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Région :
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Département :
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(1944 - 1946) Préfet de la Seine (1892-1971)
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Raphaël Feigelson

Texte pour ecartement lateral

Paris 75000 Paris
Date de naissance: 17/02/1926 (Paris)
Arrestations: 14/05/1944
Age de l'arrestation : 19
Date et lieu de la déportation : 31/07/1944
Numéro de convoi : 77
Nom du camp : Auschwitz (Pologne)
Date du retour de camp : 1945
Qualité: Résistant
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Raphael-Feigelson
Raphaël Feigelson
source photo : Arch. fam.
crédit photo : D.R.
Raphael-Feigelson
Raphaël Feigelson, 18 ans
source photo : Coll. Convoi 77
crédit photo : D.R.
Histoire

Raphaël Feigelson, ce Français qui a conduit les Russes à Auschwitz

Fils d’un marchand de machines à coudre parisien originaire de Lituanie, il avait, résistant, été arrêté à Toulouse, puis déporté à Auschwitz. S’étant évadé, il a permis la libération du camp.

Les Soviétiques l’ont surnommé le "Franzouski Partizan". Le 27 janvier 1945, Raphaël Feigelson a guidé jusqu’à Auschwitz une unité soviétique de la 97e division de la 60e armée du 1er front d’Ukraine. Un titi parisien du Ve arrondissement qui, malgré ses presque 19 ans, avait déjà l’expérience de quatre années de résistance active et de six mois derrière les barbelés du camp de la mort. "Himmler, rappelle-t-il, avait voulu faire d’Auschwitz la plus redoutable machine d’extermination au service de la solution finale." Il raconte son arrivée : "A notre descente du convoi, le 3 août 1944, on nous a aussitôt mis en condition. Les crocs des chiens, les coups de matraques, les ordres hurlés, les familles séparées. Et ce SS qui arrache un bébé des bras de sa mère et qui lui fracasse le crâne contre un wagon ou cette brute qui lance un autre nouveau-né en l’air et lui tire dessus. Nous étions en enfer. On ne pourrait en sortir que par une cheminée."

Il poursuit : "Le 27 janvier 1945, jour où je suis revenu à Auschwitz avec les soldats soviétiques, était un samedi. Dieu m’a fait porter les armes le jour de shabbat, ce qui est interdit, afin d’empêcher que ne soient détruites les preuves de ces atrocités et que l’on sauve les quelques rescapés qui restaient."


Il recopie des tracts
Raphaël Feigelson n’avait pas attendu l’appel du général de Gaulle, le 18 juin 1940, pour résister. "D’ailleurs, dit-il, je ne l’ai pas entendu. On m’en a parlé bien après." Dès l’entrée des Allemands dans Paris, le soir, il recopie à la main des tracts hostiles à l’occupant que rédige son père, Pinkos, un Juif lituanien originaire de Vilnius qui tient un magasin de machines à coudre, à Paris dans le Ve arrondissement. Les tracts sont intitulés "La lettre de M. Paul", que le gosse, il a alors 14 ans, distribue ensuite dans les boîtes aux lettres de son quartier.

Pinkos met en place un petit groupe, David (direction de l’armée des volontaires israélites de défense), destiné à aider les Juifs, dont les mesures antisémites rendent la vie intenable. Raphaël et sa mère, Luba, quasiment aveugle, sont ses agents de liaison. Parallèlement, le gamin "bricole" au sein du Yasc (Yiddish Athlétic Sporting Club), une association du Xe arrondissement. Seulement, au printemps 1942, un policier du commissariat de la rue Geoffroy-Saint-Hilaire lui conseille de se mettre au vert. Il a reçu l’ordre de le surveiller.

A Toulouse, le piège de la milice
En juin, malgré des sueurs froides lors du franchissement de la ligne de démarcation, Raphaël gagne Lyon, puis Toulouse, où, pensionnaire d’un lycée de la rue des Récollets, il fonde un petit groupe, Les Amis du peuple. Puis, il se rapproche des mouvements locaux de la Résistance, et, sous plusieurs identités, colonel Marat, capitaine Sicot, Joseh, d’Artagnan…, accentue ses actions clandestines. Ayant contribué à l’unification de la résistance des jeunes, de Bordeaux à Toulouse, il prend le commandement militaire régional des Forces unies de la jeunesse patriotique et entraîne des formations armées qui, en 1944, deviennent les unités de jeunes des FFI.

