Jeanne Ebstein

Juliette Jondreville*, née Schenck en 1876, habitait avec ses filles Gabrielle et Jeannette dans une ferme au hameau de Briailles à Saint-Pourçain-sur-Sioule, située à une trentaine de kilomètres de Vichy.

Daniel Gerson est né le 27 décembre 1937 à Melun (77). 
Dès le début de la guerre, le petit Daniel se réfugie à Vichy (03) avec sa mère Marthe née Bernheim et la famille Ebstein de Mulhouse (68) composée de Jules Ebstein, Jeanne née Bernheim, Marie Emilie dite Lily et Raymond. La famille s'installe au 9 place de l'Hôtel de Ville. 

Jules Ebstein est le représentant à Vichy de la Maison Lindt et Sprüngli, chocolatiers à Zurich (Suisse), Lily est employée au Pool des carburants et Raymond est apprenti radio électricien.

Jeanne, 49 ans, Jules Ebstein, 53 ans, et de leurs enfants Lily, 23 ans, et Raymond, 24 ans, sont arrêtés sur dénonciation à Vichy le 6 août 1943 par la police allemande, la milice et la gestapo. Marthe Gerson était justement en visite chez sa sœur malade, avec son fils Daniel. Ils habitaient à 150 m. Un milicien demande à Marthe : Qui êtes-vous ? et Jules Ebstein eu la présence d’esprit de répondre : C’est l’infirmière !...
Ils seront internés à la Mal-Coiffée, prison militaire allemande à Moulins (03) avant d'être transférés le 9 septembre 1943 à Drancy. Le 7 octobre 1943 ils sont déportés à Auschwitz par le convoi n° 60.

Marthe et son fils avaient pu quitter les lieux et courir jusqu'à chez eux en passant par une verrière branlante. 
Marthe s’est alors emparé d’un vélo dans la rue et, le gamin sur le porte-bagages, a pédalé jusqu’à Saint-Pourçain-sur-Sioule. Elle y a confié le petit garçon qui n'avait pas encore 5 ans à  Juliette Jondreville*, la mère d’une amie catholique. C'est ainsi que Daniel arrive à la ferme de Briailles, à une trentaine de kilomètres de la « capitale » du Maréchal. 

Marthe part alors rejoindre la résistance en Haute-Loire.

Il restera chez « Marraine* » jusqu'à la Libération en 1945. 
Juliette Jondreville* lui apprend le Notre Père et à faire le signe de croix : « On ne sait jamais ce qui peut arriver ! », répétait-elle. 
Aux questions des paysans des alentours ou de ceux qu'elle rencontre en se rendant à la bourgade voisine vendre les peaux des lapins qu'elle élevait, Daniel répondait qu'il était le fils de sa nièce, qui vivait à Paris. 

Marthe et David Gerson partent s’installer à La Chaise-Dieu (43).

Jeanne et Jules Ebstein et de leurs enfants Lily et Raymond seront déportés sans retour de Drancy à Auschwitz par le convoi n° 60 du 7 octobre 1943.

Vers la fin de la guerre, toute une escouade d'Allemands envahit la ferme. Des « tanks » pénètrent dans la cour et prennent les œufs au poulailler. 
Un gradé, parlant le français, caresse la tignasse blonde du petit garçon et lui offre du chocolat ! 
Il réquisitionne l'étage supérieur du corps de ferme et venait se réchauffer dans la cuisine, le soir, au coin de l'âtre. Sa passion, c'était la peinture. De fait, il avait un chevalet, des pinceaux et des tubes de couleurs. Un jour, il demanda à « Marraine* » l'autorisation de faire poser le petit garçon… Dans l'heure qui suivitJuliette Jondreville* lui enduisit le corps d'un produit rougeâtre et l'enferma d'autorité dans sa chambre, volets fermés et lumière éteinte. Elle annonça à l'officier que l'enfant avait la rougeole et était contagieux...

De retour du maquis, Marthe et David Gerson retrouvent leurs fils. Marthe se félicita de ne pas avoir confié son fils aux religieuses d'un couvent de la région comme on le lui avait suggéré. Tous les enfants en furent déportés. Sur dénonciation.

Sa soeur Andrée Ebstein arrivée de Bruxelles avec ses deux enfants Paul né en 1926 et Merelyse née en 1928 ainsi que ses parents, Rivka née Roth dite Reine et Daniel Bernheim, seront sauvés grâce à l'aide du docteur Robert Scheffer*. 
Après la guerre, la famille retourne vivre en Belgique.

Marthe Gerson récupère son fils en septembre 1945. Elle témoigne à Lyon, lors du procès de Joseph Karmann, l’associé de Jules Ebstein, qui avait dénoncé la famille. Il y est condamné en 1949 à la réclusion à perpétuité pour collaboration avec l’ennemi et enrichissement illégal. Mais le dénonciateur sera libéré en 1956 et a fini ses jours à Mulhouse, en 1957.

Le 15 juin 2009, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné le titre de Juste parmi les Nations à Robert Scheffer*.
Le 27 mai 2019, Yad Vashem Institut International pour la Mémoire de la Shoah a décerné à Juliette Jondreville*, le titre de Juste parmi les Nations.