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Région :
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Département :
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(14/05/1941 - 01/06/1942) Amiral François Marc Alphonse Bard, Préfet de police de la Seine (1889-1944)
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(19/08/1942 - 19/08/1944) Préfet de la Seine. Arrêté et révoqué par la Résistance le 19 août 1944 (1896-1945)
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(1944 - 1946) Préfet de la Seine (1892-1971)
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Juste parmi les Nations

Eugène Tisserant


Dossier Yad Vashem : 13553
Remise de la médaille de Juste : 27/07/2020
Sauvetage : Paris 75000 - Paris
Profession: Cardinal
Religion : Catholique
Nom de naissance: Eugène Gabriel Gervais Laurent Tisserant
Date de naissance: 24/03/1884 (Nancy)
Date de décès: 21/02/1972 (Albano Laziale (Latium))
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Eugene-Tisserant
Le cardinal Eugène Tisserant* (à gauche), aux côtés du pasteur Marc Boegner* lors de l'entrée de ce dernier à l'Académie française en 1962
source photo : AFP
crédit photo : D.R.
Eugene-Tisserant
Le cardinal Eugène Tisserant source photo : Arch. fam. Tisserant
crédit photo : D.R.
Notice

Eugène Tisserant* vient d'une grande famille catholique de Nancy.
il obtient son baccalauréat ès lettres et ès sciences à seize ans, termine sa théologie au Grand séminaire de Nancy à vingt ans. Il est ordonné prêtre le 4 août 1907 et commence des études supérieures à l'École biblique et archéologique française de Jérusalem puis à l'École nationale des langues orientales vivantes, l'École pratique des hautes études, l'École du Louvre et l'Institut catholique de Paris. Eugène Tisserant* commence sa mission ecclésiastique en devenant, à l'âge de 24 ans, conservateur des manuscrits orientaux à la Bibliothèque vaticane, rôle qui lui permet de poursuivre sa passion pour les langues orientales2 et l'archéologie. Il enseigne l'assyrien aux étudiants de l'université pontificale de l'Apollinaire à partir d'octobre 1908.
Il est mobilisé en 1914 et démobilisé le 2 avril 1919 avec le grade de lieutenant.
Il nommé chanoine honoraire de Nancy en 1927, puis chanoine d'honneur du même chapitre pendant la Seconde Guerre mondiale.
Il dirige la Bibliothèque vaticane à partir de décembre 1930.
Il est créé cardinal avec le titre de cardinal-diacre Santi Vito, Modesto e Crescenzia par Pie XI lors du consistoire du 15 juin 1936 et secrétaire de la Congrégation pour l'Église orientale (devenue depuis Congrégation pour les Églises orientales), qu'il va diriger jusqu'en novembre 1959.
Il est l'un des six cardinaux français à participer au conclave de 1939 à l'issue duquel Pie XII est élu. Farouchement antinazi, il rencontre en 1939 Henri Navarre, membre des services secrets français, et apporte son soutien à tous les réseaux catholiques qui protégeaient les juifs.

François de Vial* est un membre de la famille de Vial d'origine française, établie en Espagne au XVIIe siècle et revenue en France au XIXe siècle. Il est le fils de Félix de Vial et de Marie Jeanne Cayrou. Il épouse le 4 octobre 1932, Germaine Robain.
Après des études au lycée Saint-Joseph de Tivoli de 1910 à 1918, Il obtient une licence de droit.
Il est attaché au consulat de France de Berlin en 1932, puis détaché à l’ambassade de France de Prague en 1933, il rejoint l'ambassade de France à Berne de 1934 à 19354, puis celle de Budapest de 1935 à 1938. Il devient vice-consul à Naples de 1938 à 1939 et ne rejoindra pas son centre de mobilisation. Il est ensuite attaché à l’ambassade de France auprès du Saint-Siège à Rome de 1940 à 1944.
Il sera le seul français de l’ambassade autorisé à pouvoir circuler dans Rome, l’ambassadeur de France Léon Bérard et son conseiller Georges de Blesson étant reclus au Vatican.
François de Vial* sera, entre autres membre de l'ambassade de France, chargé de négocier avec le gouvernement mussolinien pour éviter l’annexion de la fondation des Pieux Établissements de la France à Rome et Lorette placés sous la tutelle de l'ambassade.
À Rome, il fait partie du Mouvement de Résistance interallié, créé en 1942, regroupant des Anglais, des Suisses, des Français, des membres du Vatican et des religieux Français, Italiens et dont le but est de sauver de la Gestapo et de la police fasciste des prisonniers évadés et des pilotes américains et anglais abattus lors des combats aux dessus de l'Italie.
De 1944 à 1947, il est consul à Florence.
À la Libération, il prend en charge le rapatriement des prisonniers.

