe, confia à Georges Garel, (ingénieur à Lyon et engagé dans la résistance), la charge de créer un réseau clandestin de sauvetage des enfants juifs, connu sous le nom de "réseau Garel". Doté de règles et de structures, il avait pour mission de cacher les enfants chez des particuliers ou dans des institutions laïques et religieuses. Préalablement, les enfants étaient préparés psychologiquement par une équipe spéciale de l’OSE. Georges Loinger fut chargé, quant à lui, d’organiser la mise en place des passages clandestins vers la Suisse.

Le placement de certains enfants s’avérait, en effet, parfois difficile pour les motifs suivants : refus de la nouvelle identité "aryenne", attachement à l’observance religieuse, accent étranger prononcé, pathologies diverses. Dans les faits, des enfants "tout simplement" en danger, trouvèrent aussi refuge en Suisse. En outre, pour les responsables de l’OSE, ce pays, "île de paix", offrait au moins trois avantages : c’était un pays neutre, le passage de la frontière était physiquement plus facile pour des enfants (à la différence de l’Espagne) et des dirigeants de l'Union-OSE (Direction centrale pour l’Europe) étaient installés à Genève.

Dans un premier temps, de son PC d’Aix-les-Bains, Georges Loinger repéra les lieux et prit des contacts. Par l’intermédiaire du Réseau Bourgogne, réseau de résistance, il rencontra Monsieur Jean Deffaugt*, Maire d’Annemasse, ville frontalière avec la Suisse. Résistant, lui aussi, il le présenta à Monsieur Eugène Balthazar*, directeur du Centre d’Accueil du Secours National (institution créée par Vichy) qu’il savait sûr.

C’est ici que Georges Loinger put regrouper les enfants, arrivés de Limoges et de Lyon 2 à 3 fois par semaine par petits groupes de 15 à 20 généralement. Ils arrivaient à date fixe selon un planning établi mensuellement. Officiellement, ils se rendaient dans des colonies de vacances, nombreuses dans la région. Les responsables prétextaient même des problèmes de santé qui nécessitaient un séjour à la montagne. En effet, il fallait pouvoir sortir de la gare sans éveiller les soupçons du personnel de la SNCF. Georges Loinger repérait les enfants à l’instinct. Ils lui étaient remis par des "assistantes sociales" qu’il ne connaissait pas toujours. Pour des raisons évidentes de sécurité, les "maillons" du circuit ne savaient qu’un pseudonyme et le lieu de la rencontre. Georges Loinger était connu sous celui de Léo.

La deuxième difficulté consistait, après le repos des enfants au centre d’accueil, à passer la frontière. Georges Loinger avait repéré un terrain de football, en dehors de la ville (un à deux kms.) qui présentait l’avantage majeur d’être situé juste à la frontière. Ainsi, sous le couvert d’un jeu de ballon des enfants passèrent en Suisse, leurs papiers cousus dans leurs vêtements. Mais, ces passages furent marginaux : ils étaient aléatoires et dangereux. La zone frontalière était l’une des plus protégées d’Europe. "Toutes les polices, française et allemande, étaient là pour surveiller, écouter". En outre, les passages s’effectuant en plein jour, le manège pouvait être repéré par des paysans qui travaillaient dans les champs. C’est pourquoi, en accord avec Georges Garel, ils furent interrompus.

Georges Loinger organisa alors, une véritable filière de passage : il contacta des passeurs. Le risque était grand. Pouvait-on leur faire confiance ? Ne jouaient-ils pas un double jeu ? N’allaient-ils pas livrer les enfants aux autorités après avoir touché environ 300 francs pour chacun ? Les sommes énormes, indispensables au fonctionnement de la résistance juive provenaient principalement du Joint. Elles lui parvenaient par des filières diverses : le Secours Suisse, les Quakers...

