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Région :
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Préfets :
M. Graux
(26/08/1936 - 15/05/1940)
M. Bouché-Leclercq
(15/05/1940 - 14/11/1941)
M. Roger-Machart
(14/11/1941 - 08/02/1943)
M. Monzat
(08/02/1943 - 24/01/1944)
M. Gomot
(24/01/1944 - 09/1944)
M. Hudeley
(09/1944 - 27/05/1947)
Louis Bourgain
(18/07/1940 - 1944) Vice-amiral, Préfet de de la Vienne et préfet régional de la région de Poitiers (Charente-Maritime (Charente-Inférieure jusqu'en 1941), Deux-Sèvres et Vendée et les parties occupées de la Charente, de Dordogne et de la Vienne. Condamné à huit ans de prison à la Libération (1881-1970)
Jean Schuhler
(06/1944 - 1946) Commissaire régional de la République de la région de Poitiers (Charente-Maritime (Charente-Inférieure jusqu'en 1941), Deux-Sèvres et Vendée et les parties occupées de la Charente, de Dordogne et de la Vienne)
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La commune des Bressuirais
Bressuire est une commune des Deux-Sèvres située au cœur du bocage poitevin, à la lisière du pays vendéen, au nord-ouest du département des Deux-Sèvres, à environ 30 kilomètres de Parthenay, 25 kilomètres de Thouars et à 40 kilomètres de Cholet.
En 1964, la commune de Saint-Porchaire fusionne avec Bressuire.
En 1973, neuf communes s'associent avec Bressuire : Beaulieu-sous-Bressuire, Breuil-Chaussée, Chambroutet, Clazay, Noirlieu, Noirterre, Saint-Sauveur, Terves et Boismé. Cette dernière reprend son indépendance en 1983.
Lors des recensements de 1936 et 1946 chaque commune comptait :
Beaulieu-sous-Bressuire : 535 habitants en 1936 et 530 en 1946
Bressuire : 5 324 habitants en 1936 et 6 071 en 1946
Breuil-Chaussée : 911 habitants en 1936 et 905 en 1946
Chambroutet : 411 habitants en 1936 et 355 en 1946
Clazay : 531 habitants en 1936 et 517 en 1946
Noirlieu : 420 habitants en 1936 et 386 en 1946
Noirterre : 1 015 habitants en 1936 et 1 010 en 1946
Saint-Porchaire : 818 habitants en 1936 et 930 en 1946
Saint-Sauveur : 625 habitants en 1936 et 651 en 1946
Terves : 1 218 habitants en 1936 et 1 200 en 1946
08/02/2022
L’entrée des Allemands à Bressuire les 22 et 23 juin 1940
22 juin 1940 : Déroute de l’armée française -Bombardement de Bressuire - Entrée des Allemands dans la ville.
23 juin 1940 : Les Bressuirais, atterrés, constatent la mutilation des vitraux de l’église.
Dans la matinée du 22 juin 1940, mon père m’emmena voir les soldats qui campaient sur la place Saint Jacques, à deux pas de notre maison. J’étais très intéressée, car dans mon livre de lecture, il y avait un texte qui s’intitulait « Le Bivouac ». Au premier abord, je ne fus pas déçus : certains soldats se rasaient, d’autres faisaient reluire leurs chaussures. Je fus cependant intriguée par un jeune soldat assis sur une caisse et qui manipulait des boutons qui étaient sur d’autres caisses noires. Mon père me dit que c’était la radio. J’en fus étonnée, car cela ne ressemblait pas du tout au poste de radio que nous avions chez nous. À part les boutons.
Un gradé, superbe dans son uniforme, et qui avait de magnifiques bottes qui lui montaient jusqu’aux genoux, s’approcha et interrogea le jeune radio. « Toujours rien » lui répondit-il. L’officier se tourna vers mon père et lui dit : « Les salauds, ils ont tous foutu le camp ! » Puis il ajouta : « Vous avez de la famille, alors partez n’importe où en campagne, mais ne restez pas en ville. Il va y avoir des combats de rues cet après-midi ». « Mais, dit mon père, les Allemands n’ont pas passé la Loire ! » C’est en colère que l’autre lui répondit : « Ils sont entrés dans Thouars et se dirigent vers Bressuire où ils vont arriver dans peu de temps. » Monpère était sidéré. « Mais Bressuire est ville ouverte ? » « Vous voulez peut-être que tous ceux-là (il montrait les soldats) soient massacrés ou faits prisonniers ? Je vous le redis, partez ».
