Préfets :
Achille Villey-Desmeserets
(1934 - 1940) Achille Joseph Henri Villey-Desmeserets, Préfet de la Seine (1878-1953)
Charles Paul Magny
(13/10/1940 - 19/08/1942) Préfet de la Seine (1884-1945)
François Bard
(14/05/1941 - 01/06/1942) Amiral François Marc Alphonse Bard, Préfet de police de la Seine (1889-1944)
Amédée Bussière
(01/06/1942 - 19/08/1944) Préfet de police de la Seine lors de la rafle du Vél d’Hiv (1886-1953)
René Bouffet
(19/08/1942 - 19/08/1944) Préfet de la Seine. Arrêté et révoqué par la Résistance le 19 août 1944 (1896-1945)
Marcel Pierre Flouret
(1944 - 1946) Préfet de la Seine (1892-1971)
Charles Léon Luizet
(1944 - 1947) Préfet de police de la Seine (1903-1947)
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Suzanne Szuster
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Texte pour ecartement lateral
Paris 75018 - Paris
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Nom de naissance: Szuster
Nom d'épouse: Spiler
Date de naissance: 04/11/1932 (Paris 12e)
Nationalité : Française
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Arrestations: 26/03/1943
Motif de la non déportation : Echappée le jour de l'arrestation
Age de l'arrestation : 10
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Suzanne, Rywka, Daniel (5 mois et ½) et Paulette Szuster en mars 1943, une semaine avant leur arrestation sur dénonciation
source photo : Arch. Suzanne Szuster Spiler
crédit photo : D.R. |
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Suzanne, à son arrivée au kibboutz en Israël en 1952
source photo : Arch. Suzanne Szuster Spiler
crédit photo : D.R. |
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Photographie d’identité : Rywka, Paulette (à gauche) et Suzanne (à droite) en 1934
source photo : Arch. Suzanne Szuster Spiler
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Suzanne travaille comme auxiliaire de puériculture dans la crèche de la rue Lamarck à Paris au début des années 60
source photo : Arch. Suzanne Szuster Spiler
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Les deux sœurs s’amusent dans le jardin du pavillon de Soisy-sous-Montmorency en 1938
source photo : Arch. Suzanne Szuster Spiler
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Suzanne Spiler avec ses deux enfants, Daniel à gauche et Joël à droite, durant l’été 69
source photo : Arch. Suzanne Szuster Spiler
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Suzanne au milieu des enfants en 1961
source photo : Arch. Suzanne Szuster Spiler
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Les deux soeurs posent dans le jardin à Soisy-sous-Montmorency en 1938
source photo : Arch. Suzanne Szuster Spiler
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Suzanne et Paulette posent chez le photographe en 1937
source photo : Arch. Suzanne Szuster Spiler
crédit photo : D.R. |
Histoire
Une famille heureuse
Icek Szuster vit en Pologne. L’antisémitisme et la misère le poussent à choisir de partir pour la France, le pays des Droits de l’Homme où il est possible de vivre décemment à l’abri des discriminations.
Des membres de sa famille sont déjà en France.
En 1924, il franchit le pas et il part seul pour essayer de se construire une situation respectable. Il apprend alors le métier de tailleur, sans pour autant avoir suivi de formation en Pologne.
En 1924, Hitler défend le principe d’une race supérieure à toutes les autres. La population allemande est l’exemple parfait de cette catégorie. Elle doit soumettre ou éliminer les races "inférieures", Tziganes, Slaves, Noirs, et surtout les Juifs.
Icek Szuster crée un atelier, il a 5 ouvriers, il travaille énormément, 12 ou 13 voire 14 heures par jour. Grâce à ses revenus obtenus non sans mal, il peut louer un appartement.
En 1930, Rywka, qu’il a connue en Pologne le rejoint et Paulette naît la même année.
Rywka ne travaille pas, elle s'occupe de sa famille.
En 1932, ils obtiennent la naturalisation française, juste après la naissance de Suzanne en novembre.
Paulette et Suzanne sont françaises, nées sur le sol français, ce qui ne sera plus le cas pour leurs parents après les premières lois discriminatoires en France sous le régime de Vichy.
Ils vivent heureux, ne manquent de rien et Icek achète même un petit pavillon à Soisy-sous-Montmorency pour y passer les vacances. Le jardin est rempli de fleurs.
La nuit de Cristal
Le 9 novembre 1938, un pogrom est organisé un peu partout en Allemagne. Des Juifs sont arrêtés, une centaine d’entre eux sont assassinés. 267 synagogues sont détruites et brûlées et de plus 7 500 magasins sont pillés. Leurs vitrines sont brisées. Les Juifs sont condamnés à une amende de 1 milliard de marks pour réparer les dégâts.
