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Paris

Région :
Île-de-France
Département :
Paris

Préfets :
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(1934 - 1940) Achille Joseph Henri Villey-Desmeserets, Préfet de la Seine (1878-1953)
Charles Paul Magny
(13/10/1940 - 19/08/1942) Préfet de la Seine (1884-1945)
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René Bouffet
(19/08/1942 - 19/08/1944) Préfet de la Seine. Arrêté et révoqué par la Résistance le 19 août 1944 (1896-1945)
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(1944 - 1946) Préfet de la Seine (1892-1971)
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Sima Guitelman

Texte pour ecartement lateral

Paris 75018 Paris
Nom de naissance: Abramovitch
Nom d'épouse: Guitelman
Date de naissance: 1872 (Odessa)
Date de décès: 03/07/1976
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Sima-Guitelman
Nouchem et Sima Guitelman
source photo : Coll. Thierry Noël-Guitelman
crédit photo : D.R.
Histoire

Sima Abramovitch (1872-3 juillet 1976) est née à Odessa. Elle épouse Nouchem Guitelman (1878-10 mars 1957), à Kichinev.
Dans la Bessarabie de cette époque, où se trouvait le Yiddishland de l'empire tsariste, ce vaste espace allant de Vilnius à Odessa, des millions de juifs vivaient dans les villes mais aussi dans des villages (shtetels).
A Kichinev, ville de 100.000 habitants en 1897, on comptait 40.000 juifs environ. Par eux, les Guitelman ont sans doute vécu le pogrom meurtrier d'avril 1903.
Une odieuse machination antisémite déclenchée après l'assassinat d'un jeune russe pour une sombre histoire d"héritage. Les juifs seront accusés de pratiquer le meurtre rituel dans le but de se servir du sang d'enfants chrétiens.

A partir du 6 avril 1903, premier jour des Pâques chrétiennes, la ville sera livrée aux émeutiers pendant deux jours et deux nuits avec le mot d'ordre "Tuez les juifs !".
Bilan 45 morts et des centaines de blessés. Les répercussions seront mondiales.
A Paris, un meeting de protestation réunira 5.000 personnes où Jean Jaurès s'exprimera. Manifestations à Londres, Berlin, à Washington. En Russie, Tolstoï prendra la défense des juifs et le poète Bialik composera un émouvant poème intitulé "Dans la ville du massacre".

Dans ce climat, les Guitelman, comme beaucoup de juifs de Kichinev, choisiront de s'exiler, à l'automne 1904. Direction la Turquie de l'empire ottoman. 
Deux premières filles naîtront à Constantinople :

  • Frida le 22 mai 1908,
  • Beila (Caroline-Suzanne) le 18 mai 1910.

Au lieu de répondre à l'appel du sionisme naissant, ils choisiront ensuite la France lorsque les "Jeunes Turcs" arriveront au pouvoir.
Après un long périple, ils débarqueront à Marseille, puis en septembre 1913 à Paris. Ils seront d'abord domiciliés au 1 rue Bachelet, dans le 18e.

Le 7 septembre 1915 naîtra Ida, puis Jeannette le 11 juin 1920 (au 22 rue Leibniz, Paris 18e, près de l'hôpital Bichat. Décédée le 29 avril 1981) et Maurice le 23 juillet 1923 (décédé le 20 mai 2005). En avril-mai 1918, le consulat de Russie leur renouvelle un permis de séjour et les Guitelman seront naturalisés français après seulement un an de démarches, par décret signé Louis Barthou, du 20 mai 1927 (Barthou tué par une balle perdue d'un policier le 9 octobre 1934 à Marseille, lors de l'accueil du roi de Yougoslavie Alexandre Ier, assassiné sur le trajet, alors qu'il venait en France pour négocier une alliance face au péril nazi).
Leur déclaration de demande de la nationalité remontait au 9 décembre 1925.

Dans cette famille où les parents ne parlent que le yiddish, on respecte les fêtes et les traditions juives, mais on souhaite s'intégrer au plus vite dans cette société française si accueillante.
Sima survit grâce aux " shmatès " et à la brocante. Nouchem, tailleur, est spécialisé dans la boutonnière à domicile. Ida et Jeannette, ont grandi dans le 18e arrondissement. Elles ont fait leur "bat-mitsva" mais vont à l'école publique. Elles se sont mariées à des " goys ".
 

Jeannette, employée aux Galeries Lafayette, partira en juin 1940 pour Limoges où le magasin a replié une partie de son personnel pendant l'exode.
Revenue à Paris, elle sera sténo-dactylo dans les bureaux des Galeries à partir du 25 août 1940.
Le 1er mars 1941, elle épouse André Noël (1919-1989), magasinier aux Galeries de 1935 à 1939 puis, après sa démobilisation, réparateur de stylos à partir de février 1941 à Colombes puis à Paris.
En raison de l'aryanisation des biens juifs, les administrateurs des Galeries, Théophile Bader, Raoul Meyer et Max Heilbronn, tout comme 129 employés juifs, seront contraints de démissionner. Jeannette quitte ses fonctions au 31 juillet 1941.

