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Paris

Région :
Île-de-France
Département :
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(1934 - 1940) Achille Joseph Henri Villey-Desmeserets, Préfet de la Seine (1878-1953)
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(13/10/1940 - 19/08/1942) Préfet de la Seine (1884-1945)
François Bard
(14/05/1941 - 01/06/1942) Amiral François Marc Alphonse Bard, Préfet de police de la Seine (1889-1944)
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(01/06/1942 - 19/08/1944) Préfet de police de la Seine lors de la rafle du Vél d’Hiv (1886-1953)
René Bouffet
(19/08/1942 - 19/08/1944) Préfet de la Seine. Arrêté et révoqué par la Résistance le 19 août 1944 (1896-1945)
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(1944 - 1946) Préfet de la Seine (1892-1971)
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(1944 - 1947) Préfet de police de la Seine (1903-1947)

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Texte pour ecartement lateral

Albert Zuckermann

Fils de Maurice et de Rachel Lipa
Texte pour ecartement lateral

Paris 75011 Paris
Date de naissance: 15/02/1920 (Paris)

Nationalité : Français
Arrestations: 20/08/1941
Motif de la non déportation : Libéré le 25/10/1941
Nom du camp : Drancy
Profession: Commerçant
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Albert-Zuckermann
Attestation du séjour à Drancy d'Albert Zuckermann, comportant la date de ma libération
source photo : Coll. Albert Zuckermann
crédit photo : D.R.
Histoire

Témoignage

Ce récit est un extrait de l'autobiographie de Albert Zuckermann, "MA VIE DE A à Z". Reproduit avec l'aimable autorisation de l'auteur, le 10/08/2011.