Cette terrible nuit est tristement surnommée "Kristallnacht", la "Nuit de Cristal". Au cours de cette soirée, 30 000 Juifs sont déportés dans les camps allemands nouvellement construits.
L'entrée en guerre de la France
Dès son arrivée au pouvoir, Hitler a le désir de renforcer ses positions en Europe pour se venger de l’affront du traité de Versailles et constituer un Empire de langue allemande.
En 1936, il remilitarise la Rhénanie puis il mène une politique d’agressions en envahissant l’Autriche en 1938. La conférence de Munich en septembre 1938 réunissant l’Allemagne, l’Italie, la France et le Royaume-Uni illustre la faiblesse des démocraties qui autorisent Hitler à annexer les Sudètes pour que la paix demeure en Europe.
Cette politique d’apaisement ouvre en fait la route de la Seconde Guerre mondiale à Hitler.
Il envahit la Pologne le 1er septembre 1939 puis se retourne vers l’Europe occidentale où successivement les Pays-Bas, la Belgique et la France succombent devant la stratégie de la guerre-éclair qui consiste à frapper vite et fort avec l’utilisation combinée des chars et de l’aviation.
Icek Szuster s’engage volontairement dans l’armée française. Il a alors 39 ans. Il se sent citoyen français. La France, ce beau pays qui l’a accueilli et lui a offert une nouvelle vie. Il est fier d’en défendre ses valeurs.
L'exode
En avril 1940, les denrées alimentaires commencent à être rationnées et on dit que les Allemands seront bientôt à Paris.
Icek et Rywka décident de fuir la ville, comme beaucoup de riverains qui craignent la réaction des Allemands aux portes de Paris. Ils partent se réfugier en Bretagne, dans un charmant petit village nommé Plouescat où vit la famille d’une de nos voisines.
L’arrivée à Plouescat se déroule bien. Icek remplace le boulanger absent. Il a appris ce métier à l’âge de 9 ans, en Pologne, après un dur apprentissage dans une boulangerie. La famille est très bien intégrée dans la vie du village et les enfants acceptent Paulette et Suzanne, comme compagnons de jeux.
En juin 1940, des Allemands arrivent à Plouescat. La France a perdu la guerre et cette scène se reproduit un peu partout dans le pays, sous le regard inquiet des habitants. Les bottes impeccables des Allemands, leurs tenues et leur allure martiale impressionnent la petite Suzanne.
Les Allemands s’installent alors dans le village et les gradés réquisitionnent les plus belles maisons pour eux.
Icek et Rywka décident alors de rentrer à Paris.
L'Occupation et la collaboration
Le 10 Juillet 1940, Pétain abolit la République et fonde l’Etat français à Vichy qui collabore avec les nazis.
A l'école, Suzanne doit chanter "Maréchal, nous voilà !".
A partir du 3 octobre 1940, les Juifs connaissent la discrimination. Ils n’ont notamment plus le droit d’exercer certains métiers : enseignant, juge, journaliste... Ils ne peuvent pas non plus se divertir, les squares, le cinéma, l’opéra leur étant aussi interdits.
En 1941, est créé le Commissariat Général aux Questions Juives (CGQJ), dirigé par Xavier Vallat un député de l’Ardèche antisémite. Cette institution organise alors le fichage, la traque, l’arrestation, la détention et la remise des Juifs et de leurs biens aux Allemands. La discrimination s’est transformée en persécution avec les premières rafles qui sont menées sur le territoire, plus de 9 000 personnes en sont victimes.
A partir de 1942, les Juifs âgés de plus de 6 ans doivent porter l’étoile jaune.
Suzanne a 9 ans lorsqu'elle doit porter l'étoile jaune : "Maman pourquoi me couds-tu cette étoile sur mon gilet ?" Elle m’explique qu’une loi nous oblige dès l’âge de 6 ans à porter sur nos vêtements une étoile jaune avec la mention "Juif". J'ai honte de sortir, nous ne méritons pas d’être "marqués" de la sorte. Aujourd'hui, je ne veux pas aller à l'école mais j'y vais quand même. Ce qui est difficile pour moi, c’est de faire face aux réactions de mes camarades qui sont stupéfaites car elles ne comprennent pas.
