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Paris

Région :
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Département :
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(1944 - 1946) Préfet de la Seine (1892-1971)
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Jacques Seidenberg

Texte pour ecartement lateral

Paris 75003 Paris
Date de naissance: 1937 (Paris)
Arrestations: 1943
Motif de la non déportation : Libéré
Aidé ou sauvé par : - Constant Martin - Henriette Martin
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Histoire

Renazé le 24/04/2006

Cérémonie à l'occasion de la remises de la Médailles des Justes parmi les Nations

Discours prononcé par Monsieur Jacques Seidenberg lors de la Cérémonie de remise de la Médaille des Justes

Monsieur le Préfet, Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs du Conseil municipal de Renazé, le Comité Français pour Yad Vashem, Monsieur le représentant de l’ACI Pays de Loire, chers Louis et Jeannine Martin, chers famille et amis, Mesdames et Messieurs,

Permettez-moi d’adresser mes plus vifs remerciements à l’Etat d’Israël ainsi qu’au Mémorial Yad Vashem représenté par Monsieur et Madame G.Goldenberg, pour avoir accepté de décerner le titre "Justes parmi les Nations", à Monsieur
Constant Martin* et Henriette Martin* représentés par Monsieur Louis Martin, leur fils, et Madame Jeannine Martin née Daguin son épouse et avoir ainsi pérennisé leur mémoire.

Mes remerciements vont aussi à Monsieur Richard Flament, maire de Renazé, aux membres du conseil municipal, à Monsieur et Madame G.Goldenberg du comité régional de Yad Vashem pour l’organisation de cette cérémonie ainsi qu’à toutes les personnes présentes qui ont eu à cœur d’honorer la mémoire de ces deux Justes dont les noms seront désormais gravés sur le Mur d’Honneurs dans le Jardin des Justes parmi les Nations de Yad Vashem à Jérusalem.

Cette reconnaissance, au-delà de ma modeste personne, est celle de tout un peuple et de toute une nation qui à coup sûr ne les oublieront jamais pour l’acte de courage désintéressé qu’ils ont accompli en dépit des énormes risques encourus dont ils avaient bien sûr conscience.

Ils se sont dangereusement exposés pour sauver la vie du petit garçon juif d’à peine cinq ans que j’étais quand je suis arrivé chez eux en ce sombre mois de mars 1943.

Mon très cher Louis, ma très chère Jeannine, vous savez ô combien vos parents me sont chers et combien cette reconnaissance officielle me tient à cœur en dépit du temps passé, car dans le règne de Dieu où ils se trouvent à présent, c’est avant tout le souvenir désormais pérenne de deux êtres d’exception qui compte pour moi.

Je voudrais ici rappeler ce que vos parents ont fait pour le petit gamin que j’étais, mais avant tout il faut brièvement me situer en ce triste mois de mars 1943.

Mes parents originaires d’une province à l’est de la Pologne annexée par la Russie étaient venus s’installer à Paris pour fuir les fréquents pogroms qui sévissaient contre les Juifs.

Ils s’installèrent au 22 rue Rambuteau dans le troisième arrondissement de Paris entre 1930 et 1937 année de ma naissance. Ils espéraient pour toute la famille une vie meilleure que celle de leur pays d’origine. Malheureusement la guerre éclata, et les polices nazis et de Vichy s’attelèrent à exterminer tous les Juifs qui se trouvaient en France. C’est ainsi que mon père fut raflé à Paris et déporté le 19/08/1942 à Auschwitz via Drancy où il y mourut.

Quant à ma mère et moi, après une tentative infructueuse de leur part, nous fûmes arrêtés par la police et la milice au début de l’année 1943 et conduits au commissariat du 3° arrondissement dont nous dépendions. C’est de là que j’en fus extrait et sauvé in extremis par miracle grâce à une très jeune et courageuse jeune fille juive de 18 ans environ, amie de la famille, Josha Garélick, qui me conduisit chez elle.
Malheureusement, ma mère ne put être sauvée, elle fut conduite au camp de Drancy qu’elle quitta le 2 mars 1943 pour Auschwitz où elle y mourut. Toute ma famille de Pologne fut à de très rares exceptions près exterminée.

Ma sœur Esther, de sept ans mon aînée, eut la vie sauve. Une maladie qu’elle avait contractée nécessita son éloignement du foyer familial pour la Corrèze dans un institut de Bonnes Sœurs où elle fut cachée jusqu’à la fin de la guerre, ce qui l’épargna du pire.

Quant à moi, je me suis retrouvé dans la famille Martin à Renazé, dans des circonstances que j’ignore encore, grâce à l’intervention probable d’un réseau de résistants.

Constant Martin* était mineur dans une mine d’ardoises des environs, Henriette Martin* était femme au foyer. Leur maison était un peu à l’écart du village de Renazé, mais très proche d’une ferme qui se révéla bien utile en ces temps de grandes pénuries.

Leur fils Louis, ici présent, partageait sa chambre avec moi. Sa sœur Henriette, malheureusement décédée aujourd’hui, avait quitté la maison familiale pour s’installer dans le centre de Renazé avec son mari Albert Mercier également décédé aujourd’hui.

