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Paris

Région :
Île-de-France
Département :
Paris

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(13/10/1940 - 19/08/1942) Préfet de la Seine (1884-1945)
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(14/05/1941 - 01/06/1942) Amiral François Marc Alphonse Bard, Préfet de police de la Seine (1889-1944)
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René Bouffet
(19/08/1942 - 19/08/1944) Préfet de la Seine. Arrêté et révoqué par la Résistance le 19 août 1944 (1896-1945)
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(1944 - 1946) Préfet de la Seine (1892-1971)
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(1944 - 1947) Préfet de police de la Seine (1903-1947)

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Herschel Grynszpan

Texte pour ecartement lateral

Paris 75000 Paris
Nom de naissance: Herschel Feibel Grynszpan
Date de naissance: 28/03/1921 (Hanovre (Allemagne))
Date de décès: 1945
Arrestations: 07/11/1938
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Herschel-Grynszpan
Herschel Grynszpan, le 8 novembre 1938
source photo : Arch. fam. Grynszpan
crédit photo : D.R.
Herschel-Grynszpan
Herschel Grynszpan, le 7 novembre 1938
source photo : Arch. fam. Grynszpan
crédit photo : D.R.
Histoire

Herschel Feibel Grynszpan (en allemand Hermann Grünspan; en yiddish הערשל פײַבל גרינשפּאן), né le 28 mars 1921 à Hanovre en Reich allemand et mort probablement au début de 1945 dans un lieu inconnu, est un Juif allemand, d'origine polonaise par ses parents, connu pour avoir abattu à Paris, le 7 novembre 1938, Ernst vom Rath, troisième secrétaire à l'ambassade d'Allemagne, aussitôt promu conseiller de 1re classe par Hitler pour accentuer la gravité du crime.

Cet attentat sera utilisé par Hitler comme prétexte pour lancer contre les Juifs d'Allemagne des opérations de grande envergure qui aboutiront, trois jours plus tard, à la nuit de Cristal.

Grynzspan fut déclaré mort en 1960 à la demande de ses parents, émigrés en Israël en 1948, mais son sort réel reste inconnu. Livré par le Gouvernement de Vichy à la Gestapo après la défaite de la France, il est emmené en Allemagne. Il est généralement considéré comme n'ayant pas survécu à la Seconde Guerre mondiale. Une photographie représentant un homme lui ressemblant fit son apparition en 2016 dans le but de prouver qu'il aurait survécu et vivait à Bamberg le 3 juillet 19461.

Famille

Herschel Grynszpan est le cadet d'une fratrie de huit enfants, dont trois seulement parviendront à l'âge adulte. Il est le fils de Sendel / Shmuel Grynszpan, tailleur, et de Rifka Silberberg, tous deux originaires des environs de Radomsko, près de Dmenin en Pologne, alors partie de l'Empire russe2. L'essayiste Guy Sorman est son cousin. Marié en 1910, le couple quitte la Pologne en 1911 pour s'installer dans l'Empire allemand, à Hanovre, où naîtront tous les enfants. Malgré cela, ces derniers ne bénéficient pas de la nationalité allemande, le droit du sang étant le seul appliqué à l'époque dans le pays. Ils deviendront citoyens polonais après la Première Guerre mondiale. Les Grynszpan sont considérés comme des Ostjuden ("Juifs de l'Est") par les Allemands et par de nombreux Juifs d'Europe de l'Ouest. Les Ostjuden parlaient généralement yiddish, étaient plus pauvres et moins éduqués, et avaient tendance à avoir une pratique religieuse plus stricte que les Juifs allemands, qui se considéraient avant tout comme Allemands et ensuite seulement comme juifs.

Le 11 novembre 1912 naît un premier enfant, mort-né. Le 20 janvier 1914 naît Sophie-Hélèna, décédée de la scarlatine en 1928. Le 30 janvier 1916 naissent à Hanovre Berth-Beila, décédée en URSS vers 1941, et sa jumelle Esther. Mordechai naît le 29 août 1919, puis c'est le tour le 20 mai 1920 de Salomon, décédé en 1931 dans un accident de la route. Le 28 mars 1921, Herschel (Herman ou Henri), le dernier enfant, vient au monde.