Cela se passe en août 1941, nous étions en vacances, notre magasin était fermé et nous étions tous partis nous reposer dans la région. Le 20 de ce même mois, un mercredi, mon père, Maurice Zuckermann, mon frère Paul, et moi sommes revenus exceptionnellement à notre domicile du 23 rue de la Roquette, car nous devions recevoir des clients de province qui venaient spécialement pour se réapprovisionner.
A huit heures du matin, la sonnette d'entrée retentit. Au premier abord, nous pensions qu’il s’agissait d’un de ces clients qui arrivait en avance. C’est Paul qui va ouvrir et en fait de clients, il se trouve face à deux policiers en uniforme et un en civil. Il s’enquiert sur la raison de cette intrusion aussi matinale, l’un d’eux répond : "c’est simplement pour nous préparer à nous rendre à la préfecture de Police pour un contrôle d’identité".1
Méfiants et compte tenu des précédentes rafles qui ont eu lieu en mai 1941 et où les Juifs polonais ont été internés à Pithiviers et Beaune-la-Rolande, nous demandons si nous devions nous munir de vêtements de rechange et de couvertures ? Ils nous répondent : inutile, vous serez de retour avant midi !!!
Sur ces paroles un peu rassurantes, nous pensons alors que cela avait un rapport avec le contrôle que nous avons eu au magasin précédemment, mais nous sommes étonnés d‘être convoqués tous les trois et qu’il y ait un tel déploiement de force public pour venir nous chercher.
Nous descendons, escortés de ces policiers, et en arrivant devant l’immeuble nous comprenons bien vite que cette interpellation n’avait rien à voir avec notre problème de contrôle judiciaire ; d’autres Juifs sont sur le trottoir attendant le regroupement d’un nombre suffisant de personnes pour partir ensemble vers la place Voltaire, escortés par quelques flics français, on ne peut plus zélés.
Tout le long du trajet nous croisons des officiers nazis de l’organisation Todt, et nous en avons tout de suite déduit qu’ils étaient là pour recruter de la main d’œuvre afin de pallier au manque d’ouvriers des usines allemandes mobilisés sur les deux fronts européens. Dans aucun témoignage, cette éventualité a été évoquée et pourtant, à l’origine, c’était bien le but de ces arrestations. Ce n’est qu’en juillet 1942, au moment de la rafle du Vel d’Hiv , quand des vieillards, des femmes et des enfants ont été arrêtés aussi, que nous avons compris qu’il ne s’agissait plus de recruter de la main d’œuvre mais de fournir aux Nazis de quoi alimenter les camps de la mort pour l’exécution de la "solution finale".
Arrivés place Voltaire, des autobus parisiens à plate-forme nous attendent et nous y prenons place, des flics français restant sur la plate-forme pour éviter toute évasion. Sans aucune explication ; après un long moment d’attente, quand tous les bus présents sont remplis, nous partons pour une direction encore inconnue. Nous reconnaissons notre passage à la porte de Pantin, nous empruntons la RN 3 mais, très vite, nous tournons à gauche, franchissons le canal de l’Ourcq et continuons par la route des Deux-Ponts jusqu’au carrefour des Quatre-Chemins à Drancy. Le bus tourne à droite, avenue Jean-Jaurès pour pénétrer dans le fer à cheval que constitue le camp de Drancy. (Plus tard, cet accès sera définitivement fermé par des barbelés infranchissables et l’entrée du camp de Drancy se fera par un sas qui se trouve avenue Auguste-Blanqui).
Par recoupement, nous apprenons que tout le 11e arrondissement est complètement bouclé ; toutes les personnes qui y pénètrent ou en sortent sont contrôlées et les Juifs sont systématiquement dirigés vers la place Voltaire pour subir le même sort que ceux qui sont domiciliés dans l’arrondissement et font l’objet de cette rafle.
Difficile d’y échapper, peu de Juifs ont eu cette chance, seuls ceux qui ont senti le danger et se sont réfugiés dans les églises du quartier ou chez des particuliers sympathisants (il y en a quand même !!), ont réussi à rester libres. Pendant trois jours, ces rafles se sont étendues à d’autres quartiers de la capitale pour finalement atteindre le chiffre de plus de 4.000 arrestations.
Nous avons la particularité de faire parti d’un petit nombre d’internés comprenant un père et ses deux fils. Çà n’est pas un cas unique ni une raison suffisante pour en être fiers.
Ma mère, Rachel Zuckermann, n’est pas au domicile ce matin-là, elle profite justement des vacances pour passer quelques jours de repos dans la vallée de Chevreuse et nous n’avons pas même pas eu la possibilité ni le tempos de la prévenir. Mais elle a bien vite pris connaissance des événements et, bien que désemparée, elle s’est empressée de rentrer à Paris
Pour ma part, je pense au lapin que je devais aller manger chez les parents de Ginette, la jeune fille que je fréquente en ce moment et que je n’ai pas pu prévenir non plus. Croyant que je le lui en avais posé un (lapin) elle m’en avait voulu jusqu’au moment où en téléphonant à notre domicile, elle a appris par ma mère la raison de mon absence.
Quand nous arrivons, il y a déjà une soixantaine de personnes (le contenu de deux autobus), ce qui nous situe parmi les premiers "occupants" de ce fameux camp de Drancy qui fera couler beaucoup de larmes pour le moment, et de l’encre par la suite.
Il a été initialement créé pour recevoir les prisonniers de guerre anglais qui l‘ont occupé quelques mois avant d’être transférés dans d’autres camps situés en Allemagne, laissant ces lieux libres pour nous "accueillir".
Les bâtiments n’étaient même pas achevés, il n’y avait pas de plancher ni aucun revêtement. Il était brut de béton avec des canalisations en relief prévues pour assurer le chauffage mais celui-ci n’était pas fonctionnel. A part les cloisons du palier, il n’y en a aucune à l’étage, ce qui devait être deux appartements, une fois terminé, se trouve être une grande chambrée.
Comme mobilier, on ne peut pas faire plus rudimentaire : des lits à clayettes, superposés, sans matelas et deux grandes tables en bois avec un banc de chaque côté. Les baies vitrées n’étaient pas étanches d’où des courants d’air constants.
L’équipement sanitaire est dans le style du reste : une rangée de robinets sur un grand bac en longueur ; pour les mictions il n’y avait que des seaux "dits" hygiéniques que nous devions vider chaque matin. Pour les défécations, nous aurions pu utiliser ces seaux, mais dans une chambrée de cinquante personnes, je ne vous fais pas un dessin !!! Alors, il fallait se rendre dans la cour, au bout du bâtiment, où sont installées de latrines de fortune. Il n’y avait pas intérêt d’être pris par une urgence !! Bref, c’était loin d’être un hôtel ***.
Avant d’avoir le droit d’occuper ce qui devait être nos "chambrées", nous avons attendu plusieurs heures debout dans la cour. En effet, partis de la place Voltaire vers 10 heures, nous sommes arrivés vers 11 heures à Drancy et absolument RIEN, mais vraiment ce qui ne s’appelle RIEN n’avait été prévu pour nous recevoir. Les gendarmes qui gardaient le bâtiment (et devaient nous garder par la suite) n’étaient même pas au courant de la rafle. Aucune organisation n‘était présente. Cela est bien la preuve, s’il fallait en donner une, que les organisateurs de la rafle, bien sous tous rapports, surtout avec les nazis, étaient des gens complètement incompétents, incapables d’organiser une opération de grande envergure, avec toute la logistique qui l’accompagne. En vérité, la police française n’a fait qu’exécuter, à sa façon, des ordres venus des autorités d’occupation, sans réfléchir, mais avec un certain zèle qui ne la glorifie pas du tout.
Heureusement, vers 15 heures, la Croix Rouge Française, prévenue de la situation, intervient et ne tarde pas à organiser une distribution de sandwiches à toutes les personnes présentes, avec de l’eau comme boisson.
Certaines d‘entre elles, surtout parmi les plus âgées, ne supportent pas cette attente debout et se trouvent mal, il faut les allonger à même le sol en attendant qu’elles reprennent conscience d'elles-mêmes et grâce à quelques soins prodigués par des médecins présents parmi les internés. Car là non plus, aucun service médical n’avait été prévu.
Les autobus continuent d’arriver toute la journée avec chacun son lot d’interpellés. C’est seulement dans la soirée que commencent à s’accomplir les formalités administratives de recensement et d’attribution de chambrées.
Et c’est le départ de ce qui sera une page de l’histoire du camp de Drancy, ce qui n’a jamais été dit, ni maintenant, ni plus tard, pour fournir de toute urgence, des travailleurs aux Nazis, et qui est devenu très rapidement le tremplin de la déportation des Juifs de France vers les camps d’extermination. Je n’insisterai jamais assez sur ce point de détail que beaucoup semblent ignorer et qui est toujours passé sous silence.