D’emblée tous les membres de la famille Martin m’adoptèrent et me prodiguèrent beaucoup d’attention et d’amour. Leurs situations, comme la mienne étaient fort délicates voire périlleuses. Ils habitaient une zone infestée par l’armée allemande et les sinistres SS, ce qui leur faisait prendre d’énormes risques au cas où j’aurais été dénoncé ou suite à un contrôle d’identité. Tout cela grâce à Dieu ne se produisit pas. Malgré mon intrusion inattendue dans leur quotidien, ils m’ouvrirent d’emblée leur cœur et firent tout ce qui était en leur pouvoir pour me rassurer et me consoler. Certes la tâche n’était guère aisée compte tenu de mon très jeune âge, de mon vécu avec la séparation brutale de ma sœur et de mes parents, de mon dénuement le plus total, de l’absence de tout repaire due à ma situation nouvelle.

Et pourtant, merveilleusement, le courant passa très vite, ils surent "m’apprivoiser" en me faisant partager chaque instant de leur vie de famille avec une extrême gentillesse, beaucoup d’attention et d’amour. En somme ils me traitèrent comme leur fils, comme leur frère.

Pendant les années qui suivirent mon arrivée, je partageais le plus clair de mon temps avec Madame Martin. Elle avait à sa charge toutes les tâches ménagères, le jardin potager, l’élevage des lapins, le ramassage du bois mort dans la forêt voisine qu’elle portait en fagots sur son dos jusqu’à la maison. Ce bois servait à alimenter la cuisinière et pour faire de l’eau chaude. Elle préparait également les repas, était infatigable et d’un courage sans pareil. Monsieur Martin travaillait à la mine, un métier très rude dont il devait mourir malheureusement très jeune à cause de la silicose qu’il avait contractée.

C’est grâce à cette famille que le petit citadin parisien que j’étais découvrit avec beaucoup d’émerveillement la nature environnante avec ses transformations au gré des saisons, les parfums des fleurs, les bêtes de la ferme, les odeurs de la campagne, les champs de blé après la moisson où nous allions ramasser la mâche sauvage, les parties de pêche joyeuses en famille, les forêts profondes où de temps à autre nous rencontrions des colonnes de maquisards.

Tout cela se révéla extraordinaire pour moi, je découvrais un monde nouveau, sans limite, comparé à l’espace réduit du petit appartement où nous habitions reclus à cause des lois de Vichy et des dangers quotidiens qui assaillaient mes parents.

Je fus scolarisé dans l’école du village sous une identité que j’ignore. Ma scolarité se passa très bien, ma sœur
Esther me félicita même dans une carte postale qu’elle m’envoya à l’époque pour mes très grands progrès en écriture !!

Mon séjour au sein de la famille Martin jusqu’à la libération de la France se révéla des plus profitables pour mon avenir. Outre la chance inouïe de m’avoir permis de survivre à cette immense tragédie, ils ont veillé à ma reconstruction physique et psychologique. Ils m’ont prodigué avec savoir-faire et simplicité tant d’amour et de chaleur humaine que cela m’a permis de me replonger dans l’insouciance de l’enfance tout en contribuant à mon épanouissement et à mon équilibre futur. C’est ainsi qu’avec l’indispensable confiance en moi je devais affronter mon existence future.

Cette situation idyllique devait malheureusement prendre fin brutalement pour moi après la libération. Un beau jour, une dame totalement inconnue vint me chercher. Ce fut encore une fois un immense déchirement inattendu. Je dus quitter la famille Martin avec beaucoup de tristesse tant mon attachement à elle était fort. Ce départ marqua le début de multiples et dures séparations car il me fallait quitter un orphelinat pour un autre.

Néanmoins, le nom de la famille Martin devait rester gravé dans ma mémoire et dès que je l’ai pu, je suis allé les retrouver. C’était par un beau jour d’automne au mois d’octobre 1963, pendant ma première permission à l’EAT de Tours où j’avais rejoins l’armée comme Sous-Lieutenant. Je me suis rendu à Renazé en voiture avec l’image de la maison des Martin ancrée dans ma mémoire.
Ils avaient déménagé entre temps et c’est avec beaucoup d’émotion que je les ai retrouvés.
Constant Martin* était, entre temps, malheureusement décédé.
Ces retrouvailles émouvantes devaient être le prélude à bien d’autres visites dont celle de la famille en Belgique. Et puis il y eut à nouveau de douloureuses séparations. Mais les souvenirs demeurent encore très vivaces aujourd’hui et je salue avec émotion la mémoire des disparus.

Je terminerai en disant que Monsieur et Madame Martin font partie de cette magnifique chaîne humaine qui commence par mes très chers parents Udes et Leiser, ma sœur
Esther, les monitrices et les moniteurs que j’ai eu l’occasion de côtoyer après la guerre dans les orphelinats d’organisations juives, Monsieur et Madame Avrutchi, la famille S. Newburgh, mes bienfaiteurs, qui tous ont très largement contribué dans ma jeunesse à mon épanouissement, à ma reconstruction, à mon insertion avec enthousiasme et optimisme dans la vie de tous les jours ainsi qu'à la fondation d’une très belle famille ici présente, dont je suis très fier.