Herschel apparaît par ailleurs dans des bases de données comme étant le neveu de Szalma Zolty, qui s'installa à Hanovre en 1911. Szalma Zolty était l'un des cousins germain de David Zolty, né à Dobryszyce en juillet 1901 dans la voïvodie Piotrkow Trybunalski.

La famille vit assez pauvrement. Jusqu'en 1933. Sendel, le père, travaille comme tailleur contremaître à l'usine de vêtements de son frère Wolf à Cassel mais celui-ci la ferme en 1933 pour fuir l'antisémitisme et émigre avec son épouse Lotte Buch en Belgique. Sendel Grynszpan est obligé d'abandonner son échoppe en 1934 et fait quelques brocantes pour survivre. Il sera aussi marchand de lait. C'est une autre branche de la famille, les Misanski-Grynszpan, qui leur viennent en aide mais les Misanski quittent à leur tour l'Allemagne pour Bruxelles en août 1939 : le fils, Léopold, la mère, Rosa-Ruchla, et le père, Herman, libéré du camp de Dachau après la nuit de Cristal s'installent au 37 rue des Tanneurs chez Zaslavsky. On trouve aussi un cousinage entre la famille Grysnzpan et Samuel Schwarzbard né à Smolensk en 1888 : ce dernier, dans les années 1920, vécut quelque temps au n°92 de la rue des Tanneurs à Bruxelles avec son épouse Yvonne Chapuis. Samuel Schwarzbard est le frère de Scholem Schwarzbard né en 1886 à Ismail, celui qui tue à Paris rue Racine le Général Petliura, le Président en exil de l'Ukraine libre auteur (ou a laissé faire) les 1328 Pogroms dans la Russie du Tsar.  

Après le rétablissement de la Pologne par le traité de Versailles en juin 1919, les Grynszpan, jusque-là sujets russes, deviennent polonais. Mais le 31 mars 1938, la Pologne décide de retirer dès le 1er novembre leur nationalité à ses ressortissants installés à l'étranger depuis plus de cinq ans et ayant perdu tout lien avec la Pologne. 

Dans la nuit du 28 au 29 octobre 1938, les nazis expulsent d'Allemagne 35 000 Juifs polonais, qui risquent de devenir apatrides : c'est la Polenaktion. À Hanovre, 484 personnes sont dans ce cas, parmi lesquelles les Grynszpan. Herschel se trouve depuis le 3 avril 1937 en France, en situation d'immigré illégal. 

Le parcours d'Herschel avant l'assassinat

Né dans un milieu très religieux et isolé linguistiquement, Herschel grandit avec une conscience très forte de sa judéité. Après avoir été renvoyé de l'école maternelle, il entre en 1926 à l'école communale de Hanovre, où il reste jusqu'en 1935 sans avoir atteint la terminale ; adolescent intelligent et sensible mais paresseux et susceptible, c'est un bagarreur au mauvais caractère, prompt à répondre aux insultes antisémites, fréquentes, par les coups. Il se plaindra plus tard d'avoir été considéré comme un rebut et par conséquent mis à l'écart à la fois par ses condisciples et par ses maîtres. Il est toutefois un membre actif du club de sport juif Bar-Kochba Hanover.

Il quitte l'école en 1935 et avec le soutien financier de la communauté juive de Hanovre, il part le 10 mai pour la yeshiva Salomon Breuer à Francfort, où il compte apprendre l'hébreu pour émigrer en Palestine. Il en ressort le 15 avril 1936 et retourne vivre chez ses parents mais le Bureau local d'émigration vers la Palestine le trouve trop jeune et lui demande d'attendre un an. Ses parents comptent l'envoyer chez son oncle et sa tante, Abraham Grünspann et Chawa Berenbaum, à Paris mais au lieu de cela, Herschel, qui est parvenu à obtenir un passeport polonais et un permis de séjour allemand, est autorisé à quitter le pays en direction de la Belgique, où son oncle Wolf est installé depuis 1933 avec sa femme, Lotte Buch.

Herschel est alors un ressortissant polonais né en Allemagne et dispose d'un passeport polonais établi pour deux ans. Il doit demander à la police allemande un visa pour la Belgique. Ayant toujours le désir d'émigrer en Palestine, il fait à la synagogue une rencontre qui va changer le cours de sa vie. « Un garçon comme toi ne doit pas rester en Allemagne où un Juif n'est pas un homme, mais traité comme un chien. » Il lui est conseillé d'aller en France.

