Jeanne Privat

	La famille Arrive-Privat vers 1885-1886. Au premier rang de gauche à droite : Pasteur Joseph Carrive 1806-1891 ; Adèle Carrive, deuxième fille du pasteur J. Carrive, célibataire (1839-1914) ; Caroline P.* (1875-1955) ; Loïs Carrive-Privat, fille aînée du pasteur Privat, épouse du pasteur Jean, Égiste Privat (1836-1916) ; Pasteur Jean Égiste Privat (1824-1900). Au second rang : Ernestine P. (1864-1923) ; Charles P. (1868- 1957) ; Adèle P. (1867-1961) ; Mathilde P. (1871-1888) ; Égiste P. (1870-1887) ; Joseph P. (1873-1955), Jeanne P.* (1865-1945) ; Étienne P. (1861-1940) source photo : Inconnu crédit photo : X
	Jeanne Privat source photo : Coll. Privat crédit photo : D.R.

Marie-Anne Loïs née Carrive (1836-1916), fille aînée du pasteur Carrive née à Bellocq (64), épouse à Genève puis à Bellocq le 4 novembre 1859 Jean Égiste Privat (1824-1900) descendant d'une famille huguenote originaire du Languedoc.
Ils auront neuf enfants :
- Étienne P. (1861-1940) né à Lasalle (30) ;
- Ernestine P. (1864-1923) née à Lasalle (30) ;
- Jeanne P.* (1865-1945) née à Lasalle (30) ;
- Adèle P. (1867-1961) née à Bellocq (64) ;
- Charles P. (1868- 1957) né à Lasalle (30) ;
- Égiste P. (1870-1887) né à Begnères en Suisse ;
- Mathilde P. (1871-1888) née à Pinchat en Suisse ;
- Joseph P. (1873-1955) né à Veyrier dans le canton de Genève en Suisse ;
- Caroline* (1875-1955) née à Salles-Mongiscard (64).

Lorsque Jean Égiste Privat occupe le poste pastoral de Vozes (Charente-Maritime), il envoie Jeanne* étudier à Bordeaux où elle obtient le brevet supérieur en 1885.

En 1888, Jeanne Privat* est nommé institutrice adjointe à Bègles (Gironde) où elle reste deux ans avant de rejoindre l'école annexe de l'Ecole normale de filles de Caudéran.
Lorsque, en 1901, elle sollicite le poste de directrice de l’école, sa demande est repoussée par l’inspecteur d’académie car « sa santé la trahit souvent ».
Elle est impliquée dans les élections au conseil départemental et dans la ligue des droits de l’homme.

En 1891, Caroline* est admise à l’École normale de Pau où elle obtient le brevet supérieur en 1894. Cette année-là, elle est classée numéro un à l’examen de sortie. Caroline prépare le concours d’admission à
l’école normale de Fontenay. Après deux années de préparation à Pau puis à Chartres elle est déclarée admissible mais échoue à
l’oral. A l’issue d’une année de suppléance à Chartres, elle obtient son certificat d’aptitude pédagogique le 21 avril 1897.

Caroline* revient l’année suivante dans les Basses-Pyrénées, où elle est institutrice à l’école maternelle de Bayonne Saint-Esprit pendant trois ans.
A la rentrée scolaire de 1901, elle est nommée institutrice adjointe à l’école maternelle de Biarritz (quartier du gaz). La directrice n’est
autre que sa sœur aînée Adèle qui en 1903, demande une suppléante.
Elle reprend du service à l’École primaire supérieure (EPS) de Nérac avant d’obtenir en septembre 1908, sa mutation pour l’EPS de
filles de Bayonne où elle enseigne les lettres.
Sa santé se dégrade et elle est contrainte de démissionner en 1909.

Caroline* revient à Salles-Mongiscard puis à Bérenx où vit sa mère Loïs, dans la maison Lapadu.

Lorsque la guerre éclate, Caroline* s’engage dans l’œuvre du « Tricot du soldat », elle mobilise les énergies dans son village natal et organise une collecte pour les poilus.
Marquée par le terrible conflit, elle rejoint en 1930 le combat des hommes et des femmes qui militent dans l’œuvre des « Chevaliers de paix ». Paul Monnier, le pasteur de l’Église libre a rassemblé autour de lui une vingtaine de paroissiens qui partagent ses vues et
aspirent à la réconciliation avec l’Allemagne.