Heureusement, nous ne sommes pas seules ma sœur et moi, personne ne se moque de nous, nous sommes déjà assez humiliées comme ça ! Depuis que l'on a dû rendre notre poste de radio rien ne va plus dans la famille : d'abord le tract reçu par ma sœur, puis le port de l'étoile jaune jusqu'à toutes ces nouvelles interdictions. On ne peut plus sortir le soir. Le dimanche, on ne peut plus aller au Sacré Cœur comme on le faisait chaque dimanche. Je me rappelle encore de ces beaux jours où l'on pouvait encore manger des glaces, faire du manège et se promener. Rien que le trajet jusqu'au Sacré Cœur représentait une vraie liberté pour nous. Moi et les autres Juifs, désormais, on n'a plus le droit de rien faire, on ne peut plus aller au cinéma, on n'a plus de vie, plus aucune distraction, ni de libertés : c'est l'enfer ce qui nous arrive !
J’entends aussi parler des rafles anti-juives par mes parents dont l’inquiétude grandit.1
La famille Szuster échappe à la rafle du Vel d'Hiv et le 30 septembre 1942, la famille s'agrandit du petit Daniel. Ce petit bébé arrivé en pleine tourmente égayait par ses babillages, ses sourires et sa joie de vivre la vie quotidienne devenue terne et frustrante par le port de l’étoile jaune, tous les interdits imposés aux Juifs et la campagne d’antisémitisme acharnée.
Paulette trouve un jour dans son cartable, glissé par une fillette de sa classe, un tract représentant un Juif affublé d’un nez immense et crochu, tract dont le texte immonde dénonçait le Juif comme un rapace dangereux, responsable de tous les maux de la terre et qu’il fallait anéantir.
Tout bascula le 26 mars 1943
Les Szuster habitaient au 16 de la rue Laghouat, à Paris dans le 18ème arrondissement, un quartier assez pauvre. Vers 7 h 30, on frappe à la porte. Paulette et Suzanne venaient de se lever pour aller à l’école et leur mère leur préparait leur petit déjeuner. Rywka alla ouvrir et un homme en civil pénétra dans l’appartement. Il venait arrêter Rywka, Paulette 12 ans, Suzanne 10 ans et le petit Daniel, âgé de 6 mois. Ils devaient s’habiller, rassembler quelques affaires, prendre un peu de nourriture et le suivre au commissariat.
Il leur indiqua qu’un autre inspecteur s’était rendu directement à l’atelier de tailleur d'Icek, tailleur, situé au rez-de-chaussée de l’immeuble.
Comment pouvaient-ils savoir que Icek était à l'atelier ?
Rywka prit à part Paulette et Suzanne et leur dit en yiddish de se sauver immédiatement et d’aller se réfugier chez Mme T., une voisine habitant deux maisons plus loin dans la même rue. Rywka ajoute “Si on te demande où tu vas, dis que tu vas acheter du pain. L’inspecteur présent la laissa sortir sans intervenir.2
Paulette refuse de quitter sa mère.
Suzanne, obéissante, marche seule, dans cette rue pleine de danger et se rend chez cette voisine. Quelques instants plus tard sa sœur l’y rejoint.
Mais cette mère de famille juive, dont le mari avait été déporté, paniqua. Elle avait cinq ou six enfants, dont certains en bas âge et elle craignait pour eux. Elle ne put garder les deux filles.
Cachées chez Mme Vincent
Elles les envoya alors chez Mme Vincent, une voisine non juive que les fillettes ne connaissaient pas, et qui habitait au numéro 9 dans la rue Laghouat. Mme Vincent n’avait pas d’enfant et accepta de les garder provisoirement, malgré les risques qu’elle encourait.
Mme Vincent se montre gentille et maternelle et les deux fillettes deviennent ses protégées.
Paulette et Suzanne vont rester enfermées dans l’appartement de Mme Vincent, évitant de s’approcher des fenêtres de crainte d’être aperçues de l’extérieur. Cette femme fut très gentille avec elles. Elle les occupa, leur apprit à coudre, à repriser les chaussettes et à tricoter.
" On se reverra peut-être bientôt"
Un soir, à la tombée de la nuit, Mme Vincent les emmena voir leur mère, Rywka et leur petit frère Daniel à l’Hôpital Rothschild (toutes les femmes allaitant leur bébé étaient transférées à l’ Hôpital Rothschild). Ce fut une expédition très dangereuse. Mme Vincent risquait gros en agissant ainsi. Elles longeaient les murs comme des voleurs de crainte d’être arrêtées. Mme Vincent tremblait de tous ses membres. Après maints détours pour déjouer toute catastrophe possible, elles arrivent à l’ Hôpital Rothschild où, à l’aide de complicités, sans doute, elles se trouvent dans la salle où séjournaient leur mère, Rywka et leur petit frère Daniel.
