Préfets :
Achille Villey-Desmeserets
(1934 - 1940) Achille Joseph Henri Villey-Desmeserets, Préfet de la Seine (1878-1953)
Charles Paul Magny
(13/10/1940 - 19/08/1942) Préfet de la Seine (1884-1945)
François Bard
(14/05/1941 - 01/06/1942) Amiral François Marc Alphonse Bard, Préfet de police de la Seine (1889-1944)
Amédée Bussière
(01/06/1942 - 19/08/1944) Préfet de police de la Seine lors de la rafle du Vél d’Hiv (1886-1953)
René Bouffet
(19/08/1942 - 19/08/1944) Préfet de la Seine. Arrêté et révoqué par la Résistance le 19 août 1944 (1896-1945)
Marcel Pierre Flouret
(1944 - 1946) Préfet de la Seine (1892-1971)
Charles Léon Luizet
(1944 - 1947) Préfet de police de la Seine (1903-1947)
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Texte pour ecartement lateral |
Régine Gradsztejn
dite "Paulette Gratten" - Fille de Nathan |
Texte pour ecartement lateral
Paris 75010 - Paris
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Histoire
Naftulé Biderman et Czarna, née Rubinsztejv, étaient arrivés de Pologne en 1920 avec leurs trois enfants, Esther (Brücha), Jankiel (dit Jean), né le 26/10/1916 à Michow (Pologne), tailleur, et Chaim Aron (dit Henri), né le 26/05/1920 à Michow (Pologne), tailleur.
Ils habitaient 146, rue du Chemin-Vert, dans le 11e arrondissement de Paris.
Esther épouse Nechemya (Nathan) Gradsztejn, né le 13 septembre 1904 à Varsovie. Il était arrivé de Pologne à l'âge de 17 ans, pour rejoindre son frère Schlomo (Szlama) déjà à Paris.
Esther et Nathan Gradsztejn s'installent dans un appartement qui tient lieu de logement et d'atelier dans le 10ème arrondissement. Il devint tailleur fourreur de luxe et travaillait pour les grands couturiers. Ils ont deux enfants, Albert, né en 1934, et Régine, née en 1938.
Le 3 octobre 1940, Vichy promulgue un statut spécial concernant les citoyens dit de "race juive". Ces lois discriminatoires obligent les juifs à se faire recenser, puis leur imposeront le tampon "juif" sur leurs cartes d'identité et d'alimentation, et leur imposeront le port de l'étoile jaune et de nombreuses interdictions ou privations, dont l'interdiction de fréquenter les lieux publics : parcs, cinémas, théâtres, cafés, restaurants...
Être juif entraîne l'exclusion de la fonction publique, de l'armée, de la magistrature... Un nombre limité d'élèves est admis dans les universités.
De nouvelles lois restrictives seront votées pour les exclure de la vie économique et leur prendre tous leurs biens.
Nathan Gradsztejn n’a plus le droit d’avoir son entreprise. Il réussit à se faire embaucher comme simple mécanicien dans un atelier "autorisé".
Le 20 août 1941, en représailles d'un attentat dans le métro contre un officier allemand, une rafle est organisée par l'occupant dans le XIe arrondissement de Paris.
4 200 juifs de 16 à 50 ans sont arrêtés à leur domicile ou dans la rue et sont internés au camp de Drancy qui ouvre à cette occasion.
Chaim Biderman, le frère d'Esther, est arrêté ce jour-là. Chaim, 22 ans, sera déporté sans retour du camp de Compiègne à Auschwitz le 24/03/1942 par le convoi n° 1 qui transporte 1 112 hommes.
Jean Biderman, sera lui aussi arrêté début 1942. Jean, 26 ans, sera déporté sans retour de Drancy à Auschwitz le 22 juin 42, par le convoi n° 3 qui transporte 1 000 hommes.
En juin 1942, le bruit court qu'une grande rafle aura lieu le lendemain dans le 10ème arrondissement de Paris. Dans le 11ème et le 20ème, des centaines d’hommes avaient déjà été arrêtés, internés à Drancy ou dans les camps du Loiret et déportés vers une destination inconnue.
Nathan Gradsztejn fit prévenir son épouse, Esther, qu’il restait dormir à l’atelier.
