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39/45 en France (WWII)
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Région :
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Préfecture :
Le Mans Préfets : Marie Maurice Georges
(24/03/1938 - 17/09/1940) Préfet de la Sarthe
Yves Gasné
(1940 - 18/10/1941) Sous-préfet pour l'arrondissement de La Flèche. Né en 1908 à Lyon.
Jean Roussillon
(16/08/1940 - 31/07/1943) Préfet régional de la région d'Angers (Loire-Inférieure, Maine-et-Loire, Mayenne, Sarthe et la partie occupée de l'Indre-et-Loire) (1896-1970)
Maurice Cuttoli
(16/09/1940 - 18/02/1942) Sous-préfet de Mamers. Né en 1904 à Constantine (Algérie).
Victor Baptiste Jean Dissard
(17/09/1940 - 14/11/1941) Préfet de la Sarthe
Philippe Lanquine
(19/09/1941 - 21/09/1944) Sous-préfet de Mamers. Né en 1905 à Moissac.
Georges Féa
(18/10/1941 ) Sous-préfet pour l'arrondissement de Mamers. Né en 1912 à Paris.
Marcel Picot
(14/11/1941 - 08/02/1943) Préfet de la Sarthe
Lucien Porte
(08/02/1943 - 08/08/1944) Préfet de la Sarthe. Révoqué
Charles Donati
(01/08/1943 - 10/08/1944) Charles Guérin Joseph Louis Donati, Préfet régional de la région d'Angers (Loire-Inférieure, Maine-et-Loire, Mayenne, Sarthe et la partie occupée de l'Indre-et-Loire) (né en 1891)
Jean-Louis Costa
(08/08/1944 - 11/12/1945) Préfet de la Libération de la Sarthe
Michel Debré
(10/08/1944 - 01/04/1945) Michel Debré dit Jacquier, Commissaire de la république de la région d’Angers (Loire-Inférieure, Maine-et-Loire, Mayenne, Sarthe et la partie occupée de l'Indre-et-Loire) (1912-1996)
René Dijoud
(22/09/1944 ) Sous-préfet de Mamers
Alain Savary
(01/04/1945 - 11/05/1945) Commissaire de la république de la région d’Angers (Loire-Inférieure, Maine-et-Loire, Mayenne, Sarthe et la partie occupée de l'Indre-et-Loire) (1918-1988)
Georges Briand
(04/02/1946 - 01/01/1948) Préfet de la Sarthe
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La préfecture de la Sarthe, Le Mans source photo : www.fdpi.eu crédit photo : Guillaumel |
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La drôle de guerre
06/11/2010
L'Occupation et la collaboration
06/11/2010
Les proscrits du régime
06/11/2010
Les Juifs de la Sarthe
Les Pays de Loire avec en 1921 quatre pour mille, en 1926 six pour mille, en 1931 six pour mille et 1936 cinq pour mille font partie des régions à la plus faible présence étrangère avec 10 fois moins que la moyenne nationale.
En 1939 sur 42 millions d’habitants en France il y a 330 000 juifs dont 110 000 de souche et 70 000 naturalisés et 150 000 étrangers soit à peine 1%.
Dans la Sarthe en 1939 avec un afflux brutal de juifs il y aurait 300 familles. Une partie a donc quitté la Sarthe avant l'arrivée des allemands.
Les juifs engagés volontaires
Le 3 septembre 1939 à la mobilisation générale les juifs immigrés et réfugiés s'engagent mais furent dirigés vers les unités de la légion étrangère et les régiments de marche des Volontaires étrangers RMVE (21,22 et 23) où ils seront 40 000 près de 50 % des effectifs. Certains répondirent à l’appel du général Sikorski et combattent dans les rangs de l’armée polonaise en France comme M. Rosenberg tailleur au Mans. D’autres furent envoyés au Liban en Syrie ou en Afrique du Nord. M Sokolowski engagé volontaire se retrouvera travailleur militaire au Maroc.
Au cours de la courte campagne de 1940 leur perte furent très importantes jusqu’à 50 % de leur effectifs car les RMVE se battirent en Belgique, Ardenne, Soissons et Somme. Albert Avidgor d’origine espagnole est engagé volontaire dans l’armée française au début de la guerre 39-40, titulaire de la croix de guerre et deux citations. L’ordre leur vint de l’état major de cesser les combats le 21 juin 1940. Le 22 juin Pétain signe l’armistice de Rethondes. Les régiments sont désarmés et le 23 emmenés en captivité en Allemagne.
Dans les camps de prisonniers les juifs subirent un régime spécial : inscription Jude voir étoile jaune, judenbaracken, taches plus dures, sanctions plus lourdes. M Tabah, Minces, David et Henri Jajubowiez venant de Mulhouse réfugiés en décembre 1939 à Tuffé
Certains sont démobilisés en août 1940 : un fils Zelcer, un fils Capuano, M Fernebach. L’hebdomadaire La dépêche du Maine n’hésitera pas à rendre coupable les juifs de la défaite.
L’arrivée des réfugiés
C’est d’abord l’exode des parisiens qui partent ensuite en zone libre ou retournent à Paris.