À la maison, il y eut un conseil de famille et il fut décidé de déjeuner de bonne heure et d’aller se réfugier dans une ferme dont nous connaissions les habitants. Pendant le repas, un drôle de bruit attira mon attention. Je questionnai mes parents, mais ils ne me répondirent pas. Avant de partir, maman me demanda de l’aider à ramasser le linge qui était à sécher au jardin. Notre jardin avait une porte qui donnait sur la route de Boismé (présentement, rue Roger Salengro ). C’était de cette rue que venait le bruit qui m’intriguait. Maman ouvrit la porte. Ce que je vis me cloua sur place. Ce bruit, c’était des centaines de godillots que traînaient les soldats sur les cailloux de la route qui n’était pas goudronnée à l’époque. Ce n’était pas les soldats proprets que j’avais vus une heure plus tôt. Sales, poussiéreux, pas rasés, débraillés, vestes ouvertes sur des chemises mal boutonnées, c’était une « armée en déroute ». Certains n’avaient plus de lacets à leurs chaussures, d’autres avaient enlevé leur bandes molletières, probablement parce que leurs pieds et leurs jambes étaient gonflés par la chaleur et les kilomètres qu’ils avaient dû parcourir. Je ne m’étais jamais demandée comment étaient les pantalons sous les bandes qui enserraient leurs mollets. En fait, les pantalons étaient plus courts que les pantalons ordinaires et étaient fendus sur le côté, de sorte que les caleçons longs les dépassaient largement. Ce qui me choqua, et en même temps m’apitoya. Ils avaient l’air d’être si épuisés. Plusieurs nous demandèrent à boire en tendant leurs quarts. Nous avons distribué de l’eau. Mais maman ne put s’empêcher de leur faire des reproches. Pourquoi ne résistaient-ils pas face aux Allemands ? On lui répondit que s’ils avaient encore leurs fusils, ils y avait longtemps qu’ils n’avaient plus de munitions. Autrement, ils se seraient fait un plaisir d’abattre cet avion qui les suivait depuis longtemps. En effet, un avion, dont la cocarde vert-blanc-rouge laissait à penser qu’il s’agissait d’un italien, tournoyait à très basse altitude. La colonne s’éloigna, mais une autre arrivait. Maman ferma la porte.
On ne me permit pas d’emporter ma poupée, seulement ma petite mallette de couture où j’avais mis deux petits baigneurs, un blanc et un noir, ainsi qu’un canevas. Maman avait un sac où elle avait mis nos « quatre heures » et d’où dépassaient ostensiblement des aiguilles à tricoter. Nous allions passer l’après-midi à la campagne.
Le bombardement commença vers seize heures. Un oncle qui avait fait la grande guerre nous fit mettre en rang contre un haut talus. À chaque obus, il citait un chiffre, souvent le même : 75. Très vite, notre groupe avait grossi ; des voisins que l’on connaissait, d’autres, inconnus. Un garçon plus àgé que moi qui ne tenait pas en place revint tout à coup en criant : « Bressuire brûle, Bressuire est en feu ». Les hommes partirent aussitôt vers le haut des bois Luton. D’après eux, le quartier de Saint-Jacques n’était pas touché. Le bombardement cessa à la nuit tombante. Il fut décidé, à l’unanimité de ne pas rentrer chez nous et de rester coucher dans le foin.
Au petit jour, tous reprirent la route pour rentrer, sans savoir ce qui les attendait. Arrivés à la hauteur de la Léonière, un bruit de moteur nous figea sur place. C’était un side-car qui venait vers nous. Des Français ou des Allemands ? Papa ne savait pas. Il nous dit de continuer à marcher. Lorsque le véhicule passa près de nous, nous avons tous pensé, sans le dire, que c’étaient des Allemands. Nous sommes rentrés chez nous, sans faire de bruit, presque honteux.
Dans la matinée, un convoi allemand s’arrêta un moment dans le quartier. Papa nous avait interdit d’ouvrir les volets au rez-de-chaussée, mais au premier étage, nous avions des persiennes a travers lesquelles nous avons vu des soldats bien différents de ceux de la veille : jeunes, beaux, propres, gais, parlant fort, c’étaient des vainqueurs.
« Ce n’est pas tout, dit papa, aujourd’hui c’est dimanche, il faut aller à la messe ». Maman fit quelques observations : Est-ce que c’était prudent ? Papa répondit qu’il fallait continuer à vivre le plus naturellement, et que ce n’était pas les Allemands qui allaient l’empêcher d’aller à la messe.