La vie (si on peut l’appeler ainsi) commence à s‘organiser dans le camp de Drancy. La fatigue harassante de cette journée du 20 août, nous permet de dormir cette première nuit et malgré l’absence de matelas, nous ne sentons pas l’inconfort des clayettes qui nous rentrent dans les côtes. Nous utilisons nos vestons en guise d’oreiller et heureusement que la température est clémente car il n’y a pas de couverture. Nous sommes un peu courbatus au réveil mais ce n’est pas notre souci.
La toilette du matin est le premier problème qui se pose, nous sommes dépourvus de savon et de linge de maison et nous ne pouvons pas laisser s’accumuler la saleté sur nos corps. Les médecins qui se trouvent dans notre chambrée donnent l’exemple, ils se mettent nus et se font des ablutions devant les bacs en se frottant bien fort, à l’eau froide bien sûr ; ils s’essuient avec leur chemise ou autre vêtement de corps qu’ils mettent à sécher avant de pouvoir se rhabiller complètement. Avec les autres détenus de la chambrée, nous avons suivi leur exemple, c‘était vital pour la bonne hygiène de la chambrée.
L’intendance met un certain temps à s’installer, c’est toujours la Croix Rouge qui continue à subvenir à nos besoins en nourriture, en attendant que les services compétents commencent à se mettre au point mais tout n’est pas net. Heureusement que la Croix Rouge existe sinon je me demande ce qui se serait passé pendant ces quelques jours de flottement. Je crois qu’on ne louera jamais assez cet organisme qui répond toujours présent face à tous les cas litigieux qui se présentent dans notre pauvre société.
Dans un premier temps, les Allemands exigent que les autorités françaises autorisent les internés à recevoir de leurs familles, des colis contenant le nécessaire qu’on ne nous a pas laissé emporter lors de l’arrestation, n’étant prévenus ni de la destination finale ni du délai. Ces bons flics "français", soit par ignorance ou soit pas sadisme, se sont bien gardés de nous dire de nous prémunir du moindre nécessaire.
Ces colis commencent à arriver en masse, contenant des vêtements chauds, des couvertures, des accessoires de toilette et un peu de ravitaillement.
A la réception, les gendarmes français organisent une fouille systématique de tous ces colis. Ils retirent tout ce qui est alimentation comme des conserves, des petits gâteaux secs, des pâtes de fruit, etc. avant de nous les remettre, vidés de toute nourriture, c’est tout juste si nous ne nous faisons pas réprimander d‘y avoir fait mettre ces denrées alimentaires.
Le plus choquant, c’est que ces mêmes gendarmes revendent les produits confisqués, à des prix très prohibitifs, aux internés qui peuvent se le permettre. Ce trafic odieux, qui n’a pas de nom pour le qualifier, se passe la nuit, dans les toilettes du camp de Drancy et il n’y a personne pour le dénoncer.
Certains internés, principalement des petits artisans, qui vivaient au jour le jour (tous les Juifs ne sont pas riches comme certains antisémites le prétendent) et qui ont laissé leur famille sans ressource, non seulement n’ont pas les moyens de s’approvisionner par cette filière mais en plus se privent d’une partie de leurs maigres rations pour les revendre à d’autres internés plus nantis.
Comme nous n’avions pas d’argent avec nous, par la filière du courrier clandestin, nous demandions à ma mère, pour notre part, de se rendre chez l’épouse de la personne qui nous cédait ses rations de pain, de beurre, ou autre, pour lui verser le montant de la transaction ; tout le monde y trouvait son compte.
Bien sûr, au premier abord, tout cela parait immoral, malheureusement il y a des circonstances ou la moralité et la bonne conscience sont remises en cause en fonction des événements lamentables que nous traversons.
Ainsi, Paul et moi avons sur nous, lors de notre arrestation, des étuis en métal argenté contenant une vingtaine de cigarettes. Dans notre petite famille, personne ne fume, ni mon père et encore moins ma mère. Quant à mon frère et moi, les cigarettes que nous avons sur nous étaient surtout destinées à être offertes aux jeunes filles que nous fréquentons.
Nous n’hésitons pas un seul instant pour mettre à profit le fait que certains fumeurs invétérés ne puissent se passer de fumer ce qui n’est rien d’autre qu’une "drogue". Ils n’hésitent pas à échanger leurs rations de beurre ou de pain contre une cigarette et je n’ai pas le sentiment d’être blâmable d’avoir cédé à la pratique de ces échanges. Si ces gens ne sont pas capables de se maîtriser, je n’en suis pas responsable et ce n’est pas à moi de les convaincre de cesser cette pratique nuisible pour la santé, surtout dans les circonstances où nous sommes sous-alimentés. Peu de nourriture et continuer le tabac n‘en font que plus de dégâts.
Certains vont même jusqu’à récupérer tous les restants des grappes de raisins qu’il nous arrive d’avoir comme dessert (rarement). Ils les font sécher, les découpent en très fins morceaux, les roulent dans une feuille du papier toilette (qui nous est distribué, il faut quand même le préciser mais avec quelle parcimonie), et se contentent de fumer ce produit. C’est désolant, mais compréhensible pour qui veut bien admettre ce genre d’intoxication. Les trois représentants du corps médical de notre chambrée ont bien essayé de raisonner ces "malades" mais en vain.
Dans les colis que nous avons reçus j’ai demandé qu’on y mette mon harmonica. Cela me permet, dans les moments de cafard d’en jouer un peu, charmant par la même occasion les autres internés de notre chambrée. Mais chaque air que je joue me rappelle un bon souvenir précis, alors cela accentue mon cafard, car le moral n’est pas tellement au beau fixe. Du coup, j’en joue très peu, qu’à des moments de déprime ce qui parait paradoxal.
Mon père est un mordu de jeu de cartes, pour passer son temps, il joue très souvent à la belotte avec d’autres internés, bien que cela soit interdit par le règlement intérieur du camp de Drancy. Un jour, deux policiers entrent dans la chambrée et quand mon père les voit, il met son jeu dans sa poche et ramasse les cartes qui étaient sur le tapis. Ils n’ont pas pu s’empêcher de rire de son geste effectué tellement maladroitement que tout le monde l’a vu, ils ont quand même confisqué tout le jeu. Heureusement qu’il en avait d’autres en réserve sinon, étant donné que c’était son seul passe-temps, je ne vois pas comment il aurait passé ses journées à part en dormant.
Paul s’était porté bénévole pour participer à la distribution des colis qui arrivaient journellement. Vous pensez, quatre mille personnes arrêtées sans aucun rechange et sans accessoires de toilette.
Parmi les faits marquants de la vie au camp de Drancy, il y a en ce mois de septembre la célébration de la fête du Yom Kippour, la journée du Grand Pardon qui se fête dix jours après Rosh Hashana, le Jour de l’An juif. Ce n’est pas tellement la cérémonie religieuse en soit qui a le plus d’importance (elle a eu lieu quand même, tradition oblige) mais le repas et la fête folklorique qui ont suivi.
Les autorités du camp de Drancy ont eu la "gentillesse" de mettre à la disposition des organisateurs un supplément de nourriture qui a permis de donner un air de fête à un repas qui est normal en temps ordinaire. Les chants et les danses accompagnent ce "festin" qui se termine tard dans la nuit.
Personnellement, je n’y participe pas, j’ai trop le cafard de me voir "enfermé" et vivre dans l’incertitude du sort qui nous attend tous. J’ai mis enfermé entre guillemets car en vérité j’ai tout le loisir de me promener ainsi que tous les autres internés dans cet immense patio formé par les bâtiments en fer à cheval. Il y a des heures bien précises pour cela et nous ne manquons pas d’en profiter.
Nous finissons par rencontrer les mêmes personnes et nous lier d’amitié ; nous parcourons cet espace restreint ensemble en échangeant des propos sur tous les sujets, propos parfois décousus, mais qui nous font oublier la situation.
Au cours de l’une de ces promenades, je passe devant un local fermé à clé que j’avais déjà repéré, intrigué par son contenu je me penche à la porte vitrée et je constate qu’il est plein de matelas, jusqu’au plafond, ces matelas qui nous manquent tant et nous obligent à dormir sur des clayettes en bois très inconfortables.