André Bouquin*, François de Vial* et Eugène Tisserant* vont sauver Eugénie et Cesare Verona et Miron Lerner.

Né en 1927 à Paris, de parents juifs originaires d’Odessa, Miron Lerner et sa sœur aînée Rivka Lerner deviennent orphelins en 1937.
En 1941, Rivka Lerner tente de faire passer Miron de son orphelinat parisien pour celui de Moissac, en zone libre étant entre-temps envahie, ils décident de partir à Saint-Gervais-les-Bains avec l’idée de passer en Suisse.
Mais c’est finalement à Rome, en 1943, que les Lerner se rendent.
Sur place, ils vivent alternativement dans des couvents, des hôtels et chez des particuliers. C’est là que Miron Lerner fait la connaissance du père Marie-Benoît* (Pierre Péteul*), un capucin, et de militants de Delasem, une organisation de secours juive, abritée dans le monastère des Capucins, en Sicile. Il commence alors à aider le père Pierre-Marie* dans son œuvre de sauvetage.
Dénoncés, ils échappent de justesse à l’arrestation.
Prévenu de la situation du jeune homme, le cardinal Eugène Tisserant* décide de le rencontrer immédiatement.
Quand il apprend qu’il est juif, il lui répond : « Cela n’a aucune importance. Que puis-je faire pour vous ? » Le cardinal Eugène Tisserant* le fait alors entré au Vatican couché au fond de sa voiture, dans la plus grande discrétion.

Le jeune homme est ensuite confié à François de Vial*, secrétaire du représentant français au Vatican. Ce dernier le cache quelques jours dans sa maison puis il est abrité dans un autre petit couvent du Vatican.

La situation se dégradant, Mgr Eugène Tisserant* décide de le transférer en mai 1944 au couvent de l’église Saint-Louis-des-Français, dirigé par Mgr André Bouquin*, recteur. Miron Lerner y reste jusqu’à juin 1945.
Après la libération, Miron Lerner reste à Rome pendant un certain temps, avant de revenir à Paris, où il retrouve sa sœur.

En 1998, Miron Lerner écrit sur les actes héroïques du cardinal Eugène Tisserant*, et la façon dont l’ecclésiastique a sauvé la vie de nombreux Juifs, dont lui-même, pendant la Shoah.
Il déclare : « Ce que je peux vous affirmer, c’est qu’il y avait dans les couvents de Rome pas mal de juifs cachés par le cardinal Tisserant. »

Lien vers le Comité français pour Yad Vashem


Histoire

Mgr Eugène Tisserant, Juste parmi les Nations, un géant méconnu

Le cardinal français Eugène Tisserant vient de rejoindre la cohorte des Justes parmi les Nations dont la liste est établie par le mémorial de Yad Vashem. Cette distinction posthume est occasion de remettre en pleine lumière une figure immense de l’Église. 

« Les trois quarts [des Juifs de France] durent leur survie à une population française compatissante et à une Église qui avait appris de ses erreurs : esprit républicain et charité chrétienne » écrivaient en juillet dernier Serge et Arno Klarsfeld dans une tribune publiée dans Le Monde. « Je perçois […] de la culpabilité et de la honte qui […] conduisent [les catholiques français] à minimiser, voire occulter, leur rôle dans le sauvetage des Juifs. J’ai l’impression qu’ils en sont restés au texte de la repentance des évêques de 1997. Elle me semble excessive et à revoir » observait encore l’historien Jacques Semelin dans La Croix en décembre 2020 en amont d’un table ronde consacrée au rôle de l’Eglise durant la Seconde guerre mondiale, organisée au collège des Bernardins. S’il est une figure qui vient appuyer parfaitement ces deux points de vue – qui vont à l’encontre de bien des caricatures – c’est bien celle du cardinal Eugène Tisserant, officiellement reconnu comme Juste parmi les Nations par Yad Vashem ce 21 octobre.