Les rues étaient désertes ou presque, sauf quelques personnes qui se dirigeaient vers l’église et qui se saluaient, l’air triste. Je fus donc très étonnée de voir la grande nef remplie de fidèles. Je fus bousculée par les grandes personnes, et bien que ne voyant pas grand chose, il me sembla qu’il régnait un grande lumière bien inhabituelle. Les gens gémissaient sourdement. De plus, il y avait une sorte de crissement, comme lorsque l’on marche sur du sucre en poudre. Enfin, je pus voir que les gens, avant de s’asseoir dans les bancs, le long du mur, nettoyaient les sièges et faisaient tomber... du verre. C’est alors. que je constatai que dans la grande nef il n ’y avait plus de vitraux, ces vitraux, on marchait dessus. Arrivée au transept, je vis les grands vitraux mutilés, et je compris alors pourquoi les gens gémissaient en voyant le désastre.
La première partie de la messe se déroula dans une grande ferveur. Quand brusquement, un bruit épouvantable sema la panique dans la foule des fidèles. Tout le monde se précipita vers les portes en criant de peur, les mères rappelaient leurs enfants qui étaient dans les chœurs latéraux. Les religieuses qui surveillaient les filles nous interdisaient de partir. La rumeur courut que les Allemands voulaient nous enfermer dans l’église pour y mettre le feu car de la fumée sortait de la sacristie. Enfin, un prêtre monta dans la grande chaire pour mieux se faire entendre, rétablir l’ordre et expliquer que c’était une pierre du clocher, ébranlée la veille par un obus qui venait de tomber sur la sacristie. La fumée n’était que de la poussière.
Malheureusement, le bombardement avait fait d’autres victimes que les vitraux : une dame qui fermait ses volets, rue Rouge, et un groupe de réfugiés des Ardennes qui s’étaient mis à l’abri, croyaient-ils, dans les caves de l’école des filles, rue de Versailles (Rue Héry) et d’autres, peut-être. Les maisons brûlées route de Thouars, les flaques de sang place Labâte, des casques français, des bérets souillés de sang m’impressionnèrent beaucoup.
Le lundi 24 juin, Le chanoine Charrier, notre curé, réunit ses séminaristes et leur demanda de ramasser avec beaucoup de soin les morceaux de vitraux tombés. On remarqua alors que les visages des personnages principaux étaient intacts. Nos grands vitraux furent déposés peu après et remplacés momentanément par d’immenses rideaux, puis par du verre transparent. Ce ne fut qu’en 1947 que les paroissiens purent admirer de nouveau leur « catéchisme en images » dont ils étaient si fiers. Les réparations avaient été faites avec tant de maîtrise, qu’il fut difficile de distinguer les minces filets de plomb qui réunissent les parties qui étaient brisées. Je crois savoir que l’artiste qui réalisa cette restauration est le Maître Verrier Louis Gouffault d’Orléans.
Souvent, l’été, des touristes visitent l’église et admirent (quelquefois bruyamment) nos magnifiques vitraux. Ils n’ont pas l’ancienneté de ceux de certaines églises, puisqu’ils datent du 19è siècle, mais qu’importe, ils ont survécu à la tourmente, et depuis le nettoyage qui a été fait il y a deux ou trois ans, ils sont plus beaux que jamais.
Témoignage de Madeleine FROUIN
Décembre 2003
26/02/2024
Auteur : Madeleine FROUIN
Lien : Bressuire et le Bressuirais
Alors que la France effectue un difficile travail de mémoire sur la période de l’occupation nazie et la déportation des juifs, ces quelques lignes ont pour but de conserver le souvenir de ces heures tragiques. Elles ne sont pas issues de recherches personnelles mais s’appuient sur les ouvrages de Jean Marie POUPLAIN , correspondant de l’Institut d’Histoire du Temps Présent (CNRS) ainsi que sur les témoignages parus dans les articles de la presse locale.
Cette synthèse doit maintenir le souvenir de ces heures tragiques. Il s’agit donc de témoigner du sort qu’ont eu à subir les habitants de Bressuire de confession juive ou ceux qui ont été amenés à séjourner dans notre commune pendant la Seconde Guerre mondiale. Quels qu’ils soient, ils allaient tous être soumis sans distinction d’origine à la même surveillance implacable, faire l’objet d’un recensement qui allait servir de base aux arrestations et déportations.
