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Juste parmi les Nations

Roger Belbéoch


Dossier Yad Vashem : 3004
Remise de la médaille de Juste : 19/12/1985
Sauvetage : Paris 75000 - Paris
Nogent-sur-Marne 94130 - Val-de-Marne
Type d'aide: Faux papiers
Profession: Policier
Qualité: Militant communiste et résistant
Date de naissance: 26/07/1921 (Saint-Maurice)
Date de décès: 05/11/2010 (Joinville-le-Pont)
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Roger-Belbeoch
La famille Mezan sauvée par Roger Belbéoch
source photo : Coll. Roger Belbéoch
crédit photo : DR
Roger-Belbeoch
Roger Belbéoch
source photo : Yad Vashem
crédit photo : D.R.
Roger-Belbeoch
Roger Belbéoch
source photo : Arch. fam.
crédit photo : D.R.
Roger-Belbeoch
Roger Belbéoch, 3e à gauche,
avec ses collègues du commissariat de Nogent,
8 mai 1945
source photo : Coll. Roger Belbéoch
crédit photo : DR
Notice

Né le 26 juillet 1921 à Saint-Maurice (aujourd'hui dans le Val-de-Marne), Roger Belbéoch*, communiste, est d'origine bretonne.
Admis dans l’Administration des Postes après ses études universitaires et membre, dès 1941, du Mouvement de Résistance "Front-National pour la Liberté et l'Indépendance nationale", il entre, en 1942, dans la Police pour échapper au STO et à la demande de la Résistance.
Roger Belbéoch*, jeune policier de vingt et un ans affecté au XIIe arrondissement de Paris.
Il devient membre d'une cellule de la Résistance, en 1941.
Courageusement, il distribuait les tracts de la Résistance au nez et à la Barbe de la police de Vichy et recueillait des informations la nuit. Il fabriquait aussi de faux papiers d'identité qu'il remettait notamment à des juifs persécutés.

Madame Mezan née Hermoza, l'épouse juive d'un Français Chrétien, Joseph Mezan, fut arrêtée parce qu'elle ne portait pas son étoile et conduite au poste de police de Roger Belbéoch*, ce dernier la remit en liberté immédiatement, lui évitant ainsi d'être livrée à la Gestapo.
Joseph Mezan, pour sa part, fut arrêté au motif qu'il cachait une juive et conduit à la préfecture où le jeune policier réussit à le faire relâcher. Madame Hermoza-Mezan décida alors de fuir Paris avec ses deux jeunes enfants. Munie de faux papiers fournis par Roger Belbéoch*, elle passa la ligne de démarcation et se réfugia dans le Sud.

Dénoncé par un collègue, le jeune policier fut arrêté par les services de police du Commissariat aux Affaires Juives (CGQJ). Torturé pour lui faire avouer qui lui avait fourni les faux papiers, il garda le silence.
Une intervention de la Résistance au plus haut niveau le fit relâcher avant que les forces d'occupation aient pu le récupérer.
Portant dans son corps et dans son âme la marque de sévices subis, Roger Belbéoch* fut rétabli dans ses fonctions et affecté à Nogent-sur-Marne.
Il continua courageusement à œuvrer dans la Résistance et à venir en aide aux réfugiés juifs ou chrétiens.

Après la guerre, il reçut plusieurs décorations pour son action dans la Résistance. Le 19 décembre 1985, Yad Vashem a décerné à Roger Belbéoch* le titre de Juste des Nations.

Décédé le 5 novembre 2010 à l’âge de 89 ans, Roger Belbéoch* a été enterré le 12 novembre au cimetière de Joinville. Il repose désormais à côté de son père, Joseph Belbéoch, mort au combat sur le pont de Joinville le jour de la Libération.

Lien vers le Comité français pour Yad Vashem


Histoire

Un Juste : Roger Belbéoch, résistant et policier

Témoignage extrait de Pour une histoire des Justes, Petit cahier n°19, Cercle d'Étude de la Déportation et de la Shoah, Conférence-débat du 10 décembre 2003, pp.24-28.