Deux autres jeunes gens passent et regardent comme moi à l’intérieur du local ; et quand ils voient son contenu, ils n’hésitent pas à enfoncer la porte ; un bon coup d’épaule a suffi, et à pénétrer dans cette "caverne d’Ali-Baba", pour nous. Alors, sans me poser de questions, je les suis et sans perdre un seul instant, je choisis trois bons matelas pour mon père, Paul et moi et je m’apprête à sortir du local. Mais comme un puissant aspirateur, les autres internés qui passaient par-là sautant sur l’occasion, se précipitent dans le local nous empêchant d’en sortir. Parmi eux se trouve mon père qui s’écrie en comprenant la situation : "laissez le soin aux chefs de chambrées de faire la répartition des matelas". Puis en m’apercevant avec mes trois matelas sur le dos, essayant de me frayer un passage pour sortir il s’écrie encore plus fort : "laissez au moins sortir ceux qui ont déjà des matelas !!!" Et il m’aide à m’extirper de cette cohue incontrôlable, mais tout content de nous retrouver avec un matelas qui nous fait bien défaut.
Nous n’avions aucune obligation d'effectuer des travaux. Seuls quelques volontaires participent à la préparation des repas ou autres travaux d’intendance. Ils ne le font pas dans un but désintéressé car ils ont des compensations alimentaires, il n’y a rien à redire, c’est bien normal.
Tous les matins, sans exception, ma mère vient nous voir, c’est un bien grand mot, car quand on sait que les visites sont rigoureusement interdites, sauf cas extrêmement graves. Parfois, elle vient avec Ginette et Berthe (la jeune fille que Paul fréquentait avant d’être interné). Elles se contentent de rester devant un café qui se trouve en face de l’entrée du camp de Drancy, sur la route qui mène de Paris à Sevran. Ce café est quand même à une assez grande distance de la fenêtre de notre chambrée. Nous leurs faisons des signes et elles en font autant.
Cette pratique se fait par de nombreuses femmes d’internés au point que les gendarmes français, chargés de la surveillance extérieure du camp de Drancy les chassent systématiquement chaque fois qu’ils font une ronde. Alors ces femmes se réfugient dans le café où le patron les reçoit très amicalement. Certains esprits tordus vont jusqu’à dire qu’il voit là une occasion d’augmenter son chiffre d’affaires par un surplus de consommations. Ne soyons pas mauvaise langue et gardons la bonne pensée qu’il agit dans un but purement humanitaire. Cette façon de voir la chose ne peut que nous réchauffer le cœur. Il faut bien se dire que la France n’est pas faite que de cinquante millions de salauds.
Nous sommes à la mi-septembre et comme tous les ans à cette époque, j‘y vais de ma petite rhino-bronchite. J’ai la chance d’être soigné par les trois docteurs de la chambrée et les médicaments me sont fournis par l’infirmerie du camp de Drancy. Je dois garder le lit et je savoure comme il se doit d’avoir ce fameux matelas découvert les jours précédents.
Mais voilà, les autorités françaises du camp de Drancy n’apprécient pas du tout, mais pas du tout, la façon dont ces matelas sont venus dans les chambrées et un matin, les gendarmes accompagnés d’un officier allemand, font irruption pour les récupérer tous. Pour ma part, je suis alité avec ma bronchite et je ne bouge pas de mon lit, l’officier allemand s’approche de moi et profère des "haus" (prononcez rrrahhauss) et des "schnell" (traduisez: hors d’ici et vite) avec un accent guttural qui nous laisse supposer qu’il vient de Prusse ou de Saxe pas mais pas de la Bavière. Les trois médecins qui sont présents essayent de s’interposer et lui expliquent, dans leur langue, que je suis malade et que mon état nécessite un repos allongé. Pour toute réponse, l’officier sort son revolver et le braque dans ma direction. Je viens d’avoir la peur de ma vie. Devant une telle situation, il n’est pas question de discuter mais d’obéir aux injonctions ; Paul m‘aide à me lever, rend le matelas et me recouche sur les clayettes en bois.
L’officier en question n’est autre que le Haupt-Commandant Dannecker qui assure la direction du camp de Drancy ; il est dans ses habitudes de braquer son revolver en direction des internés, soit pour leur faire peur, et alors là il réussit son coup, soit pour se croire plus fort et camoufler sa lâcheté.
Au bout d’un certain temps, il est remplacé par un autre officier allemand, le fameux Haupt-Commandant Brûner qui lui, continuera le sale travail de déportation jusqu’à la libération de Paris et par la même occasion celle du camp de Drancy.
Pendant que je suis couché, il n’est pas question de me rendre à la fenêtre de la chambrée pour faire des signes à ma mère qui ne rate pas une seule journée. Elle nous fait comprendre qu’elle s’inquiète de ne plus me voir, alors, revêtu d’une grosse couverture, j’apparais, je lui fais quelques signes et nous sentons qu’elle est rassurée.
A l’inverse des internés qui ont le droit de se promener dans la cour du camp de Drancy, ceux de l’escalier N° 6, qui héberge des condamnés de droit commun, sont confinés dans leurs chambrées. Ce sont tous des Juifs qui ont été transférés des prisons françaises où ils purgeaient des peines légères pour des délits mineurs et dirigés sur le camp de Drancy. Ils sortent à des heures bien définies différentes des notres et sous haute surveillance.
Parmi ceux-ci se trouve un cousin, Paul Lipa. Il n’était pas fiché au grand banditisme, non, il a seulement été condamné à une peine d’un mois de prison suite à un litige mineur avec son percepteur. En d’autre temps, pour un tel délit, il aurait écopé une amende, un point c’est tout. Mais voila, il a le tort d’être juif et ceci fait toute la différence. On n’a pas idée !!!! Lui n’a pas la chance d’échapper à la déportation vers Auschwitz et n’en reviendra pas.
Son père, l’oncle Lipa pour nous, a subit le même sort, mais lui, il le doit à sa gourmandise. En effet, un jour, il entre dans une pâtisserie à une heure où les Juifs ne doivent pas pénétrer dans les commerces d‘alimentation.
Car là aussi, les brimades anti-juives décrétées par Vichy sont appliquées avec un zèle à vous faire vomir. Oui, les flics avaient des ordres. Oui, ils craignaient les autorités d’occupation. Oui, ils devaient obéir. Mais il n‘y avait pas un S.S. derrière chaque policier et rien ne les empêchait d’exécuter les consignes avec un peu d’humanité, de compassion et de souplesse. Non, au contraire, on aurait dit que c’était une jouissance pour eux de "bouffer du Juif". Ils auraient touché une prime de rendement qu’ils n’auraient pas fait mieux. C’est ainsi qu’un voisin bien intentionné l’a reconnu et s’est empressé d’aller chercher un flic en uniforme qui a pris un immense plaisir de l’emmener au commissariat où il n’a pas séjourné longtemps ; envoyé aussitôt sur Drancy il a été déporté également et n’est jamais revenu, non plus.
Un autre escalier est réservé aux personnalités issues de tous les horizons. Ce sont des politiciens, des avocats célèbres, des médecins et chercheurs éminents, des "chevaliers" de l’industrie, des artistes et cinéastes en renom, etc. Mais nous ne les voyons pas, ils ne tiennent pas à se montrer se considérant d’un rang social supérieur, pourtant ici, ils sont juifs comme nous et le fait qu’ils subissent le même internement et les mêmes traitements que tous les autres devraient les inciter à descendre de leur piédestal.
Les jours s’écoulent aussi monotones qu’indécis. Tous les matins, c’est le rassemblement dans la cour du camp de Drancy pour un appel en bonne et due forme, quelque soit le temps. Il dure parfois très longtemps au point que les plus affaiblis par la sous-alimentation, qui perdure depuis notre arrivée, s’évanouissent et doivent être conduits à l’infirmerie où ils reçoivent quand même les soins qui s’imposent. Certains jours, nous avons droit à un deuxième contrôle dans l’après midi ce qui n’est pas fait pour nous réjouir.
Et la nourriture ? Parlons-en de la nourriture. Bien sûr, les repas aussi occupent bien notre temps, mais ce ne sont pas les gueuletons où l’on s’éternise.
Le matin, nous avons droit à une épouvantable lavasse dénommée "café" que nous rendons un peu plus consistante avec une des tranches du pain qui nous est distribué journellement. Le partage de ce pain est aussi folklorique car nous avons droit à un gros pain, pour sept personnes et pour couper ce gros pain en sept parts égales, sans balance, les extrémités étant plus minces que le milieu, il faut jouer de la plus grande précision possible pour ne pas mécontenter un seul d’entre nous.
