Élie Brée

	De gauche à droite, les pasteurs Robert Joseph*, Jean de Mondenard et Élie Brée* source photo : Coll. Brée crédit photo : D.R.

Élie Brée* a étudié la théologie à Strasbourg.
Il devient pasteur à Caveirac, un village de la plaine de la Vaunage, près de Nîmes, une micro région où les habitants portaient un fort sentiment identitaire et une multitude de communautés protestantes bien implantées depuis la Révolution.
Il appartenait à cette génération qui fut profondément marqué par Karl Barth (un théologien protestant suisse considéré comme l'une des personnalités majeures de la théologie chrétienne du XXe siècle, toutes confessions confondues, qui dès 1939, adressa aux protestants une lettre pour leur demander de résister au nazisme).
Ayant étudié la théologie à Strasbourg avant-guerre, et au même titre que bon nombre de ses confrères, Elie Brée guettait la montée du nazisme en Europe depuis les années 30. Il était donc naturellement vigilant au sort des Juif.

Il fut l’un des rédacteurs des « thèses de Pomeyrol » en 1941. Celles-ci proclamaient que l'Église confessante doit résister à « toute influence totalitaire et idolâtre ». Il s’agit là du premier acte de résistance spirituelle au nazisme et d’opposition aux persécutions des Juifs rédigé par un petit groupe de protestants à l’initiative du pasteur Visser’t Hooft et de Madeleine Barot*.

Élie Brée* exhortait vivement ses paroissiens à aider les personnes en détresse et à les cacher à la police. La population gardoise cultivait dans sa majorité, une forte identité et un penchant prononcé au refus de l’injustice, et une hostilité au régime de Vichy et à l’armée allemande. Par conséquent, cela permettait aux pasteurs de trouver facilement des familles protestantes cévenoles prêtes à cacher des fugitifs, des Juifs et des enfants.

Élie Brée* apporta son aide tant aux juifs étrangers assigné à résidence en 1940 qu’aux résistants hébergés au centre de séjour surveillé de Langlade.
Avec l’aide du maire qui autorisait les visites, il fut, dès 1940, affecté comme aumônier au camp de Langlade, puis au camp de Beaucaire.
Non seulement il apporte son aide aux étrangers internés, mais il réussit aussi à en faire libérer certains. Il leur trouve par la suite des maisons aménagées pour eux afin qu’ils puissent s’y installer.
Assisté par Roland Pollex* et Edmond Peloux*, pasteurs de Saint-Jean-du-Gard, Élie Brée* plaça des familles juives, parents et enfants, dans des familles cévenoles, où ces dernières choyaient les enfants juifs comme si c’étaient les leurs.
En se servant d’un tampon officiel du commissariat central de Lyon, et avec l'aide d’un notaire de Clarensac, le pasteur confectionnait de fausse carte d’identité. Ainsi toujours avec l’aide Edmond Peloux* et Roland Polex*, il prit sous son aile deux enfants de la famille Lazarfeld, des Juifs originaire d’Autriche, leur trouvant des familles d’accueil qui s’en occupèrent de décembre 1942 jusqu’à la Libération.

Il aide Élisabeth Zerner née Lazarsfeld qui venait de s'échapper du camp de Beaucaire avec ses deux enfants, Martin et Henri. Il leur trouve un refuge.

Les habitants de Caveirac éprouvaient de la sympathie envers les Juifs sauvés par les pasteurs. D’ailleurs M. Bentkowski, maire de Saint-Jean-du-Gard, cacha lui-même de nombreux Juifs dans une crèche.
Élie Brée* intensifia très vite sa participation avec la filière de la Vaunage (Nîmes, Caveirac, Clarensac, Langlade, Calvisson) et protégea dans le plateau cévenol voisin de nombreux réfugiés fuyant le régime de Vichy.

Ils protègent à Saint-Jean-du-Gard la famille de Simone Sauramps (fille de Henri Sauramps, juif, et de mère protestante), originaire de Montpellier.
Ils cacheront Pierre Torreilles (Camargue, 21 mai 1921, Montpellier, 22 février 2005), protestant réfractaire au STO, arrivé du Chambon-sur-Lignon où il était caché par le pasteur André Trocmé* et son épouse Magda* et avait rejoint le maquis en 1944.
Pierre Torreilles et Simone Sauramps, qui se rencontrent à Saint-Jean-du-Gard, se marieront en 1946.
Henri Sauramps et Pierre Torreilles créeront la librairie Sauramps à Montpellier en 1946.

Le 5 janvier 1984, Yad Vashem a décerné au pasteur Élie Brée* le titre de Juste des Nations.

Lien vers le Comité français pour Yad Vashem