Né en 1920 à Saint-Maurice (aujourd'hui dans le Val-de-Marne), d'origine bretonne, Roger Belbéoch est communiste, membre d'un groupe F.T.P. Il a été distingué comme Juste en 1985.
Je risquais d'être obligé de partir en Allemagne. Je ne me présentais jamais au service de placement. J'étais convoqué au bureau de placement rue Scribe. Je n'y suis jamais allé. Donc, j'avais très souvent la visite de policiers français, qui nous gênait beaucoup dans nos activités. J'en ai référé à mes camarades, qui m'ont dit : "Il faudrait peut-être que tu puisses entrer dans la police". A l'époque, nous étions entrés au Mouvement de Résistance "Front-National pour la Liberté et l'Indépendance nationale". Mon père et moi avons formé un groupe de F.T.P. dans le secteur, on était une quinzaine.
Je fais une demande et je dis à mon père: "j'ai quitté l'administration des P.T.T., je vais entrer dans la police". La réception que j'ai eue était inimaginable ! Nous habitions au 3e étage, la fenêtre était ouverte et mon père m'a dit "Tu vas voler par la fenêtre" !
II a fallu que je voie mes camarades pour leur expliquer, ils sont venus voir mon père, qui s'est laissé convaincre. Il y a eu une enquête de police, nous étions connus dans la région et mon père comme militant. Cela a été compliqué.
Un jour, je reçois une invitation à me présenter à la Direction de la Police Judiciaire, Quai des Orfèvres. Voilà, je suis devenu employé aux écritures et affecté au Commissariat de Police du quartier Bel-Air dans le 12e arrondissement. Là, il y avait trois inspecteurs de commissariat, mais pas de commissaire de police. C'est exprès, que l'on m'avait mis là parce que j'avais peut-être plus de possibilités. Je n'en sais rien, je ne connais pas cette administration. Il y avait aussi un secrétaire du commissaire que l'on appelait le « chien du commissaire » à l'époque, j'ai su après qu'il était favorable à la Résistance.
Quand je suis arrivé, on m'a dit « vous vous asseyez là », on me donne tous les cachets, tout ce qu'il fallait pour faire des cartes d'identité : j'étais employé aux écritures. Je n'en demandais pas plus.
Je n'étais quand même pas « tombé de l'armoire », comme on disait. Je me suis fait vite des relations dans tout le secteur, d'abord, les gardiennes d'immeuble pour les certificats de domicile.
J'avais fait la connaissance d'un garçon de bureau d'une grosse société de Travaux Publics qui travaillait pour l'organisation Todt ; il m'avait apporté des certificats de travail avec tous les cachets.
Cela a débuté ainsi. Mais le problème que j'ai eu tout de suite en entrant, c'est que l'on m'a dit : « voilà un registre des Juifs astreints à résidence surveillée ». Chaque jour, ces Juifs devaient venir émarger, et, s'ils ne le faisaient pas, je devais le signaler. Ils étaient alors automatiquement arrêtés ou avaient des ennuis avec les services de police.
Alors là, j'étais bien gêné, parce que je ne m'attendais pas du tout à cela. Faire des faux-papiers pour les résistants ou pour les F.T.P. MOI, j'étais partisan ; d'un seul coup, on me dit "il faut aussi vous occuper des Juifs".
Alors, je recontacte mes camarades, on a une réunion tous ensemble, et ils me disent "ce n'est pas possible, tu ne peux pas t'occuper d'un truc comme cela, tu ne peux pas balancer les Juifs aux services de police, il faut trouver me solution".
On a trouvé une solution ensemble : je donnais quinze jours aux Juifs qui venaient pour qu'ils organisent leur départ ; je signais à leur place pendant les quinze jours. Je leur disais : "si vous avez besoin de papiers, de certificats de travail, de certificats de résidence, je suis à votre disposition". Je l'ai fait. Évidemment, je n'ai pas relevé tous les noms de ces gens, d'autant plus que si j'avais été arrêté avec une liste de noms sur moi, cela aurait été le comble.
Voilà, c'est mon entrée à la Police Judiciaire. Par la suite, les camarades venaient me voir, j'ai fait de fausses cartes, une vraie carte avec des faux-papiers, etc. Et puis, j'avais des relations avec des camarades d'autres réseaux, notamment Libération-Nord. Un camarade que je connaissais très bien avant la guerre, est venu me voir de ce réseau en me disant : "J'ai besoin d'une carte d'identité pour un de mes hommes qui vient de la France Libre, il a 18 ans et il est Juif. Il faut que tu me fasses une fausse carte d'identité". J'établis la carte. J'étais entré à la Direction de la Police Judiciaire le 20 avril 1942 et le 6 septembre 1942, au commissariat où je me trouvais, les inspecteurs sont venus, m'ont arrêté et m'ont emmené. Personne ne savait où j'étais, j'ai été emmené au Cabinet de la délégation spéciale aux questions juives, Quai des Orfèvres.
Passé à tabac, le coccyx et deux côtes cassées, deux traumatismes, Roger Belbéoch est finalement relâché grâce à ses camarades, et soigné par des médecins résistants à l'hôpital Saint-Antoine.
Le Secrétaire du commissariat du quartier Bel-Air, Monsieur Girod, m'a dit: "Il faut partir tout de suite, va te reposer à la campagne" et je suis parti en Bretagne.
Et voilà, une partie de ma Résistance et du sauvetage des Juifs, mais il y avait aussi autre chose : j'étais préposé au courrier, je recevais des lettres anonymes de dénonciation. C'était quelque chose d'épouvantable de voir des Français qui dénonçaient des gens. Évidemment, je déchirais la dénonciation ; grâce à mes amitiés avec les concierges, j'allais leur dire: "Dites donc, il y a des Juifs qui habitent là ; attention des policiers vont venir les chercher". Cela voulait tout dire.
Après deux mois dans le Finistère chez des parents dont les enfants étaient aussi dans la Résistance, je suis rentré à Paris, et j'ai dit : "Est-ce qu'il est possible que je sois réintégré, puisque je suis sorti ?"
Mes camarades du PC ont fait le nécessaire et je suis parti au commissariat de Nogent, à l'extérieur. Là, j'ai poursuivi la Résistance et mon aide aux Juifs que j'ai pu sauver, notamment, une femme qui avait été arrêtée parce qu'elle ne mettait pas son étoile jaune ; elle avait deux enfants, elle a été emmenée au commissariat de Saint-Maur, je suis allé la chercher, j'ai réussi à la faire sortir.
Comme elle était surveillée ensuite, je lui ai fait de faux papiers pour elle et ses deux enfants, et elle est partie en « zone libre ».
J'ai sauvé son compagnon, Joseph Mezzou (NDT : ou Mezan), qui habitait avec elle et qui était accusé de cacher des Juifs à son domicile. C'était sa compagne, il ne pouvait pas faire autrement ! Lui aussi a été arrêté, et par la suite, je l'ai aussi sorti.
Vous voyez les possibilités que j'ai pu avoir. Il faut vraiment être « blindé » pour faire le métier de policier, c'est quelque chose d'épouvantable…