Les enfants ne passaient pas plus de 24 heures à Annemasse. Arrivés en fin d’après-midi, ils dormaient au centre et franchissaient la frontière dès le lendemain. Les passages s’effectuaient à pied, toujours la nuit et après le couvre-feu. Le passeur retrouvait les enfants en dehors de la ville. Georges Loinger accompagnait chaque groupe, le plus loin possible et payait le passeur, souvent en or. Les plus âgés, 16 ans au plus, tenaient par la main les plus jeunes qui pouvaient avoir 6 ou 8 ans. L’estomac noué par la peur, ils marchaient serrés les uns contre les autres pendant plus ou moins une heure avant d’atteindre la frontière. La liberté était là, toute proche, mais des imprévus pouvaient tout faire échouer : un enfant qui pleure, une patrouille qui modifie ses heures.

Les passeurs choisissaient, si possible, un lieu de passage pas trop éloigné d’un poste de garde suisse dont certains possédaient le numéro de téléphone de l’Union-OSE à Genève. Passés sous la double rangée de grillage, séparée environ de 4 mètres de distance et d'une hauteur de 3 mètres, les enfants accueillis par les autorités helvétiques étaient placés en camp de quarantaine puis pris en charge par l’Union-OSE ainsi que d’autres institutions comme le Comité suisse d'aide aux enfants d'émigrés et placés dans des familles d’accueil ou des maisons d’enfants le plus fréquemment.

Pendant une année environ, du printemps 1943 au printemps 1944, plus de 1000 enfants furent sauvés. Pourtant lors du premier passage, le groupe frôla la catastrophe : les Suisses avaient, en effet, durci leur politique et refoulèrent les adolescents de plus de 16 ans, heureusement sans les remettre aux Allemands. Ils passèrent ultérieurement, munis de faux papiers qui les rajeunissaient. A partir du 11 septembre 1943, la présence des Allemands dans les départements savoyards, occupés jusque là par les Italiens, rendit les opérations de sauvetage vers la Suisse plus périlleuses. Puis à cause des bombardements alliés des voies ferrées, les passages furent interrompus.

Pour terminer, Georges Loinger rend hommage à l’expérience, au dévouement, au courage et à la générosité de ces hommes et de ces femmes qui contribuèrent avec succès au sauvetage des enfants.

NOTES :
- Le chef de la police Heinrich Rothmund a demandé aux Allemands de mettre un signe distinctif sur les passeports des juifs, un J dans un cercle.
- L'article 9 de l'arrêté fédéral du 7 octobre 1939 prévoit l'expulsion par la force de tous les réfugiés entrant illégalement sur le territoire. C'est à dire sans visa.
- Durant l'hiver 1942-1943 le verrouillage des frontières fut complet. Les Juifs ne sont pas considérés comme des réfugiés politiques. "Das Boot ist voll" (le bateau est plein).
- tous les réfugiés de plus de seize ans doivent être refoulés.

27/02/2010
Auteur : Georges Loinger Lien : Amicale des déportés d'Auschwitz

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Extrait de Aux frontières de l'espoir

