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Isère

Région :
Auvergne-Rhône-Alpes
Département :
Isère

Préfets :
Jean Surchamp
(06/06/1939 - 08/08/1940) Préfet de l'Isère
Raoul Didkowski
(08/08/1940 - 05/08/1943) Secrétaire général : Marcel Delpeyrou
Directeur de cabinet : Louis Amade

Alexandre Angeli
(1940 - 1944) Alexandre Benoît Joseph Angeli, Préfet régional de la région de Lyon (Ardèche, Drôme, Haute-Savoie, Isère, Loire, Rhône, Savoie et les parties non-occupées de l'Ain, du Jura et de Saône-et-Loire) (1893-1962)
Paul Balley
(05/08/1943 - 06/11/1943)
Louis Jacques-Henry
(06/11/1943 - 24/01/1944)
Roger Homo
(24/01/1944 - 23/06/1944) Préfet de l'Isère
(24/01/1944 - 05/1944) Préfet régional de la région de Lyon (Ardèche, Drôme, Haute-Savoie, Isère, Loire, Rhône, Savoie et les parties non-occupées de l'Ain, du Jura et de Saône-et-Loire). Résistant, dénoncé par la Milice, il est arrêté par la Gestapo et déporté à Neuengamme (1899-1945).
André Boutemy
(1944 - 1944) Préfet régional de la région de Lyon (Ardèche, Drôme, Haute-Savoie, Isère, Loire, Rhône, Savoie et les parties non-occupées de l'Ain, du Jura et de Saône-et-Loire) (1905-1959)
Philippe Frantz
(23/06/1944 - 01/08/1944) Préfet de l’Isère, favorable aux idées nationale-socialistes, il est abattu par la Résistance le 1er août 1944 (1911-1944)
Albert Reynier
(22/08/1944 - 02/02/1949) Préfet de l'Isère
Yves Farge
(1944 - 1945) Commissaire régional de la République de la région de Lyon (Ardèche, Drôme, Haute-Savoie, Isère, Loire, Rhône, Savoie et les parties non-occupées de l'Ain, du Jura et de Saône-et-Loire) (1899-1953)

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Aryanisation économique et spoliations en Isère (1940-1944)

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Germaine Ribière Germaine Ribière
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Lycée polonais

Dates : 1940 - 1946

Lycée Cyprian Norwid
durant la Seconde Guerre mondiale (WWII)

Hôtel du Parc
Texte pour ecartement lateralCommune : 38250 Villard-de-Lans (Valchevrière)
Sous-préfecture : Grenoble
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Lycee-Cyprian-Norwid-
Le 11 novembre 1944 : les lycéens honorent leurs morts
source photo : Lycée Cyprian Norwid
crédit photo : D.R.
Lycee-Cyprian-Norwid-
Sur le rebord d'une baie de la salle à manger de l'Hôtel du Parc. Mme Lukasiewiecz, sœur de M. l'ambassadeur de Pologne en France ; Alexandre Kawalkowski, consul général de Pologne à Lille ; Wenceslas Godlewski, secrétaire général du Lycée ; M. Gerhardt, professeur de physique-chimie
source photo : Lycée Cyprian Norwid
crédit photo : D.R.
Lycee-Cyprian-Norwid-
L'Hôtel du Parc et du Château
source photo : Arch.
crédit photo : D.R.
Lycee-Cyprian-Norwid-
Plaque commémorative, École polonaise de Paris, 13-15 rue Lamandé, Paris 17e. "Professeurs, élèves et membres du personnel du lycée polonais Cyprian Norwid de Villard-de-Lans, morts dans les camps de concentration allemands, massacrés ou tués lors des combats de la Résistance et de la Libération de 1942 à 1945."
source photo : Lycée Cyprian Norwid
crédit photo : D.R.
Direction : Zygmunt Lubicz-Zaleski
Wenceslas Jean Godlewski, secrétaire général du Lycée, deviendra directeur
Pr. Berger devient directeur après la déportation de Godlewski