Hélas ! Le 14 mai 1944, près du pont Saint-Pierre, il ne peut éviter un piège de miliciens. "Ils m’ont foutu à poil, torturé à la gégène. Miracle, le choc électrique m’a rendu amnésique, ce qui m’a empêché de parler sous la douleur." Ses bourreaux, eux continuent. "Ils m’ont tabassé, écrasé les doigts avec des pinces, ils ont même essayé de me passer des journaux en feu sur la plante des pieds. Ces cons avaient peur de se brûler les mains." Alors, ils le confient à la Gestapo, qui lui appliquent de nouvelles tortures. Deuxième miracle qui lui évite de succomber aux coups, une erreur d’aiguillage bureaucratique l’envoie au camp d’internement de Compiègne, d’où, le 2 juillet 1944, il doit être embarqué pour Mauthausen. Au moment du départ, alors que la Gestapo toulousaine, ayant réalisé sa bévue, le réclame pour poursuivre les interrogatoires, Aloïs Brunner, adjoint d’Adolf Eichmann en France, qui effectue une visite à Compiègne, ordonne de le diriger, ainsi que d’autres résistants juifs, sur Auschwitz. Parti de Drancy le 31 juillet 1944, son convoi, le 77, arrivera à Auschwitz le 3 août.

Raphaël Feigelson est affecté à un commando qui trace des routes, à un autre qui pose des canalisations, à un troisième qui déterre les bombes n’ayant pas explosé, à un commando disciplinaire d’où l’organisation clandestine de résistance parvient à le faire muter à la "vieille-désinfection", un commando contrôlé par ses amis chargés de désinfecter les vêtements des nouveaux arrivants. "Dans notre block, nous planquions des armes en prévision d’une évasion collective. Elle n’a jamais eu lieu. Le 7 octobre, les SS ayant investi le “Sonder Kommando”, celui des chambres à gaz."

Pris pour des espions nazis
Lorsque les SS commencent à évacuer Auschwitz, entraînant les survivants dans d’épouvantables marches de la mort, les résistants reçoivent l’ordre de se cacher et d’attendre l’arrivée des partisans polonais. "Ils ne sont jamais venus. En revanche, c’est un commando spécial SS qui s’est pointé. Sa mission : détruire toute trace des horreurs commises par les nazis et transformer le site en un banal champ labouré." Pour Raphaël Feigelson et ses camarades, il faut à tout prix les en empêcher. "Le 21 janvier, nous avons découpé une ouverture dans les barbelés qui n’étaient plus électrifiés. On a pris des draps blancs, des vêtements chauds, des armes, et on est parti en direction du front. On a marché, marché. C’était la confusion la plus totale. Nous étions au beau milieu des combats. Obus allemands, orgues de Staline soviétiques, ça tombait de tous les côtés."

Enfin, ils rencontrent des soldats soviétiques. Ceux-ci les prennent pour des espions. "Ils ont immédiatement voulu nous fusiller. J’ai interpellé leur officier : “Ya Franzouski Partizan.” Remarquant que je parlais à mes copains en yiddish, il m’a demandé : “Du bist yid ?” (tu es juif ?). Lui aussi était juif. Je ne pouvais donc pas être un nazi et encore moins un espion. Je lui ai raconté Auschwitz, les chambres à gaz, les fours crématoires. Il était impensable de laisser les SS raser les installations. Il fallait que le monde sache ce qui s’était déroulé là : le plus grand massacre de toute l’histoire de l’humanité."

