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Paul Grimaud
(1942 - 1944)
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(1940 - 1942) Préfet des Pyrénées-Atlantiques
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(16/07/1939 - 24/09/1940) Préfet des Pyrénées-Atlantiques
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(25/06/1940 - 24/01/1944) Léopold Marie Frédéric Chéneaux de Leyritz, Préfet de Haute-Garonne et préfet régional de la région de Toulouse à partir de 1941 (Ariège, Gers, Haute-Garonne, Hautes-Pyrénées, Lot, Lot-et-Garonne, Tarn et Tarn-et-Garonne et les parties non occupées des Basses-Pyrénées, de la Gironde et des Landes (1896-1970)
André Sadon
(24/01/1944 - 06/02/1944) André Paul Sadon, Préfet régional de la région de Toulouse (Ariège, Gers, Haute-Garonne, Hautes-Pyrénées, Lot, Lot-et-Garonne, Tarn et Tarn-et-Garonne et les parties non occupées des Basses-Pyrénées, de la Gironde et des Landes (1891-1965)
Jean Cassou
(1944 - 1944) Commissaire régional de la République de la région de Toulouse (Ariège, Gers, Haute-Garonne, Hautes-Pyrénées, Lot, Lot-et-Garonne, Tarn et Tarn-et-Garonne et les parties non occupées des Basses-Pyrénées, de la Gironde et des Landes (1897-1981)
Pierre Berteaux
(1944 - 1946) Pierre Félix Berteaux, Commissaire régional de la République de la région de Toulouse (Ariège, Gers, Haute-Garonne, Hautes-Pyrénées, Lot, Lot-et-Garonne, Tarn et Tarn-et-Garonne et les parties non occupées des Basses-Pyrénées, de la Gironde et des Landes (1907-1986)
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Bayonne 64100 - Pyrénées-Atlantiques | |||||||||||||||||||||
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Lucien et René, 1943 source photo : Arch. René Lévy crédit photo : D.R. |
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20/05/2009
Mes racines
Dans le récit qui va suivre, je fais appel à ma mémoire. Les faits qui les composent, sont pour une bonne part bien lointains dans mon esprit. Beaucoup de détails m'échappent malheureusement , sans compter, ceux que j’ai consciemment occultés par pudeur, ou tout simplement oubliés.
Ma famille paternelle d’origine portugaise, issue de l’organisation communautaire.
La HEBERA (communauté) s’est installée à Bourg Saint Esprit sur la rive droite de l’Adour, à Bayonne bien avant 1597 et résultat des pogromes en Espagne et au Portugal (inquisition ).
Mon père était l'avant dernier d’une famille de quatre enfants, trois garçons et une fille.
Pour lui l'école et l'instruction ne fut hélas que de courte durée. Donc très tôt mis au travail comme apprentis à 14 ans, il fut ce que l'on nomme aujourd'hui, un manuel, un peu sans culture, ma mère même condition (fille de paysan).
Cela aura par la suite bien sur, des répercussions et conséquences sur la gestion de leurs vie , surtout avec l'après guerre la nécessitée d'Archiver des preuves papiers ou autres, s'avèreront par la suite d'une importance capitale, concernant les évènements durant la guerre et surtout l'après guerre 1940/45.
Il sera notable de signaler qu'a cette époque d'après guerre ,nous les internés nous avions comme qui dirait "la honte du rescapé" ;et nous évitions de parler de notre passé nous avions eu la chance du survivant alors... ( même avec des anciens déportés) l'on avaient de même, comme qui dirait le complexe du survivant hors des camps d'extermination en Allemagne, Pologne ,ou autres..
Mon grand-père né à Bayonne le 18 novembre 1877 était cheminot à la Compagnie des chemins de fer, comme l’était également son père Benjamin Émile LEVY, 33 ans en 1844 et marié à Esther, Alphonsine Sylvain, 24 ans, ménagère à Tarbes (Hautes-Pyrénées) 1
Être dans les chemins de fer était presque une affaire de famille, mais l’avenir nous montrera hélas que finalement ce ne fut pas toujours pour leur bonheur.
Mon grand père est entré très jeune à l’école de cette Compagnie des chemins de fer et cela dès l’âge de 15 ans. Il fit toute sa carrière dans cette Compagnie. Il faisait partie comme l’on dit de ces "gueules noires" qui alimentaient les chaudières à grands coups de pelles à charbon, ces grosses locomotives, monstres à vapeur de l’époque.
Soldat de la première guerre mondiale 1914/18, il aimait souvent évoquer son passé de soldat à VERDUN.
Comme canonnier, il avait gardé une certaine surdité due aux bruits des pièces de canon. Mais par-dessus tout il aimait me parler de son passé de cheminot avec nostalgie. Il évoquait ses grosses machines qu’étaient les locomotives à vapeur et en parlait avec passion.
Souvent il se plaisait à me donner des détails sur le fonctionnement de ces monstres de fer.
J’aimais écouter ses récits, surtout celui qui, à une certaine époque avait marqué sa mémoire et survenu au cours de sa carrière. Il me racontera comment accidentellement il avait heurté et écrasé avec sa locomotive, des chevaux de course égarés dans un tunnel avant l’arrivée de son convoi en gare de Bayonne.
Une autre fois il versera avec sa locomotive, après un déraillement heureusement sans dommage pour lui.
Pour parler un peu de la communauté juive "Séfarade" de Bayonne, il y avait beaucoup de juifs commerçants voir même quelques industriels et surtout l’émergence d’une bourgeoisie juive.
Dans certaines familles, des hommes avaient combattu au cours des guerres, du temps de l’empire colonial français (guerre de CRIMEE en 1856) et bien sur, la grande guerre 1914/1918 et malheureusement quelques années plus tard, celle de 1939 suivie de la débâcle de 1940 (mon père sur le front à Sedan)
De famille pauvre, mes grands parents avaient beaucoup de difficultés pour élever leurs quatre enfants.
A l’époque n’allaient à l’école que les aînés des familles, Albert et Lucien ont eus une scolarité du cycle primaire jusqu’à l’âge de 14 ans associé à une culture hébraïque au sein de la communauté juive. Je me souviens très bien de cette école à côté du consistoire de la rue « Maubec, au petit Bayonne, ou l’on apprenait à lire les prières en hébreu.