Personnel : Wlodzimierz Tarlo-Mazinski, de l’université de Wilno, professeur d'astronomie et de philosophie
Kazimierz Gerhardt, professeur de physique et de chimie
Marian Kozlowski, professeur de chimie et d’anglais
Jadwiga Aleksandrowicz, professeur d'instruction civique et d'histoire de la Pologne contemporaine
Jan Harwas, professeur de grec et de latin
Witold Budrewicz, responsable de l’éducation physique et des sports et maître d’internat
Jadwiga Stefanowicz, professeur de littérature et directrice de l'internat féminin
Zofia Lukasiewicz, professeur de biologie et dirige l’internat féminin
Père Bronislaw Bozowski, aumônier, chargé des cours d'éthique
Bernard Hammel, professeur de grammaire française
Marcel Malbos, professeur de français
Philippe Blanc, professeur de français, remplacé en 1944 par Denise Malbos, jeune épouse de Marcel
Maria Filowska, née Giedroyc, professeur d'histoire
Helena Milecka, née Starzynska, professeur de mathématiques
Marcjanna Fyda, née Pawlowicz, responsable d’internat et employée administrative

Histoire

L'infrastructure

Durant la Seconde Guerre mondiale, Villard-de-Lans accueille le seul lycée polonais de l'Europe occupée, installé dans les bâtiments de l'hôtel du Parc et du château.

En 1940, la Croix-Rouge Polonaise (CRP) installée en zone libre se voit chargée par le gouvernement polonais en exil d'aider les Polonais à rester en France. Elle se trouve donc confrontée au problème de la scolarisation des jeunes Polonais et participe aux discussions qui décident de la création du Lycée à Villard.

La CRP embauche alors le personnel. Elle prend en charge la location des bâtiments et les met à disposition du Service de Contrôle Social des Étrangers (SCSE). En plein centre du village, à deux pas de la mairie, l'Hôtel du Parc et du Château devient officiellement le centre n° 56 bis du SCSE. Il est assimilé à un centre d'hébergement pour réfugiés polonais et, bientôt, à un établissement d'enseignements secondaire.

L'Hôtel est composée de deux bâtisses dont la plus ancienne – le Château – a été construite autour de 1760. Antoine Esbrard de la Vallonne, un noble ayant convolé en juste noce avec Françoise Lambert, fille d'un notaire de Villard, en est le propriétaire. À la belle saison, ils reçoivent leurs amis dans cette belle et massive maison de maître agrémentée d'un parc de deux hectares. Au XIXe siècle, leur demeure devient la propriété du notaire Jullien, qui sera aussi maire de Villard. Puis celle de la famille Bertrand, qui lui donnera le nom de Château. Au XXe siècle, la famille Beaudoing l'acquiert, fait construire la nouvelle aile, transforme le tout en hôtel. En 1940, c'est la famille Guichard qui est propriétaire de ce qui est devenu l'Hôtel du Parc et du Château.

Très rapidement, les locaux se révèlent insuffisants. Villard-de-Lans est déjà, à l'époque, une station climatique et de sports d'hiver. Les nombreux hôtels et pensions sont, depuis le début de la guerre, bien vides. Ils sont autant de bâtiments disponibles pour d'autres activités. C'est ainsi que plusieurs d'entre eux deviennent des dortoirs et salles de classes. Les hôtels d'abord : de la Poste, des Loisirs (actuellement Hôtel du Centre), Fleur des Alpes, Beau Site. Les maisons d'enfants ensuite : Le Rocher ou Stella Matutina qui accueille les enfants les plus jeunes. À partir de 1942, des classes composées uniquement de jeunes filles sont créées à Lans-en-Vercors dans les hôtels Vodiska, du Col de l'Arc, des Tilleuls et de la Roseraie. Une partie de l'internat des jeunes filles s'y déplace.

Côté études, le Lycée est sous la tutelle du secrétariat d'État à l'Éducation nationale. Pratiquement, c'est l'académie de Grenoble qui en a la charge. Bernard Hamel, lecteur de français à Cracovie jusqu'en 1939, est chargé par le recteur de l'université de superviser l'enseignement donné au Lycée.

L'administration du Lycée dépend juridiquement à la fois des autorités françaises et polonaises. Elle assure la gestion des locaux, du budget, du personnel, des conditions d'hébergement, de la nourriture, des cours et des internats.