Le midi, le repas est un peu plus "solide" et nous avons même droit deux fois par semaine à de la viande. Rassurez-vous, çà n’est ni du rosbif ni du gigot piqué à l’ail mais surtout quelque chose genre carne qui devient comestible à force de cuisson prolongée. Nous arrivons même à manger des os de veau que nous arrivons à trouver bons. Celui qui n’a jamais connu la faim ne peut pas comprendre. Quant aux légumes, c’était plus souvent des choux qui, eux par contre, ne sont pas assez cuits. Pommes de terre ? Vous dîtes pommes de terre ? Les inconnus dans la maison !! (Un film avec Raimu sorti en 1941). Et le fromage ? Je ne vois pas de quoi vous voulez parler. Par contre, il nous arrivait d’avoir une pomme ou une grappe de raisin comme dessert. Attention, pas à tous les repas, faut pas rêver !!!
Le soir, nous avons droit à un potage… Je plaisante… Une lavasse, mais plus garnie que celle du matin, quelques légumes surnagent sans se bousculer, ils sont très à l’aise dans nos gamelles. Celui qui était chargé de nous servir n’avait pas la partie belle. Il fallait que chacun de nous ait un nombre égal de légumes dans son assiette ce qui impliquait un travail de précision. Je n’aurais pas voulu être à sa place.
Vous pensez bien qu’à ce régime, tous les internés en arrivent à avoir "la ligne". Tous sans exception ont perdu de dix à vingt kilos ; Paul et moi avons maigri d’une douzaine de kilos et une vingtaine pour mon père. Mais pour lui çà a été plutôt bénéfique car il en pesait cent dix en arrivant au camp de Drancy. Cela explique pourquoi tout est bon pour se remplir un peu l’estomac et les plus défavorisés sur le plan pécuniaire vont jusqu’à manger tout cru les trognons de choux et autres chutes de légumes qu’ils récupèrent dans les poubelles. Ils s’exposent aux plus graves maladies que certains d’ailleurs ne manquent pas d’attraper comme la dysenterie, entre autres.
C’est une des raisons pour lesquelles il nous arrive de "délirer" en pensant à ce que nous mangerions en premier si nous étions libérés un jour, moi je rêvais d’une tartine de pain avec du beurre et de la confiture en quantité égale et chacun y va de ce qui nous paraît être un rêve, voire une utopie.
Un matin, quand les officiers de l’organisation Todt arrivent au camp de Drancy pour sélectionner des ouvriers devant aller travailler en Allemagne, ils se trouvent face à des individus malades, des gens déficients, sous-alimentés, certains atteints de cachexie. Tous incapables de se prêter à quelque travaux que ce soit. Ils entrent dans une colère folle et la direction française du camp de Drancy en prend pour son grade. Les Allemands exigent tout d’abord d’améliorer notre nourriture et de laisser entrer dans le camp de Drancy les denrées envoyées par les familles des internés. Ensuite, libérer les handicapés physiques (aveugles, sourd-muets, infirmes), les personnes âgées de plus de soixante ans et également celles développant des maladies handicapantes, qui n‘auraient été d‘aucune utilité pour ce qu’ils attendaient d'eux.
Ceci confirme que les arrestations avaient bien pour but, à l'origine, de recruter de la main d’œuvre. Il n’est pas encore question de "camps de la mort" ni de "solution finale", mais les autorités françaises ont toujours un plaisir sadique à anticiper. Je me répète mais comme ce n’est jamais précisé par aucun média, je me dois de bien remettre les pendules à l’heure.
Cet ordre de libérations est une bonne nouvelle pour mon père et pour moi. Nous ne nous réjouissons pas trop car tous les bruits qui courent dans le camp de Drancy ne sont pas toujours concrétisés.
Nous avons réussi à faire parvenir cette nouvelle à ma mère par ce courrier clandestin, qui est devenu une pratique courante. N’ayant pas le droit d’expédier des lettres ni d’en recevoir, le personnel civil affecté aux tâches courantes du camp de Drancy et qui le quitte, leur travail terminé, fait passer toutes les correspondances dans les deux sens, moyennant finances bien entendu. Bien que ce geste n’est pas gratuit, il n’en reste pas moins vrai qu’il y a quand même des gens compréhensifs et compatissants.
Nous lui demandons d’espacer ses visites afin de se ménager, ce qu’elle a fait sans hésiter car ces déplacements quotidiens finissent par l‘épuiser, elle a quand même 53 ans au moment des faits.
Au camp de Drancy, les nouvelles sont toujours aussi contradictoires, un jour on sort, un jour on ne sort pas, un jour on part pour travailler en Allemagne, un jour on reste ; il faut vraiment avoir les nerfs solides pour tenir le coup ; certains ne les ont pas eu et ont préféré se jeter par la fenêtre et en finir tout de suite. Nous avons eu à déplorer quelques suicides pendant notre "séjour". La façon la plus courante est de se jeter dans le vide à partir d’une fenêtre du troisième étage, les corps atterrissent sur un auvent en béton qui ne pardonne pas.
Pour ma part, je passe et repasse des visites auprès du médecin en chef de la Préfecture de police de Paris, le docteur Tisnée. L’infirmité de mon bras droit est suffisante pour justifier ma libération, mais pour rendre plus crédible mon handicap et augmenter les chances de sortir, a chacune d‘entre elles, je me fais accompagner par Paul ou par mon père qui m’aident à me déshabiller et à me rhabiller, jouant l’inertie complète de mon bras. Je cherche à mettre le plus d’atouts pour obtenir un avis favorable du conseil médical. Il faut croire que mon stratagème a réussi car à la dernière de ces visites, le médecin-chef fait remarquer aux adjoints qui l’accompagnent que mon cas était plus délicat que celui d’une personne qui n’a pas de bras du tout. Enfin, il finit par reconnaître que je suis apte à partir avec le prochain contingent des libérables. Youpi !!! Mais pour quand ?
Au cas où cette décision se révèle exacte, je prends les coordonnées de tous les internés de ma chambrée, promettant de me mettre en rapport avec leur famille, une fois libéré, et de donner des nouvelles des leurs et de la vie au camp de Drancy.
Enfin, le vingt cinq octobre au matin, arrive la nouvelle tant attendue, un préposé du secrétariat du camp de Drancy vient m’avertir que je sortais à midi. Je prépare mes affaires et je rejoins le point de rassemblement dans la cour où sont déjà regroupés d’autres internés qui ont la même chance que moi d’être libérés.
Cette fois encore, mon bras droit qui a toujours été plus un handicap dans la vie, me rend un immense service en permettant cette sortie anticipée qui peut-être m’évite la déportation et la mort. Probablement encore une intervention du Seigneur, moi j’y crois ferme.
Il est dix heures et là, commence une attente qui paraît longue, très longue. A midi, nous sommes toujours debout dans la cour et comme cette libération tardait, l’intendance du camp de Drancy nous fait apporter le "repas". Avant que je ne l’entame, Paul vient me trouver et me demande de bien vouloir le lui donner pour conforter le sien et celui de mon père. Sans hésiter un seul instant, conscient que ce soir je dînerais plus copieusement, et très compréhensif, je lui donne de bon cœur ce qui aurait dû être mon dernier repas au camp de Drancy. Mais c’est surtout pour mon père que je le fais, lui qui, plus d’une fois, s’est privé pour nous favoriser, Paul et moi.
Enfin, à 15 heures, nous quittons cet enfer pour la liberté. Ma joie est telle que j’ai complètement oublié comment j’ai payé mon autobus jusqu’à la porte de Pantin et mon métro jusqu’à la station Breguet-Sabin et comment je suis arrivé à seize heures 30 rue de la Roquette où m’attendent ma mère, Ginette et Berthe qui ont été averties de ma libération.
En approchant de la maison, cent mètres avant, je croise une voisine habitant le même immeuble que nous, qui en me voyant, fait cette réflexion très sympathique: "tiens, on les a relâchés ?" (Comme si nous étions des bêtes). Après neuf semaines d’internement, aussitôt libéré, entendre ces propos à connotations racistes vous laisse perplexe, même l’antisémitisme notoire n’explique rien.
Mais la hâte d’arriver est plus forte que de m’arrêter à ce genre de propos. Ma mère, m’attend avec l’impatience que l’on s’imagine. La première chose que je lui demandée, bien sûr après bien des congratulations et des pleurs de joie, c’est cette fameuse tartine pain-beurre-confiture à laquelle je rêvais dans ma solitude pendant de très longues soirées au camp de Drancy.
Je n’ai pas le temps de terminer ma phrase qu’elle se précipite dans la cuisine et confectionne deux de ces tartines que je ne mets pas longtemps à ingurgiter.
Une heure plus tard, c’est le moment du dîner et le goûter tardif n’a rien enlevé de mon appétit au point que, de me voir manger avec autant de plaisir, ma mère n’en a plus faim et je mange aussi sa ration.