Le 21 juillet 1936, il quitte Hanovre pour Essen où il loge quatre jours. Deux jours chez son oncle et sa tante, Isaac Grynszpan et Hawa Rychter, et leurs fils, Rudy et Siegfried et deux jours chez sa tante Esthera Grynszpan - Strassberg et leur fille Doris. Il arrive à Bruxelles en soirée le 25-7-1936 où il est accueilli par son oncle Wolf Grünspann et tante Lotte Buch qui habitent au n°60 rue de Suède à St Gilles. Celui-ci exploite un magasin de confection pour hommes (costumes) et garçonnets, au n°140 rue des Tanneurs à Bruxelles. Malheureux et seul chez deux personnes âgées, il se fait héberger ensuite chez un cousin germain, Zaslawsky Itskhok (beau fils de Ruchla Grynszpan veuve d'Abraham Frysz du n° 92 rue des Tanneurs), dans une famille avec 5 enfants au 37 rue des Tanneurs. Pendant son séjour à Bruxelles, Herschel travaille comme magasinier aux 90/92 rue des Tanneurs à la quincaillerie familiale de fournitures en gros pour maroquiniers. Il aide également à la fabrique de galoches, pantoufles et de chaussures du n° 90 rue des Tanneurs, dans le quartier ouvrier des « Marolles » de Bruxelles. C'est aussi là qu' Herschel noue une idylle amoureuse avec une cousine, Tatiana Igolinsky, fille de Zaslavskova Khay-Sura, installé au n° 35 rue des Tanneurs, sœur de Zaslavsky Itskhok. Mais il est très mal vu dans l'entourage familial et l'épouse d'Itskhok Zaslavsky, Esther Frysz, et sa sœur Rayzla Rosenthal-Frysz, acceptent de l'emmener à Paris le 3 avril 1937. Elles prennent avec Herschel le premier train du matin Gare du Midi à Bruxelles pour Valenciennes le 3 avril 1937. Herschel traverse la frontière le matin avec les ouvriers frontaliers polonais des mines à Quiévrain et entre en France illégalement. Il rejoint les deux tantes à Valenciennes et ensemble, ils gagnent Paris, où Herschel va s'installer chez l'oncle Abraham, au n° 23 Bd Richard-Lenoir.  

À Paris, il vit dans une petite enclave de Juifs polonais orthodoxes s'exprimant en yiddish et ne rencontre pas grand monde en dehors de cette communauté, n'apprenant que quelques mots de français en deux ans. Dans les premiers temps, il vit une vie insouciante de poète des rues, bohémien passant ses journées à errer sans but en se récitant des poèmes yiddish. Les deux grands centres d'intérêt de Hirschel, outre l'exploration de Paris, sont la vie dans les cafés et le cinéma. D'octobre 1936 à août 1938, il tente d'obtenir des papiers pour régulariser sa situation et travailler ou étudier légalement. Déclaration du Commissaire Valentini : Le jeune Grynszpan est entré en France environ un an et demi avant le 7 novembre 1938 (attentat à l'Ambassade d'Allemagne) suivant les documents de la Préfecture de Police de Paris. Herschel Grynszpan était à Bruxelles au n° 37 rue des Tanneurs du 25 juillet 1936 au 3 avril 1937 (sources familiale). 

L'oncle Abraham inscrit le 10-4-1937 Herschel et signe à la préfecture de police un certificat d'hébergement par lequel il s'engage à assurer la subsistance de son neveu et à lui apprendre un métier. Chaque semaine, Herschel reçoit 30 à 40 francs pour l'aide qu'il donne à l'atelier de confection que dirige Abraham. Il participe souvent à des sorties organisées par des groupements sportifs ou par des journaux juifs et sort avec son ami Nathan Kaufman qui habite dans le même quartier que lui.