22/06/2008

Source :
Cercle d'étude de la déportation et de la shoah
Lien : Cercle d'étude de la Déportation et de la Shoah - Amicale d'Auschwitz

[Compléter l'article]

Roger Belbeoch, Juste des nations, nous a quittés

La Résistance décrit un engagement volontaire, au nom de valeurs supérieures, fondant des actions de lutte contre l’occupant ou ses collaborateurs et recourant à des pratiques de transgressions. 1

Roger Belbéoch*, Combattant Volontaire de la Résistance, Juste parmi les Nations, ancien maire-adjoint de Joinville-le-Pont, est décédé le 5 novembre dernier.

Né le 26 juillet 1921 à Joinville-le-Pont où il est inhumé le 12 novembre 2010, Roger Belbéoch* a rejoint la résistance intérieure via le réseau Front national dès le printemps 1941.

Évidemment, l’appellation de ce réseau n’est ni de près ni de loin liée à celle du parti fondé par Jean-Marie Le Pen en octobre 1972. Le Front national de 1941 est issu d’un manifeste "Pour la formation d’un Front national de l’indépendance de la France" édité par le Parti communiste français en mai 1941 s’adressant "à tous ceux qui veulent agir en français, sauf les capitulards et les traîtres." Ni un capitulard ni un traître, c’est peu de mots pour dire qui fut Roger Belbéoch* mais cette définition par la négative déblaie autour de lui la multitude des comportements propres à la période de la collaboration et de l’occupation.

Élevé dans le souvenir de la grande guerre où son père Joseph Belbéoch, avait servi dans les tranchées mortelles, Roger Belbéoch* fut très tôt éduqué à l’antifascisme. Membre de l’Association républicaine des Anciens Combattants, d’obédience communiste, présidée par Henri Barbusse, Joseph Belbéoch participe avec son fils à la contre manifestation anti-parlementaire du 6 février 1934.