Suzanne se souvient qu’il était amaigri, pâle, triste et leur mère également. "Elle semblait abattue mais heureuse de les voir et de les savoir à l’abri. Elle nous pressa contre son cœur et elle pleura. Elle nous dit qu’elle n’avait plus de lait et qu’elle serait bientôt envoyée à Drancy avec mon petit frère, rejoindre notre père qui s’y trouvait déjà. “Faites bien attention à vous. Obéissez à la dame et toi, Paulette, veille sur ta sœur. On se reverra peut-être bientôt.” Elle nous embrassa très fort en pleurant. C’est la dernière fois que nous la vîmes".
Rywka et Daniel furent déportés le 31 juillet 1943. Ils arrivèrent à Auschwitz-Birkenau le 5 août et ils furent dirigés directement vers les chambres à gaz.
Icek resta au Camp de Drancy jusqu’au 1er juin 1943, puis il fut interné dans des cantonnements de la Gestapo à Orgeval et à Maisons-Laffitte, dans la région parisienne, d’où il s’enfuira le 17 août 1944.
Arrivée au Centre de la rue Lamarck
Paulette et Suzanne sont envoyées chez une coiffeuse, célibataire, dans l’appartement de laquelle elles vont rester cloîtrées pendant plusieurs jours.
Elles sont ensuite confiées au Centre de la rue Lamarck où elles vont rester quelques jours.
La vie au grand air de l’enfance malheureuse
M. Octave, un monsieur pour lequel Icek travaillait, organise le départ en Normandie des deux fillettes par l'intermédiaire d'un organisme “La vie au grand air de l’enfance malheureuse”.
Paulette et Suzanne arrivent en Normandie, près de Bourg-Achard, dans l’Eure.
Elles échouent alors dans une maison-fermette faisant partie d’un hameau, en pleine campagne.
Madame B., une jeune femme de 27 ans, robuste, méchante, rémunérée par “La vie au grand air” les prend en charge. Son mari est saoul du matin au soir.
C'est pour Paulette et Suzanne le début d’un véritable calvaire qui va durer environ seize mois.
Paulette et Suzanne sont à peine nourries, très peu vêtues (couvertes de crevasses et d’engelures), battues, maltraitées. Levées avec le soleil, elles devaient exécuter des travaux jusqu’à la tombée de la nuit, souvent des travaux d’hommes. Travaux des champs (sarclages, récoltes des pommes de terre, des haricots, des betteraves blanches, fenaison, etc.) Elles devaient scier et fendre à la hache de grandes bûches de bois qu'elles peuvent à peine soulever et poser à deux sur le chevalet. Elles devaient s'occuper des cochons, des vaches, du poulailler, des lapins. Lorsqu'elles menaient paître les vaches dans les prés ou allaient cueillir de l’herbe pour les lapins, c’était pour Paulette et Suzanne un moment privilégié car elles se sentaient libres. Il fallait aussi, à certaines périodes, cueillir des feuilles d’orties en quantité assez grande pour préparer la pâtée aux canetons. Pour éviter de subir les piqûres d’orties sur leurs mains, elles avaient découvert de vieilles chaussettes trouées dans le grenier. Lorsque Madame B. s’aperçut qu'elles avaient protégé leurs mains, elle se mit en colère et leur imposa la cueillette à mains nues. Celles-ci devinrent tout enflées par les brûlures d’orties.
Un jour, se rendant dans les champs, elles croisent une charrette. Le chemin était très étroit et elles grimpèrent sur le talus pour lui céder le passage. Le pied gauche de Suzanne glissa et passa sous les roues de la charrette. Il enfla immédiatement. Ne pouvant se déplacer ni vaquer aux travaux habituels, Madame B. accepta de la conduire chez le médecin. A la vue de son pied et sans doute aussi de sa maigreur, le docteur sermonna Madame B. et la somma de mieux s’occuper d'elle. Il lui reprocha sa saleté et la crasse qui recouvrait ses pieds. Il faut dire que c’était l’hiver et qu'elles étaient obligées d’aller se laver à la mare où les vaches buvaient, les canards pataugeaient et les grenouilles s’ébattaient. Une couche épaisse de glace recouvrait la mare et Paulette et Suzanne devaient la briser avec de grosses pierres. Autant dire que la toilette était rapide. Pour accéder à ce côté de la mare, il fallait descendre une petite pente accidentée. Étant alors en contrebas, on ne pouvait pas les voir des fenêtres de la maison. D’où leur toilette très sommaire.
De retour à la maison après la visite chez le médecin, Madame B., se mit dans une colère folle. Elle arracha leurs vêtements (ce qui fut vite fait car elles étaient peu couvertes), attrapa une brosse de chiendent au poil raide servant à décrasser les cochons, une bouteille de Crésyl réservée au nettoyage de la porcherie, et un seau d’eau froide, et les traîna toutes nues au milieu de la cour, par un froid glacial. “Ah ! Vous ne vous lavez pas ! Eh bien ! Je vais vous laver, moi !” Et elle se mit à leur frotter rageusement tout le corps avec la brosse. "Elle était hystérique, témoigne Suzanne. Nous étions en sang, le Crésyl nous brûlait, nous hurlions de douleur, et elle continuait, s’acharnant sur nous".