Mais les mois passent. Son permis de retour allemand expire en avril 1937, son passeport polonais en janvier 1938. Il se retrouve donc sans papiers et interdit de séjour dans quatre pays à la fois : France, Belgique, Pologne, Allemagne. En juillet 1937, Il reçoit un ordre d'éloignement mais se sachant sans avenir en Allemagne, il se maintient sur le territoire. En mars 1938, la Pologne fait par ailleurs passer une loi privant de la nationalité polonaise toute personne ayant résidé hors de Pologne pendant plus de cinq ans. Herschel Grynszpan devient donc apatride.

Pauvre et solitaire, sans qualifications particulières, il se retrouve dans une situation désespérée et dépend totalement de son oncle Abraham, qui est également très pauvre. Il refuse les possibilités d'emploi par peur d'une arrestation et cela accentue les tensions avec son oncle et sa tante. Le 11 août 1938, il reçoit un ordre d'expulsion dans les quatre jours. Il oblige son oncle à le cacher dans une chambre de bonne au 5e étage du 8, rue Martel. Les rares personnes qui le fréquentent à cette époque le décrivent comme un adolescent timide et émotif, qui pleure souvent en évoquant le sort des Juifs dans le monde (idée qui l'obsède), en particulier celui de sa famille bien-aimée en Allemagne. Issu d'une famille très unie et aimante, Herschel parle souvent de l'amour qu'il a pour ses proches et de sa souffrance à vivre éloignés d'eux.  

Le 3 novembre 1938, Herschel reçoit une carte de sa sœur Berta lui apprenant l'envoi de sa famille vers le camp polonais de Zbąszyn dans le cadre de la Polenaktion. À partir de là, il ne pense plus qu'à les venger3. Le lendemain, le vendredi 4 novembre, il lit les nouvelles relatant l'expulsion de 12 000 Juifs polonais d'Allemagne dans le journal yiddish le Pariser Haint17 que son oncle reçoit. Le dimanche 6 novembre, il reproche à son oncle et à sa tante leur manque de compassion à l'égard de leurs coreligionnaires. L'oncle Abraham se fâche : « Si tu n'es pas content, tu n'as qu'à partir. » Herschel quitte la maison muni seulement de 300 francs et prend une chambre dans un établissement de troisième ordre, l'« Hôtel de Suez », 17 boulevard de Strasbourg.

Le lundi 7 novembre 1938, au petit matin, il écrit une lettre d'adieu à ses parents au dos d'un portrait de lui : « Mes chers parents, je ne pouvais agir autrement. Que Dieu me pardonne. Mon cœur saigne lorsque j'entends parler de la tragédie des 12 000 Juifs. Je dois protester pour que le monde entier entende mon cri et cela, je suis contraint de le faire. Pardonnez-moi. Herschel »  

L'attentat et son mobile

Après un petit déjeuner pris à l'hôtel, il se rend à 8 h 30 dans une coutellerie-armurerie, « La Fine Lame », située au 61 faubourg Saint-Martin. Il explique qu'il a besoin d'une arme, car il doit transporter de fortes sommes d'argent pour son père4 et achète un revolver calibre 6,35 mm pour 235 francs. Arrivé devant l’ambassade d'Allemagne (ancien hôtel Beauharnais), il demande à avoir un entretien avec le secrétaire particulier de l'ambassadeur, afin de lui remettre un document important. Le troisième conseiller Ernst vom Rath le reçoit dans son bureau. Les deux hommes sont assis face à face devant le bureau ; vom Rath lui demande l'objet de sa visite, Grynszpan se lève, sort de la poche du veston son pistolet et s'écrie : « Vous êtes un sale boche et au nom de douze mille Juifs persécutés, voici le document. » Dans le même temps il tire cinq fois. Vom Rath s'écroule mais trouve la force d'appeler au secours. Herschel, qui n'a pas tenté de s'enfuir, est arrêté par le personnel et remis à l'agent de police François Autret en faction devant l'ambassade. 

Grièvement blessé, vom Rath est emmené à la clinique de l'Alma, rue de l'Université, où il succombera le surlendemain, le 9 novembre à 16h30. La " Nuit de Cristal" suit immédiatement sa mort, dans la nuit du 9 novembre à 23h, pour s’estomper le 11 novembre 1938 au matin dans les grandes villes du Reich. Le manque de réactions dans les pays limitrophes sont dues aux préparatifs pendant le week-end des cérémonies de l'Armistice du 11 novembre 1918. 