Esther, enceinte de cinq mois, est seule avec Albert et Régine, quand on frappe à la porte. Entrent trois policiers français, deux en uniforme et pèlerine et un en civil. Ne trouvant pas Nathan Gradsztejn, l’un des deux ordonne à Esther Gradsztejn d'habiller les enfants et de les suivre au commissariat. Le civil s’interpose et dit : "Non, restez, nous n’arrêtons pas encore les femmes enceintes et les enfants".
Alerté par cette menace, Nathan Gradsztejn cherche où cacher les enfants. Faubourg Saint-Antoine, dans l’immeuble de son frère, un couple formidable, Mr et Mme Madeline, leur trouve une famille d’accueil. Ils emmènent Albert (8 ans) et Régine (4 ans) dans la Sarthe. Ils vont y rester plus de 5 mois.
Sa belle-soeur, Maia Gradsztejn, née Pesakhovitz, refuse de quitter partir et surtout de laisser partir ses enfants Danielle, 3 ans, et Céline, 6 ans. Schlomo, Maia, Danielle et Céline seront arrêtés tous les quatre le 16 juillet 1942 et déportés par le convoi 55 du 23 juin 1943.
Czarna et Naftulé Biderman sont eux aussi arrêtés lors de la rafle du "Vél’ d’hiv". Par chance, le patron de Naftulé Biderman, un ébéniste italien, Monsieur Arigoni, qui devait réaliser une commande pour un Allemand est allé à Drancy, réclamer "ses ouvriers" spécialistes du vernis au tampon. Czarna et Naftulé Biderman, libérés, seront cachés et nourris jusqu’à la fin de la guerre par ce patron.
La fille de Nathan et d'Esther, Ida, naît le 15 septembre 1942. Esther la garde à Paris jusqu’à ses six mois, car les bébés n'étaient pas encore déportable avant cet âge. Puis, grâce à Madame Madeline, elle sera cachée dans une ferme du Loiret.
Vers la fin octobre 1942, Albert et Régine rentrent de la Sarthe pour quelques jours à Paris.
Nathan les emmène chez le photographe où elles retrouvent leur cousine Danielle, sortie en fraude grâce à une infirmière de l’hôpital Rothschild, camp d’internement pour les personnes malades, où Danielle était internée.
Mme Madeline emmène alors Albert et Régine dans un village du Loiret, La Baule-Escoublac, chez Thérèse Bouchet*, une pauvre femme qui accueillait neuf enfants, dans une petite maisonnette. Ils vont à l’école du village, sous le faux nom de "Paulette et Albert Gratten", mais sans être inscrits sur le registre scolaire.
Vers la fin novembre 1943, Madame Madeline trouve une cachette pour Esther chez Raymonde* et André Poulin*, au Bardon, également dans le Loiret. Esther fait la cuisine et aide aux travaux de la ferme. Nathan tarde à la rejoindre, car il souhaite trouver le moyen de transporter une machine à coudre et un peu de tissu. afin de nourrir sa famille. Hélas, la concierge le dénonça à la Gestapo...
Il fut arrêté le 29 janvier 1944, puis interné au camp de Drancy d’où il envoya deux lettres à Mme Madeline, la prévenant que Esther était enceinte et lui demandant de veiller sur eux. Il fut déporté sans retour de Drancy à Auschwitz le 10 février 1944, par le convoi 68 qui transporte 1 229 personnes dont 61 enfants.
En 1944, André Poulin* emmène Esther voir ses enfants qu'elle n'avait pas vu depuis plus d'un an. André Poulin*, les voyant tous affamés, revint avec un gros sac de pommes de terre et du lard qu’il donna à Thérèse Bouchet*, toute heureuse de pouvoir rassasier les enfants quelques jours.
Un peu plus tard, André Poulin* revint chercher Albert et Régine pour les ramener chez lui auprès de leur mère. André Poulin* avait fourni des faux papiers à Esther au nom de "Prisca" en lui disant : "Vous pourrez dire que votre accent est un accent corse, les gens d’ici ne feront pas la différence".
Lorsque Esther arriva à terme, André Poulin* l’emmena en carriole, chez la sage-femme, Madame Marguerite, qui avait bien voulu l’accoucher chez elle. La petite Simone naît dans la clandestinité, le 5 juin 1944 à La Chapelle-Saint-Mesmin, tandis que les avions bombardaient la gare des Aubrais et qu'Orléans était en flammes.
Simone fut déclarée sous le faux nom de Simone Alice Prisca.