Jeanne prend sa retraite en 1924 dans sa maison de Caudéran, 25 rue Famatina.
Le 3 avril 1938, âgée de 73 ans, elle rédige son testament. Elle est affaiblie par une opération subie l’année précédente.

Résolue à quitter la région bordelaise, elle lègue sa maison de la rue Famatina à l’un de ses neveux. A un autre, elle donne la part qu’elle a sur la métairie Candenot à Salles-Mongiscard. Elle charge sa belle-sœur Mathilde - l’épouse de son frère
Joseph – de distribuer des souvenirs à ses amis bordelais. Une mention particulière est pour Ellen Ducaunnès-Duval qui appartient à
une famille protestante bordelaise, les Cordier. Elle lui laisse « le cantique dont j’ai aimé à me servir », et rappelle que « les attentions filiales de ma chère Ellen m’ont été bien douces ».
Elle rejoint à Orthez sa sœur cadette Caroline*, alors âgée de 63 ans. Les deux sont admises à l’asile protestant qui accueillait des vieillards. C’est l’actuelle maison de retraite Jeanne d’Albret. En réalité, ce temps de retraite va être bien rempli.

Elles vont en faire de l’asile protestant d’Orthez la base de leur action en faveur des enfants juifs. Elles se chargent de trouver des familles d’accueil prêtes à cacher des enfants juifs venant de la capitale et à s’en occuper.
Caroline* et Jeanne Privat* suivent de près toute l’opération. Elles restent personnellement en contact avec chaque enfant. Elles s’assurent qu’aucun d’entre eux ne connaît l’identité des autres, les réconfortent en leur promettant qu’un jour ils reverront leurs parents et, si nécessaire, retirent de la famille d’accueil des enfants maltraités et en trouvent une autre. La maison des sœurs est le foyer improvisé où leurs jeunes protégés savent pouvoir trouver réconfort et sympathie.

En 1942, Lotte Libermanas, dont le mari a été arrêtée est aidée par ses voisins et amis Louise* et Lucien Schmitt*. Elle confie ses quatre enfants aînés à une organisation caritative protestante qui les envoie à Orthez et reste avec son nouveau né à Paris chez Louise* et Lucien Schmitt*.

Les sœurs Jeanne* et Caroline Privat* placent Roger, huit ans, chez Jeanne* et Henri Autaa*, agriculteurs à à Biron.
Raymonde, six ans, Simon, cinq ans et Jacques, deux ans, sont accueillis dans une ferme des Souarns à Orthez chez Marthe* et Prosper Lassourreille*, où ils resteront jusqu’à la Libération, choyés et bien traités.

La petite Raymonde va souvent voir Caroline* et Jeanne Privat* qui lui racontent des récits de la Bible. Mais ce n’est qu’après la Libération que Raymonde comprit que les enfants qu’elle rencontrait lors de ses visites chez Caroline* et Jeanne Privat* étaient Juifs aussi.

Après la guerre, Caroline* et Jeanne Privat* remirent les quatre enfants Libermanas à une assistante sociale dépêchée par une œuvre juive avec laquelle l’organisation protestante qui les avait sauvés coopérait.

Jeanne* décède à Orthez le 25 novembre 1945 et et Caroline* dix ans plus tard.

Le 18 juin 1998, Yad Vashem a décerné à Marthe* et Prosper Lassourreille* le titre de Juste des Nations.

Le 6 décembre 1998, Yad Vashem a décerné à Jeanne* et Caroline Privat* le titre de Juste parmi les Nations.

Le 28 avril 2003, Yad Vashem a décerné à Jeanne* et Henri Autaa* le titre de Juste parmi les Nations.

Le 20 février 2006, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné le titre de Juste parmi les Nations à Louise* et Lucien Schmitt*. Les Libermanas assistèrent au cinquantième anniversaire de leur mariage.

Lien vers le Comité français pour Yad Vashem