Déclarations après l'arrestation

Juste après son arrestation, il dit au policier : « J'ai tiré cinq coups de revolver sur un homme seul qui se trouvait dans le bureau pour me venger des Allemands. J'ai fait cela pour venger mes parents qui sont malheureux en Allemagne. »

Voilà ce que dit Herschel Grynszpan au policier qui l'amène au commissariat de police, rue de Bourgogne. 

Quand le commissaire s'apprête à recevoir la déposition de l'inculpé, un fonctionnaire de l'ambassade arrive, et contre toutes les règles de procédure interroge Grynszpan :

« Pourquoi avez-vous tiré sur le secrétaire d'ambassade ?
Pour me venger des persécutions infligées par ces sales Boches.
Pourquoi vous croyez-vous chargé de cette vengeance ?

Parce que les expulsés polonais sont mes coreligionnaires.
Vous êtes Juif ?

Oui. » 

Durant la fouille, on trouve la carte d'adieu écrite dans la matinée à l'hôtel. Cette carte sera utilisée par la partie civile pour prouver la préméditation. 

24/04/2023
Lien : Wikipedia

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Le parcours judiciaire

L'incarcération

Le juge Tesnière inculpe Herschel Grynszpan d'assassinat et deux jours plus tard de meurtre avec préméditation. Il le fait incarcérer à la prison de Fresnes.

Dans un premier temps, Herschel Grynszpan est assisté par les avocats Henri (Herc) Szwarc et Vesinne-Larue, choisis par sa famille. Puis, sur les conseils du Congrès juif mondial et de la Fédération des sociétés juives de France, son oncle Salomon demande à maître de Moro-Giafferi d'assurer sa défense5, assisté par Me Weill-Goudchaux et Me Fränkel. Maurice Garçon, lui, représente la partie civile allemande.

Maître de Moro-Giafferi assure également la défense de l’oncle et de la tante de Grynszpan inculpés d'infraction au décret sur la police des étrangers. La défense de Grynszpan n'est pas facilitée par le rapport des médecins psychiatres qui le déclarent sain d'esprit : « En nous plaçant strictement sur le terrain psychiatrique, nous n'avons trouvé aucun élément pathologique suffisant qui puisse entraîner au point de vue mental une atténuation de sa responsabilité. Celle-ci doit être considérée comme entière. Le jeune Herschel Grynszpan n'était pas en état de démence au moment de l'acte au sens de l'article 64 du code pénal… C'est un garçon normalement intelligent, il présente même une certaine finesse et il n'est pas particulièrement suggestible. Il juge avec beaucoup de pertinence certaines situations, par exemple, quand nous lui demandons pourquoi il ne s'est pas suicidé : c'est parce que, dit-il, il a réfléchi qu'à notre époque la mort d'un Juif n'aurait pas soulevé le monde, ainsi le but de sa protestation n'aurait pas été atteint. »

Grâce à l'appel lancé par la journaliste américaine Dorothy Thompson pour sensibiliser l'opinion à l'affaire, celle-ci récolte des fonds qui servent à supporter les lourdes charges financières des avocats.

Par l'intermédiaire d'un de ses avocats, Herschel Grynszpan envoie une lettre écrite au ministre de la Justice pour s'engager dans l'armée française. Sans succès6.

De Paris à Berlin

Après s'être fait représenter par un avocat de l'ambassade, la partie civile décide la nomination du juriste Friedrich Grimm auxiliaire des services de Joseph Goebbels. Celui-ci nomme les avocats français maîtres Maurice Garçon et Maurice Loncle pour représenter le Reich. De plus, le conseiller Wolfgang Diewerge est nommé par Goebbels pour suivre l'affaire Grynszpan et organiser la propagande en France. En janvier 1939, les relations franco-allemandes étant bonnes, Grimm essaie de hâter le procès, mais deux mois plus tard tout est remis en cause par l'invasion de la Tchécoslovaquie. Les défenseurs souhaitent à leur tour avancer le procès. Mais au fil des péripéties politiques, vient le jour de l'invasion de la Pologne et de l'entrée en guerre de la France contre le IIIe Reich. Les demandes de mise en liberté pour Herschel sont toutes refusées, il subit ainsi vingt mois de détention préventive.