Les fêtes juives étaient respectées par mes grands parents qui allaient souvent à la Synagogue.
Les deux derniers de la famille Henri et Yvonne-Claire ont été un peu les oubliés de l’éducation, mon père Henri avait des difficultés pour lire et écrire.
Toujours pour parler de mes grands parents, ma grand-mère Louise Virginie était cousine germaine de mon grand père, une LEVY aussi. Les mariages entre membres de même famille était assez courant à cette époque (les juifs avaient à cœur je pense, de se préserver de toute assimilation possible).
Mes grands parents habitaient en 1934 au numéro 32 rue du Capitaine-Pellot, au-dessus des Établissements FRAISE, à Bayonne, et spécialisés en miroiterie.
Dans le prolongement de cette rue se trouvait une impasse du nom de LEVY, ou se trouvait mon école maternelle. J’avais oublié ce lieu pourtant important dans mon enfance. Je l’ai découvert lors de ma dernière visite du quartier en octobre 1999.
Mes parents habitaient également cette même rue, pratiquement au début et du même côté face à une tannerie. Encore aujourd’hui j’ai l’impression de sentir l’odeur assez désagréable du "grésil" qui émanait de cette fabrique de peau. Tout le quartier empestait.
J’ai peu de souvenirs d’avant les années 40, si ce n’est celui de ma circoncision très présent dans ma mémoire. Cela peu paraître bizarre que ce souvenir me soit toujours resté intact.
Né en 1934, je fus circoncis à l’âge de 4 ans. Pour expliquer l’âge tardif de ma circoncision, mes parents n’avaient pas donné une priorité à cet acte. De plus, devant le cumul des conflits familiaux la décision tardait à venir. Finalement l’influence de mes grands parents paternels fut déterminante.
La Loi judaïque est précise autant que je me souvienne. Une circoncision normalement doit être pratiquée 8 jours après la naissance de l’enfant, qui doit avoir un poids convenable de 2 kilos environ.
Curieusement et tout au long de ma vie, j’ai gardé présent dans ma mémoire ce jour ou à la synagogue de BAYONNE, couché sur un petit matelas, j’étais éblouis par les lustres qui étaient au-dessus de ma tête. Les chants religieux augmentaient ma détresse, j’étais terrorisé.
La descendance de la famille maternelle Saubadine était d’origine gasconne constituée de : mon grand-père Pierre SAUBADINE de profession laboureur, né à St Martin de Seignaux, (Landes) le 26 octobre 1865 et de ma grand mère maternelle Jeanne Célestine Saubadine, née le 6 avril 1872 à St-Martin-de-Seignaux, tous deux exploitaient une grande ferme. Famille de paysans, leur ferme qui s’appelait le BIARNES était située route de CAMBO quartier de MARRAC a Bayonne.
Famille de huit enfants cinq filles et trois garçons, ma mère Marguerite Angèle née le 10 décembre 1911 à Bayonne, était jumelle avec sa sœur Gaby. Elles se ressemblaient comme deux gouttes d’eau. Souvent enfant il m’arrivait même de les confondre.
La scolarité de ma mère fut, comme c’était souvent le cas dans les milieux paysans de cette époque, inexistante. Dès son enfance elle gardait les vaches. Quelques années plus tard elle mena, attelée à un cheval, une carriole afin de distribuer le lait dans Bayonne.
Elle épousera mon père LEVY Henri David le 1er mars 1934 et se convertira cette même année au Judaïsme.(conversion de droit a l'époque, par le mariage )
Pour parler des rapports haïssables qui existaient entre les deux familles.
Mon père dès ma naissance s’est rendu à la ferme, quartier Marac au sud du grand Bayonne de l’autre côté de l’Adour pour annoncer ma venue au monde. Mal lui en pris car dès son entrée dans la salle commune de la ferme et fait son annonce, la grand mère maternelle SAUBADINE lui a jeté son sabot de bois à la tête. Mon père blessé n’est jamais revenu depuis ce jour là, visiter la famille SAUBADINE.
La naissance de mon frère n’a pas amélioré pour autant les rapports entre les deux familles.
Enfin on était loin encore des événements qui allaient bouleverser nos vies à tous.
Tout d’abord se fut le drame qui endeuilla la famille LEVY. Mon oncle Lucien qui travaillait aux chemins de fer du midi en tant que ’électricien de lignes, fut électrocuté avec un collègue en 1934. Ce fut un accident. Ils étaient partis pour réparer une ligne de haute tension. Malheureusement à l’époque et au début de l’électrification des lignes, les règles élémentaires de sécurité n’étaient pas respectées.
Le courant électrique remis sur le réseau leur fut fatal. Pris sous une tension de 60 000 volts, ils furent tous deux mortellement electrocutés.
Brûlé au bassin mon oncle lutta pendant neuf jours, puis mourût alors que son collègue décéda pendant son transfert à l’hôpital.
Ma grand mère ne se remettra jamais de la disparition de son fils aîné, d’autant plus que devait disparaître sa fille Claire Yvonne LEVY âgée de 16 ans. Décédée en 1929 à la suite d’absorption accidentelle d’un produit très dangereux, de l’ammoniaque qui se trouvait malencontreusement dans l’armoire à pharmacie où elle avait pour habitude de prendre son médicament contre la toux.
Avec le recul du temps, j’arrive mieux à comprendre ces problèmes de mésalliance entre deux familles totalement opposées, surtout dans une des régions de FRANCE que je qualifierai de très conservatrice et endoctrinée par l’église tolérante au regard d'un certains racisme et antisémitisme.
Déjà en Allemagne apparaissent les premiers mouvements antisémites d’envergures. Le boycott des commerces juifs est mis en place dès le premier jour ou suivi des lois « anti-juives « promulguées en 1935.
La FRANCE a montré par la suite et aux cours de certains événements qu’elle ne sera pas en reste sous le gouvernement de VICHY.