[Janvier 1943] Je suis dès le lendemain au rendez-vous de Lyon, dans les appartements privés de l'hôtel Victoria, dont le propriétaire était un client de Joseph Weill lorsque celui-ci exerçait la médecine à Strasbourg. C'est une réunion dont chacun des participants se souviendra. Il y a là les principaux dirigeants de l'OSE et les directeurs des maisons d'enfants avec leurs femmes. Joseph Weill, assisté d'Andrée Salomon, préside la réunion. Il est porteur de mauvaises nouvelles : il a appris de source sûre, lors d'un voyage à Genève, que les rafles allaient se multiplier et que des choses terribles se passent à l'Est. Il annonce la décision de la direction de fermer les maisons ; puis, dans un silence de mort, nous présente l'homme assis à ses côtés, Georges Garel, qui doit mettre sur pied un circuit de sauvetage clandestin pour les enfants. C'est la consternation, tout le monde est bouleversé, certaines femmes pleurent. Georges Garel ressemble à un officier de cavalerie, le maintien très droit, une fine moustache accentuant son air d'officier en civil. Après un temps de silence, Joseph Weill se tourne vers moi : — Georges, vous qui avez l'habitude des frontières, vous qui vous déplacez en France comme un poisson dans l'eau, vous, intrépide et astucieux comme Ulysse, nous vous chargeons d'organiser les passages en Suisse, vous avez carte blanche, mais c'est une mission dangereuse. — Oui, dis-je, sans hésiter, mais je dois en référer à Flore… Bien entendu, Flore m'encourage dans cette mission. Il m'appartient à présent de m'organiser minutieusement, avec toute l'assurance de celui qui doit réussir. Je suis personnellement responsable de la vie et du destin de ces enfants, et n'ai pas droit à l'échec. Je choisis Annemasse comme base de départ pour la filière de passages d'enfants de l'OSE. Terminus de la ligne de chemin de fer, Annemasse, proche de la frontière, a toujours été un lieu privilégié de colonies de vacances pour différentes institutions comme la SNCF ou des municipalités. Elle a donc l'avantage d'avoir des équipements collectifs et de voir passer beaucoup d'enfants, surtout au printemps et en été. Le centre du Secours national situé route d'Étrembières dans une ancienne gendarmerie, devient mon lieu de rendez-vous. Eugène Balthazar, son directeur, est un Alsacien à la grande barbe noire, généreux et prêt à prendre des risques. J'avais fait sa connaissance au hasard d'une rencontre, un soir où je n'arrivais pas à trouver une chambre d'hôtel à Annemasse. En bavardant avec lui, j'ai compris qu'il était gaulliste. J'ai pu dès le départ jouer franc jeu, et il accepte d'accueillir mes groupes d'enfants pour une ou deux nuits. C'est le maire d'Annemasse, Jean Deffaugt, qui est la clé de mon organisation. Sans lui, je n'aurais rien pu mettre sur pied. Un homme corpulent, moustachu, inattendu, que j'ai rencontré pour la première fois dans son magasin de confection : il m'a donné rendez-vous à la mairie. Je me suis présenté à lui comme Juif d'origine alsacienne, prisonnier de guerre évadé, voulant faire passer des enfants religieux d'une organisation juive de Résistance. J'ai toujours mis en avant dans mes premiers contacts, soit les Compagnons de France, soit mon livret militaire toujours très précieux, soit le fait que les enfants en danger étaient pratiquants.

27/02/2010
Auteur : Georges Loinger

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Résistant juif

Période de Résistance
De 1941 à la Libération (Frontière suisse)

Réseaux
OSE (Oeuvre de secours aux enfants)
Garel
Organisation Juive de Combat (OJC)

Responsable
Dr Joseph Weill

À Noël 1940, Georges Loinger, prisonnier de guerre en Allemagne, s'évade, motivé par les nouvelles du Château de la Guette dont il a la charge. Il s'agit d'enfants allemands et autrichiens réfugiés en France avant la guerre et que l'on doit disperser d'urgence. Il est nommé moniteur-chef itinérant de l'OSE (Oeuvre de secours aux enfants) et visite toutes les maisons d'enfants, y compris celles des EIF (Éclaireurs israélites de France). Il organise des programmes sportifs pour ces jeunes.

Fin 1942, Georges Loinger se trouve à Lyon lors de la réunion des responsables des maisons de l'OSE (Oeuvre de secours aux enfants) organisée par le Dr Joseph Weill, qui les informe qu'il connaît de source certaine (Dr Riegner, Congrès juif mondial de Genève) la destination des convois partant de Drancy : les camps, où une sélection mortelle se fait dès l'arrivée. En prévision de l'intensification des rafles, les maisons d'enfants de l'OSE (Oeuvre de secours aux enfants) seront dispersées. Georges Loinger est chargé d'établir une filière de passage d'enfants en Suisse.

