Fanny Baran

Abraham (Jankiel) Baran est né à Raddsyce (Pologne) le 19 avril 1901 et son épouse Fanny née Yerkowski le 30 octobre 1913 à Spitalfield (Angleterre), une famille juive de Dunkerque. Ils sont commerçant et auront deux fils : Maurice, né le 10/07/1933 à Poitiers, et Michel, né le 30/05/1942 à Lille.

Ils embauchent Georgette Franchois*, née à Loon-Plage, un petit bourg situé à 11 km de Dunkerque pour s'occuper de Maurice car ils faisaient les marchés et travaillaient beaucoup.
A 16 ans, elle entre donc comme employée de maison, chez les Baran qui habitent au premier étage de la rue de la Porte d'eau.

Dès 1940, l'invasion allemande est foudroyante, puis c'est l'exode. Les parents décident de partir pour Lille car il est impossible pour les juifs de rester sur le littoral. Les grands-parents qui étaient restés à Dunkerque avaient été contraints par l’administration française de quitter le Nord. Ils se sont dirigés vers la Bretagne puis sont restés au Mans quelque temps.

Arrivés à Lille avec Georgette Franchois* et le petit Maurice, Fanny et Abraham Baran ne peuvent pas travailler. C'est là que va naître Michel en1942.

Le 25 juillet 1942, Abraham Baran est arrêté en tentant de rejoindre la zone sud, dénoncé par le passeur. Il est arrêté parce que juif, emprisonné à Loos, puis déporté sans retour vers Auschwitz de Malisnes par le convoi n° I.

Le 11 septembre 1942, à 6 h du matin, la police française se présente au 52 rue de la Vignette à Lille et arrête Fanny Baran et ses deux fils, Maurice, 9 ans, et Michel, 3 mois et demi, à leur domicile. Ils sont conduits à la gare de Lille-Five, où Georgette* vient leur apporter quelques vêtements et tente de sauver Maurice. Grâce aux cheminots Lillois, Georgette Franchois*, âgée de 18 ans, passe devant les gardes, tenant le petit garçon par la main.

Elle l'emmène tout d'abord dans un café à deux pas de la gare. Maurice a alors la surprise quelques instants plus tard de voir arriver son petit-frère, Michel, soustrait lui aussi à la surveillance des gardes.

Fanny Baran sera déportée sans retour de Malines à Auschwitz par le convoi n° X du 15/09/1942.

Georgette* amène Maurice le soir même chez ses parents, Marcel* et Madeleine Franchois* à Loon-Plage. Il y a là leur fils Lionel, un petit garçon rouquin. Les deux garçons deviendont amis.
Près de la maison, il y avait deux grandes prairies où ils joueront énormément en dehors de la période des travaux agricoles. Ils jouent à la guerre et ne vont pas à l'école. Ils jouent au cerf-volant quand il y a du vent, fabriquaient des fusils et des lance-pierres... et vivaient en toute liberté, comme avant...  

Les parents de Maurice seront déportés sans retour et le petit orphelin restera chez Marcel* et Madeleine Franchois* jusqu'en 1945.

Une suite de miracles permet à France Neubert* de sauver le petit Michel grâce à la complicité du pasteur Marcel Pasche*. Elle l'emmènera à la clinique Ambroise Paré caché dans un sac à dos. Il y restera 5 mois, puis sera envoyé au Château de la Huda.

A la Libération, le cheval de Marcel Franchois* marche sur une mine antichar et tous les deux seront déchiquetés... 

Elle retrouvera Maurice et fera adopter les deux enfants par une famille : Andrée et Israël Marszak.

Depuis la fin de la guerre et jusqu'à son décès, Maurice rendait visite, tous les ans, à Georgette Franchois* et à sa famille.