Un recensement méthodique
Le statut des juifs adopté le 3 octobre 1940 par l’Etat français prévoyait un recensement des juifs. Relayée par l’administration préfectorale, la législation obligeait les personnes concernées à s’inscrire sur des registres spécialement prévus à cet effet. Les noms des personnes juives de Bressuire et sa région devaient être consignés à la sous-préfecture de Parthenay. Ainsi commençaient les mesures discriminatoires et l’exclusion des juifs… qui allaient les mener vers la mort.
À Bressuire, sept familles, soit 24 personnes étaient concernées, auxquelles il faut joindre 5 autres personnes isolées. Parmi elles, deux familles seulement et un autre individu sont déclarées résidentes à Bressuire.
Les ROTSZTEJN, d’origine polonaise et domiciliés à Paris, semblent être arrivés à Bressuire avant guerre, entre 1933 et 1935. Avec son épouse Minka, Icchock et ses deux fils, Léon et Félix, habitaient au 69, boulevard Joffre et exerçait la profession de « forain » c’est-à-dire de marchand ambulant. Leur dernier fils Sami était né à Bressuire le 22 janvier 1935. Les NARCYZ avaient la même nationalité polonaise et la même activité. Lorska et Dwora avaient un enfant. Rosia GRUNSZLAG réside avec eux, au 19, rue de la cave. Etait-ce leur fille ? Quant à Léon AMARAGLIO originaire de Salonique en Grèce, il exerçait également la même profession. Bien que déclaré marié en 1940, il semble vivre seul au 15, rue Pasteur.
Aucun renseignement ne permet de situer avec précision leur arrivée sur Bressuire ; par contre pour les autres personnes recensées, ce sont les circonstances liées à la guerre qui les ont conduites jusque dans le bocage. Le département des Deux-Sèvres devient comme d’autres départements une terre d’asile pour les populations du nord qui fuient l’invasion allemande. Parmi tous ces réfugiés des Ardennes qui devaient se replier sur les Deux-Sèvres, se trouvaient des populations françaises et étrangères juives.
L’exode conduit ainsi un groupe originaire de Nancy : Georges SPIRA, représentant de commerce, s’installe rue Salengro avec deux de ses quatre enfants, Jacqueline et Nelly. La famille CERF, également nancéienne, aménage au 2, rue de la Taconnière : Raymond est accompagné de Mathilde son épouse et de leur jeune fils ainsi que de Gustave son père âgé de 74 ans et Sarah âgée de 84 ans, sa belle mère. Maurice GUERCHOVITCH, bandagiste, a quant à lui quitté Charleville. Il a voyagé seul et trouve refuge au 2, rue Waldeck Rousseau.
Les autres personnes juives qui vont venir se réfugier dans le bocage sont originaires de Paris. Les premières arrestations dans la capitale en 1941 ont certainement déclenché un réflexe de survie et certaines familles vont chercher à se soustraire aux rafles, d’autant plus que les enfants eux-mêmes n’étaient pas épargnés. Jacques AMARAGLIO vient rejoindre son parent, son frère ? à Bressuire. Herman GOLSTEIM s’installe 20, rue des campes, et Adélaïde WISNER au 24, rue Anatole France. Quant aux GOLDBLAT, Binem et Liba, avec leur fille Régine, ils sont venus rejoindre les ROTSZTEJN, Liba étant la sœur d’Icchok ROTSZTEJN. Les ZANGIER (JEROZOLIMSKI, de leur nom polonais), Jacob, Esther et leur petite fille, Jeannine, s’installèrent à la Léonière de Terves chez Maria Bisleau dont le mari est prisonnier en Allemagne. D’origine polonaise, ces marchands de tissu s’étaient installés à Paris.
À Chiché, quatre autres personnes vont trouver refuge mais ce ne sera qu’une étape. Rose WEILL repart en 1941 en Suisse et la famille de Selman FREIMAN, sa femme et sa fille, déclarent à la même date vouloir repartir sur Caen.
Cependant au delà de ceux qui avaient été recensés et fichés, il y a ceux qui ont trouvé asile dans le bocage comme « clandestins ». En 1988, Christian DESBOIS, journaliste local, recevait le témoignage de plusieurs familles bressuiraises lui confiant qu’au collège Notre-Dame, la sœur supérieure avait camouflé certains jeunes israélites parmi ses élèves : « On se doutait bien de quelque chose, car ces élèves avec qui nous nous entendions bien, étaient dispensés de la messe et de l’éducation religieuse ». De la même façon à Chiché, deux petites filles, Renée GRIMBERG, âgée de 5 ou 6 ans et sa cousine ont été cachées par les sœurs de l’école Notre-Dame pendant une partie de la guerre. Ces personnes n’existaient pas pour l’administration, leur état de « juif » n’était connu que de leurs proches et nous n’avons aucun renseignement sur elles.