Très peu nourries (toute la nourriture était sous clé, inaccessible), Paulette et Suzanne essayaient de se débrouiller comme elles pouvaient. En cachette, elles montaient au grenier et chapardaient une poignée de blé dont elles mâchaient les grains longtemps jusqu’à ce qu’ils se transforment en une sorte de pâte qu'elles mastiquaient comme du chewing-gum. Elles cueillaient des baies sauvages ou des pommes vertes, à peine formées. "Nous avions toujours faim, dit encore Suzanne. Lorsque nous étions seules, ce qui était très rare, nous écrémions avec nos doigts, subrepticement, le lait contenu dans des terrines en grès dans lesquelles fermentait le caillé destiné aux cochons et desquelles la fermière recueillait la crème pour confectionner le beurre. Un jour, ma sœur, qui était un peu sourde, se croyant seule et n’ayant pas entendu notre gardienne arriver, se fit prendre en train d’écrémer le lait avec ses doigts. Madame B., hurlant, se mit à la frapper, la battant à tour de bras avec tant de rage que ma sœur s’écroula par terre, évanouie.
Nous devions faire cuire des pommes de terre pour les cochons, dans de grands chaudrons, dehors, sur un grand feu. Mais nous étions tellement surveillées lors de ces corvées que pas une fois nous n’avons pu dérober une seule pomme de terre. Nous enviions les cochons qui étaient bien nourris, eux. Nous étions si menacées par les représailles de cette méchante femme que nous n’osions risquer les coups qui s’ensuivraient.
Un certain soir, n’en pouvant plus, ma sœur et moi discutions dans notre lit sur les moyens d’envoyer une lettre à une voisine de Paris et de lui faire connaître notre calvaire. Je suppose que notre gardienne entendit notre conversation car elle bondit comme une furie dans notre chambre nous menaçant, en cas de plainte, de nous dénoncer aux Allemands et de nous faire déporter comme nos parents".
“La vie au grand air” avait délégué un homme pour venir effectuer une visite d'inspection et s'assurer que tout se passait bien. Il regagna Paris un filet rempli de victuailles (œufs, beurre, charcuteries) et ne fit aucun rapport sur l’état dans lequel il avait trouvé Paulette et Suzanne.
Après plusieurs années d’occupation, la France est en voie d’être libérée lorsque les Alliés débarquent en Normandie le 6 juin 1944, mais Paulette et Suzanne n'en savent rien.
Suzanne raconte : "Le 8 août 1944 restera pour moi un jour tristement mémorable. J’avais 11 ans 1/2.
Nous avions, ma sœur et moi, deux tâches à remplir : scier et fendre un lot de bois et couper une série de ficelles pour aller glaner le lendemain et lier les gerbes de blé. Après une courte dispute concernant la répartition des tâches, ma sœur se chargea de la corvée de bois et moi, de la coupe des ficelles. Nous avions tous un canif personnel. Le mien était très pointu et mal aiguisé et, coupant très mal, j’étais obligée de m’y prendre à plusieurs fois, car la ficelle ne cédait pas. Soudain, la ficelle se rompit en plein effort et la pointe de la lame pénétra dans mon œil droit. Immédiatement, ma vue se brouilla et un liquide coula sur ma joue. Je ne ressentais aucune douleur, seulement des picotements très vifs. Mais je fus prise de panique et hurlai de terreur. Ma sœur, entendant mes cris, accourut immédiatement. Se rendant compte qu’un grave accident venait de se produire, elle devint blême et, à l’arrivée de notre gardienne, pria celle-ci de m’emmener immédiatement chez le médecin. Laquelle refusa, alléguant que “ça n’était rien”. Mais ma sœur insista et elle reçut une volée de coups. Alors elle se mit à genoux et la supplia éperdument. La femme, excédée par tant d’obstination, attrapa ma sœur et la frappa à tour de bras, encore et encore, jusqu’à ce que ma sœur s’évanouît.
Trois jours plus tard, sur l’insistance tout à fait menaçante d’une voisine, la femme se décida enfin à agir. Le 11 août, je fus conduite à la clinique de Pont-Audemer où l’on procéda à l’énucléation de mon œil droit qui s’était complètement vidé. Après l’intervention chirurgicale, la douleur devint intense. Les infirmières furent très affectueuses et chaleureuses avec moi. Elles me chouchoutèrent à qui mieux-mieux. J’étais stupéfaite de voir que quelqu’un pût être aussi gentil avec moi. J’avais perdu l’habitude de véritables relations humaines. Dans mon malheur, je reçus une bouffée d’amour".