En septembre 1941, le gouvernement français redoute que la Croix-rouge polonaise en France ne tombe sous la coupe de celle de Varsovie, contrôlée en fait par les Allemands. Il crée donc de toute pièce le Groupement d'Assistance aux Polonais en France (GAPF), dont le président est Zygmunt Lubicz-Zaleski. La tutelle du Lycée est transférée de la CRP vers le GAPF.

Le gouvernement polonais est maintenant en exil à Londres. Il considère le Lycée de Villard-de-Lans comme un établissement scolaire d'État. CRP ou GAPF, il finance le Lycée avec des fonds le plus souvent acheminés via la Suisse. Les Polonais du GAPF tiennent à cette forme d'indépendance financière. Pour certains centres comme Villard, et « dans le but d'éviter une ingérence extérieure dans le domaine de l'éducation de la jeunesse », ils refusent toute allocation de la part des autorités françaises. Ce choix s'avère irréaliste après l'occupation de la zone libre par les armées allemandes et italiennes en novembre 1942. Les contacts avec Londres et la Suisse sont devenus difficiles. Le GAPF se rend aussi compte que dépendre des autorités françaises peut lui servir de parapluie contre les actions éventuelles de l'occupant. Vichy prend donc le Lycée sous sa tutelle et dès lors il dépend du SCSE.

25/12/2012
Lien : Lycée polonais Cyprian Norwid

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Le corps professoral

Du fait des événements, le corps professoral est d'une qualité exceptionnelle. Il comprend plusieurs professeurs ou chargés de cours des universités polonaises. Ces personnalités s'efforcent, dans leur spécialité, d'obtenir les meilleurs résultats.

Les professeurs sont dirigés par le professeur Zygmunt Lubicz-Zaleski, de l'université de Varsovie. Chargé de cours à l'Institut d'Études Slaves et à la Sorbonne, poète et écrivain, auteur d'une œuvre littéraire importante, il est installé de longue date en France. Il est le premier directeur du lycée et y enseigne la littérature polonaise.

Wenceslas Godlewski est le secrétaire général du Lycée, bras droit de Lubicz-Zaleski qu'il remplace quand celui-ci est déporté. Lecteur de polonais à l’université de Lille, professeur d’histoire du Moyen Âge et d’esthétique, il enseigne au Lycée l’histoire et la littérature polonaises.

Le professeur Berger est un mathématicien hors pair. Il sera le troisième directeur du Lycée, après la déportation de Godlewski. Il sera aussi le fondateur de la fameuse chorale du Lycée.

Quelques-uns des profs les plus marquants du Lycée…

Wlodzimierz Tarlo-Mazinski, de l’université de Wilno, enseigne l’astronomie et la philosophie.

Kazimierz Gerhardt, de l'École Polytechnique de Lwow, est un homme d'une profonde culture. Il est professeur de physique et de chimie.

Marian Kozlowski, spécialiste de l'industrie pétrolière, est professeur de chimie et, un moment, d’anglais.

Jadwiga Aleksandrowicz, inspecteur de l'Éducation nationale, est professeur d'instruction civique et d'histoire de la Pologne contemporaine.

Jan Harwas, chef du Service culturel du consulat général de Pologne à Lille, érudit, amoureux de la culture gréco-romaine et des langues anciennes, est professeur de grec et de latin – qu’il parle aussi bien que sa langue maternelle. Il connaît également l’anglais, l’allemand, et bien sûr le français…

Witold Budrewicz, ingénieur de son métier mais aussi champion de boxe, est responsable de l’éducation physique et des sports. Il est également maître d’internat.

Jadwiga Stefanowicz, lecteur de polonais dans une université française, est professeur de littérature et directrice de l'internat féminin.

Zofia Lukasiewicz est professeur de biologie et dirige également l’internat féminin. Elle est amicalement surnommée "amibe" par ses élèves, mais est considérée par tous comme le véritable "cœur de Villard". De ces années, elle nous lègue une nombreuse correspondance avec ses élèves.

Le père Bronislaw Bozowski, aumônier, est chargé des cours d'éthique.