Une vie en sursis
La France souffre, la France a faim, a froid pendant la guerre mais pour les juifs, aux souffrances quotidiennes, il faut ajouter la peur, l’angoisse, le désarroi. La surveillance est très étroite, ils doivent être prudents, ils n’ont plus le droit de circuler librement. Des visites régulières devaient s’assurer de leur présence et des rapports de la préfecture signalent au chef du service de sécurité des SS à Niort, les différents mouvements de population. Ainsi le départ de Jacques AMARAGLIO pour Paris, du 8 avril au mois d’août 1941, n’échappera pas à l’administration. Pas plus que « la fugue » en janvier 1943 de Léon ROTSZTEJN qui, à 16 ans, n’en pouvant plus du cantonnement dans lequel l’administration le tenait, quitte le domicile de ses parents pour aller se promener au Sables-d’ Olonne. Un avis de recherche avait été lancé sur l’initiative du Préfet et on imagine facilement l’angoisse des parents. Son père quelques mois plus tard, en mai, est autorisé à se rendre à Niort mais à condition de se présenter dès son arrivée, à la police, rue Alsace lorraine de Niort.
Le 2 juin 1941, une loi signée à Vichy ordonnait à toutes les personnes juives de déclarer l’état de leurs biens. À Bressuire, seuls les CERF, Maurice GUERGOVITCH et Adélaïde WISNER reconnaissent posséder chacun des meubles et immeubles. Mais s’agit-il du patrimoine possédé dans leur ville d’origine ou possédé à Bressuire ? Cette loi avait pour but de préparer les opérations de spoliation des juifs et le 26 mars 1943 un policier et un officier allemand accompagnés d’un interprète perquisitionnent au 25, rue Georges Clemenceau, chez Gustave CERF. Ils emportent une valise, un drap brodé et de l’argenterie. Est-ce son aveuglement ou son entêtement qui pousse Gustave CERF à se plaindre par courrier au Maire de Bressuire ? À 76 ans, a-t-il pris conscience de la situation ? Joseph LAVEIX confie au journal local en 2005, « J’en connaissais un (juif)… Je lui disais souvent : vous avez bien vu ce qu’ils vous on fait en Pologne. Vous devriez vous planquer. Ne restez pas là. Mais il ne semblait pas vouloir m’écouter. Il était fier… ».
Parmi les familles juives bressuiraises présentes en 1943 , Jacqueline (18 ans) et Nelly (11 ans) SPIRA, Raymond (19 ans) CERF, Félix (10 ans), Sami (8 ans) ROTSZTEJN, Régine (17 ans) GOLBLAT sont déclarés scolarisés à Bressuire, Jeannine ZANGIER (9 ans) à Terves. Ayant tous plus de 6 ans, il devaient porter comme leurs parents, l’étoile jaune bien visible sur le coté gauche de la poitrine . En échange d’un point de la carte de rationnement de textile, la mairie leur avait remis trois étoiles. Signe d’humiliation et d’asservissement, elles étaient le signe annonciateur, à l’instar de la confiscation des biens des juifs, de leur arrestation puis de leur déportation.
Malheurs et souffrances : un voyage sans retour
La première rafle se déroule en octobre 1942 selon un plan précis, bien préparé. Elle concernait les juifs étrangers qui devaient être transférés à Drancy. Une note précisait que les enfants nés de parents étrangers mais de nationalité française ne devaient pas être arrêtés. Dans le bocage, à part les SPIRA et les CERF, la majorité des adultes étaient d’origine polonaise, sauf les AMARIGLIO qui étaient grecs et Herman GOLDSTEIN, roumain. Les enfants sont tous français et Sami ROTSZTEJN est même né à Bressuire.
Comme prévu, dans la nuit du 8 au 9 octobre 1942, 8 juifs sont arrêtés :
Binem GOLBLAT (48 ans) et son épouse, Liba ROTSZTEIN (47 ans)
Hermann GOLDSTEIN (40 ans)
Rosia GRUNSZLAG (22ans)
Morrka MARCYZ (41 ans) et son épouse Nova (Dwora) GRUNSZLAG (40 ans)
Icchok ROTSZTEJN(43 ans) et son épouse Minka LEVY (41 ans).
Tous sont déportés en Allemagne par le convoi 42, du 6 novembre 1942.