En août 1944, Icek retrouve ses filles
Le général Leclerc entre dans Paris avec la deuxième Division Blindée le 25 août 1944. La France est libérée.
Alors qu'elles faisaient paître les vaches dans les prés, Paulette et Suzanne voient apparaître au loin un homme qui soudain s’arrête et les observe. Il reste ainsi longtemps, sans bouger, les regardant, sans oser s’approcher. Il porte un vieux pantalon noir élimé et un gros pull de laine beaucoup trop grand pour lui et qui lui arrive à mi-cuisse.
Paulette et Suzanne sont intriguées par cet homme.
Paulette dit à Suzanne : “Tu ne trouves pas qu’il ressemble à Papa ?” Suzanne hésite, car son père était beaucoup plus gros. Mais l’écho du mot “papa” parvint à l’oreille du monsieur. Il s’approcha d'elles puis s’élança vers elles. C’était Icek. Il ne les avait d’abord pas reconnues tant elles étaient maigres. "Maintenant, il nous serrait très fort contre lui et nous embrassait se souvient Suzanne. Puis, voyant le mouchoir qui recouvrait mon œil, il le souleva. A la vue de cette cavité creuse à la place de mon œil, il s’effondra par terre et sanglota un long moment. Puis, soudainement pris de colère, il se relève, nous prend par la main et nous emmena chez le médecin du bourg. Celui-ci, scandalisé et épouvanté à la vue de notre état squelettique, nous ausculta. Il affirma à notre père que nous n’aurions pu survivre longtemps encore dans de telles conditions. Notre état de faiblesse était extrême. Il fallait nous ré-alimenter lentement, progressivement car nos organismes ne pourraient supporter sans dégâts une nourriture normale. "
Après la guerre
Maintenant que leur père était de retour, Paulette dit à Suzanne étaient certaines de retrouver très vite leur mère et leur petit frère… En janvier 1945, les armées alliées pénètrent en Allemagne et libèrent les camps, mais Rywka et Daniel ont été gazés le 5 août 1943 et font partie des 6 millions de Juifs assassinés, sur les 9 millions de Juifs qui vivaient en Europe.
Icek, qui n’avait ni logement ni travail, trouva une nourrice prête à accueillir Paulette et Suzanne, avec une ordonnance détaillée du médecin. En l’espace de trois mois, Paulette reprit 13 kilos et Suzanne 12 kilos. Elles ont alors 13 ans 1/2 et 11 ans ½.
Paulette et Suzanne ne souhaitent pas rester chez cette dame et Icek les place dans une maison d'enfants, sous l'égide de l'OSE, où elles rejoignent d’autres enfants juifs, fils et filles de déportés, pour la plupart orphelins, au Château de Corbeville, près d’Orsay.
Elles vont y passer quelques mois, très heureux, encadrées par deux jeunes monitrices gaies et dévouées, Marcelle et Rachel. Suzanne garde surtout un grand souvenir, tendre et ému, de la directrice Louba Pludermacher : "une femme superbe, énergique, dont la tâche était ingrate, mais qui fit preuve d’une grande générosité et d’un grand amour des enfants. Elle nous a encouragé
à envisager l’avenir autrement. Elle nous a redonné de l’espoir et nous a fait comprendre que nous avions notre avenir entre nos mains, que la société avait besoin de nous et que nous pourrions nous rendre utiles, que nous devions construire un monde meilleur afin que plus jamais ne se reproduise cette catastrophe que nous venions de vivre. Elle nous a donné le goût de la culture et nous a ouvert l’esprit. Elle nous a appris à réagir et à nous battre. Plus tard, lorsque nous avons été confrontés à la vie, nous avons dû faire en sorte d’oublier ce passé douloureux et traumatisant, et regarder vers l’avenir. Pour me construire une vie normale, j’ai été dans l’obligation d’enfouir tout ce passé au plus profond de mon être et de m’engager dans la vie comme si de rien n’était. J’y suis parvenue.".
Après la guerre, Icek intenta un procès à cette femme cruelle qui fit tant souffrir ces petites filles. Paulette et Suzanne sont contraintes de témoigner à son procès, alors qu'elles souhaitaient oublier cette période de souffrance. Madame B. fut condamnée à 6 mois de prison ferme.
Icek récupère enfin ses filles et ils habitent à Soisy-sous-Montmorency. La vie redevient à peu de choses près "normale".
Elles retournent à l’école, ne portent plus l’étoile jaune et ne se sentent plus mises à l’écart.