Ses activités en faveur des Juifs persécutés ont été documentées avec précision par le mémorial. À Rome, où il occupe la prestigieuse fonction de secrétaire de la Congrégation des églises orientales, il n’hésite pas à courir tous les risques pour manifester la répugnance que lui inspirent les mesures discriminatoires, puis, au fur et à mesure que les menaces s’intensifient, pour venir concrètement en aide aux pourchassés. Protestations morales, démarches pour obtenir des visas, convoyages et hébergements clandestins. Le cardinal Tisserant, qui approche la soixantaine, n’hésite devant aucun effort pour déjouer les desseins des policiers fascistes ou des séides des Allemands. Italiens ou venus de la France occupée, ces hommes et ces femmes, qui ont reçu son soutien ou qui lui doivent la vie, s’appellent Guido Mendes, le rabbin Nathan Cassuto, Giorgio Levi, Aron Friedman, Jacob Hess, Cesare Verona ou encore, parmi d’autres, Miron Lerner.

Ce dernier avait témoigné en avril 1998 dans le quotidien Libération, pour défendre la mémoire du cardinal, accusé d’avoir pris la défense de collaborateurs après la guerre. Alors qu’il était sur le point d’être capturé, il est mis en relation avec le prélat par un capucin, le père Didier. « Le cardinal Tisserant a écouté mon récit avec sérieux et bonté », raconte-t-il. « D’emblée, je lui ai dit que j’étais juif, et sa réponse sonne encore dans mes oreilles : « Aucune importance. Que puis-je faire pour vous ? » Alors, il a pris mon destin en main, et c’est ainsi que je suis entré au Vatican, couché au fond de sa voiture, à ses pieds, au nez et à la barbe des Allemands. Je suis resté caché dans un petit couvent, au Vatican même, durant un mois ». On est bien loin du Vatican décrit par Rolf Hochhuth dans Le Vicaire (1963)…

Une grande hauteur de vue  

La hauteur de vue et le courage dont fait preuve le cardinal Tisserant durant la Seconde guerre mondiale puisent dans un tempérament d’acier qui s’est manifesté dès sa jeunesse et que reflètent ses traits sévères, son regard grave, sa barbe fournie, sa démarche volontaire et son caractère ombrageux. Né le 24 mars 1884 à Nancy, dans une région traumatisée par l’annexion récente de l’Alsace et de la Moselle, il grandit dans une famille de la petite bourgeoisie. La figure de son père, un Lorrain pieux et solide, l’influence profondément. Après avoir caressé le projet de devenir militaire, la vocation sacerdotale le happe en décembre 1895, un mois après avoir fait sa première communion. En 1900, il entre au Grand Séminaire de Nancy. En ces temps troublés pour l’Église de France qui affronte une violente offensive anticléricale, ses supérieurs ont à cœur de forger des prêtres d’un haut niveau intellectuel. Eugène Tisserant ira bien au-delà de leurs espérances. D’une intelligence hors-pair, bourreau de travail, il se distingue par ses aptitudes exceptionnelles pour les langues anciennes comme le syriaque, l’assyrien, l’éthiopien, l’arabe ou encore l’hébreu dont les examens sont présidés au séminaire par le rabbin Liberman.

Ordonné prêtre en août 1907, après avoir passé une année à l’école biblique de Jérusalem où il a côtoyé le père Lagrange, il est rapidement appelé à Rome pour rejoindre la Commission des études bibliques. Il ne sait pas alors qu’il restera attaché à la Ville Éternelle jusqu’à la fin de ses jours, soixante-quatre ans plus tard. A peine arrivé, en 1908, il se livre à un travail acharné, dépouille les trésors manuscrits qui recèle la Bibliothèque Vaticane. Il trie, il classe, il traduit, il inventorie. Il multiplie aussi les voyages aux sources, en Egypte, en Palestine ou en Mésopotamie. Fervent patriote, il rejoint la France lors de la mobilisation d’août 1914 et sert comme caporal au 26e régiment d’infanterie. Blessé dès le mois de septembre, non loin de sa ville natale, ses compétences l’amènent à rejoindre des postes d’état-major avant de repartir sur le terrain, au Levant, où il faut faire barrage aux Turcs. En 1917, on le retrouve à Gaza, devenu lieutenant, où il mène au feu une unité de spahis.