Les juifs de Bayonne vivaient en communauté bien repliés sur eux même. Je dirai un peu indifférents au monde extérieur. Basques et gascons se disputaient pour leur part leurs influences respectives sur la ville. La différence de cultures, l’une catholique d’un milieu paysan rude sans concession avec Les gascons minoritaire , s’opposaient continuellement a la communauté JUIVES de Bayonne .
En FRANCE déjà apparaissaient les premières lois portant sur les statuts des juifs (bulletin municipal du 7 octobre 1940) (J.O. du 18 octobre 1940).
Est regardé comme JUIF pour l’application de la présente loi, toute personne issue de trois grands-parents de race JUIVE ou de deux grands-parents de la même race si le conjoint lui même est juif ...
En Europe se profilaient à l’horizon les années sombres de la guerre avec la montée du NAZISME.
Mon père travaillait dans un garage comme mécanicien. Il se rendait tous les jours au grand BAYONNE. Nous n’étions pas bien riches, mais avec l’aide de mes grands-parents, mon père et ma mère arrivaient à joindre les « deux bouts ».
En ce qui me concerne j’étais par rapport à mon frère un enfant très turbulent, curieux de tout et loin d’être obéissant. En dehors de l’école, je passais la plus part de mon temps à traîner comme beaucoup d’enfants du quartier. Début 1939 les événements se précipitèrent, la guerre était éminente entre la France et l’Allemagne.
Mon père mobilisé, parti pour le front et se battit à SEDAN. J’ai encore en mémoire son écœurement sur la débâcle.
Il me racontait se trouver en retraite forcée, sans munitions à mettre dans son fusil et de se cacher dans les bois pour échapper aux mitraillages des avions italiens.
A pieds comme beaucoup de soldats, il fuyait l’avance des troupes Allemandes.
Son unité perdue il se retrouva à BORDEAUX, mal en point dans un hôpital de la ville. De là, il put donner de ses nouvelles à ma mère qui dans cette période tragique, pour subvenir à nos besoins travaillait aux usines Latécoère comme riveteuse sur flotteurs d’hydravions. (Ardoy/Anglet au pays Basque)
Finalement ce fut la reddition et par la suite l’installation du pouvoir du gouvernement de VICHY avec le Maréchal PETAIN.
Au printemps 1941 les troupes Allemandes entrèrent dans BAYONNE. Avec le recul du temps j’avais presque l’impression qu’il était tout naturel que ces troupes d’occupation arrivent dans notre ville et investissent tous les quartiers. Nous étions devenus zone d’occupation. C’était de droit qu’ils réquisitionnèrent les bâtiments industriels. La miroiterie FRAISE rue du capitaine PELLOT fut investie par les Allemands et servie d’entrepôt à leurs troupes
Leurs colonnes de matériels militaires mécanisés (camions, motos) étaient accompagnées par de longues files de chariots tirés par des chevaux de trait qui avaient des pattes énormes, on disait que c’était des chevaux POLONAIS. Bref il y avait beaucoup d’effervescence dans le quartier, enfant cela n’était pas pour me déplaire.
Je me souviens qu’à l’invitation d’un soldat autrichien, nous avons mon frère et moi fait une petite balade en moto équipée d’un side-car ; on tournait comme des fous, autour du quartier. Bien sûr, pour nous enfants, nous étions fiers. Où était l’ennemi à ce moment-là ? Qui se serait douté du destin tragique qui attendait les juifs de BAYONNE. Très rapidement les grandes LOIS discriminatoires de VICHY furent votées en 1940 et mises en application.
05/01/2022
Lien : René Lévy
1941 : Bayonne zone occupée
Les événements changèrent très vite à Bayonne, les troupes d’occupations aidées de la Milice et de la GESTAPO, commencèrent à y recenser tous les juifs. Une demande officielle de la « KOMANDATUR » fut faite dans ce sens au Rabbin responsable de la communauté. Obligation fut faite de porter l’étoile jaune cousue bien apparente sur tous les vêtements (huitième ordonnance du 29 mai 1942).
Les premières rafles de juifs commencèrent. Il y eut comme un vent de panique dans la communauté abasourdie et pratiquement sans réaction, comme résignée.
Les autorités Rabbiniques furent obligées par la « Gestapo » (police allemande), de fournir la fameuse liste des JUIFS de BAYONNE. Rapidement, toute la communauté fut avertie de ce qui se tramait. Mes Parents partirent de BAYONNE pour aller se réfugier dans un petit village du pays basque du nom « d’URT ». Ce village, et on le sera plus tard, était très près de la limite dite ligne de DEMARCATION.
Nos grands parents de BAYONNE partirent par la suite, se cacher en zone libre.
A URT, vivait à l’époque une sœur de ma mère, mariée à un béarnais du nom de BOUSTINGORY, qui était métayer dans un château du nom « d’ELISALDE » qui se situait sur les bords de « L’Adour » (fleuve du pays Basque). Dans ce village, mes parents se croyaient à l’abri de la chasse aux JUIFS organisée par la « Gestapo » allemande à Bayonne. Nous habitions place du marché dans une grande maison du nom de GELEDAN. Nous avions une magnifique vue sur le fleuve du fait de la situation dominante du village.
Notre vie s’organisait tant bien que mal, mon père bricolait comme l’on dit il réparait des voitures à l’abri des regards dans une remise attenante à notre maison. Par la suite mon père accepta de garder avec d’autres personnes, le pont qui enjambe le fleuve. Il faisait équipe avec une autre personne du nom « d’IRRIGOEN » ; aujourd’hui encore je me demande de qui, ou contre qui, fallait-il garder ce pont ? Ligne de démarcation peut être ?
La municipalité de l’époque, et, cela sera confirmé par la suite, s’avérera très « pétainiste », Collaborationniste avec les troupes d’occupation. Au sujet du pont, les autorités allemandes craignaient peut-être, que la résistance fasse sauter ce pont ; surveillance dérisoire à mon avis.
La mairie « d’URT »(petit village a 15 kms de Bayonne) distribuait des tickets de rationnement pour le pain la viande et le savon. La vie devenait de plus en plus dure pour tout le monde.