Il s'installe à Annemasse. Au début, les risques sont modérés, mais lorsque les Italiens quittent la zone et que les Allemands arrivent, le danger augmente. Des convois de 12 à 25 enfants quittent Lyon deux ou trois fois par semaine pour Annemasse, où, grâce à l'aide du maire Jean Deffaugt* (reconnu en 1966 Juste parmi les nations), les enfants sont reçus, en attendant leur passage, dans un centre d'accueil des Chemins de fer dirigé par Eugène Balthazar, du Secours national.
Les premiers temps, Georges Loinger emmène les enfants jouer au football à quelques mètres de la frontière. Le ballon dévie en zone suisse et les enfants qui passent le chercher y restent. Des paysans repèrent le manège et préviennent Georges Loinger qu'il peut être aperçu par les patrouilles et que les enfants sont en danger. Il est alors obligé de faire appel à des passeurs appointés (souvent des contrebandiers). Georges Loinger a fait passer quelques centaines d'enfants en Suisse.

Dès le début de l'été 1943, il assure la liaison avec l'OSE-zone Nord. Il apporte de l'argent au Pr Eugène Minkowski et des informations de la zone Sud. Il convoie également des groupes d'enfants évacués des maisons en danger, de la zone Sud vers la zone Nord. Il est aidé par Marcel Mangel, son jeune cousin, dont le père vient d'être déporté. Georges Loinger le cache dans une maison du Secours national à Sèvres, près de Paris. Marcel Mangel deviendra le mime Marcel Marceau. Georges Loinger assure toutes ses fonctions jusqu'à la Libération.

Commandeur de la Légion d’honneur, officier de la Légion d'honneur à titre militaire, médaille de la Résistance, croix de guerre avec palmes, médaille d'Or du ministère de l'Education nationale, de la Jeunesse et des Sports 

23/08/2017
Auteur : Frida Wattenberg Lien : Organisation juive de combat : Résistance-sauvetage. France 1940-1945

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Paul Joseph dit Joseph Bourson Arrêté comme otage et fusillé le 11 juin 1944 à Mussidan (Dordogne), Blog 2 pages, réalisation 2011
Auteur : Alain LAPLACE
Article rédigé à l'occasion de mes recherches généalogiques, puis la mise en ligne d'un blog (http://majoresorum.eklablog.com)dédié à la famille BOURSON qui a été expulsée en 1940 du village de Vigy (Moselle) et réfugiée à Mussidan (Dordogne) et les villages alentours où elle a vécu toute la durée de la guerre. Plusieurs personnes natives de Vigy faisaient partie des 52 otages fusillés le 11 juin 1944.
Paul Ernest dit Paul Bourson Farouche opposant au régime nazi, Exposé 2 pages, réalisation 2011
Auteur : Alain LAPLACE - terminal
Article extrait d'une étude généalogique sur la famille BOURSON de Vigy (Moselle) et alliés (http://majoresorum.eklablog.com)


Liens externes [Ajouter un lien vers un article d'intérêt ou un site internet]
1 Memorbuch (Mémorial des Juifs du Bas-Rhin )
2 Journal de guerre de Charles Altorffer
3 Site officiel de la Commune de Montigny-les-Monts
4 Site non officiel de la commune d' Auxon (Démarches administratives, histoire du village, cartes postales et photos anciennes. )
5 Saint-Dizier la période 1939-1945 en photos (La ville de Haute-Marne la période 1939-1945 en photos )
6 Histoire de Lièpvre de 1870 à 1945.
7 Le grands entretiens : André Kahn (Né en 1929 dans la bourgade alsacienne de Schirrhoffen, André Kahn est un rescapé de la Shoah. Evacué en train en janvier 1945 en direction de Gusen II, camp annexe de Mauthausen, puis à pied en avril vers Bergen-Belsen, André Kahn y est libéré par l'armée britannique et rapatrié le 5 juin à l'hôtel parisien Lutetia. )
8 Les grands entretiens : Denise Swaab-Kahn (Née en 1927 dans la bourgade alsacienne de Schirrhoffen, Denise Kahn est une rescapée de la Shoah. Rapatriée en juin 1945 à l'hôtel Lutetia à Paris. )

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