Le lendemain 6 juin 1944, c’était le débarquement des troupes alliées en Normandie, Orléans fut libérée au mois d’août. C’était la fête au Bardon !
Esther et ses quatre enfants rentrent à Paris, mais ils n'ont plus rien et se retrouvent entassés à sept dont un bébé dans une pièce qui était le petit atelier de Naftulé Biderman, 146 rue du Chemin Vert, sans gaz, l’eau et les cabinets sur le palier... Ils vont y rester plus de six mois, jusqu’à ce que Czarna et Naftulé Biderman récupèrent leur appartement au 3ème étage, et Esther un deux-pièces cuisine boulevard de Ménilmontant.
Ils vivent tous dans l’attente du retour de nos déportés. L’attente, l’espoir, les visites à l’Hôtel Lutetia où se faisait le retour des déportés. Esther attendait son mari, ses frères, son beau-frère, sa belle-sœur et ses nièces. Czarna Biderman portait les photos de ses fils dans son inséparable sac à main et les montrait à tout moment. "Regardez mes fils"...
Aucun ne reviendra.
05/05/2012
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Témoignage de Régine
Témoignage de Régine Lippe, enfant cachée.
Régine Lippe témoigne dans les classes du CP au CM2 et dans les collèges. Elle fut “enfant cachée”. Elle accompagne son récit de rappels historiques de l’époque avec des documents qu’elle montre aux enfants : photos des enfants déportés qui fréquentaient l’école ou photos des enfants du quartier extraites du "Mémorial des enfants juifs déportés de France" de Serge Klarsfeld ; photos d’écriteau "parc interdit aux juifs et aux chiens", fiches de recensement des juifs de 1940, livres documentaires, etc… Elle procède par des questions aux enfants sur ce qu’ils saven déjà de cette période et élargit leurs connaissances par son histoire personnelle.
"En 1942, l’année de la grande rafle, je n’avais que 4 ans et demi, âge où, normalement, l’on n’a pas encore de souvenirs. Et pourtant, je me souviens très bien d’un de mes oncles, Jean Biderman (arrêté début 1942 et déporté à 26 ans, le 22 juin 42, par le convoi n° 3) qui m’avait offert une magnifique poupée "Bella" qui disait "Maman" . Ma mère, Esther (Brücha) née Biderman, l’avait trouvée trop belle pour une petite fille de 3 ans et l’avait posée sur le haut de l’armoire, où elle attendait que je grandisse. Ce sont les Allemands qui l’ont prise. J’étais une petite fille juive.
Mes grands-parents maternels étaient arrivés de Pologne en 1920 avec ma maman et ses trois petits frères. Ils avaient choisi la France, pays des Droits de l’Homme, pays qu’ils aimaient parce que les pauvres pouvaient y réussir, grâce à leur travail et que leurs enfants pouvaient y devenir "quelqu’un" grâce à l’école…
Mon père, Nechemya (Nathan), né le 13 septembre 1904 à Varsovie, était venu de Varsovie, à 17 ans, pour rejoindre son frère déjà à Paris. Il devint tailleur fourreur de luxe et travaillait pour les grands couturiers. Nous vivions heureux, dans un appartement mixte (logement et atelier) dans le 10ème arrondissement jusqu’à la déclaration des lois anti-juives. Mon père n’avait plus le droit d’avoir son entreprise. Il réussit à se faire embaucher comme simple mécanicien dans un atelier "autorisé".
Un jour, le bruit court : une grande rafle aura lieu le lendemain dans le 10ème. Dans le 11ème et le 20ème, des centaines d’hommes avaient déjà été arrêtés, internés à Drancy ou dans les camps du Loiret et déportés vers une destination inconnue. C’était déjà le sort des frères de Maman dont nous n’avions plus aucune nouvelle. C’est pourquoi il fit prévenir Maman qu’il restait dormir à l’atelier. Nous sommes en juin 1942. Ma mère enceinte de cinq mois est seule avec mon frère Albert et moi, quand on frappe à la porte : entrent trois policiers français, deux en uniforme et pèlerine et un en civil. Ne trouvant pas mon père, l’un des 2 ordonne à ma mère de nous habiller et de les suivre au commissariat. Le civil s’interpose et dit : Non, restez, nous n’arrêtons "pas encore" les femmes enceintes et les enfants.