Mon frère et moi fréquentions l’école du village, qui était sous la responsabilité de M. et Mme MAISONAVE, dans les classes la photo du Maréchal trônait en bonne place et nous apprenions à le sanctifier par la chanson : MARECHAL NOUS VOILA LE SAUVEUR DE LA FRANCE ...... pauvres de nous, on était loin de se douter ! Nous avions pris l’habitude de négliger le port de l’étoile jaune, on s’était installé « dans la vie de tous les jours ». Intégrés au village ou du moins le croyait t-on. A tel point que pour donner un peu plus de vraisemblance et oublier notre statut de juifs, mon père avait accepté notre participation au patronage dirigé par des ecclésiastiques, souvent nous assistions à des séances de cinéma.
Le marché Noir était prospère en ces périodes de restrictions. Je me souviens à ce propos que mon père, aidé de mon oncle BOUSTINGORY, abattaient des veaux dans notre cave à l’aide d’une masse. Je fus traumatisé par ces événements, mais il fallait vivre, et trouver de l’argent.
Les viandes dépecées étaient ensuite emballées puis stockées dans des valises et convoyées, par ma mère, par le train vers Bayonne pour y être vendues au marché noir. Elle prenait des risques permanents car bien sur strictement interdit.
Était également fabriqué dans certaines fermes, du pain à base de maïs et de lait qu’on appelait « METURE »(farine de maïs et lait ) ce n’était pas très bon, mais ça remplissait le ventre. J’allais souvent à la ferme de mon oncle BOUSTINGORY qui se situait sur les bords de l’ADOUR pour leur emmener de l’argent, fruit du marché noir, à partager entre les deux familles. J’aimais beaucoup cette petite mission, fier de la confiance que mon père me donnait ; je pris goût à ce parcours au bord du fleuve communément appelé Chemin de Halage en souvenir des chevaux qui autrefois l’empruntaient pour tirer les péniches.
Je ne puis m’expliquer aujourd’hui ce goût particulier pour l’école buissonnière, même que de temps en temps j’entraînais de force mon frère. Je pense que je n’aimais pas l’école et me cherchais un divertissement sur les bords du fleuve.
La baignade mon passe temps favori a failli tourner au mini drame, lorsque au cours d’une de mes baignades et à la marée montante, le porte monnaie avec de l’argent, que m’avaient confié mes parents, ainsi que mes vêtements qui étaient sur la berge, furent emportés par le courant toujours assez fort lors des marées montantes et descendantes du fleuve. Nu comme un ver, que faire ! Une péniche amarrée non loin delà, me fut salutaire pour me cacher momentanément. Puis fatigué, je finis par m’endormir caché au fond de la péniche sur un tas de sacs de pommes de terres. Ce qui n’était pas prévu s'est que la péniche quitte le quai pour convoyer ses marchandises en direction de « Peyrehorade ».(petite ville sur les bords de L'adour)
L’on me trouva le lendemain endormi sur un tas de pomme de terre , alors que mes parents et la gendarmerie ;Affolés me cherchaient partout. Rentré à la maison, j’échappais à la correction et la perte du porte monnaie fut pardonnée.
Souvent nous allions à la ferme de mon oncle attenante au château ELISALDE. (Depuis disparu, partie en fumée ). L’environnement de la ferme était très rustique comme beaucoup de fermes au pays basque. Insouciants des événements qui nous attendaient ; les rencontres à la ferme avec nos cousins étaient enrichissantes par son milieu rural-citadin. Nous découvrions un milieu campagnard très pauvre.
Très peu de temps après notre installation au village, quelle ne fut pas notre surprise de voir arriver les troupes Allemandes qui s’installèrent à leur tour à coté de la mairie. Nous étions très inquiets, mais « pas de panique » disait mon père, il sera encore temps d’aller en zone libre !......
Les Allemands s’entraînaient aux combats, par des simulacres d’attaques, aux environs du village et sur la place de ce dernier, ou nous habitions. Je me souviens de cet hiver 1942 où il faisait assez froid, couchés dans la neige, les Allemands en exercices, tiraient avec des balles à blanc.
Suite à ces entraînements intensifs, Ce que je n’avais pas prévu s'était, que je recevrai une balle au pied gauche. La balle heureusement ne m’a pas occasionnée une grande blessure, le cuir de ma chaussure m’a bien protégé, et quitte pour une petite frayeur, encore aujourd’hui la cicatrice est bien apparente ;imprudence d'enfant bien sur..
Au mépris du danger, mes parents cachaient de temps en temps des personnes qui voulaient passer en Espagne voire même des officiers anglais. Ils ne restaient pas plus de deux ou trois jours chez nous, mon père n’en parlait jamais et surtout pas de bavardages à l’école disait il.
Un jour n’ayant pas d’école j’étais avec mon père dans la petite cabane à coté du pont « d’URT « quand un avion Allemand un Messer shmitt (avion de chasse ) est passé au-dessus du pont, son moteur avait des ratés. Je le vis très vite perdre de l’altitude pour finalement tenter un atterrissage forcé de l’autre coté du fleuve dans une zone un peu marécageuse, nous entendîmes un grand bruit l’avion s’était « craché ».
Très peu de temps après une voiture Allemande est venue à l’entrée du pont. Un officier Allemand nous demanda si nous savions où l’avion était tombé. Machinalement, je pointe mon doigt dans la direction approximative du « crash » . L’officier demanda l’accord de mon père pour que je l’accompagne dans sa voiture, ce que je fis sur-le-champ.
Le fleuve traversé, nous arrivâmes très vite sur les lieux de l’accident. Nous aperçûmes l’avion de chasse à 200 mètres de là où nous étions ; de loin je vis que le pilote avait réussi à sortir de sa carlingue, et par la suite, prés de lui, je vis également,qu’il saignait d’une main, malgré cela il n’était pas en trop mauvais état, il put dialoguer avec l’officier Allemand .
En classe le lendemain j’étais assez fier de raconter mon aventure à mes petits camarades.
Quelques jours plus tard je sus par mon père que l’avion avait été récupéré par les Allemands, chargé sur un camion, puis dirigé vers Bayonne.
Peut-être que ce jour là était née, dans ma tête, ma passion pour le monde de l’aviation.