En 1951, Suzanne à 18 ans, elle obtient son diplôme d’auxiliaire de puériculture. Paulette a 20 ans, brillante étudiante, vient de réussir son concours d’entrée à l’Ecole Normale Supérieure de Fontenay pour devenir professeur de philosophie. Atteinte de schizophrénie, elle sera internée dans un asile psychiatrique jusqu’à sa mort, le 28 août 2006.
Suzanne se trouve seule pour la première fois sans sa sœur et part comme volontaire en Israël, s'éloignant ainsi du pays où l’antisémitisme avait brisé ma vie. Elle s'embarque sur un bateau en route pour Israël et le kibboutz. Elle y passera 5 ans avant de rentrer chez elle, en France, dans son pays !
En 1963, Suazanne rencontre Lucien Spiler. Ils auront deux fils, Daniel, né en 1964 et Joël, né en 1967.
Suzanne ajoute à son témoignage : "Il me fallut plusieurs décennies avant de réaliser et d’accepter la mort de ma mère et de mon petit frère. J’ai très longtemps cru qu’ils réapparaîtraient un jour dans ma vie, comme par miracle. Il est très difficile d’admettre la disparition d’êtres chers dans de telles conditions.
Je n’en ai accepté la réalité que le jour où je vis leurs noms inscrits dans les listes des convois du “Mémorial des déportés juifs de France” édité par Serge Klarsfeld. Ce fut alors pour moi la matérialisation de la certitude de leur mort."
Adapté par Hellen Kaufmann, d’après le témoignage de Suzanne Spiler née Szuster, 2008.
11/07/2011
Auteur : HK
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Le voyage à Auschwitz : j’ai 62 ans
En 1995, à l’occasion du 50ème anniversaire de la libération des camps de la mort, mon mari et moi, nous nous rendons, avec l’Amicale des Anciens déportés d’Auschwitz, à l’endroit où s’est déroulé le plus grand meurtre de masse de l’humanité. Ce voyage me tient beaucoup à coeur puisque à l’âge de 62 ans, je me suis enfin résolue à aller sur le lieu où ont été assassinés ma mère et mon petit frère.
Sur le chemin, de nombreuses pensées traversent mon esprit et je m’interroge : "Pourquoi cela leur est-il arrivé ? Daniel, un jeune bébé à peine âgé de 10 mois, ma mère, tant d’êtres humains innocents qui ne demandaient qu’à vivre."
Enfin parvenue sur les lieux, je vais au camp principal là où se trouve le musée puis à l’endroit terrible d’Auschwitz-Birkenau. Je me sens très émue sur ces terres de malheur où des centaines de milliers de Juifs, des personnes sans défense y compris Daniel et ma mère ont été massacrés, tués, gazés et brûlés ici simplement parce qu’ils avaient le tort d’être nés juifs.
En me dirigeant vers les chambres à gaz, je me dis : "Des milliers de Juifs, d’enfants ont fait le même chemin que toi il y a plus de 50 ans pour aller à l’abattoir. Pourquoi toi as-tu été épargnée et pas les autres ?
Enfin, arrivée devant les ruines des crématoires car les nazis avaient tout détruit pour effacer les preuves de leurs crimes, à côté des débris matériels, je sens le besoin irrépressible de conserver une part des miens pour en faire définitivement le deuil.
Alors, je ramasse une petite pierre dans les décombres du four crématoire et je la glisse dans mon sac. Puis dans un lac où les nazis déversaient les cendres de leurs victimes, je prends un petit tube que je remplis d’eau. Dans cette eau, peut-être se trouvent les traces de ma mère et de Daniel. Ces deux reliques, je les ramène précieusement chez moi, ils représentent pour moi, une matière, une partie de leurs corps, la sépulture à laquelle ils n’ont jamais eu droit.
09/07/2011
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Etoile jaune: le silence du consistoire centrale , Mémoire ou thèse
7 pages,
réalisation 2013
Auteur :
Thierry Noël-Guitelman
- terminal
Lorsque la 8e ordonnance allemande du 29 mai 1942 instaure l'étoile jaune en zone occupée, on peut s'attendre à la réaction du consistoire central. Cette étape ignoble de la répression antisémite succédait aux statuts des juifs d'octobre 1940 et juin 1941, aux recensements, aux rafles, aux décisions allemandes d'élimination des juifs de la vie économique, et au premier convoi de déportés pour Auschwitz du 27 mars 1942, le consistoire centrale ne protesta pas.
