Jean Parienté

Marthe Ladebat-Crestiaa*, protestante, est couturière de maison en maison. Veuve après seulement un an de mariage. Marthe* élève seule sa fille Renée* née en 1921. 
Renée* a réussi le brevet de l'École supérieure de Nay, elle est employée des Postes. Femmes courageuses, honnêtes, elles habitent une maison située sur la grande rue du bourg, un peu à l’écart du centre du village et à l'abris des regards indiscrets. Elles sont respectées à Boeil-Bezing.

Le secrétaire de mairie, M. Prat, protestant, est informé par le mari de sa belle-sœur, M. Dorfmann qu’une famille juive de Bordeaux est prise en étau entre Bagnères-de-Bigorre et Biarritz. Après un long périple de 3 ans, ils tentaient de passer en Espagne.  
M. Dorfmann, propriétaire d’un cinéma à Pau, est le père de Robert Dorfmann qui produira quelques-uns des classiques du cinéma français : Jeux interdits, La grande vadrouille, L'aveu, Papillon, Le cercle rouge…

Après l’arrestation en janvier 1944 d'Abraham Parienté, né le 8 août 1879 à Oran, et résidant au 30 rue Buhan à Bordeaux, un oncle vétéran de 1914-1918, les Parienté décident de passer en Espagne.

Issac Parienté était fourreur et propriétaire des magasins "Au Renard Blanc" situés 9 cours de l'Intendance et 12 rue Vital-Carles à Bordeaux et Pace Bellevue à Biarritz.
En 1920, Isaac Parienté avait épousé sa cousine, Esther née Parienté, fille de J. Parienté, d'Oran. Le mariage religieux avait été célébré au temple israélite de Bordeaux et béni par le nouveau grand-rabbin de Bordeaux, Joseph Cohen.

Abandonnés par leur passeur en cours de route, la grand-mère, Madame Parienté, les parents Parienté, Isaac et Esther, et leurs quatre fils se replièrent à Boeil-Bezing où des amis protestants leur vinrent en aide, alors que les troupes allemandes multipliaient les exactions et intensifiaient leurs poursuites contre les Juifs. 

M. Prat demande à Marthe* et Renée*, en qui on peut avoir toute confiance, d’accueillir cette famille comprenant sept personnes : la grand-mère, les parents et quatre enfants.
Elles acceptent aussitôt. C’est ainsi qu’arrivent les Parienté, une famille de fourreurs à Bordeaux, qui se cachent dans le grenier de Marthe* à partir du 15 mai 1944. Ils y vivent jusqu’à la Libération du village, le 15 août 1944. Pendant ces trois mois, totalement enfermés ils cuisinent la nuit pour ne pas dévoiler leur présence.
En raison de son métier, Renée* est en contact avec beaucoup de personnes du village qui fournissent aux deux femmes courageuses des produits des fermes avoisinantes. Ces suppléments d’aliments leur permettent de procurer de la nourriture à leurs protégés.

La communauté protestante du village s’est beaucoup impliquée dans le sauvetage des familles, comme M. Cazajus, qui héberge chez lui un professeur de mathématiques et Mme Irma..
Anne-Marie Fontaine se souvient des paroles de sa grand-mère Marthe* : « En dehors de la communauté protestante seule Éléonore Gaby, amie et voisine de Renée*, sait que la famille Parienté est cachée dans le grenier de Marthe* et Renée*. Elle vient régulièrement apporter, le soir, des seaux d’eau qu’elle fait bouillir chez elle afin que la famille Parienté puisse faire sa toilette.. »

Le 30/10/2001, l'institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Marthe Ladebat-Crestiaa* et sa fille Renée Ladebat-Crestiaa Fontaine* le titre de Juste parmi les Nations.