Le lendemain, même régime, même repas copieux, car après neuf semaines de nourriture restreinte je crois qu’il est normal de mettre les bouchées doubles pour rattraper les kilos perdus. Aussi le résultat ne se fait pas attendre ; mon foie est engorgé de passer des privations à l’abondance et d’avoir été trop glouton. Je paye ces excès. Je dois appeler le Docteur qui me conseille de réguler mon alimentation si je ne veux pas que mon cas s’aggrave.
J’en étais même arrivé à dire à ma mère que nous nous régalions à Drancy avec les os bien cuits qu’on nous servait certains jours et qu’elle devrait m’en faire. Elle n’a pas attendu pour en prépare dès le lendemain, mais il ne faut pas comparer la saveur d’un met quand on a faim à celle du même produit quand on a le ventre bien rempli. C’est ce qui est arrivé et ces os bien cuits et bien assaisonnés que me sert ma mère me semblent tellement dégoûtant que je n’en ai pas redemandé.
Comme je l’ai promis en quittant Drancy, j’écris à tous les parents des internés de ma chambrée et je les convoque dans notre appartement. Je donne le choix entre deux jours consécutifs afin de ne pas être trop bousculé, il y a quand même plus de quarante familles et dans notre appartement, malgré ses 90 mètres carrés, il n’était pas envisageable de caser tout le monde.
Je n’ai pas pensé un seul instant que tous ces gens seraient pressés d’avoir des nouvelles de leur père pour les uns, de leur mari ou de leur fils pour les autres, restés au camp de Drancy, alors il ne faut pas s’étonner s’ils sont venus presque tous le premier jour, je suis la première personne à donner des nouvelles directes.
L’appartement ne désemplit pas car en plus des familles, qui viennent à plusieurs, tous mes amis étaient présents, Marcel, Madeleine, Samy, Estelle, Henry, Hélène et bien sûr Ginette et Berthe.
En somme, je donne ma petite "conférence de presse" sans penser un seul instant que je commettais un délit et que je pouvais être arrêté à nouveau pour "rassemblement clandestin". On ne rigole pas avec ces choses-là en période d’occupation. D’autres se sont fait prendre plus tard pour avoir fait comme moi et ont été renvoyés à Drancy, puis déportés et ne sont jamais revenus.
Quinze jours après moi, mon père est libéré à son tour avec les internés de plus de soixante ans. Il a perdu plus de vingt kilos et de le voir avec une ligne de jeune homme me fait tout drôle moi qui ne le connais qu’avec un ventre énorme. Mais je ne me tracasse pas du tout car je sais qu’avec ma mère, il reprendra vite son poids d’origine ce qui est bien dommage.
Quant à Paul, il devait sortir quelques jours plus tard avec un contingent de malades car les autorités allemandes avaient donné l’ordre de les libérer aussi. Une preuve de plus qu‘il s‘agissait bien d‘un recrutement de main d‘œuvre. Certains ne l’étaient pas et avaient fourni de faux certificats médicaux de complaisance pour être inscrits sur les listes de libérables.
Le premier jour, les libérations ont concerné les internés dont les noms commençaient par les lettres A à M. Les autres libérations de N à Z devaient avoir lieu le lendemain, mais comme parmi ces premières sorties les fraudeurs ont été découverts, des familles se sont plaintes aux autorités qui stoppent net la libération de la deuxième tranche dont Paul faisait partie. La déception est très grande, on se l’imagine, et il faudra attendre encore dix mois avant qu’il ne sorte vraiment.
La mère de Ginette a un vague cousin qui est officier à la Garde républicaine de Paris et sur ma demande elle intervient pour voir s’il ne peut pas intercéder en faveur de Paul auprès du capitaine commandant le camp de Drancy. Il accepte de lui rendre visite et, après un entretien avec celui-ci comme il n’est pas dans son pouvoir de le libérer, il obtient quand même de le faire accéder au poste de secrétaire principal du camp de Drancy, chargé de la gestion du fichier des internés.
Ca n’a l’air de rien, mais grâce à cet emploi, il a échappé à la déportation. Parmi tous les travaux de secrétariat, il a la tâche de dresser des listes d’internés qui seront envoyés sur Compiègne, tremplin pour les camps nazis, d’où ils ont la certitude de ne pas revenir. Comme il n’y a aucun critère particulier pour établir ces listes, c'est à Paul qu’en revient la responsabilité. Décision ingrate et je n’aurais pas voulu être à sa place pour l’effectuer. De toutes façons, tous devaient y aller un jour ou l’autre, alors il n'a fait que retarder le départ pour certains, c'est tout. En plus il est sûr de ne pas être inscrit sur ces listes, il aurait fallu avoir une case de vide ou alors être maso pour y inscrire son propre nom !
Car au début, les convois pour l’Allemagne partaient de Compiègne qui servait de camp de transit. Par la suite, les déportations s’accélérant, les autorités françaises décident de les faire partir directement de Drancy, par la gare de triage de Pantin, où les internés étaient acheminés en autobus.
Cette situation de secrétaire du camp de Drancy a permis à Paul d'être en relation avec du personnel administratif et particulièrement avec l’infirmière du camp de Drancy avec qui il sympathise, mais attention rien de plus. Cette femme lui rendra bien des services, tant à l’intérieur du camp de Drancy qu’à l’extérieur. Elle réussira à faire venir Berthe à plusieurs reprises pour une visite en particulier de quelques heures, dans un endroit discret et isolé !!! ce qui est rigoureusement interdit par le règlement interne. Elle lui apporte la nourriture nécessaire qui améliorera ses repas. Elle assure également la transmission du courrier dans un sens comme dans l’autre.
Ceci paraît peu, mais compte tenu des conditions d’internement et de l’ambiance régnante, cela a suffit pour adoucir le "séjour" de Paul car aucune libération n’est plus prévue. Il faudra attendre le mois de septembre 1942 pour qu’il puisse quitter cet enfer à son tour.
Cette libération n’a pu se faire que par l’intervention de mon père. En effet, dès sa sortie du camp de Drancy, il a réussi à se faire engager à l’Union des Juifs de France (U.J.I.F.), organisation créée par les nazis pour servir d’interlocuteurs entre les autorités d’occupation ou la police française avec les responsables de la communauté juive de France et également de s'occuper des enfants dont les parents ont été envoyés à Drancy. Le personnel de cette association bénéficie d’une immunité et ne peut pas être arrêtés, ni par les Allemands, ni par les policiers français.
Compte tenu de cet énorme avantage, les places sont chères et mon père, pour obtenir la sienne a dû accepter le poste d’homme à tout faire dans un de ces centres d’accueil d‘orphelins juifs. Son travail était très pénible. Il devait, entre autre assurer le nettoyage de tous les locaux (balayer, passer la serpillère) et aussi vider les pots de ces pauvres bambins. Mais pour sauver son fils il aurait fait n‘importe quoi, c‘est humain. La famille de l’employé en bénéficiant aussi, Paul n’a pu sortir que début septembre 1942, à cause de la longueur des formalités. A sa sortie, il s’est engagé à son tour à l’U.J.I.F se protégeant et mes parents avec, ce qui a permis à mon père de cesser ce travail trop pénible pour son âge.
Le Capitaine de la Garde républicaine, qui s’est déplacé pour Paul, commande une unité basée dans un fort près de Paris. Certains jours il est avisé de tenir à la disposition des autorités allemandes les hommes de l’unité qui est sous ses ordres. En principe, c’est soit pour participer à l’arrestation de Juifs, soit pour banaliser des convois militaires allemands qui traversent la région parisienne.
Comme il ne sait pas à l’avance la raison exacte, par précaution, il me prévient et m’invite à coucher chez lui, au cas où il s’agirait bien d’arrestations. Il y a quand même des Français qui n’ont pas peur de prendre des risques en protégeant une personne en danger, qui est juif en plus, surtout compte tenu de sa position.
C’est comme çà que pour la fameuse rafle du Vel d’Hiv de juillet 1942, il m’a fait venir au fort de Rosny et j’ai couché dans son lit, lui étant absent pour surveiller les opérations des hommes chargés d’effectuer cette sale besogne. D’ailleurs, ne voulant plus exécuter ces tâches qu’il n’approuvait pas, il quitte la gendarmerie pour entrer dans la résistance. Après la guerre il réintègrera son poste avec le grade de commandant, et se distinguera dans les compétitions hippiques internationales.
Ainsi prend fin, pour moi, ce triste épisode de l’occupation nazie, qui nous a épargné mon père, Paul et moi-même. Mais il n’en aura malheureusement pas été de même pour des milliers d’autres Juifs qui sont passés par ce "camp de Drancy".