Comme l’indiquait la loi, les scellés sont posés et les clés de leur logement remises à la Mairie. Que sont devenus leurs biens ?
Emmenée dans un premier temps avec ses parents malgré leurs protestations, Régine GOLBLAT a été relâchée car elle est née en France et naturalisée depuis 1927. Elle ira se réfugier chez Aimé Sochard, une voisine qui lui enseignait la couture et ne reverra plus jamais ses parents comme les jeunes ROTSZTEJN qui ont été laissés à la garde de la veuve Noirault.
Par contre, la même nuit à Chiché, les gendarmes n’ont pu appréhender les ZANGIER qui ont disparu laissant sur la porte de leur logement un mot, s’excusant « de ne pas avoir prévenu de leur départ ». Ils ont laissé leur fille Jeannine à Mme GOUACHAUD de Bressuire. De nationalité française, ils ont pensé qu’elle ne courrait pas les mêmes risques. En fait, ils n’avaient pratiquement pas bougé et se terraient dans le grenier chez les Bisleau de la Léonière qui les avaient accueillis à leur arrivée dans le bocage. Ils vont rester ainsi cachés, presque une année, du 8 octobre 1942 à la fin de l’été ou au début de l’automne 1943. Madame Gouachaud venait se promener dans le jardin de la propriété avec Jeannine. De cette manière ses parents pouvaient l’apercevoir sans se montrer et sans pouvoir la serrer dans leurs bras. Jeannine ne saura que beaucoup plus tard que son père en 1943 a été arrêté à Bagnères-de-Bigorre en tentant le passage en Espagne puis déporté par le convoi 76, du 30 juin 1944. Son épouse Esther, partie pour avoir des nouvelles, échappera aux rafles et lui survivra.
Les 8 et 9 novembre 1942 c’est au tour de Léon AMARAGLIO (53 ans) et de Jacques (40 ans ) d’origine grecque d’être arrêtés et transférés au camp juif de Poitiers. Jacques partira avec le convoi 46, du 9 février 1943, le nom de Léon n’apparaît pas sur la liste des déportés.
Il ne restait donc à Bressuire que les juifs français qui ne pensaient pas que les persécutions les toucheraient. Mais personne ne devait être épargné comme le prouve l a rafle du 31 janvier 1944. Sans égard pour la nationalité, ni l’âge, tous les juifs devaient être enfermés à Drançy. C’est ainsi qu’en pleine nuit, Adélaïde WISNER, la famille SPIRA et les 5 membres de la famille CERF sont arrêtés. Sarah la grand-mère, 86 ans, demeurera internée à l’hôpital de Niort pendant que Gustave, l’autre aïeul , alors âgé de 78 ans restera hospitalisé à Bressuire sur avis du Docteur Métayer. Les trois garçons ROTSZTEJN et Jeannine ZANGIER sont transférés au centre d’accueil de la rue des trois-Coigneaux à Niort. Malgré une lettre de l’inspection de la santé au Préfet des Deux-Sèvres, concernant Jeannine, Sami et Félix, ils son t conduits à Drancy et déportés, par le convoi 68, du 10 février 1944 ainsi que Léon et tous les autres, à AUSCHWITCH.
Avec Sarah LEVY et Gustave CERF, seule Régine fut épargnée. Le 30 janvier 44, la veille de la rafle, un gendarme, M. COMPAIN, est venu avertir Aimé Sochard : « la nuit prochaine, ils (les juifs) vont tous être ramassés ». Pour éviter son arrestation, Régine fut emmenée dans un garage que la famille possédait rue du 11 novembre et fut cachée dans une voiture pendant quelques jours.
Un voisin, M. Guérineau, lui apportait de la nourriture. On la cacha ensuite chez Mme MENNECE qui avait hébergé Hermann GOLDSTEIN, en attendant son transfert vers la Vendée, à Mouchamps ou une parente d’Aimé Sochard, Berthe Guédon tenait un hôtel restaurant. C’est Georges GOYAULT, alors garagiste et qui possédait un laisser-passer pour circuler, qui se chargea du transport de Régine, cachée à l’arrière d’un véhicule sous une couverture. Régine fut sauvée mais l’implacable machine à tuer ne permit qu’à Léon ROTSZTEJN de revenir de la déportation. Seul survivant de ce drame, Léon qui par la suite va franciser son nom en ROCHETIN n’oubliera pas ses coreligionnaires. Il demandera à la mairie qu’une plaque soit apposée en souvenir des juifs bressuirais disparus. Cette stèle, inaugurée en 1989, square de la gare, porte le nom de 17 victimes bressuiraises du génocide juif, auquel il faudrait ajouter Maurice GUERCHOVITCH arrêté en dehors des rafles, le 16 juin 1943 sur dénonciation, et les AMARIGLIO Léon et Jacques.