Auschwitz ne figure pas sur le plan d’offensive de l’officier de l’armée rouge. Convaincu par Raphaël Feigelson, il modifie son ordre de route et atteint Auschwitz le 27 janvier. "Il restait environ trois mille déportés dans le camp, malades, trop faibles pour bouger. Surpris par l’arrivée des Soviétiques, les Allemands n’ont eu le temps ni de les éliminer, ni de détruire les preuves de leur entreprise d’extermination."
Après la libération d’Auschwitz, Raphaël Feigelson participera avec les Soviétiques au "nettoyage" de la région. Puis, en uniforme de l’armée rouge, prendra à Odessa un bateau anglais pour Marseille et retrouvera ses parents à Paris en avril.

Article d'Alain Vincenot, paru dans France Soir du 27 janvier 2010

22/04/2010
Auteur : Alain Vincenot
Source :
France Soir

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Portrait

À 83 ans, Raphaël Feigelson parle avec une voix calme et posée des événements qui ont pourtant marqué sa vie.

“Audacieux, gonflé, mais prudent”
En 1939, il n’a que 13 ans au moment où la France entre dans la Deuxième Guerre mondiale. Dès l’été 1940, son père entreprend la publication d’un journal. “La lettre de M. Paul”, manuscrite, marque l’entrée de la famille Feigelson dans la résistance.
Le 11 novembre 1940, j’étais sur les Champs-Elysées”, raconte Raphaël Feigelson. “C’était la première manifestation de masse contre l’occupant. Cela a eu un impact international considérable”. À Paris, dans le Ve arrondissement, le magasin de machines à coudre familial cache un émetteur clandestin. En 1942, le père de Raphaël Feigelson est arrêté par les Allemands et condamné à trois ans de prison. Libéré par erreur au bout de trois mois, celui-ci revient à Paris et se cache. Pour éviter de faire remarquer le retour de son père, Raphaël Feigelson passe en zone libre. Ce sera d’abord Lyon, puis Toulouse.
Une fois là-bas, j’ai commencé par éditer un journal : l’Ami du peuple”, se souvient Raphaël Feigelson. “Le réseau FTP, (Francs-tireurs et partisans), est entré en contact avec moi”.

Déportation à Auschwitz
À 16 ans, il s’occupe alors de toutes sortes d’activités souterraines, dont la plus importante concerne le recrutement et la formation des jeunes combattants.
Il prend beaucoup de risques, frôle plusieurs fois l’arrestation. “J’étais audacieux, gonflé, mais prudent”. Hélas, tous ses contacts n’avaient pas la même prudence.
En mai 1944, l’un de ses compagnons est arrêté par la milice. Raphaël Feigelson est appréhendé à son tour, torturé par la milice et la gestapo.
Juif et résistant, “Raph” ne se fait guère d’illusions sur son sort. Le 31 juillet 1944, il est déporté en direction d’Auschwitz. “Au départ du convoi, nous étions 1 300. Mais seulement 300 sont entrés dans ce camp d’extermination, les autres furent gazés et brûlés le jour même.
En janvier 1945, les Allemands en pleine déroute projettent de détruire le camp. Profitant de la panique, le jeune homme s’évade, traverse la ligne de front pour retrouver les troupes russes, qu’il guide jusqu’à Auschwitz. Le camp sera délivré le 27 janvier. Raphaël Feigelson participe aux combats dans la région. Puis, après plusieurs étapes, c’est le retour à Paris.
La vie reprend son cours.

Avec son épouse Eva, ils héritent d’un pavillon à Brunoy qui deviendra leur résidence secondaire.

Puis viennent les honneurs. Médaille de la Résistance, médaille des Évadés, médaille Militaire, Croix de guerre avec palme. Il est fait chevalier de la Légion
d’Honneur en 1975 par Valéry Giscard d’Estaing.
Aujourd’hui, il porte un regard lucide sur l’humanité : “l’homme est un loup pour l’homme”. Optimiste malgré tout, il ajoute : “mais y’a quand même des gens bien”.