Alerté par cette menace (ou cet avertissement), mon père cherche où nous cacher. Faubourg Saint-Antoine, dans l’immeuble de son frère, un couple formidable, Mr et Mme Madeline, nous trouve une famille d’accueil. Ils nous emmènent, mon frère Albert (8 ans) et moi dans la Sarthe. Nous y resterons cachés plus de 5 mois Ma tante refuse de partir et surtout de laisser partir ses enfants Danielle 3 ans et Céline 6 ans. Ils seront arrêtés tous les quatre le 16 juillet 1942 et déportés par le convoi 55 du 23 juin 1943. Mes grands-parents aussi ont été arrêtés lors de cette funeste rafle du "Vél’ d’hiv".
Par chance, le patron de mon grand-père, un ébéniste italien, Monsieur Arigoni, qui devait réaliser une commande pour un Allemand est allé à Drancy, réclamer "ses ouvriers" spécialistes du vernis au tampon. Mon grand-père et ma grand-mère, libérés, seront cachés et nourris jusqu’à la fin de la guerre par ce patron.
Ma petite sœur Ida naît le 15 septembre 1942, Maman la garde à Paris jusqu’à ses six mois. On ne déportait pas encore les bébés, avant cet âge. Ensuite grâce à Madame Madeline, elle sera cachée dans une ferme du Loiret.
Vers la fin octobre 1942, mon frère Albert et moi sommes revenus de la Sarthe quelques jours à Paris. Mon père nous a emmenés chez le photographe où nous avons retrouvé Danielle, notre petite cousine (sortie en fraude grâce à une infirmière de l’hôpital Rothschild, camp d’internement pour les personnes malades, où Danielle était internée), pour faire une photo. Ensuite, Mme Madeline nous a emmenés dans un village du Loiret, Baule-sur-Loire, chez Thérèse Bouchet*, une pauvre femme qui accueillait neuf enfants, dans une petite maisonnette. Nous avions toujours faim. Je me souviens que nous mangions à tous les repas des salades et des soupes de pissenlits que nous allions cueillir. Nous allions à l’école du village, sous un faux nom "Paulette et Albert Gratten" mais sans être inscrits sur le registre scolaire, en prévision d’un contrôle, sans doute.
Vers la fin novembre 1943, Madame Madeline trouve une cachette pour Maman chez Raymonde* et André Poulin*, au Bardon, également dans le Loiret. Maman faisait la cuisine et aidait aux travaux de la ferme. Mon père devait la rejoindre, mais auparavant, il voulait trouver le moyen de transporter une machine à coudre et un peu de tissu. "Je trouverai toujours des choses à transformer pour gagner de quoi nourrir la famille." a-t’il dit à mes grands parents, en leur faisant ses adieux. Hélas, la concierge le dénonça à la Gestapo.
Il fut arrêté le 29 janvier 1944, puis interné au camp de Drancy d’où il envoya deux lettres à Mme Madeline, la prévenant que maman était enceinte et lui demandant de veiller sur nous. Il fut déporté le 10 février 1944, par le convoi 68 et nous ne l’avons plus jamais revu.
Un jour, André Poulin* prit sa carriole et vint nous voir avec Maman : cela faisait bien un an que nous ne l’avions pas revue. Quelle joie ! André Poulin*, nous voyant tous affamés, revint avec un gros sac de pommes de terre et du lard qu’il donna à Thérèse Bouchet*, toute heureuse de pouvoir rassasier les enfants quelques jours. Un peu plus tard, il vint nous chercher, Albert et moi, pour que nous vivions près de chez eux avec Maman. André Poulin* avait fourni des faux papiers à Maman au nom de Prisca en lui disant : "Vous pourrez dire que votre accent est un accent corse, les gens d’ici ne feront pas la différence". Quand maman arriva à terme, il l’emmena en carriole, chez la sage-femme, Madame Marguerite, qui avait bien voulu l’accoucher chez elle. Ma petite sœur est née le 5 juin 1944, dans la clandestinité, à La Chapelle-Saint-Mesmin. Elle fut déclarée sous le faux nom de Simone Alice Prisca. Les avions bombardaient la gare des Aubrais. Orléans était en flammes, j’avais la varicelle et je ne pouvais décoller de la fenêtre, pleurant silencieusement, j’avais une peur panique que maman ne revienne plus.