26/02/2024
Lien : Bressuire et le Bressuirais
Les derniers jours à Drancy
Maurice Guerchovitch, arrêté à Bressuire en 1943, a été interné à Drancy jusqu’à la libération de Paris.
Ce témoignage nous a été transmis par son fils, Michel, qui apporte quelques précisions permettant de mieux comprendre le parcours de son père.
Au moment de l’exode, les Ardennais ont été pour beaucoup dirigés vers les Deux Sèvres. Maurice GUERCHOVITCH, bandagiste, a quitté Charleville. Il a voyagé seul et trouve refuge au 2, rue Waldeck Rousseau, à Bressuire.
“A Bressuire, il a sympathisé avec un groupe de musiciens : "les Swing Troubadours". À l’occasion de la remise à mon père du ruban bleu de la médaille de l’Education Physique sous le titre : "Des nouvelles de Maurice" dans le journal "La France de Bordeaux, rubrique Bressuire" (date inconnue), il était dit : "Nos Bressuirais n’ont certainement pas oublié ce brave réfugié des Ardennes qui nous arriva à Bressuire en 1940. Très vite M. Maurice Guerchovitch, un grand garçon simple et sympathique, sut conquérir l’estime de tous. Et puis un soir au théâtre, il parut dans un numéro de chants et de monologues comiques... Il continuait à Bressuire à mener le bon combat pour la cause de l’athlétisme et du sport pur qu’il menait déjà avant la guerre à Charleville. Et ce sportif joyeux et dévoué sut, quand vint pour lui l’heure de l’épreuve, montrer qu’il était aussi un bon et brave Français. Arrêté par la sinistre Gestapo, il demeura longtemps emprisonné et put quand même participer aux combats pour la libération de Paris... Bravo monsieur Maurice !”
Comme d’autres juifs bressuirais, Maurice GUERCHOVITCH est arrêté. Il est interné du 27 juin 1943 au 18 ao ût 194 4, à Drancy. Il a laissé ces quelques lignes
« Arrêté à mon domicile par les gendarmes français qui avaient un mandat d’arrestation par la Gestapo de Niort, j’ai passé la nuit d ans un cachot de la gendarmerie et le lendemain matin je suis parti avec les menottes pour Niort. Je fus remis entre les mains de la Gestapo où je fus fouillé et les deux officiers remplirent une fiche barrée d’une diagonale rouge. Ils me firent monter dans leur voiture et me conduisirent à la maison d’arrêt où j’eus droit à une cellule. Toutes les demi-heures le gardien ouvrait un guichet pour vérifier ce que je faisais. Quelques jours plus tard avec les menottes, j’étais conduit au camp de Poitiers, de là on me conduisit à Drancy. Je venais d’avoir une épaule déboîtée, mais sur les conseils du docteur qui inscrivait les malades et qui me dit que ceux-ci seraient déportés, je lui ai demandé de ne pas m’inscrire comme malade... »
Son fils raconte ensuite :
“Il est allé avec d’autres prisonniers chez Lévitan à Paris pour trier les objets spoliés. Il devait être incarcéré le soir à Fresnes (mais je n’en suis pas sûr) et il retournait semble t-il régulièrement à Drancy pour le tri des déportés. Ceux qui flanchaient ou qui étaient affaiblis partaient dans les trains pour l’Allemagne. C’est à Drancy qu’il se trouvait lorsque le camp fut d’abord abandonné, non sans violence par les Allemands, puis libéré par le représentant de la Croix Rouge. Ensuite il s’est rendu à Paris pour la libération de la ville. Il était sur une barricade rue Saint Paul puis a participé au déblaiement de la caserne de Gardes républicains. Les balles "crépitaient" autour de lui... Samedi 26 août il voit passer De Gaulle et Leclerc, rue de Rivoli... Partent des coups de feu des toîts de la maison André, puis il y a encore des bombardements. Il termine son récit (donc sans doute dimanche 27) : "Au petit jour, je rentre épuisé mais intact !". Ensuite, il est rentré à Charleville et a repris sa Fabrique Ardennaise de Ceintures Elastiques (corsets), faisant les marchés en sifflant et s’adonnant à sa passion : le chant, il était ami avec Jean Lumière.”