23/08/2011
Auteur : Albert Zuckermann

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Commentaires, sept 2009

Déjà soixante huit ans que ces faits se sont déroulés et restent bien ancrés dans ma mémoire. Quelles conclusions peut-on en tirer ?
Et bien, tout d’abord que l’antisémitisme qui régnait à l’époque n’a pas pris une ride. Bien sûr aujourd’hui, il ne provoque pas la mort de six millions d’individus mais il reste toujours aussi virulent.
A croire que les antisémites ont de la merde dans les yeux et qu’en plus ils sont vraiment cons. Veuillez excuser ma grossièreté mais je ne trouve pas d’autres mots plus appropriés pour traduire ma pensée.
Que reprochent-ils exactement aux Juifs ? Le savent-ils eux-mêmes ? Ah oui, ils trouvent toujours des bonnes raisons plus souvent puériles pour ne pas dire débiles
J’ai entendu des personnes "apparemment normales" dire qu’ils n’aimaient pas les Juifs "parce qu’ils sont tous bien habillés". J’ai été époustouflé par cet argument mais il y en a d’autres :
- Les Juifs sont tous riches. Ah oui? Je crois que dans mon récit, je démontre que cette affirmation est fausse par l’exemple de ceux qui revendaient leurs maigres rations de pain ou de beurre pour nourrir leur famille restées à l’extérieur du Camp de Drancy. Ceci est toujours valable aujourd’hui.
- Ils s’entraident et se soutiennent les uns les autres. Alors, est-ce une raison de leur en vouloir ? Ils ne font que ce que chacun d’entre eux (je fais allusion aux antisémites) devraient faire. Ce qu’ils considèrent comme un défaut n’est qu’une des plus belles preuves de solidarité qui devrait les interpeler.
- Les Juifs sont tous commerçants, banquiers, vedettes du showbiz, de la politique et je ne sais quoi encore. A les entendre, on peut penser que la France n’est peuplée que de Juifs. Que ceux qui disent ces conneries se reportent à l’histoire où ils apprendront que certaines professions étaient interdites aux Juifs et que d’autres leurs étaient imposée. Ils comprendront peut-être un peu mieux.
J‘ai gardé la plus savoureuse pour la fin :
-Ils ont tués Jésus!! Alors que ceux là se penchent un peu sur les écritures saintes et ils se rendront compte que Jésus-Christ était bien Juif, Il était le Messie tant attendu par ceux-ci. Entraînés par les craintes du Roi Hérode de perdre son pouvoir ils ne l’ont pas reconnu comme tel. Seul quelques Juifs ont acceptés de le croire et se sont joint à lui. Il a vécu avec les traditions Juives et quand il est mort crucifié, il était toujours juif. Ce sont bien les Romains qui, se sont chargé de cette sale besogne.
On ne parlait pas encore de Chrétiens ou de Catholiques, doctrine nées plusieurs années après Les apôtres étaient Juifs, les Evangélistes étaient Juifs, peut-être vous, antisémites notoires, l’êtes vous par vos ancêtres? Vous avez une chance sur deux d’avoir du sang juif dans les veines. Alors, par pitié, mettez une sourdine à vos élucubrations.
Des exemples pourraient se multiplier, une chose est certaine, c’est qu’au 21e siècle il y ait encore des gens pour faire des discriminations raciales ou ethniques alors que nous venons tous au monde de la même façon, nous sommes tous conçus par les rapports entre un homme et une femme et qu’à la naissance, à part la couleur de la peau, il n’y a pas plus de catholiques que de juifs, on le devient par la suite et descendant tous d’un seul Dieu, alors, pourquoi ne pas accepter que nous sommes censés être frères par le Christ.
Essayons seulement de mettre en pratique la Loi de Moïse, "Les Dix Commandements", rien que cela suffirait à rendre les gens plus pacifiques et de vivre un monde meilleur.
Pour clore ces réflexions, un petit mot sur la police française, celle qui a succombé au charme du Maréchal Pétain.
Les français pouvaient en être fiers de ce vainqueur de la bataille de Verdun pendant la guerre de 1914-1918. A ce titre, il a fait l’admiration de tous, mais en 1940, il a pris vingt deux années de plus et pensant sauver la France, il l’a donné au Nazis sur un plateau d’argent.
Tous ces braves policiers et gendarmes ont succombé devant ce héros et fait preuve d’un zèle pendant les quatre années d’occupation. Mais quand les troupes du Général Leclerc se sont trouvées aux portes de Paris ils n’ont pas perdu de temps pour virer de bord et changer dans leurs bureaux les portraits de Pétain contre celui du Général de Gaulle.
Bien sûr ils ont fait preuve d’un civisme exemplaire en défendant la Préfecture de Paris, à part quelques résistants de la première heure, il ont attendu le 24 aout 1944 pour montrer leur patriotisme, mais lequel ? C’est si facile de retourner une veste. Alors quand on acclame ces policiers, qu’on les fait passer pour des héros, et qu’ils sont décorés en plus, alors là, moi j’en ai la nausée.
Là, le vieux avait raison quand il a dit :"français vous avez la mémoire courte". Moi j’ajoute : "et sélective".
Le Seigneur a dit : "Il faut savoir pardonner et oublier". D’accord pour pardonner, mais oublier, çà c’est trop difficile à moins d’être un saint. Cela n’est pas mon cas.

10/08/2011
Auteur : Albert Zuckermann

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Le 20 août 2011

A l’heure ou j’écris ces lignes, nous sommes le 20 août 2011, il est 8 heures du matin, et 70 ans jours pour jours, la police française sonnait à la porte de notre appartement du 23 rue de la Roquette à Paris 11ème, pour nous arrêter, mon Père, mon frère et moi-même.