Jeannette, avec son jeune frère Maurice, mécano chez Renault, et leurs parents seront cachés jusqu'à la Libération en Seine-et-Marne à Saint-Pierre-les-Nemours, chez ses beaux-parents.
Pierre Noël, industriel parisien à la tête de l'entreprise de stylos plumes Edacoto, et son épouse Charlotte y possédaient une résidence secondaire, route de Larchant.
Le 6 juillet 1944, leur fils Gérard y naîtra.

Le frère de Sima, Nathan Abramovitch, né le 18 décembre 1869 à Odessa, n'a pas eu la même chance.
Réfugié russe avec son épouse Sophie (Sajdic) née Malamed, en 1868 à Odessa, ils seront raflés le 11 février 1943.
Une rafle sur Paris et sa banlieue visant les "juifs apatrides" proposée par la police française pour "officiellement" éviter la déportation des juifs français. Internés à Drancy, ils seront déportés à Auschwitz par le convoi n° 49 le 2 mars 1943, avec mille personnes dont 33 enfants. Il n'y aura que six survivants en 1945...
Ils habitaient 7, rue de la Clef à Paris 5e, et avaient six enfants (trois garçons et trois filles dont une prénommée Rose-Aimée).
La fiche de Nathan à Drancy stipule : "son fils est prisonnier de guerre".

Quant aux enfants de Caroline-Suzanne et de Frida, Michel Urmann et Jeannine Lajzerowicz (née le 6 avril 1931), qui fréquentaient le patronage de la Maison Verte dirigé par le pasteur protestant Jean Jousselin* ils seront cachés de mai 1943 jusqu'à la Libération, au château de Cappy à Verberie, dans l'Oise, où Jean Jousselin* avait créé le Comité Protestant des Colonies de Vacances.
Grâce à cette oeuvre, ils seront sauvés.

Alfred Jurgens fait libérer Ida

Le 12 mai 1943, à 6 h du matin, on sonne au domicile du couple Seurat, 7, rue de Trétaigne, dans le 18e. " Police ! "... Un policier allemand est accompagné d'un français.
Plus de 60 ans après les faits, Ida en tremble encore : " Mes cheveux se sont dressés sur la tête. Mimi leur a dit "Je suis de la maison". J'ai été conduite au 11 rue des Saussaies et je me suis retrouvée dans une cellule de quelques mètres carrés. A plusieurs reprises un garde allemand m'a donné un coup de bottes. J'entend encore un gradé allemand dire à mon mari : " M. Seurat, vous avez été victime d'une délation.1

Une fois de plus Emile fait jouer la solidarité policière. Pour faire libérer Ida, il s'adresse à son collègue Alfred Ferdinand Jurgens. " A 11 heures, j'étais sortie ! " Emile Seurat récupère aussi les fiches de recensement de toute la famille d'Ida.

Cet Alsacien est né à Saverne (Bas-Rhin) le 8 août 1914, (sa mère s'appelait Thérèse Holtzmann). Il débuta comme gardien de la paix en 1938, année de son mariage à Paris 10e avec Florentine Appoline Wietrich. En poste au commissariat du 19e, il est détaché à partir de juin 1940 comme interprète dans plusieurs services comme l'état-major de la police municipale, le service des prisonniers, etc. Il parle l'allemand mais ne sait pas l'écrire.

A compter du 17 décembre 1940 il est affecté au service allemand des Questions Juives, rue des Saussaies, en tant qu'inspecteur spécial des RG, détaché aux Affaires juives de la Gestapo.

En mai 1941, il dépend de la "section juive" de la préfecture de police dirigée par Jean François, de la Direction de la police générale, et André Tulard, chef du 4e bureau depuis fin 1936, nommés en octobre 1940. Ce bureau préfectoral administrait le fichier juif établi à partir du recensement des juifs parisiens, décidé par l'ordonnance allemande du 27 septembre. Un fichier opérationnel à partir de mars 1941 qui répertoriait près de 150.000 Juifs du département de la Seine, enregistrés par ordre alphabétique, par rues, par professions et par nationalités. Jurgens y sera détaché par le préfet de Police, comme interprète, avec Lucien Grand.2

Grâce au geste de Jurgens, les parents d'Ida mais aussi ses trois soeurs, leurs enfants, et son jeune frère, ne seront pas inquiétés. Cette famille juive, qui avait fuit la Russie tsariste et ses pogroms, vivait en France depuis 1913.