Le 1er juin 1940, le gouvernement doit organiser le repli de l'administration et l'évacuation des prisons. La Cour de Paris se déplace à Angers. Les détenus sont déplacés dans le sud de la région parisienne ; pour Grynszpan, c'est la prison d'Orléans. Il est évacué de force avec 96 codétenus vers la maison d'arrêt de Bourges, mais leur convoi est attaqué par l'aviation allemande. Le 17 juin 1940, dans la confusion générale, les prisonniers sont livrés à eux-mêmes mais certains, dont Grynszpan, préfèrent rejoindre quand même Bourges et se livrer. Le 18 juin au matin, le gardien chef de la prison demande ce qu'il faut faire des nouveaux prisonniers. Sur ordre du procureur général Paul Ribeyre, il est demandé de ne pas mentionner le nom de Grynszpan sur les registres de la prison et de le laisser partir sur la route libre de Châteauroux. Il se rend à la prison de Châteauroux mais on le relâche et Grynszpan repart seul et libre à Toulouse. Mais, après quinze jours de liberté, ne connaissant personne et étant totalement démuni, il frappe à la porte de la prison de Toulouse. Le hasard veut qu'il se retrouve dans la région où son oncle et sa tante se sont réfugiés, ainsi que ses avocats, dont Moro-Giafferi, qui séjourne à Aiguillon en Lot-et-Garonne. Malheureusement, il n'en sait rien. Le 19 juin, les nazis le traquent toujours, ils retrouvent sa trace à la prison de Bourges mais il est déjà parti.

Les services de police de Helmut Knochen, qui avaient dans leurs fichiers la liste des émigrés allemands ennemis du régime nazi, se mettent à le rechercher activement et réussissent à convaincre le régime de Vichy d'effectuer une recherche dans les prisons de la zone libre. Ils ne tardent pas à le retrouver et le gouvernement Pétain-Laval livre Grynszpan aux Allemands.

Otto Abetz, Ministre plénipotentiaire à Paris, télégraphie : « Suivant la demande allemande, Grynszpan a été livré ce jour, 18 juillet 1940, à des émissaires allemands à la ligne de démarcation et transféré à Berlin. »

Dernières années

Une fois à Berlin, Herschel est interrogé de façon clémente eu égard à son importance pour la propagande de Joseph Goebbels. Il est transféré le 18 janvier 1941 à la prison (Zellenbau) du camp de concentration de Sachsenhausen (30 km au nord de Berlin), où il bénéficie d'un régime préférentiel par rapport au reste des déportés, en vue du procès à grand spectacle prévu par le régime. Il partage sa captivité avec l'ancien chancelier d'Autriche Kurt von Schuschnigg. Durant l'été 1941, il est placé en détention à la prison de la Gestapo à Berlin-Moabit.

La loi allemande ne permettant pas de juger un crime politique commis à l'étranger par un apatride, le ministère du Reich contourne la difficulté en l'inculpant pour haute trahison. La propagande fixe la date du procès au 18 février 1942, où elle prévoit de faire témoigner l'ancien ministre français Georges Bonnet. Mais à cette date se tient un autre procès important en France, celui de Riom, qui contrarie les plans de Goebbels ; Hitler et lui fixent une autre date : le 11 mai 1942. C'est à ce moment que Herschel Grynszpan jette un pavé dans la mare : il prétend avoir eu des relations homosexuelles avec vom Rath, ce qui bloque la machine judiciaire.

Goebbels écrit dans son journal : « Grynszpan a trouvé l'argument insolent selon lequel il aurait eu des rapports homosexuels avec le conseiller vom Rath. Il s'agit naturellement d'un mensonge éhonté. Mais c'est bien trouvé et si la chose était rapportée dans un procès public, elle deviendrait sûrement l'argument principal de la propagande adverse ».

Ses codétenus de Sachsenhausen confirment à la Libération que Grynszpan avait inventé cette histoire. Il est probablement mort en prison en 1945, peu avant la fin de la guerre. Il fut cependant signalé, entre autres, comme vivant à Paris en 1957 mais aucune des allégations avancées n'a jamais pu être confirmée.

Adolf Eichmann, à son procès en 1961, mentionne lors d'une déposition avoir reçu l'ordre d'interroger Herschel Grynszpan avec égards en 1943 ou 1944. Celui-ci ne lui donna que quelques réponses laconiques. Le premier témoin ayant comparu au procès d'Eichmann fut Sendel Grynszpan, le père de Herschel. Il était convaincu de la mort de son fils.