Une grande connaissance des églises orientales 

A peine la guerre achevée, il retourne à Rome et reprend ses travaux qui contribue au rayonnement croissant de la Bibliothèque Vaticane. Ses relations lui permettent d’entretenir des contacts au plus haut niveau au Vatican, jusqu’au pape Pie XI, élu en 1922, qu’il avait rencontré avant-guerre à Milan lorsqu’on le connaissait sous le nom d’Achille Ratti. Le 15 juin 1936, il est élevé au rang de cardinal à l’âge de 52 ans. Quatre jours plus tard, il est nommé secrétaire de la Congrégation des églises orientales, charge qui lui revenait naturellement au regard de sa connaissance inégalée des peuples et des régions concernées. De nouveau, il multiplie les voyages et consacre toute son énergie au service de ces communautés fragiles. On lui doit notamment la création de plusieurs séminaires destinés à former le clergé oriental. Ses déplacements le conduisent à jouer un rôle diplomatique discret et efficace.

Son action à la tête de la Congrégation est fortement perturbée durant la Seconde guerre mondiale au cours de laquelle il joue le rôle que l’on sait. Dans l’ombre de Pie XII, il continue de mener des actions diplomatiques discrètes. S’il n’est pas toujours en accord avec les choix du souverain pontife, il n’en demeure pas moins fidèle à un principe auquel il ne faillira jamais : celui de l’obéissance et de la fidélité. Après la défaite de l’Axe, il manifeste un souci ardent pour les chrétiens de l’Est dont il pressent les persécutions qu’ils vont subir sous la férule communiste. Là encore, il ne ménage pas ses efforts pour sensibiliser le monde à leur sort. En 1951, sa nomination à la tête de l’évêché d’Ostie lui confère le statut de doyen du Sacré Collège en vertu d’une ancienne tradition. Selon le protocole, il devient de facto le numéro deux du Vatican ce qui le conduira à organiser les conclaves qui conduiront aux élections de Jean XXIII et de Paul VI.

Un cardinal bâtisseur 

Ses fonctions d’évêque le conduisent parallèlement à révéler une nouvelle facette – plus sociale – de sa personnalité. On le voit bâtir des églises, des chapelles, mais aussi des colonies de vacances, des terrains de sport ou encore des dispensaires. Le cardinal Tisserant, qui a toujours vécu sobrement, est connu pour sa charité. Ses activités au Vatican continuent cependant à consommer une large partie de son temps. Il participe à la réflexion sur le Concile Vatican II, qu’il considère avec un regard mitigé, ou accompagne Paul VI dans les nombreux voyages qu’il entreprend dans le monde entier. À 75 ans, il doit renoncer à sa charge de secrétaire de la Congrégation des églises orientales. À 82 ans, à celle d’évêque. Dans les deux cas, pour cet homme de réflexion et d’action, c’est un profond déchirement. Il s’éteint le 22 février 1972 à l’âge de 88 ans, à Albano (Italie). Ses obsèques sont célébrées en la basilique Saint-Pierre, suivies de son inhumation dans la cathédrale de la Storta, celle de son diocèse, qui avait été bâtie selon ses vœux.

Presque cinquante ans après sa mort, le cardinal Tisserant, en dépit du rôle incontournable qu’il a joué au cœur de l’Eglise du XXe siècle, s’effaçait progressivement des mémoires. Grâce à la décision du Mémorial de Yad Vashem, cette figure admirable et attachante ressurgit au premier plan et rappelle, s’il en était besoin, combien l’Eglise est rayonnante lorsqu’elle est servie par d’aussi grands disciples.  