C’était donc cette fameuse rafle qui passe inaperçue et qui pourtant a été le départ d’une triste période de notre Histoire.

Puisque personne ne veut admettre que c’était dans le but de recruter de la main d’œuvre pour les usines allemandes, je me dois d’insister sur ce point de détail.

Quand j’ai vu personnellement les officiers de l’organisation Nazie "Todt" sur le trajet de la rue de la Roquette à la place Voltaire; quand six semaines après son ouverture, ceux-ci sont venus au Camp de Drancy pour sélectionner un contingent de travailleurs, il n’y avait pas de doute à avoir sur la première destination de ces arrestations.

Les gens restent sur le seul fait que tous les Juifs passant par Drancy ont été déportés vers les camps de la mort.

Ceci est vrai mais cette décision n’a été prise que quelques temps après les premiers revers de l’armée nazie sur les fronts Européens.

S’il n’en avait pas été ainsi, comment expliquer l’ordre donné par cette organisation "Todt", pour commencer, de mieux nourrir les internés pour qu’ils reprennent des forces, ensuite de libérer les internés âgés de plus de 60 ans, les infirmes, les aveugles (car eux aussi ont été arrêtés par nos braves policiers "français").

Jusqu’au mois de juillet 1942, il n’y avait que des hommes au Camp de Drancy. Ça n’est qu’après la rafle du Vel d’Hiv que les femmes et les enfants ont commencé à affluer, occupant la partie qui réunit les deux côtés du "Fer à cheval" que représentent les bâtiments.

Je n’étais plus présent à cette époque mais ces renseignements m’ont été communiqués par mon frère qui était toujours le secrétaire du Camp, comme je l’ai déjà expliqué dans mon récit.

Il y a des évènements dans la vie que l’on peut oublier, mais ceux-ci, 70 ans après, sont toujours gravés dans ma mémoire et rien ne me fera les oublier. J’ai quand même la satisfaction d’être encore présent et de pouvoir faire connaître aux nouvelles générations ce passage de l’Histoire.

21/08/2011
Auteur : Albert Zuckermann

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Cet article n'est pas encore renseigné par l'AJPN, mais n'hésitez pas à le faire afin de restituer à cette commune sa mémoire de la Seconde Guerre mondiale.


Témoignages, mémoires, thèses, recherches, exposés et travaux scolaires [Ajouter le votre]

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Etoile jaune: le silence du consistoire centrale , Mémoire ou thèse 7 pages, réalisation 2013
Auteur : Thierry Noël-Guitelman - terminal
Lorsque la 8e ordonnance allemande du 29 mai 1942 instaure l'étoile jaune en zone occupée, on peut s'attendre à la réaction du consistoire central. Cette étape ignoble de la répression antisémite succédait aux statuts des juifs d'octobre 1940 et juin 1941, aux recensements, aux rafles, aux décisions allemandes d'élimination des juifs de la vie économique, et au premier convoi de déportés pour Auschwitz du 27 mars 1942, le consistoire centrale ne protesta pas.


Liens externes [Ajouter un lien vers un article d'intérêt ou un site internet]
1 Juifs en psychiatrie sous l'Occupation. L'hospitalisation des Juifs en psychiatrie sous Vichy dans le département de la Seine (Par une recherche approfondie des archives hospitalières et départementales de la Seine, l'auteur opère une approche critique des dossiers concernant des personnes de confession juive internées à titre médical, parfois simplement préventif dans le contexte des risques et des suspicions propres à cette période. La pénurie alimentaire est confirmée, influant nettement sur la morbidité. Ce premier travail sera complété par un examen aussi exhaustif que possible des documents conservés pour amener une conclusion. )
2 Héros de Goussainville - ROMANET André (Héros de Goussainville - Page ROMANET André )
3 Notre Dame de Sion : les Justes (La première religieuse de Sion à recevoir ce titre en 1989 est Denise Paulin-Aguadich (Soeur Joséphine), qui, à l’époque de la guerre, était ancelle (en religion, fille qui voue sa vie au service de Dieu). Depuis, six autres sœurs de la congrégation, ainsi qu’un religieux de Notre-Dame de Sion ont reçu la même marque de reconnaissance à titre posthume. Ils ont agi à Grenoble, Paris, Anvers, Rome. L’action de ces religieuses et religieux qui ont sauvé des Juifs pendant la deuxième guerre mondiale mérite de ne pas être oubliée. Et il y en a d’autres, qui, même s’ils n’ont pas (encore ?) reçu de reconnaissance officielle, ont œuvré dans le même sens, chacun à leur place. )
4 L'histoire des Van Cleef et Arpels (Blog de Jean-Jacques Richard, très documenté. )
5 Résistance à la Mosquée de Paris : histoire ou fiction ? de Michel Renard (Le film Les hommes libres d'Ismël Ferroukhi (septembre 2011) est sympathique mais entretient des rapports assez lointains avec la vérité historique. Il est exact que le chanteur Selim (Simon) Halali fut sauvé par la délivrance de papiers attestant faussement de sa musulmanité. D'autres juifs furent probablement protégés par des membres de la Mosquée dans des conditions identiques.
Mais prétendre que la Mosquée de Paris a abrité et, plus encore, organisé un réseau de résistance pour sauver des juifs, ne repose sur aucun témoignage recueilli ni sur aucune archive réelle. Cela relève de l'imaginaire. )
6 La Mosquée de Paris a-t-elle sauvé des juifs entre 1940 et 1944 ? une enquête généreuse mais sans résultat de Michel Renard (Le journaliste au Figaro littéraire, Mohammed Aïssaoui, né en 1947, vient de publier un livre intitulé L’Étoile jaune et le Croissant (Gallimard, septembre 2012). Son point de départ est un étonnement : pourquoi parmi les 23 000 «justes parmi les nations» gravés sur le mémorial Yad Vashem, à Jérusalem, ne figure-t-il aucun nom arabe ou musulman ? )
7 Paroles et Mémoires des quartiers populaires. (Jacob Szmulewicz et son ami Étienne Raczymow ont répondu à des interviews pour la réalisation du film "Les garçons Ramponeau" de Patrice Spadoni, ou ils racontent leur vie et en particulier leurs actions en tant que résistants. On peut le retrouver sur le site Paroles et Mémoires des quartiers populaires. http://www.paroles-et-memoires.org/jan08/memoires.htm. (Auteur : Sylvia, Source : Canal Marches) )
8 Les grands entretiens : Simon Liwerant (Témoignage de Simon Liwerant est né en 1928. Son père Aron Liwerant, ouvrier maroquinier né à Varsovie, et sa mère Sara née Redler, seront arrêtés et déportés sans retour. )

Notes

- 1 - À partir du 20 août 1941, onze mois avant la rafle du Vel d'Hiv, le XIe arrondissement de Paris subit une grande rafle. Tous les Juifs sont interceptés. Il n'y aura d'abord que des hommes qui seront arrêtés par la police française, français et étrangers, de 18 à 50 ans. Les policiers français soutenus par les militaires allemands, arrêtent 4 232 Juifs. Ils furent internés dans des conditions inhumaines au camp de Drancy (ouvert le 20 août 1941) avant d’être déportés à partir du 27 mars 1942 vers les camps de la mort d’Auschwitz-Birkenau.

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