09/07/2012
Lien : René Lévy
De l'école de Bayonne à Drancy
De l'école où nous chantions "Maréchal nois voilà !", puis la prison de Bayonne et les camps de Mérignac et Drancy
C’est fin septembre 1943,ou début octobre je ne me rappelle pas exactement le jour, nous étions à l’école mon frère et moi quand en plein cours, la porte de la classe s’est ouverte sur deux officiers Allemands accompagnés d’un civil ( identifié par la suite comme étant de la sinistre » Gestapo ) » de Bayonne.
La date d'arrestation est relevée sur les pièces a convictions fournis par les archives nationale ,arrestation a URT le 28 septembre 1943 ;pas de souvenir exact de ce jour fatidique de notre arrestation a l'école de la république .
L’homme en civil s’adressant à la maîtresse de classe demanda de lui designer les deux enfants LEVY, ce que fit la maîtresse en nous montrant du doigt. L’homme nous ordonna de le suivre, ce que nous fîmes très inquiets, dehors, au-delà de la cour de l’école, une traction avant » citroen » nous attendaient. Le trajet de l’école à la maison ne fut pas long ; une autre voiture « citroen » stationnait devant le portail d’entrée de la maison, à l’intérieur de la voiture, deux Allemands en uniformes ,et debout à coté de la voiture deux autres allemands fumaient une cigarette.
Dès notre entrée dans la maison, suivis des Allemands, nous vîmes notre mère qui pleurait, mon père livide préparait deux valises ; alors je compris que nous partions. L’homme de la « Gestapo » dans un très mauvais français dit à mon père et à ma mère : ne prenez qu’une couverture par personne et un peu de linge de corps, vous nous remettrez également, toutes les clés de la maison.(A la libération confirmation sera faite que c’est la municipalité qui nous a donnée aux Allemands, pas glorieux!!!).
Dehors déjà, sur la place du village, quelques personnes observaient impassibles, notre arrestation. Très vite une fois embarqués dans une des deux voitures nous partîmes en direction de Bayonne, distant environ de 15 kilomètres. Nous arrivâmes à la prison du château Neuf au Grand Bayonne.
Pour la première fois de ma vie j’étais en prison à l’âge de 9 ans et là, dans une cellule, des jours durant je pense, ce fut l’angoisse et l’incompréhension, personne ne nous informait sur notre avenir, pas grand chose à manger, si ce n’est qu’une mauvaise soupe accompagnée d’un morceau de pain. De plus, il faisait froid dans la cellule, ma mère avait toujours des larmes qu’elle essayait de nous dissimuler.
Un jour, au matin, un soldat Allemand nous demanda d’être prêts à partir pas plus d’informations. Dans l’après midi nous partîmes tous les quatre encadrés par deux Allemands armés, en direction de la gare de Bayonne. Nous traversâmes à pieds le grand pont qui enjambe l’Adour.
Pas de souvenir notable de cette traversée de Bayonne. Indifférent aux passants, ma tête était vide et incapable de raisonnement, j’étais inquiet parce que mon frère avait du mal à suivre le pas, les deux Allemands qui encadraient nos parents nous, nous étions derrière eux.
Arrivés dans le hall de la gare, des gens nous regardaient, habitués peut-être, mais l’étoile juive cousue sur nos vêtements les avaient tout de suite édifiés. Peut être simplement pensaient-ils : OH ! ce ne sont encore que des JUIFS... Les départs de juifs vers une destination inconnue étaient devenus affaires courantes.
Alors que nous attendions sur le quai le train, mon père demanda à un des Allemands si l’on pouvait avoir quelque chose à boire et si l’on pouvait également aller aux toilettes ; ce qui fut fait chacun son tour, accompagné d’un soldat. Avant de monter dans le wagon une dame de la croix rouge est venue nous apporter à chacun un gobelet de Viandox (petits cubes de soi disant soupe) bien chaud, pas très bon mais faute de mieux ça nous a réchauffé.
Le trajet en train m’a paru assez long, nous avions un compartiment uniquement pour nous et les deux gardes. Arrivés en gare de Bordeaux nous descendîmes du train. Je me souviens du vent glacial et du froid intense qui nous a saisis. Dès notre sortie de la gare, un camion allemand nous pris en charge immédiatement et destination le camp de Mérignac où nous entrerons je pense ,début novembre 1943; à la section des internes raciaux. Le camp en fait, était divisé en deux parties les RACIAUX d’un coté les POLITIQUES de l’autre.
Quelle ne fut ma surprise de ne plus voir d'allemands dès notre arrivée au camp. Immédiatement nous fûmes pris en compte par la direction du camp sous responsabilité de gardes mobiles Français ; les allemands avaient momentanément fini leurs missions et disparus du circuit.
Pour mémoire, le Camp de Mérignac situé en GIRONDE, était sous la responsabilité de la préfecture et en étroite collaboration avec le cabinet du PREFET de l’époque, Maurice PAPON (condamné depuis a la prison).
On nous installa dans une baraque au fond du camp près des clôtures en fils barbelés et palissades en bois. Plusieurs miradors équipés de projecteurs surveillaient le secteur et le périmètre du camp. Dans le baraquement il y avait beaucoup de monde, 80 personnes environ s’entassaient à l’intérieur, femmes, vieillards et enfants de tous âges, de toutes conditions sociales. Certains couchés sur des lits en bois à deux étages nous regardaient d’un air triste, d’autres personnes portaient de très beaux habits, manteaux de fourrures et belles chaussures. J'avais en face de moi, un échantillonnage des classes Juives bourgeoisie, commerçantes et ouvrières du sud de FRANCE.
L’ambiance était lourde et angoissée, j’ai toujours en mémoire la mauvaise odeur qui régnait dans cette baraque équipée d’un poêle mais, sans feu. Malgré le monde qui y vivait entassé, il faisait quand même assez froid à l’intérieur.
A notre entrée, nous fûmes, immédiatement pris en charges par un juif chef du « baraquement » qui avait pour mission de nous trouver une place, ce qui ne fut pas facile du tout (l’on devient égoïste dans un univers carcéral) avec gentillesse, certaines personnes sont venues vers nous pour savoir d’où nous venions et avoir peut être des renseignements extérieurs sur la situation. Mon père rencontra des connaissances de Bayonne qui étaient là depuis deux mois.