"La guerre est arrivée et tout ce que j’avais prévu s’est effondré disait Roger Belbéoch*. Le "tout", le "prévu", c’était cette carrière sans éclat mais honnête dans l’administration des Postes, les PTT d’autrefois, au grand dam de ses parents qui ne comprirent pas que ce fils titulaire du brevet supérieur et apte à suivre des études se dirigea vers l’administration.

Mais à 21 ans, en 1942, alors qu’il est déjà résistant au sein du réseau Front national, il quitte l’administration des PTT pour la police judiciaire. Ce choix nous en dit bien plus sur la personne de Roger Belbéoch* que la définition étriquée du "ni capitulard ni traître". Harcelé par les autorités d’occupation pour remplir l’obligation du Service du Travail Obligatoire, Roger Belbéoch* se confie à ses camarades résistants qui le font entrer dans la Police judiciaire et c’est ainsi qu’à 21 ans, il pénètre dans la cour du 36 quai des Orfèvres à Paris dans le seul but de continuer ses activités de résistance. Les contours de l’âme se précisent… Cet homme ne craint pas la gueule du loup.

Employé aux écritures, il est affecté rue du Rendez-vous dans un commissariat de police du 12e arrondissement de Paris, où on lui remet en vrac cachets, documents, papiers et un registre des Juifs du secteur astreints à résidence surveillée. Chaque matin, ces juifs devaient signer le registre comme preuve de leur présence continue en ville, et le devoir du policier était d’informer les autorités hiérarchiques de ceux qui ne venaient pas.

Instantanément interpellé par cette procédure de surveillance inique, Roger Belbéoch* en réfère à ses camarades de réseau. Décision est prise d’avertir chaque juif de l’arrestation et de la déportation qui le guette s’il ne fuit pas. Oui mais la signature quotidienne ? La preuve paraphée de la présence protège jusqu’à un certain point l’entourage immédiat du persécuté. Qui signera ? Roger Belbéoch*. Certes, mais où fuir ? Et avec quelle aide ? Celle du réseau assure le fonctionnaire de Police. Voici, les lignes de son visage s’affermissent ; Roger Belbéoch* est un homme défiant les règlements au risque de sa vie, un homme détaché des mouvements panurgiques, un homme qui manœuvre pour le maintien d’un ordre social contre le crime programmé de l’ordre établi.

Le risque était su, mesuré, assumé, et Roger Belbéoch* pour qualifier son geste employait cette expression si forte par sa concision: il s’agissait de "rendre service aux Juifs".

La fabrique de faux papiers complétait l’apposition des fausses signatures.

Mais derrière chaque homme il y a une femme, au moins.

Claudine Kauffman était juive, jeune, jolie peut-être, elle travaillait à la biscuiterie Gondolo de Maison Alfort et vivait à 200 mètres de chez Roger Belbéoch*. Leur romance s’arrête net le 16 juillet 1942, lorsque la famille Kauffman est arrêtée par des gendarmes français. Roger Belbéoch* des années plus tard exprimera ce désarroi au travers d’une colère politique, républicaine : "C’est inadmissible ce genre de choses. Toute la question était là "on obéit aux ordres". Mais dans des cas comme ceux-là on désobéit aux ordres, on reste des hommes, on n’est pas des mannequins, des robots, ce n’est pas parce qu’on vous ordonne d’aller arrêter cette personne que vous devez y aller. C’est là toute la différence entre ces gens là et moi."

Alors enfin, on peut dire Roger Belbéoch* : cet homme ne ressemble à personne.

Le 19 décembre 1985 Yad Vashem a décerné à Roger Belbéoch* le titre de Juste des Nations.

10/11/2010
Auteur : Stéphanie Dassa Lien : CRIF

[Compléter l'article]
Réseau de sauvetage
Robert Deloche
George Grente
Maurice Loebenberg (dit Maurice Cachoud)
Albert Ouzoulias
 
Familles hébergées, cachées, aidées ou sauvées par Roger Belbéoch
Madame Mezan

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Etoile jaune: le silence du consistoire centrale , Mémoire ou thèse 7 pages, réalisation 2013
Auteur : Thierry Noël-Guitelman - terminal
Lorsque la 8e ordonnance allemande du 29 mai 1942 instaure l'étoile jaune en zone occupée, on peut s'attendre à la réaction du consistoire central. Cette étape ignoble de la répression antisémite succédait aux statuts des juifs d'octobre 1940 et juin 1941, aux recensements, aux rafles, aux décisions allemandes d'élimination des juifs de la vie économique, et au premier convoi de déportés pour Auschwitz du 27 mars 1942, le consistoire centrale ne protesta pas.