Bernard Hammel, ancien lecteur de Français à l’université de Cracovie et représentant permanent du recteur de l’académie de Grenoble, s’occupe des finesses grammaticales de la langue de Racine.

Marcel Malbos explique avec amour, compétence et profondeur les plus beaux textes de poésie et de prose françaises, de la Renaissance jusqu’aux temps modernes.

Philippe Blanc complète l’équipe des enseignants de français. Il s’occupe des débutants. Il est remplacé en 1944 par Denise Malbos, jeune épouse de Marcel.

Une des caractéristiques importantes du corps professoral est sa jeunesse. Lubicz-Zaleski est considéré par les élèves comme un vieillard : il n'a pourtant que cinquante huit ans à l'ouverture du Lycée. Godlewski prend la direction de l'école à trente sept ans. Berger le remplace à quarante ans. Des presque soixante autres enseignants qui vont se relayer, seuls trois auront plus de cinquante ans. La plupart seront trentenaires. Une poignée seront plus jeunes encore, et enseigneront à des élèves parfois plus âgés qu'eux !

Les équipes enseignantes seront modifiées ou complétées au fur et à mesure des arrestations ou des départs, mais seront toujours de qualité.

25/12/2012
Lien : Lycée polonais Cyprian Norwid

[Compléter l'article]

Les élèves

Aux premiers jours du Lycée, pour être exact le 6 décembre 1940, on recense cent vingt cinq élèves. Ils sont deux cent trente en 1946. C’est en moyenne près de deux cents élèves qui sont, chaque année, accueillis au Lycée. Parmi eux des enfants de dix ans et des adultes de trente, fils d'ouvriers comme d'aristocrates.

Dans les premières années de son existence, le Lycée accueille des élèves arrivant d'horizons divers et dont l'origine sociale, la formation et l'âge sont différents :

  • jeunes soldats démobilisés ayant participé comme volontaires aux campagnes de Pologne, de Norvège ou de France (et souvent à plusieurs d'entre elles). ils sont arrivés en franchissant clandestinement toutes les frontières,
  • évadés de camps de prisonniers,
  • hommes d’un certain âge ayant eu une situation, un métier, qui mettent à profit leur inaction forcée pour terminer leurs études secondaires.

D’autres sont les enfants des réfugiés de guerre - militaires, fonctionnaires, petits propriétaires terriens ou citadins – qui ont rejoint la France en 1939 et1940.

D'autres encore sont les enfants des émigrants d'avant-guerre, habitant dans la région, où ils sont nombreux, mais venant aussi des bassins miniers de Lorraine, du Pas-de-Calais ou de Saône–et-Loire. Ils s’expriment parfois difficilement en polonais. Au fil des ans, ils deviendront de plus en plus nombreux pour être finalement majoritaires.

Enfin, un nombre restreint d’élèves se retrouvent à Villard par hasard, tels ceux provenant de familles aisées en vacances sur la Riviera italienne ou sur la côte d’Azur lors de la déclaration de guerre.

Beaucoup, parmi les élèves, ne sont là que pour obtenir le Bac puis, avec ce diplôme, passer en Grande-Bretagne et rejoindre l'armée et les écoles d'officiers.
Naît alors un esprit spécifique qui n’est ni celui d’une caserne, ni celui d’un camp scout, et encore moins celui d’un patronage ou d’un lycée classique. Mais l'esprit d’une communauté solidaire qui, dans une période difficile, se serre les coudes, qui prend en charge les plus jeunes et trouve des dérivatifs aux soucis du moment dans les études, la musique et le sport.

Cet esprit évoluera au fil du temps, et en particulier après l’été 1944, le débarquement en Normandie et les combats du Vercors. Le Lycée deviendra alors un lycée – presque – comme les autres lycées en pays étrangers, dans une situation a peu près normale, avec des élèves plus "classiques".

Ce n’est pas le moindre mérite des trois directeurs successifs, Lubicz-Zaleski, Godlewski et Berger, que d’avoir su choisir leurs collaborateurs, d’avoir imprimé à leurs équipes la direction qu’elle a prise, et d’avoir adapté la vie et la formation d'un Lycée à des élèves si différents, tout en conservant cet esprit particulier qui s’est maintenu, malgré tout, jusqu’aux derniers jours.