En 2016, Christa Prokisch, archiviste en chef au musée juif de Vienne, et Armin Fuhrer, journaliste et historien allemand spécialiste de Grynszpan, estiment qu'on reconnaît avec une quasi-certitude Grynszpan dans un Juif photographié le 3 juillet 1946 dans un camp pour personnes déplacées à Bamberg alors qu'il participait à une manifestation de survivants de la Shoah protestant contre le refus des autorités britanniques de les laisser émigrer en Palestine. Comme explications possibles de la discrétion de Grynszpan après la guerre, Prokisch envisage qu'il ait collaboré avec les nazis, ce qui expliquerait leur mansuétude envers lui, et Fuhrer, lui, rappelle que Grynszpan était mal vu par certains Juifs qui lui reprochaient d'avoir déclenché les pires des représailles contre leur communauté.

24/04/2023
Lien : Wikipedia

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Etoile jaune: le silence du consistoire centrale , Mémoire ou thèse 7 pages, réalisation 2013
Auteur : Thierry Noël-Guitelman - terminal
Lorsque la 8e ordonnance allemande du 29 mai 1942 instaure l'étoile jaune en zone occupée, on peut s'attendre à la réaction du consistoire central. Cette étape ignoble de la répression antisémite succédait aux statuts des juifs d'octobre 1940 et juin 1941, aux recensements, aux rafles, aux décisions allemandes d'élimination des juifs de la vie économique, et au premier convoi de déportés pour Auschwitz du 27 mars 1942, le consistoire centrale ne protesta pas.


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1 Juifs en psychiatrie sous l'Occupation. L'hospitalisation des Juifs en psychiatrie sous Vichy dans le département de la Seine (Par une recherche approfondie des archives hospitalières et départementales de la Seine, l'auteur opère une approche critique des dossiers concernant des personnes de confession juive internées à titre médical, parfois simplement préventif dans le contexte des risques et des suspicions propres à cette période. La pénurie alimentaire est confirmée, influant nettement sur la morbidité. Ce premier travail sera complété par un examen aussi exhaustif que possible des documents conservés pour amener une conclusion. )
2 Héros de Goussainville - ROMANET André (Héros de Goussainville - Page ROMANET André )
3 Notre Dame de Sion : les Justes (La première religieuse de Sion à recevoir ce titre en 1989 est Denise Paulin-Aguadich (Soeur Joséphine), qui, à l’époque de la guerre, était ancelle (en religion, fille qui voue sa vie au service de Dieu). Depuis, six autres sœurs de la congrégation, ainsi qu’un religieux de Notre-Dame de Sion ont reçu la même marque de reconnaissance à titre posthume. Ils ont agi à Grenoble, Paris, Anvers, Rome. L’action de ces religieuses et religieux qui ont sauvé des Juifs pendant la deuxième guerre mondiale mérite de ne pas être oubliée. Et il y en a d’autres, qui, même s’ils n’ont pas (encore ?) reçu de reconnaissance officielle, ont œuvré dans le même sens, chacun à leur place. )
4 L'histoire des Van Cleef et Arpels (Blog de Jean-Jacques Richard, très documenté. )
5 Résistance à la Mosquée de Paris : histoire ou fiction ? de Michel Renard (Le film Les hommes libres d'Ismël Ferroukhi (septembre 2011) est sympathique mais entretient des rapports assez lointains avec la vérité historique. Il est exact que le chanteur Selim (Simon) Halali fut sauvé par la délivrance de papiers attestant faussement de sa musulmanité. D'autres juifs furent probablement protégés par des membres de la Mosquée dans des conditions identiques.
Mais prétendre que la Mosquée de Paris a abrité et, plus encore, organisé un réseau de résistance pour sauver des juifs, ne repose sur aucun témoignage recueilli ni sur aucune archive réelle. Cela relève de l'imaginaire. )
6 La Mosquée de Paris a-t-elle sauvé des juifs entre 1940 et 1944 ? une enquête généreuse mais sans résultat de Michel Renard (Le journaliste au Figaro littéraire, Mohammed Aïssaoui, né en 1947, vient de publier un livre intitulé L’Étoile jaune et le Croissant (Gallimard, septembre 2012). Son point de départ est un étonnement : pourquoi parmi les 23 000 «justes parmi les nations» gravés sur le mémorial Yad Vashem, à Jérusalem, ne figure-t-il aucun nom arabe ou musulman ? )
7 Paroles et Mémoires des quartiers populaires. (Jacob Szmulewicz et son ami Étienne Raczymow ont répondu à des interviews pour la réalisation du film "Les garçons Ramponeau" de Patrice Spadoni, ou ils racontent leur vie et en particulier leurs actions en tant que résistants. On peut le retrouver sur le site Paroles et Mémoires des quartiers populaires. http://www.paroles-et-memoires.org/jan08/memoires.htm. (Auteur : Sylvia, Source : Canal Marches) )
8 Les grands entretiens : Simon Liwerant (Témoignage de Simon Liwerant est né en 1928. Son père Aron Liwerant, ouvrier maroquinier né à Varsovie, et sa mère Sara née Redler, seront arrêtés et déportés sans retour. )