Étaient internes avec nous, des juifs de tout milieu social, des médecins des professeurs de l’enseignement, des commerçants, etc.
Pour nous tous, la vie s’organisa au fils des jours, le plus difficile était de se procurer du savon pour se laver. L’eau était glaciale et nous n’avions que très peu de possibilité de faire notre lessive, quelques cordes tendues au-dessus des « châlits » en bois, permettaient de sécher un peu de linge de corps. L’on pouvait écrire des lettres à l’administration, à la famille ou à des amis. Ces courriers, lettres ouvertes, censurés par la direction du camp, ne devaient pas franchir le seuil du camp.
Nous les enfants du baraquement on jouaient dehors insouciants de l’avenir. De temps en temps l’on entendait les vrombissements des avions B26 qui venaient bombarder les raffineries de pétrole, non loin delà à l’embouchure de la Gironde. Le ciel était constellé de petits nuages blancs et bruns qui survenaient autour des bombardiers, les canons de la FLAG Allemande ne restaient pas inactifs. Les chances de toucher un avion était très faible vue l’altitude élevée des B26. Je me souviens d'avoir entendu des adultes dire que peut-être ce serait une bonne chose si nous étions bombardés.
Tous les matins on avait droit à l’appel en présence d’un responsable du camp, devant chaque baraquement. Certaines familles ou personnes seules étaient désignées comme devant se tenir prêts à partir, jamais la destination n’était révélée. A ses départs venaient s‘ajouter de nouveaux arrivant. Le 30 décembre 1943 ce fut notre tour avec d’autres internes d’être désignés pour partir... vers quelle destination ?
Au matin du 31 décembre 1943 ce fut l’embarquement dans des camions pour la gare de BORDEAUX.
Curieusement à l’inverse de mon voyage de Bayonne vers le camp de Mérignac, j’ai très peu de souvenir en ce qui concerne ce voyage entre le camp de Mérignac, et Paris ; aussi je ne retiendrais que notre arrivée au camp de DRANCY le 31 décembre 1943 dans la soirée.
Descendus des camions, les soldats Allemands qui nous accompagnaient nous bousculèrent vers un baraquement qui était entouré de bâtiments disposés en fer à cheval genre H.L.M non terminé a l'époque et qui était en somme le camps de DRANCY .
C’est en file indienne que nous attendions d’être enregistrés, on commençait à en avoir l’habitude. Assis à une table disposée en longueur, se tenaient des personnes en civil, un médecin Allemand, des responsables Juifs des blocs, deux dames de la Croix Rouge Française et un sergent Allemand. A l’écart un officier Allemand semblait surveiller la scène. Cet officier Allemand fut remplacé quelques mois plus tard par Aloïse BRUNER (condamné par contumace à perpétuité par la Grand cour de Justice de Paris le 2 mars 2001).
Mes parents furent dépouillés de leurs bijoux et le peu d’argent en leur possession. Une visite des valises déjà en piteux état; fut faite par un des soldat Allemand qui nous avait accompagnés depuis Bordeaux. S’ensuivit un contrôle médical sommaire par le médecin Allemand. Mal habillé j’avais très froid. Mon frère n’arrêtait pas de pleurer qu’il avait faim, une boite de conserve de thon nous fut distribuée par les dames de la Croix Rouge mais rien pour les ouvrir.
Nous fûmes affectés au bloc N°3 du camp au deuxième étage. Là comme à Mérignac beaucoup de monde dans une grande pièce genre dortoir, femmes, enfants, vieillards tout le monde s’entassait sur des lits en mauvais état. Je retrouvais encore les désordres que j’avais connus à Mérignac, mais plus sale, et, beaucoup plus de gens malades. Je sus par la suite que mon père reconnu par la direction du camp comme étant un manuel fut affecté à la réparation des lits et autre matériel vital pour le camp. Avec le recul du temps, je pense que c’est ce qui a retardé son départ pour l’Allemagne.
Tous les matins nous avions, appel général dans la grande cour du camp. Étaient sélectionnés par les Allemands les internes qui devaient partir pour l’Allemagne soit disant travailler. Mais un doute terrible, ajouté à des rumeurs d’extermination des juifs en Allemagne, persistait parmi les intellectuels du camp. De plus, pour étayer cette hypothèse, la question se posait : pourquoi des vieillards et de très jeunes enfants étaient du voyage ? En partant de cette hypothèse terrible, rester au camp devenait la préoccupation majeure pour tout le monde.
Deux semaines se passèrent ainsi jusqu’au 12 janvier 1944 où très tôt le matin, notre mère nous réveilla. Très fébrile elle nous indiqua que nous allions sortir du camp sans notre père ; elle s’employa dans le même temps, à découdre nos étoiles juives de nos vêtements.
Avec la complicité de médecins juifs peut-être.. ? En accords avec les autorités Allemandes ? Faux extrais de baptême ? .Je n’ai jamais pu savoir exactement le motif de notre libération. j’appris plus tard, que certains avaient été libérés pour les raisons suivantes : Moins de 18 ans, les handicapés, les grands malades comme notre mère par exemple et que même certaines personnes auraient échappé à leurs destins funestes en ayant eu la chance d’avoir été déplacés pour des soins à l’hôpital ROTHSCHILD.
Ce qui était important pour nous c’était notre liberté. Nous sortîmes, par une porte dérobée et très vite ce fut presque la course pour s’éloigner du camp. Je fus saisi par le froid glacial qu’il faisait hors des murs de DRANCY grelottant de froid je ne me sentais pas bien je toussais de plus en plus. Enfin nous étions libres mais je ne pouvais m’empêcher de penser à mon père, resté à l’intérieur du camp, et en marchant dans les rues de Paris ce matin là, j’avais du mal à contenir mes larmes. Sans sauf conduit et papiers d’identités je me demande comment l’on a pu arriver à la gare d’Austerlitz. Il y avait des Allemands partout, le risque de ce faire reprendre était grand. Enfin notre destination ne pouvait être que celle de Bayonne. Se cacher, soit dans la famille ou chez des amies, était la première de nos préoccupations. Notre mère avait heureusement réussi à cacher dans les épaulette de son manteau , un peu d’argent cela nous fut très utile pour prendre des billets de train. Après une nuit de voyage agitée avec l’angoisse d’être contrôlés, nous arrivâmes enfin en gare de Bayonne.