25/12/2012
Lien : Lycée polonais Cyprian Norwid

[Compléter l'article]

Départs, arrestations, combats

Dans un monde en guerre, il n'est pas question pour ces jeunes gens de rester passifs. Tout, dans leur environnement, contribue d'ailleurs à les maintenir mobilisés.

Dès juin 1941, et chaque année dès lors, de nombreux élèves profitent d'occasions diverses pour partir à travers l'Espagne vers la Grande-Bretagne, considérée comme le pays où la guerre contre les Nazis continue. Le plus jeune d'entre eux est rattrapé sur les tampons d'un train en route vers le sud. Il est ramené au Lycée. Il a… 12 ans !

Certains connaissent, avant de pouvoir poursuivre leur chemin, la prison et le camp d'internement de Miranda del Ebro. Des dizaines sont interceptés, internés, déportés à Buchenwald, Mauthausen, Ravensbrück…
D'autres gagnent Gibraltar, enfin, et rejoignent l'Armée polonaise (terre, air, marine) en Grande-Bretagne. Ils participent en 1944 à la libération de la France dans les rangs de la 1ère Division Blindée polonaise. Ils combattent en Normandie, à Falaise, Chambois, Abbeville, puis en Belgique et en Hollande. Ils combattent en Italie au sein du 2e Corps polonais de l’armée du général Anders.
D'autres s'inscrivent dans diverses facultés. Nombreux, ils participent à la Résistance et intègrent en particulier des réseaux comme le POWN. Cette "Organisation polonaise de lutte pour l'indépendance" est dirigée de Londres par le gouvernement polonais en exil. MM Lubicz-Zaleski et Godlewski eux-mêmes entretiennent des liaisons avec les forces libres de la résistance franco-polonaise.

L'entrée de l'armée allemande en zone libre, fin 1942, marque un tournant. Le Lycée bénéficiait jusqu'alors de la bienveillance et de l'aide active des officiels français, dont certains hauts fonctionnaires. Il devient suspect aux yeux de l'occupant.
La préfecture impose qu'aucun élève de plus de 17 ans ne soit admis. Le Lycée ne peut plus alors accueillir ces anciens militaires susceptibles de rejoindre la Résistance en France ou à l'étranger.
En mars 1943, l'établissement est frappé une première fois par l'arrestation de son directeur, le professeur Lubicz-Zaleski. Envoyé à Milan par la police italienne, torturé, il est livré à la Gestapo et déporté à Buchenwald. Il est remplacé par le professeur Godlewski .
Un an plus tard, Godlewski est arrêté à son tour par la Gestapo alors qu'il participe à une réunion du GAPF pour organiser les départs vers l'Espagne. Il est déporté à Mauthausen dont il reviendra physiquement brisé.
Marcel Malbos est également arrêté, mais relâché le même jour grâce à un heureux concours de circonstances.

Vient l'été 1944. Le Vercors s'est transformé en citadelle que défendent quelques cinq mille maquisards. Depuis le début de l'année, les Allemands tentent en vain de briser la résistance de ce bastion. Le 13 juin, ils attaquent St-Nizier, sans succès. Le 15, ils reviennent à la charge, avec succès cette fois. Ils brûlent le village mais ne s'engagent pas plus loin.

Juillet… Bon nombre des élèves ne sont pas rentrés chez eux pour les vacances… La mobilisation générale est décrétée... Une trentaine d'élèves et professeurs s'engagent dans les FFI. Aucun d'eux n'a d'expérience ou de formation militaire.
Jerzy Delingier, l'un de ces élèves, écrit à sa mère : « J'ai passé mon bachot avec succès. Il représente pour moi une sorte de laissez-passer pour la vie. Les classes ont cessé, mais les travaux des champs commencent, et avec eux de grands changements dans ma vie. »
Ce "changement" c'est, pour les plus âgés, le départ vers les unités de combat et, pour les plus jeunes, l'aménagement d'un aérodrome à Vassieux-en-Vercors.