20/09/2022
Auteur : Guillaume Zeller Lien : Alexia

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André Bouquin

François de Vial
 
Familles hébergées, cachées, aidées ou sauvées par Eugène Tisserant
Miron Lerner
Eugénie Verona
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Etoile jaune: le silence du consistoire centrale , Mémoire ou thèse 7 pages, réalisation 2013
Auteur : Thierry Noël-Guitelman - terminal
Lorsque la 8e ordonnance allemande du 29 mai 1942 instaure l'étoile jaune en zone occupée, on peut s'attendre à la réaction du consistoire central. Cette étape ignoble de la répression antisémite succédait aux statuts des juifs d'octobre 1940 et juin 1941, aux recensements, aux rafles, aux décisions allemandes d'élimination des juifs de la vie économique, et au premier convoi de déportés pour Auschwitz du 27 mars 1942, le consistoire centrale ne protesta pas.


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1 Juifs en psychiatrie sous l'Occupation. L'hospitalisation des Juifs en psychiatrie sous Vichy dans le département de la Seine (Par une recherche approfondie des archives hospitalières et départementales de la Seine, l'auteur opère une approche critique des dossiers concernant des personnes de confession juive internées à titre médical, parfois simplement préventif dans le contexte des risques et des suspicions propres à cette période. La pénurie alimentaire est confirmée, influant nettement sur la morbidité. Ce premier travail sera complété par un examen aussi exhaustif que possible des documents conservés pour amener une conclusion. )
2 Héros de Goussainville - ROMANET André (Héros de Goussainville - Page ROMANET André )
3 Notre Dame de Sion : les Justes (La première religieuse de Sion à recevoir ce titre en 1989 est Denise Paulin-Aguadich (Soeur Joséphine), qui, à l’époque de la guerre, était ancelle (en religion, fille qui voue sa vie au service de Dieu). Depuis, six autres sœurs de la congrégation, ainsi qu’un religieux de Notre-Dame de Sion ont reçu la même marque de reconnaissance à titre posthume. Ils ont agi à Grenoble, Paris, Anvers, Rome. L’action de ces religieuses et religieux qui ont sauvé des Juifs pendant la deuxième guerre mondiale mérite de ne pas être oubliée. Et il y en a d’autres, qui, même s’ils n’ont pas (encore ?) reçu de reconnaissance officielle, ont œuvré dans le même sens, chacun à leur place. )
4 L'histoire des Van Cleef et Arpels (Blog de Jean-Jacques Richard, très documenté. )
5 Résistance à la Mosquée de Paris : histoire ou fiction ? de Michel Renard (Le film Les hommes libres d'Ismël Ferroukhi (septembre 2011) est sympathique mais entretient des rapports assez lointains avec la vérité historique. Il est exact que le chanteur Selim (Simon) Halali fut sauvé par la délivrance de papiers attestant faussement de sa musulmanité. D'autres juifs furent probablement protégés par des membres de la Mosquée dans des conditions identiques.
Mais prétendre que la Mosquée de Paris a abrité et, plus encore, organisé un réseau de résistance pour sauver des juifs, ne repose sur aucun témoignage recueilli ni sur aucune archive réelle. Cela relève de l'imaginaire. )
6 La Mosquée de Paris a-t-elle sauvé des juifs entre 1940 et 1944 ? une enquête généreuse mais sans résultat de Michel Renard (Le journaliste au Figaro littéraire, Mohammed Aïssaoui, né en 1947, vient de publier un livre intitulé L’Étoile jaune et le Croissant (Gallimard, septembre 2012). Son point de départ est un étonnement : pourquoi parmi les 23 000 «justes parmi les nations» gravés sur le mémorial Yad Vashem, à Jérusalem, ne figure-t-il aucun nom arabe ou musulman ? )
7 Paroles et Mémoires des quartiers populaires. (Jacob Szmulewicz et son ami Étienne Raczymow ont répondu à des interviews pour la réalisation du film "Les garçons Ramponeau" de Patrice Spadoni, ou ils racontent leur vie et en particulier leurs actions en tant que résistants. On peut le retrouver sur le site Paroles et Mémoires des quartiers populaires. http://www.paroles-et-memoires.org/jan08/memoires.htm. (Auteur : Sylvia, Source : Canal Marches) )
8 Les grands entretiens : Simon Liwerant (Témoignage de Simon Liwerant est né en 1928. Son père Aron Liwerant, ouvrier maroquinier né à Varsovie, et sa mère Sara née Redler, seront arrêtés et déportés sans retour. )

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