Le lendemain 6 juin 1944, c’était le débarquement des troupes alliées en Normandie, Orléans fut libérée au mois d’août. J’avais six ans. Nous n’avions plus à nous cacher. C’était la fête au Bardon ! Je n’oublierai jamais tous ces braves gens grâce à qui nous avons survécu.
Plus tard, nous sommes rentrés à Paris, mais rien n’a jamais plus été comme "avant". Nous n’avions plus rien : plus d’appartement, plus de meubles, plus d’argent... Nous nous sommes entassés à sept dont un bébé dans une pièce qui était le petit atelier de grand-père, 146 rue du Chemin Vert, sans gaz, l’eau et les cabinets sur le palier... Nous y avons vécu plus de six mois, jusqu’à ce que mes grands-parents récupèrent leur appartement au 3ème étage, et maman un deux-pièces cuisine boulevard de Ménilmontant. Mais surtout, nous vivions dans l’attente du retour de nos déportés. L’attente, l’espoir, les visites à l’Hôtel Lutetia où se faisait le retour des déportés. Ma mère en revenait à chaque fois plus cassée, plus fragile. Grand-mère était d’une tristesse infinie, attendant le retour de ses garçons dont elle gardait les photos dans son inséparable sac à main. Elle les montrait à tout moment. "Regardez mes fils"…
Maman vivait dans l’incessante attente du retour de Papa et de ses frères: "Mon Dieu, faîtes qu’ils reviennent !", disait-elle souvent. Mon grand-père se tuait au travail, étant le seul soutien d’une famille nombreuse. Je sais que j’ai été "une petite fille chanceuse" puisque contrairement à beaucoup d’enfants juifs complètement orphelins, j’ai eu la chance de conserver ma mère, mes grands-parents, mon frère et mes sœurs, mais plus rien de ce que je vivais ne ressemblait à une vie d’enfant : les démarches à faire pour que ma petite sœur retrouve son vrai nom, pour qu’elle obtienne un droit aux tickets d’alimentation, et, en attendant, comment la nourrir ? Les démarches pour les actes de disparition, pour obtenir une aide financière, une aide matérielle. Rien n’était vraiment prévu pour aider les veuves et les orphelins complètement démunis. Le casse-tête incroyable pour que les quatre enfants soient reconnus "pupilles de la nation" quand le père est mort mais qu’il n’y a pas de certificat de décès. Une vie où le chagrin, les larmes, l’angoisse du lendemain étaient toujours présents, bien que chacun s’évertuât à réconforter les autres. De temps en temps, nous allions au cinéma l’Excelsior voir un beau film et nous prolongions ce moment de bonheur à notre retour à la maison en le racontant à grand-père en Yiddish, sans omettre aucun détail.
Tous les vendredis, grand-mère et maman faisaient les gâteaux traditionnels pour le repas du soir et nous, les enfants, organisions le "BAL", un spectacle fait de récitations et de chants que nous avions appris à l’école, et chansons en Yiddish venues du patronage que je fréquentais avec bonheur. Notre récompense était le sourire retrouvé des trois spectateurs émus et ravis. Un autre moment heureux de notre vie de famille, c’est quand, mon frère et moi, lisions et traduisions le journal Ce soir à mon grand-père.
A 15 ans j’ai quitté l’école pour me mettre au travail. Maman était malade, Grand père était de plus en plus épuisé. Il mourut à 72 ans dans mes bras, d’une crise cardiaque. Il a travaillé jusqu’au dernier jour. J’avais 17 ans et demi. Mon frère était au service militaire. Il ne restait que mon salaire pour faire vivre la famille. A dix-neuf ans, j’épousai Maurice, lui aussi enfant d’une famille éprouvée par la Shoah. La vie continua avec la naissance de mes enfants, avec toujours, en toile de fond, le besoin de savoir, de comprendre cette partie sombre de mon passé. J’ai gardé longtemps l’espoir de revoir mon père et j’ai souvent cru le reconnaître dans la rue...
Ma rencontre avec Béate et Serge Klarsfeld, en 1974 changea ma vie. Le fait de m’investir avec Maurice dans l’Association des Fils et Filles des Déportés Juifs de France, d’être de toutes leurs actions pour la mémoire, dans les procès contre les criminels nazis, pour faire éclater la vérité sur la Shoah, pour faire revivre un par un, chaque déporté et en particulier chaque enfant déporté, m’a peut être permis de faire un peu mon deuil."