Notes

- 1 - Kate Connolly, « Photo mystery of Jewish assassin used by Nazis to justify Kristallnacht », The Guardian,‎ 18 décembre 2016.
- 2 - La « Pologne russe » correspond au Royaume de Pologne créé en 1815 par le Congrès de Vienne et attribué au tsar, annexé unilatéralement par la Russie vers 1870. Il y avait aussi une Pologne prussienne (Poznan, Dantzig) et une Pologne autrichienne (Cracovie, Lvov).
- 3 - Tu as certainement entendu parler de notre grand malheur. Je te fais une description de ce qui s'est passé. Jeudi soir, des bruits couraient que tous les Juifs polonais d'une ville avaient été expulsés. Toutefois, nous nous refusions à le croire. Jeudi soir à 21 heures, un schupo est venu chez nous et nous a déclaré que nous devions nous rendre au commissariat de police, en apportant les passeports. Tels que nous étions, nous sommes allés tous ensemble au commissariat de police accompagnés du schupo. Là, presque tout notre quartier se trouvait déjà réuni. Une voiture de la police nous a aussitôt amenés à l'hôtel de ville. Tout le monde a été emmené là-bas. On ne nous avait pas encore dit de quoi il s'agissait mais nous avons vu que ç'en était fini de nous. On a fourré à chacun de nous, dans la main, un ordre d'expulsion. On devait quitter l'Allemagne avant le 29 octobre. On ne nous a plus permis de rentrer chez nous. J'ai supplié qu'on me laisse retourner chez moi, pour chercher au moins quelques objets. Je suis alors partie, accompagnée d'un schupo et j'ai emballé dans une valise les vêtements les plus indispensables. Et c'est tout ce que j'ai sauvé. Nous n'avons pas un pfennig. Ne pourrais-tu pas nous envoyer quelque chose à Lodz ? Baisers de nous tous. Berta »
- 4 - La Nuit de Cristal de Rita Thalmann et Emmanuel Feinermann, Éd. Robert Laffont 1972
- 5 - « À Maître de Moro-Giafferi Très honoré Maître de Moro-Giafferi Je vous prie de m'excuser de vous écrire en allemand, cela provient du fait que je ne sais pas écrire le français, je vous demande d'accepter la charge de ma défense lors de mon procès dans l'espoir que vous voudrez bien accéder à ma prière, j'ai l'honneur…HG ».
- 6 - « Fresnes le 28/8/1939. À Maître Fränkel : Cher Maître, J'ai l'honneur de vous faire savoir que je viens d'adresser la lettre suivante au Ministre de la justice : « Monsieur, je sais que la France traverse les heures tragiques. Je me permets donc de vous prier de bien vouloir m'autoriser de m'engager comme volontaire dans l'armée française. Je voudrais racheter, par mon sang, l'acte que j'ai commis et de réparer ainsi l'ennui que j'ai causé au pays qui m'a accordé son hospitalité. Recevez, Monsieur, Ministre… » Je vous prie, cher Maître, de vouloir bien transmettre à la presse cette lettre au Ministre. Avec mes remerciements anticipés, je vous prie d'agréer,…HG ».

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