Du grand hall de gare et à partir d’une cabine téléphonique notre mère essaya de rentrer en contact avec sa famille. Peine perdue personne ne voulait nous recevoir, nous étions dans un moment de détresse maximum, rejetés une fois encore. S’installer à l’hôtel était dangereux, aussi sur les conseils d’une personne de l’armée du salut, nous fûmes orientés vers le bureau de l’institution SECOURS NATIONAL. Là, un contact fut établi pour avoir deux places dans un sanatorium à « Biodos « (centre pour gens malades des poumons)dans les LANDES. Il devenait urgent de me soigner car ma santé était mauvaise, je continuais a avoir des quintes de toux de plus en plus fréquentes. Il fallait se rendre à l’évidence nous devions nous séparer et vite se cacher.
Notre mère en attendant habiterait chez une amie quelque part en ville a Bayonne.
09/07/2012
Lien : René Lévy
Enfants cachés
Trois mois passèrent ainsi, nous, dans ce Sanatorium (BIODOS); notre mère quelque part en ville de Bayonne. Au sanatorium le personnel était d’une gentillesse extrême avec nous. J’avais été fragilisé au niveau des poumons, je rechuterai plus tard lors de mon service militaire en 1957, bien soigné cela ne restera plus qu’un mauvais souvenir.
Nous n’avions pas fini de nous déplacer mon frère et moi après ces trois mois de soins intensifs. Aujourd’hui en analysant ce court instant passé dans les deux camps, (95 jours au total, prisons de Bayonne comprise ) je pense que nous avons eu beaucoup de chance. Au départ d’un processus planifié pour l’extermination des Juifs, nous avons souffert,de la la faim, ajouté a l’incertitude du lendemain les Maltraitances, seront supportées , avec l’insouciance de notre jeune âge ; Nous étions bien éloignés des réalités du moment.
Le 1 premier mai 1944, on nous a transférés du sanatorium de Biodos à l’orphelinat Agricole, 13 Avenue de « Buros « 64000 PAU (Pyrénées Atlantiques). Là, de nouveau, la vie fut assez difficile , mon frère avait des problèmes d’incontinence la nuit. Souvent le matin lorsque la religieuse passait sa main pour vérifier si ces draps étaient humides, il recevait des coups de ceinture, j’étais pour ma part très en colère contre cette sœur ....
Nous étions scolarisés dans l’établissement même, les résultats scolaires des débuts furent désastreux, donc pas de tableau d’honneur ni pour mon frère ni pour moi, on se sentait marginalisés. Nous avions tout les jours catéchisme et les sœurs disaient que bientôt nous serions baptisés, ce qui fut fait le 27 septembre 1944 (voir certificat de baptême n°106 en annexe). Nous n’étions plus des juifs impies qui avaient osé crucifier le Christ. Quel changement radical du comportement de tout le monde. Cela ma profondément marqué, car pour moi, je ne me trouvais pas particulièrement changé ou meilleur. Un mois plus tard nous étions au tableau d’honneur, je ne sais pas aujourd’hui encore, si j’étais plus motivé ou pas.
Début novembre 1944, pour des raisons qui me sont restées inconnues nous avons changé d’établissement, peut être à cause des Allemands qui, désorganisés, devenaient menaçants. On nous a déplacés au cœur du pays Basque dans un autre orphelinat, (aujourd’hui ASSOCIATION NOTRE DAME DE JATXOU, et maison d'enfants de la D.A.S.S).
Dans cet orphelinat, nous étions devenus des orphelins à part entière, une quarantaine d’enfants environ vivaient dans cet établissement. Nous n’étions pas enregistrés dans le cahier d’effectif de l’orphelinat, pour des raisons de sécurité comme le note la religieuse sœur St Jean dans son témoignage . Les Allemands étaient encore dans le village, malgré les événements qui commençaient à tourner mal pour eux en cet automne 1944.
Nous allions à l’école du village à pieds, bien souvent sans chaussures (il n’y en avait pas pour tout le monde). Il nous arrivait de temps en temps de croiser des Allemands de la garnison du village. Dans mon fond intérieur, j’étais devenu indifférent à toute éventualité d’être repris par les Allemands. Je souffrais surtout du manque de nouvelles de nos parents, les jours passaient et rien, que va t-on devenir ? Quel sera notre destin ?.....
En classe, j’étais devenu très agressif au point de jeter un encrier à la tête de l’instituteur qui ne manquait pas une occasion de me persécuter sans raison.
Les fils de paysans à la recréation mangeaient de gros morceaux de pain avec de l’omelette, j’étais envieux à vrai dire, pourquoi eux mangeaient-ils à leur faim et pas nous ? Nous étions quant même très rationnés à l’orphelinat.
Au sujet de la nourriture nous avions pris l’habitude mon frère et moi, lorsque nous étions au dortoir, et très tard dans la nuit, d’aller chaparder dans le saloir, qui se trouvait aux cuisines, des couennes de porc. C’est dans notre lit, et durant une bonne partie de la nuit, que nous mordions dans ces couennes de porc pour en extraire le gras, pas question de respecter la « cachroute » interdiction de manger du porc chez les Juifs . Mais mal nous en pris. Le pot au rose fut découvert, nous fûmes prives lors des repas du dimanche, des petits extra qui étaient l’amélioration de l’ordinaire, par un peu de foie de génisse. La punition fut sévère : corvées, tel que vider la fosse d’aisance, se lever à 4 heures du matin pour aller à la chapelle, et bien d’autres brimades.
La « galle » du pain comme on l’appelait à l’époque, c’était répandue parmi nous, savon noir pour tout le monde et crâne rasé, car on avait des poux.