Liens externes [Ajouter un lien vers un article d'intérêt ou un site internet]
1 Juifs en psychiatrie sous l'Occupation. L'hospitalisation des Juifs en psychiatrie sous Vichy dans le département de la Seine (Par une recherche approfondie des archives hospitalières et départementales de la Seine, l'auteur opère une approche critique des dossiers concernant des personnes de confession juive internées à titre médical, parfois simplement préventif dans le contexte des risques et des suspicions propres à cette période. La pénurie alimentaire est confirmée, influant nettement sur la morbidité. Ce premier travail sera complété par un examen aussi exhaustif que possible des documents conservés pour amener une conclusion. )
2 Héros de Goussainville - ROMANET André (Héros de Goussainville - Page ROMANET André )
3 Notre Dame de Sion : les Justes (La première religieuse de Sion à recevoir ce titre en 1989 est Denise Paulin-Aguadich (Soeur Joséphine), qui, à l’époque de la guerre, était ancelle (en religion, fille qui voue sa vie au service de Dieu). Depuis, six autres sœurs de la congrégation, ainsi qu’un religieux de Notre-Dame de Sion ont reçu la même marque de reconnaissance à titre posthume. Ils ont agi à Grenoble, Paris, Anvers, Rome. L’action de ces religieuses et religieux qui ont sauvé des Juifs pendant la deuxième guerre mondiale mérite de ne pas être oubliée. Et il y en a d’autres, qui, même s’ils n’ont pas (encore ?) reçu de reconnaissance officielle, ont œuvré dans le même sens, chacun à leur place. )
4 ( )
5 L'histoire des Van Cleef et Arpels (Blog de Jean-Jacques Richard, très documenté. )
6 Résistance à la Mosquée de Paris : histoire ou fiction ? de Michel Renard (Le film Les hommes libres d'Ismël Ferroukhi (septembre 2011) est sympathique mais entretient des rapports assez lointains avec la vérité historique. Il est exact que le chanteur Selim (Simon) Halali fut sauvé par la délivrance de papiers attestant faussement de sa musulmanité. D'autres juifs furent probablement protégés par des membres de la Mosquée dans des conditions identiques.
Mais prétendre que la Mosquée de Paris a abrité et, plus encore, organisé un réseau de résistance pour sauver des juifs, ne repose sur aucun témoignage recueilli ni sur aucune archive réelle. Cela relève de l'imaginaire. )
7 La Mosquée de Paris a-t-elle sauvé des juifs entre 1940 et 1944 ? une enquête généreuse mais sans résultat de Michel Renard (Le journaliste au Figaro littéraire, Mohammed Aïssaoui, né en 1947, vient de publier un livre intitulé L’Étoile jaune et le Croissant (Gallimard, septembre 2012). Son point de départ est un étonnement : pourquoi parmi les 23 000 «justes parmi les nations» gravés sur le mémorial Yad Vashem, à Jérusalem, ne figure-t-il aucun nom arabe ou musulman ? )
8 Paroles et Mémoires des quartiers populaires. (Jacob Szmulewicz et son ami Étienne Raczymow ont répondu à des interviews pour la réalisation du film "Les garçons Ramponeau" de Patrice Spadoni, ou ils racontent leur vie et en particulier leurs actions en tant que résistants. On peut le retrouver sur le site Paroles et Mémoires des quartiers populaires. http://www.paroles-et-memoires.org/jan08/memoires.htm. (Auteur : Sylvia, Source : Canal Marches) )
9 Les grands entretiens : Simon Liwerant (Témoignage de Simon Liwerant est né en 1928. Son père Aron Liwerant, ouvrier maroquinier né à Varsovie, et sa mère Sara née Redler, seront arrêtés et déportés sans retour. )
10 Roger Belbéoch (video 2007)

Notes

- 1 - François Marcot, Dictionnaire historique de la Résistance.

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