Je désirais que les noms de
Constant Martin* et de Henriette Martin* soient à jamais gravés dans notre mémoire collective pour l’acte héroïque et désintéressé qu’ils ont accompli. C’est désormais chose faite, j’en suis très heureux et ému.

J’associe également ma très chère compagne Suzanne Krzentowski également présente et toute sa famille pour m’avoir permis de reprendre une vie heureuse après la disparition prématurée de ma très chère épouse Anna.

Merci pour votre attention.

 

26/06/2012
Auteur : Jacques Seidenberg

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Etoile jaune: le silence du consistoire centrale , Mémoire ou thèse 7 pages, réalisation 2013
Auteur : Thierry Noël-Guitelman - terminal
Lorsque la 8e ordonnance allemande du 29 mai 1942 instaure l'étoile jaune en zone occupée, on peut s'attendre à la réaction du consistoire central. Cette étape ignoble de la répression antisémite succédait aux statuts des juifs d'octobre 1940 et juin 1941, aux recensements, aux rafles, aux décisions allemandes d'élimination des juifs de la vie économique, et au premier convoi de déportés pour Auschwitz du 27 mars 1942, le consistoire centrale ne protesta pas.


Liens externes [Ajouter un lien vers un article d'intérêt ou un site internet]
1 Juifs en psychiatrie sous l'Occupation. L'hospitalisation des Juifs en psychiatrie sous Vichy dans le département de la Seine (Par une recherche approfondie des archives hospitalières et départementales de la Seine, l'auteur opère une approche critique des dossiers concernant des personnes de confession juive internées à titre médical, parfois simplement préventif dans le contexte des risques et des suspicions propres à cette période. La pénurie alimentaire est confirmée, influant nettement sur la morbidité. Ce premier travail sera complété par un examen aussi exhaustif que possible des documents conservés pour amener une conclusion. )
2 Héros de Goussainville - ROMANET André (Héros de Goussainville - Page ROMANET André )
3 Notre Dame de Sion : les Justes (La première religieuse de Sion à recevoir ce titre en 1989 est Denise Paulin-Aguadich (Soeur Joséphine), qui, à l’époque de la guerre, était ancelle (en religion, fille qui voue sa vie au service de Dieu). Depuis, six autres sœurs de la congrégation, ainsi qu’un religieux de Notre-Dame de Sion ont reçu la même marque de reconnaissance à titre posthume. Ils ont agi à Grenoble, Paris, Anvers, Rome. L’action de ces religieuses et religieux qui ont sauvé des Juifs pendant la deuxième guerre mondiale mérite de ne pas être oubliée. Et il y en a d’autres, qui, même s’ils n’ont pas (encore ?) reçu de reconnaissance officielle, ont œuvré dans le même sens, chacun à leur place. )
4 L'histoire des Van Cleef et Arpels (Blog de Jean-Jacques Richard, très documenté. )
5 Résistance à la Mosquée de Paris : histoire ou fiction ? de Michel Renard (Le film Les hommes libres d'Ismël Ferroukhi (septembre 2011) est sympathique mais entretient des rapports assez lointains avec la vérité historique. Il est exact que le chanteur Selim (Simon) Halali fut sauvé par la délivrance de papiers attestant faussement de sa musulmanité. D'autres juifs furent probablement protégés par des membres de la Mosquée dans des conditions identiques.
Mais prétendre que la Mosquée de Paris a abrité et, plus encore, organisé un réseau de résistance pour sauver des juifs, ne repose sur aucun témoignage recueilli ni sur aucune archive réelle. Cela relève de l'imaginaire. )
6 La Mosquée de Paris a-t-elle sauvé des juifs entre 1940 et 1944 ? une enquête généreuse mais sans résultat de Michel Renard (Le journaliste au Figaro littéraire, Mohammed Aïssaoui, né en 1947, vient de publier un livre intitulé L’Étoile jaune et le Croissant (Gallimard, septembre 2012). Son point de départ est un étonnement : pourquoi parmi les 23 000 «justes parmi les nations» gravés sur le mémorial Yad Vashem, à Jérusalem, ne figure-t-il aucun nom arabe ou musulman ? )
7 Paroles et Mémoires des quartiers populaires. (Jacob Szmulewicz et son ami Étienne Raczymow ont répondu à des interviews pour la réalisation du film "Les garçons Ramponeau" de Patrice Spadoni, ou ils racontent leur vie et en particulier leurs actions en tant que résistants. On peut le retrouver sur le site Paroles et Mémoires des quartiers populaires. http://www.paroles-et-memoires.org/jan08/memoires.htm. (Auteur : Sylvia, Source : Canal Marches) )
8 Les grands entretiens : Simon Liwerant (Témoignage de Simon Liwerant est né en 1928. Son père Aron Liwerant, ouvrier maroquinier né à Varsovie, et sa mère Sara née Redler, seront arrêtés et déportés sans retour. )

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