Notre vie à l’orphelinat était partagée entre l’activité scolaire et les activités liées au droit qu’avaient les orphelins d’aller glaner les champs de blés, ramasser des cerises, le bois morts et dénicher certaines espèces d’oiseaux nuisibles, qui montrés en mairie du village, nous valaient un peu d’argent pour l’orphelinat. Personnellement, j’avais été désigné pour aller tous les jours à l’église du village pour servir la messe. En tant que enfant de cœur j’avais droit à quelques pièces d’argent que je remettais aux sœurs, mais surtout droit à une bonne assiette de soupe prise à la cure du presbytère du village. L’hygiène à l’orphelinat était, par manque de moyen, pratiquement inexistante, très peu de savon pour se laver. J’appris incidemment et quelques années plus tard, que la bienfaitrice de l’orphelinat était Madame RICHELET des laboratoires du même nom qui se trouvait à Bayonne.
Vers le mois de mai 1945, les Allemands quittent le village, mais pour nous la vie à l’orphelinat continuait. Les mois passèrent ainsi jusqu’au jour, où suite à un courrier, la mère supérieure de l’orphelinat, vint nous annoncer à mon frère et moi, que nous allions quitter l’orphelinat, notre père revenu des camps viendrait nous chercher.
Ce fut une grande joie, quand quelques jours plus tard, nous aperçûmes dans la pénombre du parloir et, après presque deux ans d’absence, notre père. Il était, là devant nous, très maigre, un pale sourire aux lèvres, il nous embrassa très fort.
Dehors de l’établissement, encore une autre surprise nous attendait, notre Père était venu nous chercher avec une remorque attelée à un vélo pour nous transporter. Nous étions en septembre ou octobre 1945 pas de souvenir exact du mois. Le retour sur Bayonne, et surtout la joie de quitter l’orphelinat est resté pour moi un grand événement. On chahutait à l’arrière dans la remorque et notre père rouspétait, que s’était bon d’entendre sa voix, nous n’étions plus orphelins enfin !....
Vers sa fin de vie , et âpres la disparition de notre Mère je le vis de temps en temps. Remarié, il vivait a Bagnol-sur-Ceze , (il ne pouvait vivre seul) il n'était pas heureux ,un peu introverti comme nous l'étions tous dans notre famille ,il ne parlait pas beaucoup et, hoché la tête de temps en temps .
Au regard du passé (les souffrances de notre MERE) j'avais pris un peu du recul dans nos fréquentations, aujourd'hui je regrette .
La veille de sa mort j'étais présent a son domicile a Bagnols-sur-Ceze
Beaucoup de détresse toujours dans ces cas là, il avait beaucoup de mal a respiré (cancer du fumeur). La fin était proche, Alors la un événement assez curieux me laissera pantois ,stupéfait dirais-je ,il me demanda de regarder par la fenêtre ,si sa voiture était toujours là ; Je lui confirmé , elle était toujours là.. et là encore il me dit qu'il faudrait faire la vidange du moteur de sa voiture (une Simca blanche ) puis il ajouta :tu sais mon fils j'ai quant même bien profité de la vie (il faisait allusion a ses conquêtes ) Ce sont les dernières paroles de sa part, que j'entendrai ;j'étais a ce moment là un peu triste; j'aurais aimé d'autres regrets de sa part .
Il décédera dans la nuit du 20/04/1978.
09/07/2012
Lien : René Lévy
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Paul Joseph dit Joseph Bourson Arrêté comme otage et fusillé le 11 juin 1944 à Mussidan (Dordogne), Blog
2 pages,
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Cet article n'est pas encore renseigné par l'AJPN, mais n'hésitez pas à le faire afin de restituer à cette commune sa mémoire de la Seconde Guerre mondiale.
Auteur :
Alain LAPLACE
Article rédigé à l'occasion de mes recherches généalogiques, puis la mise en ligne d'un blog (http://majoresorum.eklablog.com)dédié à la famille BOURSON qui a été expulsée en 1940 du village de Vigy (Moselle) et réfugiée à Mussidan (Dordogne) et les villages alentours où elle a vécu toute la durée de la guerre. Plusieurs personnes natives de Vigy faisaient partie des 52 otages fusillés le 11 juin 1944.
1 Comité national français en hommage à Aristides de Sousa Mendes
2 Connus ou inconnus mais Justes (C’est dans le sillon creusé par Aristides de Sousa Mendès, Madeleine Barot, Charles Altorffer, Marc Boegner, Henry Dupuy, Raoul Laporterie… que s'ancre le souvenir de tous ces Justes que la modestie pourrait renvoyer à l’oubli et à l’indifférence.
Ce livret du Crif Sud-Ouest Aquitaine, écrit et coordonné par Hellen Kaufmann, présidente de l'AJPN, rend hommage à chacun des 225 Justes récompensés à ce jour en Aquitaine. La moindre des choses était de leur permettre de dire et de déposer leur histoire, pour que l’avenir ne les oublie plus jamais, ni eux ni les anonymes qui ont aidé au sauvetage de Juifs. )
3 Victime en représailles à Mussidan
4 Souvenir Français Loudun - GABORIAUD Alphonse (Site du Souvenir Français - Comité de Loudun Page GABORIAUD Alphonse )
5 Souvenir Français Loudun - ROWEK Albert (Souvenir Français Comité de Loudun - Page ROWEK Albert )
6 Les neufs jours de Sousa Mendes - Os nove dias de Sousa Mendes (Documentaires de Mélanie Pelletier, 2012.
Avec António de Moncada de Sousa Mendes, Andrée Lotey, Elvira Limão, Hellen Kaufmann, Manuel Dias Vaz, Irene Flunser Pimentel, Esther Mucznik, José Caré júnior, Marie-Rose Faure, Maria Barroso… et António de Oliveira Salazar, Charles de Gaulle, le Maréchal Philippe Pétain, et le rabin Haïm Kruger. )
7 De l'autre côté des nuages
8 Marsac 23210 La population remerciée (Article du Journal La Montagne du 04/07/2021: la population est remerciée pour avoir protégé des familles juives. Trois familles ont été honorées. )
Notes
- 1 - Informations relevées aux archives de la ville de Bayonne sous le numéro 539 du registre des naissances.
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