Liens externes
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1 Juifs en psychiatrie sous l'Occupation. L'hospitalisation des Juifs en psychiatrie sous Vichy dans le département de la Seine (Par une recherche approfondie des archives hospitalières et départementales de la Seine, l'auteur opère une approche critique des dossiers concernant des personnes de confession juive internées à titre médical, parfois simplement préventif dans le contexte des risques et des suspicions propres à cette période. La pénurie alimentaire est confirmée, influant nettement sur la morbidité. Ce premier travail sera complété par un examen aussi exhaustif que possible des documents conservés pour amener une conclusion. )
2 Héros de Goussainville - ROMANET André (Héros de Goussainville - Page ROMANET André )
3 Notre Dame de Sion : les Justes (La première religieuse de Sion à recevoir ce titre en 1989 est Denise Paulin-Aguadich (Soeur Joséphine), qui, à l’époque de la guerre, était ancelle (en religion, fille qui voue sa vie au service de Dieu). Depuis, six autres sœurs de la congrégation, ainsi qu’un religieux de Notre-Dame de Sion ont reçu la même marque de reconnaissance à titre posthume. Ils ont agi à Grenoble, Paris, Anvers, Rome. L’action de ces religieuses et religieux qui ont sauvé des Juifs pendant la deuxième guerre mondiale mérite de ne pas être oubliée. Et il y en a d’autres, qui, même s’ils n’ont pas (encore ?) reçu de reconnaissance officielle, ont œuvré dans le même sens, chacun à leur place. )
4 L'histoire des Van Cleef et Arpels (Blog de Jean-Jacques Richard, très documenté. )
5 Résistance à la Mosquée de Paris : histoire ou fiction ? de Michel Renard (Le film Les hommes libres d'Ismël Ferroukhi (septembre 2011) est sympathique mais entretient des rapports assez lointains avec la vérité historique. Il est exact que le chanteur Selim (Simon) Halali fut sauvé par la délivrance de papiers attestant faussement de sa musulmanité. D'autres juifs furent probablement protégés par des membres de la Mosquée dans des conditions identiques. Mais prétendre que la Mosquée de Paris a abrité et, plus encore, organisé un réseau de résistance pour sauver des juifs, ne repose sur aucun témoignage recueilli ni sur aucune archive réelle. Cela relève de l'imaginaire. )
6 La Mosquée de Paris a-t-elle sauvé des juifs entre 1940 et 1944 ? une enquête généreuse mais sans résultat de Michel Renard (Le journaliste au Figaro littéraire, Mohammed Aïssaoui, né en 1947, vient de publier un livre intitulé L’Étoile jaune et le Croissant (Gallimard, septembre 2012). Son point de départ est un étonnement : pourquoi parmi les 23 000 «justes parmi les nations» gravés sur le mémorial Yad Vashem, à Jérusalem, ne figure-t-il aucun nom arabe ou musulman ? )
7 Paroles et Mémoires des quartiers populaires. (Jacob Szmulewicz et son ami Étienne Raczymow ont répondu à des interviews pour la réalisation du film "Les garçons Ramponeau" de Patrice Spadoni, ou ils racontent leur vie et en particulier leurs actions en tant que résistants. On peut le retrouver sur le site Paroles et Mémoires des quartiers populaires. http://www.paroles-et-memoires.org/jan08/memoires.htm. (Auteur : Sylvia, Source : Canal Marches) )
8 Les grands entretiens : Simon Liwerant (Témoignage de Simon Liwerant est né en 1928. Son père Aron Liwerant, ouvrier maroquinier né à Varsovie, et sa mère Sara née Redler, seront arrêtés et déportés sans retour. )
Notes
- 1 - Les 16 et 17 juillet 1942, 4 500 policiers français raflent finalement 13 152 Juifs dont 4 115 enfants et les conduisent par autobus au Vélodrome d’Hiver dans une enceinte sportive où ils les parquent jusqu’à leur déportation via Drancy dans des conditions épouvantables. Parents et enfants seront déportés, gazés et brûlés au camp d’Auschwitz-Birkenau. La rafle du Vélodrome d’Hiver des 16 et 17 juillet 1942 à Paris symbolise la participation de l’administration française à l’extermination des Juifs.
- 2 - Paulette et Suzanne apprendront plus tard que le policier qui avait arrêté Icek à son atelier était revenu plusieurs jours de suite rôder dans la rue, à la recherche des deux petites filles, furieux qu’elles aient réussi à s’échapper et espérant les rattraper.
Suzanne témoigne des comportements diamétralement opposés des deux policiers venus les arrêter : l’un laissant partir Paulette et Suzanne, et l’autre acharné à les retrouver.
Suzanne apprendra après la guerre, que sa mère avait demandé à une voisine de prendre son petit frère, mais celle-ci avait refusé, répondant : “que voulez-vous que j’en fasse ?“.
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