Le 20 juillet, les Allemands donnent l'assaut.
Le 21 juillet, l'enfer éclate à Vassieux, quand vingt planeurs allemands chargés de parachutistes atterrissent, alors qu'on croit que ce sont les renforts Alliés qui arrivent. Massacre… Ce jour-là et les suivants, une dizaine de Polonais périssent, dont Jerzy Delingier. Les survivants se cachent dans les forêts avant de regagner d'autres groupes de partisans.
Les professeurs Harwas et Gerahrd ont pris part aux combats. Ils sont arrêtés, emmenés à Lyon, fusillés la veille de la libération de la ville.

« Le sang ne sèchera jamais sur cette terre », comme le proclame l'un des monuments qui commémore les jours de gloire et de drame du Vercors.

Ailleurs, les combats continuent.
Professeurs, élèves ou membres du personnel, ils seront finalement vingt-quatre à payer de leur vie leur engagement. Et ils seront une trentaine à être déportés, dont deux ne reviendront jamais.

À Villard, la 7e station du Chemin de Croix de Valchevrière diffère des autres. Construite juste après la guerre, elle a été modelée dans le style des chapelles de Zakopane. C'est "la station des Polonais". On y lit : « Pour la liberté, la justice et la dignité humaine, pour la Pologne et pour la France, sont tombés au champ d'honneur, ont souffert dans les prisons et dans les camps de concentration, des professeurs, des élèves, des employés du Lycée Polonais Cyprian Norwid. »

Au cimetière de Villard, un caveau unique abrite les dépouilles de six Polonais tombés au champ d'honneur, et celle de Wenceslas Godlewski, décédé en 1996.
Les cercueils d'autres élèves et professeurs ont été transférés au cimetière national de La Doua, dans la banlieue lyonnaise.

25/12/2012
Lien : Lycée polonais Cyprian Norwid

[Compléter l'article]

Familles hébergées, cachées ou sauvées au Lycée Cyprian Norwid [Compléter]
Article non renseigné. Si vous avez connaissance de personnes hébergées, sauvées ou cachées dans la commune, cliquez ci-dessus sur “Compléter” et ajoutez leur nom, prénom, leur date de naissance, les circonstances du sauvetage, si possible.


4 Familles arrêtées (Lycée Cyprian Norwid ) [Compléter]
1944
Famille Godlewski - Wenceslas Jean Godlewski (1906-1996) a enseigné la langue et la littérature polonaises à la faculté des lettres de Lille (Lille III) et aux facultés catholiques de Lille, avant et après la Seconde Guerre mondiale, puis à l’École supérieure de journalisme de Lille. Pendant l’occupation, il était professeur au Lycée Cyprian Norwid de Villard-de-Lans, dont il était aussi codirecteur. Auteur de poésies en polonais et en français, traducteur de chefs-d’œuvre de la littérature polonaise, Godlewski est arrêté par la Gestapo alors qu'il participe à une réunion du GAPF pour organiser les départs vers l'Espagne. Il est déporté à Mauthausen dont il reviendra physiquement brisé. Wenceslas Godlewski décède en 1996 et sera inhumé au cimetière de Villard-de-Lans.
Déportation :
1944   

08/1944
Famille Harwas - Jan Harwas, juif d'origine polonaise né le 07/01/1909 à Dortmund (Allemagne), professeur de latin au Lycée Cyprian Norwid depuis 1940, il est domicilié à l'hôtel du Parc à Villard-de-Lans. Il s’engagea dans la Résistance et rejoignit les rangs du maquis du Vercors, secteur 8 de l’AS-Isère. Fait prisonnier le 21 juillet 1944, il est transféré à la prison de Montluc à Lyon. Il fut assassiné par les Allemands au cours du massacre de 109 détenus de la prison du fort Montluc (Lyon), dont 72 Juifs, sur le terrain d’aviation de Bron le 20 août, quelques jours avant la libération de Lyon.
   
Date d'exécution :
28/08/1944
Source :
Le Maîtron

03/1943
Famille Lubicz-Zaleski - Le professeur Zygmunt Lubicz-Zaleski, directeur du Lycée Cyprian Norwid, est arrêté en mars 1943. Envoyé à Milan par la police italienne, torturé, il est livré à la Gestapo et déporté à Buchenwald.
   

