Georges Salomon

Né le 22 février 1921 à Sainte-Terre (Gironde), Robert Jean Lacoste* entre, en tant qu’inspecteur, parmi les cadres de la police en avril 1942 à Bordeaux. 

En décembre 1942, il établit des faux papiers pour les requis du STO ainsi que pour René Lacroix, prisonnier de guerre

Raoul Naxarra est propriétaire d’un magasin de lingerie et mode féminine à Bordeaux. Il a plusieurs employés, dont sa belle-sœur, Élise Naxarra née Guerstein, et une jeune fille de dix-neuf ans qui n’était pas juive et qui se lie d’amitié avec la famille de son patron.
En 1941, le magasin est mis sous séquestre et « aryanisé » conformément à la législation de Vichy sur les biens juifs. La jeune fille garde son emploi mais continue à entretenir d’excellentes relations avec trois familles juives, les Naxarra, les Guerstein et les Herrera, les aidant quand elle le peut.

En décembre 1942, elle épouse Robert Lacoste*.
Il connaît lui aussi la famille des anciens patrons de sa femme et promet de les aider en cas de besoin.

En juillet 1943 arrivent à Bordeaux Sophie Kowalski, une réfugiée de Poméranie, et René Lacroix, deux évadés de camps en Allemagne. Robert Jean Lacoste* leur fournit des faux papiers.

Le 10 janvier 1944, il n’est pas de service. Il va au cinéma avec son épouse et aperçoit devant le siège de la police, rue Élysée Reclus, un Feld-gendarme. Il laisse son épouse et entre dans les locaux, là il y apprend qu’une rafle de Juifs se prépare. Inquiet, Robert Lacoste* demande à voir les listes, il y trouve les noms de Charles Naxarra et Rébecca Naxarra, des Guerstein et des Herrera. Il prend un vélo de service et part avertir chacun à son domicile, soit dix-neuf personnes réparties en huit appartements.

En rentrant chez lui, à vingt-deux heures, il tombe sur son chef et un Allemand en voiture à qui il explique qu’il avait été voir une femme. « Je préférais passer pour un coureur de jupons plutôt que pour un sauveur de Juifs », raconte-t-il.
Tous eurent le temps de s’enfuir et eurent la vie sauve, à l’exception d’Isaac Guerstein, 51 ans, de sa femme, Julia (43 ans) et de leur fils Serge (15 ans) qui n’avaient pas pu se résoudre à partir.

Malgré l'aide de Robert Lacoste*, de nombreux membres de la famille Naxarra, arrêtés à Bordeaux, seront déportés : Aminthe, né le 26 mars 1869 à Bordeaux et Angèle, née le 10 décembre 1877 à Bordeaux, habitaient au 30 rue Maxime Lalanne à Bordeaux. Elles ont été déportées à Auschwitz via Drancy par le convoi 66 du 20 janvier 1944. Par ce même convoi ont été déportés Anais, née le 16 aout 1897 et résidant à Bordeaux, et Henri, né le 31 décembre 1891 à Bordeaux, et résidant au 4 rue Nicot.
Joseph, né le 19 mars 1867 à Nantes et Rebecca, née le 14 juin 1879 à Bordeaux, habitaient au 56 rue Landires à Bordeaux. Ils ont été déportés à Auschwitz via Drancy par le convoi du 13 mai 1944. 

Après la guerre, de nombreux survivants témoignèrent de la conduite courageuse de Robert Lacoste*. De longues années durant, les Lacoste et les Naxarra restèrent amis après la guerre.

Le 31 juillet 1995, Yad Vashem a décerné à Robert Lacoste* le titre de Juste parmi les Nations.