07/09/2020
Auteur : Thierry Noël
Source :
La face cachée de l'étoile jaune
Lien : La face cachée de l'étoile jaune

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Etoile jaune: le silence du consistoire centrale , Mémoire ou thèse 7 pages, réalisation 2013
Auteur : Thierry Noël-Guitelman - terminal
Lorsque la 8e ordonnance allemande du 29 mai 1942 instaure l'étoile jaune en zone occupée, on peut s'attendre à la réaction du consistoire central. Cette étape ignoble de la répression antisémite succédait aux statuts des juifs d'octobre 1940 et juin 1941, aux recensements, aux rafles, aux décisions allemandes d'élimination des juifs de la vie économique, et au premier convoi de déportés pour Auschwitz du 27 mars 1942, le consistoire centrale ne protesta pas.


Liens externes [Ajouter un lien vers un article d'intérêt ou un site internet]
1 Juifs en psychiatrie sous l'Occupation. L'hospitalisation des Juifs en psychiatrie sous Vichy dans le département de la Seine (Par une recherche approfondie des archives hospitalières et départementales de la Seine, l'auteur opère une approche critique des dossiers concernant des personnes de confession juive internées à titre médical, parfois simplement préventif dans le contexte des risques et des suspicions propres à cette période. La pénurie alimentaire est confirmée, influant nettement sur la morbidité. Ce premier travail sera complété par un examen aussi exhaustif que possible des documents conservés pour amener une conclusion. )
2 Héros de Goussainville - ROMANET André (Héros de Goussainville - Page ROMANET André )
3 Notre Dame de Sion : les Justes (La première religieuse de Sion à recevoir ce titre en 1989 est Denise Paulin-Aguadich (Soeur Joséphine), qui, à l’époque de la guerre, était ancelle (en religion, fille qui voue sa vie au service de Dieu). Depuis, six autres sœurs de la congrégation, ainsi qu’un religieux de Notre-Dame de Sion ont reçu la même marque de reconnaissance à titre posthume. Ils ont agi à Grenoble, Paris, Anvers, Rome. L’action de ces religieuses et religieux qui ont sauvé des Juifs pendant la deuxième guerre mondiale mérite de ne pas être oubliée. Et il y en a d’autres, qui, même s’ils n’ont pas (encore ?) reçu de reconnaissance officielle, ont œuvré dans le même sens, chacun à leur place. )
4 L'histoire des Van Cleef et Arpels (Blog de Jean-Jacques Richard, très documenté. )
5 Résistance à la Mosquée de Paris : histoire ou fiction ? de Michel Renard (Le film Les hommes libres d'Ismël Ferroukhi (septembre 2011) est sympathique mais entretient des rapports assez lointains avec la vérité historique. Il est exact que le chanteur Selim (Simon) Halali fut sauvé par la délivrance de papiers attestant faussement de sa musulmanité. D'autres juifs furent probablement protégés par des membres de la Mosquée dans des conditions identiques.
Mais prétendre que la Mosquée de Paris a abrité et, plus encore, organisé un réseau de résistance pour sauver des juifs, ne repose sur aucun témoignage recueilli ni sur aucune archive réelle. Cela relève de l'imaginaire. )
6 La Mosquée de Paris a-t-elle sauvé des juifs entre 1940 et 1944 ? une enquête généreuse mais sans résultat de Michel Renard (Le journaliste au Figaro littéraire, Mohammed Aïssaoui, né en 1947, vient de publier un livre intitulé L’Étoile jaune et le Croissant (Gallimard, septembre 2012). Son point de départ est un étonnement : pourquoi parmi les 23 000 «justes parmi les nations» gravés sur le mémorial Yad Vashem, à Jérusalem, ne figure-t-il aucun nom arabe ou musulman ? )
7 Paroles et Mémoires des quartiers populaires. (Jacob Szmulewicz et son ami Étienne Raczymow ont répondu à des interviews pour la réalisation du film "Les garçons Ramponeau" de Patrice Spadoni, ou ils racontent leur vie et en particulier leurs actions en tant que résistants. On peut le retrouver sur le site Paroles et Mémoires des quartiers populaires. http://www.paroles-et-memoires.org/jan08/memoires.htm. (Auteur : Sylvia, Source : Canal Marches) )
8 Les grands entretiens : Simon Liwerant (Témoignage de Simon Liwerant est né en 1928. Son père Aron Liwerant, ouvrier maroquinier né à Varsovie, et sa mère Sara née Redler, seront arrêtés et déportés sans retour. )

Notes

- 1 - Entretien d'Ida Guitelman avec l'auteur (juin 2004).
- 2 - L'annexe du service IV-J de l'avenue Foch, installé dans les locaux de l'Ile de la Cité, s'installera au 19, rue de Téhéran.

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