22/04/2010

Source :
Un mois en ville n° 71, mai 2009
Lien : Brunoy

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Etoile jaune: le silence du consistoire centrale , Mémoire ou thèse 7 pages, réalisation 2013
Auteur : Thierry Noël-Guitelman - terminal
Lorsque la 8e ordonnance allemande du 29 mai 1942 instaure l'étoile jaune en zone occupée, on peut s'attendre à la réaction du consistoire central. Cette étape ignoble de la répression antisémite succédait aux statuts des juifs d'octobre 1940 et juin 1941, aux recensements, aux rafles, aux décisions allemandes d'élimination des juifs de la vie économique, et au premier convoi de déportés pour Auschwitz du 27 mars 1942, le consistoire centrale ne protesta pas.


Liens externes [Ajouter un lien vers un article d'intérêt ou un site internet]
1 Juifs en psychiatrie sous l'Occupation. L'hospitalisation des Juifs en psychiatrie sous Vichy dans le département de la Seine (Par une recherche approfondie des archives hospitalières et départementales de la Seine, l'auteur opère une approche critique des dossiers concernant des personnes de confession juive internées à titre médical, parfois simplement préventif dans le contexte des risques et des suspicions propres à cette période. La pénurie alimentaire est confirmée, influant nettement sur la morbidité. Ce premier travail sera complété par un examen aussi exhaustif que possible des documents conservés pour amener une conclusion. )
2 Héros de Goussainville - ROMANET André (Héros de Goussainville - Page ROMANET André )
3 Notre Dame de Sion : les Justes (La première religieuse de Sion à recevoir ce titre en 1989 est Denise Paulin-Aguadich (Soeur Joséphine), qui, à l’époque de la guerre, était ancelle (en religion, fille qui voue sa vie au service de Dieu). Depuis, six autres sœurs de la congrégation, ainsi qu’un religieux de Notre-Dame de Sion ont reçu la même marque de reconnaissance à titre posthume. Ils ont agi à Grenoble, Paris, Anvers, Rome. L’action de ces religieuses et religieux qui ont sauvé des Juifs pendant la deuxième guerre mondiale mérite de ne pas être oubliée. Et il y en a d’autres, qui, même s’ils n’ont pas (encore ?) reçu de reconnaissance officielle, ont œuvré dans le même sens, chacun à leur place. )
4 L'histoire des Van Cleef et Arpels (Blog de Jean-Jacques Richard, très documenté. )
5 Résistance à la Mosquée de Paris : histoire ou fiction ? de Michel Renard (Le film Les hommes libres d'Ismël Ferroukhi (septembre 2011) est sympathique mais entretient des rapports assez lointains avec la vérité historique. Il est exact que le chanteur Selim (Simon) Halali fut sauvé par la délivrance de papiers attestant faussement de sa musulmanité. D'autres juifs furent probablement protégés par des membres de la Mosquée dans des conditions identiques.
Mais prétendre que la Mosquée de Paris a abrité et, plus encore, organisé un réseau de résistance pour sauver des juifs, ne repose sur aucun témoignage recueilli ni sur aucune archive réelle. Cela relève de l'imaginaire. )
6 La Mosquée de Paris a-t-elle sauvé des juifs entre 1940 et 1944 ? une enquête généreuse mais sans résultat de Michel Renard (Le journaliste au Figaro littéraire, Mohammed Aïssaoui, né en 1947, vient de publier un livre intitulé L’Étoile jaune et le Croissant (Gallimard, septembre 2012). Son point de départ est un étonnement : pourquoi parmi les 23 000 «justes parmi les nations» gravés sur le mémorial Yad Vashem, à Jérusalem, ne figure-t-il aucun nom arabe ou musulman ? )
7 Paroles et Mémoires des quartiers populaires. (Jacob Szmulewicz et son ami Étienne Raczymow ont répondu à des interviews pour la réalisation du film "Les garçons Ramponeau" de Patrice Spadoni, ou ils racontent leur vie et en particulier leurs actions en tant que résistants. On peut le retrouver sur le site Paroles et Mémoires des quartiers populaires. http://www.paroles-et-memoires.org/jan08/memoires.htm. (Auteur : Sylvia, Source : Canal Marches) )
8 Les grands entretiens : Simon Liwerant (Témoignage de Simon Liwerant est né en 1928. Son père Aron Liwerant, ouvrier maroquinier né à Varsovie, et sa mère Sara née Redler, seront arrêtés et déportés sans retour. )

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