1944
Famille Malbos - Marcel Malbos, professeur de français au Lycée Cyprian Norwid, est arrêté, mais relâché le même jour grâce à un heureux concours de circonstances.
   

Liens externes [Ajouter un lien vers un article d'intérêt ou un site internet]
1 Les réfugiés espagnols dans le département de l’Isère 1936-1939 (Mémoire de Master 1 « Sciences humaines et sociales » Année universitaire 2007-2008 Mention : Histoire - Histoire de l’art Spécialité : Relations et échanges culturels internationaux sous la direction de Mme Marie-Anne MATARD-BONUCCI )
2 Blog sur quelques Justes et sur le livre (Blog hébergé par la Tribune de Genève sur quelques justes honorés par Yad Vashem sur l'intervention du délégué pour la Suisse et la région frontalière Ain et Haute-Savoie, Herbert Herz, ainsi que sur divers événements organisés autour de la parution du livre "Mon combat dans la Résistance FTP-MOI" )
3 Le site du poète Pierre Emmanuel (Le site officiel du poète Pierre Emmanuel. Vous y trouverez aussi des pages sur sa vie et son action à Dieulefit durant la guerre, à Beauvallon, puis à la Roseraie. )
4 Guy Sanglerat, ancien membre du Coq Enchaîné (Le Coq Enchaîné était un réseau de résistance de la région qui pendant l'occupation allemande rassemblait des syndicalistes, des socialistes et des radicaux de la mouvance d’Édouard Herriot. Membre du réseau, Guy Sanglerat publie ses souvenirs.. )
5 Le Coq enchaîné (Le Coq enchaîné : un journal clandestin sous l'occupation allemande. Le premier numéro fait son apparition en mars 1942. Les membres du Coq Enchaîné mèneront aussi des actions de résistance. Il a compté jusqu'à 400 membres. Le réseau sera décimé en 1943. Guy Sanglerat raconte ... )
6 Les archives du conseil général de Savoie (La liste des 168 "travailleurs israëlites" en partance de Ruffieux, établie le 24 Août 1942. )
7 Là où coule le Gier (La guerre, énorme chaos bouleversant les vies. Tel est le décor dans lequel évoluent René et Aima. De leur jeunesse à leurs combats, l'auteur nous invite à les suivre dans cette aventure où chacun fera preuve d'un courage incroyable. Ce roman, basé sur des faits réels, nous emmène de la Vallée du Gier dans la Loire à Clermont-Ferrand et nous fait traverser certains camps de concentration en Allemagne en suivant le parcours de deux jeunes gens que la vie a forgé pour combattre aussi bien dans l'univers ouvrier des années 30 que pendant la seconde guerre mondiale avec leur implication dans la résistance. Cette plongée dans le passé a nécessité de nombreuses recherches suivies d'une longue enquête menée sur la vie de ces deux personnages. )
8 Marianne Cohn (Page dédiée à Marianne Cohn et à ses compagnons de résistance. Un mois avant d"être arrêtée, elle a sauvé ma tante Eva et mon père Maurice Finkelstein )
9 L'attentat de la Poterne du 8 mars 1944 (Page consacrée à l'ouvrage "L'attentat de la Poterne, un drame au cœur de Clermont" (2015).
Cette étude sur l'attentat de la Poterne du 8 mars 1944 recoupe des documents d'archive à des témoignages oraux et écrits. Elle reprend de manière chronologique les évènements, de l'attentat de résistants sur un détachement allemands à l'immensité des représailles qui ont suivi : incendie d'immeubles, nombreuses arrestations, déportations et condamnations à mort. )
10 "Objectif Lyon !"
11 Laurent Neury, l'espoir au bout du pont. Histoire et mémoire de la filière de Douvaine, Cabedita, 2019
12 L'abbé André Payot, résistant et chef de réseau (Biographie détaillée d'André Payot et de ses activités de résistant durant la seconde guerre mondiale à Chamonix et Vallorcine (Haute-Savoie). Livre écrit par Jean-Luc de Uffredi, publié en 2019 aux éditions les Passionnés de bouquins. )

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