05/05/2012
Lien : Comité “Ecole de la rue Tlemcen”
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Etoile jaune: le silence du consistoire centrale , Mémoire ou thèse
7 pages,
réalisation 2013
Auteur :
Thierry Noël-Guitelman
- terminal
Lorsque la 8e ordonnance allemande du 29 mai 1942 instaure l'étoile jaune en zone occupée, on peut s'attendre à la réaction du consistoire central. Cette étape ignoble de la répression antisémite succédait aux statuts des juifs d'octobre 1940 et juin 1941, aux recensements, aux rafles, aux décisions allemandes d'élimination des juifs de la vie économique, et au premier convoi de déportés pour Auschwitz du 27 mars 1942, le consistoire centrale ne protesta pas.
Liens externes
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1 Juifs en psychiatrie sous l'Occupation. L'hospitalisation des Juifs en psychiatrie sous Vichy dans le département de la Seine (Par une recherche approfondie des archives hospitalières et départementales de la Seine, l'auteur opère une approche critique des dossiers concernant des personnes de confession juive internées à titre médical, parfois simplement préventif dans le contexte des risques et des suspicions propres à cette période. La pénurie alimentaire est confirmée, influant nettement sur la morbidité. Ce premier travail sera complété par un examen aussi exhaustif que possible des documents conservés pour amener une conclusion. )
2 Héros de Goussainville - ROMANET André (Héros de Goussainville - Page ROMANET André )
3 Notre Dame de Sion : les Justes (La première religieuse de Sion à recevoir ce titre en 1989 est Denise Paulin-Aguadich (Soeur Joséphine), qui, à l’époque de la guerre, était ancelle (en religion, fille qui voue sa vie au service de Dieu). Depuis, six autres sœurs de la congrégation, ainsi qu’un religieux de Notre-Dame de Sion ont reçu la même marque de reconnaissance à titre posthume. Ils ont agi à Grenoble, Paris, Anvers, Rome. L’action de ces religieuses et religieux qui ont sauvé des Juifs pendant la deuxième guerre mondiale mérite de ne pas être oubliée. Et il y en a d’autres, qui, même s’ils n’ont pas (encore ?) reçu de reconnaissance officielle, ont œuvré dans le même sens, chacun à leur place. )
4 L'histoire des Van Cleef et Arpels (Blog de Jean-Jacques Richard, très documenté. )
5 Résistance à la Mosquée de Paris : histoire ou fiction ? de Michel Renard (Le film Les hommes libres d'Ismël Ferroukhi (septembre 2011) est sympathique mais entretient des rapports assez lointains avec la vérité historique. Il est exact que le chanteur Selim (Simon) Halali fut sauvé par la délivrance de papiers attestant faussement de sa musulmanité. D'autres juifs furent probablement protégés par des membres de la Mosquée dans des conditions identiques. Mais prétendre que la Mosquée de Paris a abrité et, plus encore, organisé un réseau de résistance pour sauver des juifs, ne repose sur aucun témoignage recueilli ni sur aucune archive réelle. Cela relève de l'imaginaire. )
6 La Mosquée de Paris a-t-elle sauvé des juifs entre 1940 et 1944 ? une enquête généreuse mais sans résultat de Michel Renard (Le journaliste au Figaro littéraire, Mohammed Aïssaoui, né en 1947, vient de publier un livre intitulé L’Étoile jaune et le Croissant (Gallimard, septembre 2012). Son point de départ est un étonnement : pourquoi parmi les 23 000 «justes parmi les nations» gravés sur le mémorial Yad Vashem, à Jérusalem, ne figure-t-il aucun nom arabe ou musulman ? )
7 Paroles et Mémoires des quartiers populaires. (Jacob Szmulewicz et son ami Étienne Raczymow ont répondu à des interviews pour la réalisation du film "Les garçons Ramponeau" de Patrice Spadoni, ou ils racontent leur vie et en particulier leurs actions en tant que résistants. On peut le retrouver sur le site Paroles et Mémoires des quartiers populaires. http://www.paroles-et-memoires.org/jan08/memoires.htm. (Auteur : Sylvia, Source : Canal Marches) )
8 Les grands entretiens : Simon Liwerant (Témoignage de Simon Liwerant est né en 1928. Son père Aron Liwerant, ouvrier maroquinier né à Varsovie, et sa mère Sara née Redler, seront arrêtés et déportés sans retour. )
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