26/02/2024
Auteur : Témoignage recueilli par www.hpb.asso.fr
Lien : Bressuire et le Bressuirais
René Hery
(1901 - 1941) né le 8 septembre 1870 à Bressuire - (Franc-maçon - radical socialiste) - avocat -
André Rousselot
(1941 - 1944) commerçant quincailler
Didier Bernard
(1944 - 1960) médecin
Lieu(x)-dit(s) Bressuire
Beaulieu-sous-Bressuire | Chambroutet | Noirlieu | Saint-Porchaire | Terves |
Breuil-Chaussée | Clazay | Noirterre | Saint-Sauveur |
Lucienne Dupont (La Ferrière-en-Parthenay) | Roger Gautron (Poitiers) (Thénezay) | Jacques Pelletier (Saint-Léger-lès-Melle) |
Auguste Garnaud (Saint-Léger-lès-Melle) | Clovis Macouin (Parthenay) | Hélène Schweitzer Rosenberg (Lezay) (Strasbourg) (Bordeaux) |
Marie-Louise Garnaud (Saint-Léger-lès-Melle) | Léontine Naffrechoux (Clussais-la-Pommeraie) | Aimé Sochard (Bressuire) |
Madeleine Gauthier (Bressuire) | François Naffrechoux (Clussais-la-Pommeraie) | Jeanne Sochard (Bressuire) |
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Paul Joseph dit Joseph Bourson Arrêté comme otage et fusillé le 11 juin 1944 à Mussidan (Dordogne), Blog
2 pages,
réalisation 2011
05/08/1942 -
La circulaire n° 2765 du secrétaire général à la Police envoyée au préfet régional de Limoges vise les étrangers suivants en vue de leur transfert en zone occupée : "Les israélites allemands, autrichiens, tchécoslovaques, polonais, estoniens, lituaniens, lettons, dantzicois, sarrois, soviétiques et les réfugiés russes entrés en France postérieurement au 1er janvier 1936 incorporés dans des groupes de T.E., hébergés au centre du Service social des étrangers, dans les centres des comités privés ou dans ceux de l'UGIF, placés dans les centres de regroupement israélites en application des circulaires du 3 novembre 1941 et du 2 janvier 1942 ainsi que ceux en résidence libre, seront transportés en zone occupée avant le 15 septembre". La circulaire exclut quelques catégories de Juifs, dont les vieillards de plus de 60 ans, les enfants de moins de 18 ans non accompagnés, les femmes enceintes...
26/08/1942 -
Rafle de Juifs réfugiés en Limousin. 446 Juifs dont 68 enfants de la région sont regroupés au camp de Nexon sont acheminés vers Drancy le 29 août 1942 et déportés vers Auschwitz par les convois n° 26 et 27.
08/10/1942 -
Rafle des Juifs en Charente dans la nuit du 8 au 9 octobre 1942.
05/1943 -
Implantation du mouvement Libération-Nord.
31/01/1944 -
Dernière grande rafle des Deux-Sèvres.
31/01/1944 -
Grande rafle ordonnée par le Préfet de région Poitou-CharentesLencloître France
15/08/1944 -
Naissance des FFI dans les Deux-Sèvres sous les ordres de "Chaumette".
09/1944 -
Prise de fonction du Comité Départemental de Libération.
06/09/1944 -
Libération officielle des Deux-Sèvres.
06/09/1944 -
Prise de fonction du Préfet René Hudeley.
29/04/1945 -
29 avril et 13 mai : Élections municipales.
23/09/1945 -
23 et 30 septembre : Élections cantonales.
21/10/1945 -
Élections législatives d'une Assemblée Constituante.
Auteur :
Alain LAPLACE
Article rédigé à l'occasion de mes recherches généalogiques, puis la mise en ligne d'un blog (http://majoresorum.eklablog.com)dédié à la famille BOURSON qui a été expulsée en 1940 du village de Vigy (Moselle) et réfugiée à Mussidan (Dordogne) et les villages alentours où elle a vécu toute la durée de la guerre. Plusieurs personnes natives de Vigy faisaient partie des 52 otages fusillés le 11 juin 1944.
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*** Chateau d'Oriou - 79 Saint Maxire Déposée le 27/08/2012 |
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Répondue le 04/10/2023
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*** chateau de chiché Déposée le 07/07/2015 |
je recherche des témoignages sur le centre de la croix-rouge du château de chiché pendant la guerre 1939-1945. [répondre] |
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