Pour ceux qui restent la préfecture les aide à s’installer. Un logement est mis à leur disposition mais dans lequel on n’aura qu’à venir les cueillir. Comme la famille Rzeslawski, d’origine polonaise, le père est tailleur et ils ont 5 enfants dont les deux derniers sont nés en France à Nancy au début de la guerre. Ou les époux Fizycki, d’origine polonaise, arrivés en France en 1928. Ils ont trois enfants dont les deux plus jeunes sont nées à Metz où ils résident d’abord le père travaillant comme ébéniste. Le 4 mai 1940 ils quittent Metz et se sont réfugiés à Saint-Jean-de-la-Motte.
Les familles juives originaires d’Alsace-Lorraine n’eurent pas le droit de revenir en zone annexée certaines personnes se retrouvèrent en Sarthe. Les juifs alsaciens ou de Moselle sont indiqués allemand ainsi M Heymann René 52 ans né à Strasbourg et son épouse 48 ans seront déportés convoi n° 48 après avoir été arrêtés au Mans.2
03/03/2013
Auteur : Dr Olivier Cahen
La Shoah : juillet 1940- juillet 1944
La France est découpée en zone annexée : à nouveau l'alsace lorraine, interdite côtière, occupée et dite libre. La Sarthe sera placée sous une double autorité : le régime de Pétain à qui une assemblée de députés et sénateurs (dont des Sarthois) a donné les pleins pouvoirs à Vichy le 10 juillet 1940 et l'autorité d'occupation.
L’administration de l’état français en Sarthe
La moitié du corps préfectoral peu sûrs est aussitôt écarté (décret du 17 juillet 1940) et, un an après, beaucoup sont limogés ou mis à la retraite. Trente-six préfets et sous-préfets moururent en déportation ou dans les combats de la Résistance.
En Sarthe on aura tout les cas :
Ainsi Maurice Georges remplacé le 17 septembre 1940 est mis et disponibilité. Il est remplacé par Victor Dissard. Puis le 14 novembre 1941 c’est Marcel Picot né à Rennes en 1897 qui a fait 14-18, capitaine de réserve. Venu du territoire de Belfort où il était Préfet, un pétainiste zélé qui applique les mesures anti juives sans haine mais avec application et qui fera la majeure partie des arrestations. Le 8 février 1943, il part pour l’Allier. Jean Porte qui était Préfet de l'Allier lui succède. Il est remplacé en août 1944.par Jean-Louis Costa par le Comité Français de Libération National. Le 3/10/1943 il avait été affecté à titre provisoire pour la Sarthe. Prévu pour la Seine-et-Oise, il restera en Sarthe jusqu'en janvier 1946 car Roger Bouvet, désigné pour Préfet de la libération en Sarthe par le gouvernement provisoire de la République, est en fait mort en Allemagne le 10/12/1944.
Derrière, il y a une administration qui applique dans une indifférence totale concernant le sort des personnes les mesures décidées comme le 18 octobre 1940 le premier statut des juifs suivi d'un deuxième le 2 juin 1941 à la seule initiative de l’Etat Français. C'est notamment un service spécialisé : 1 division 3 bureau concernant les questions juives qui est en étroite liaison avec la Sicherheitsdienst SD ou service de sécurité allemand. Ainsi le 8 octobre 1943 la préfecture de la Sarthe "conformément aux prescriptions de la conversation téléphonique du même jour avec la police de sureté allemande SD transmet sous pli aussitôt la liste des israélites en résidence dans mon département à la date de ce jour : nom, prénom, adresse.
Mais d'autres personnes vont faire leur travail : les fillettes juives Etenson, de Saint-Jean-de-la-Motte sont admises à l’hôpital du Mans pour y recevoir des soins. M. le Secrétaire Général des Hospices du Mans informe le 16 janvier 1943 les affaires juives à la préfecture qu’elles sont présentement guéries et naturellement ce service prévient aussitôt la police de sûreté allemande.
Sans parler des dénonciations : Henzel Chahan a été arrêté par les soins de la SD comme l’indique la dénonciation à la Préfecture par son propriétaire qui souhaite rentrer en possession de son logement pour le relouer à la place de la réquisition préfectorale.
Les Sous Préfectures et les Mairies travaillent sous les ordres de la Préfecture avec plus ou moins de zèle.
Car de la préfecture aux mairies certains n’acceptèrent pas comme Adolphe Busson, Henri Lefeuvre.
Police et gendarmerie française
Dès le 12 novembre 1940, la préfecture adresse au commissariat central pour enquête. Le service de la sûreté va faire des rapports sur chaque famille juive .La police et de la gendarmerie participeront voir feront seuls les arrestations même si certains rentraient le soir accablés par le "sale boulot qu’on leur faisait faire", Ils gardent les camps, participent aux transports.
Le 28 avril 1943, Y.B. Préfecture 1 div 3 bur QJ signale à la SD : "Je viens d’être informé dans mon département à Thorée-les-Pins d’une juive de nationalité polonaise Mme Pikarski née Szezekarcz Cylka, venue de Paris en cette commune pour cause de maladie. Cette personne résiderait dans la commune depuis la fin du mois de mars. Ci-joint la fiche de cette étrangère.
Mai 1943 : Le 4 mai prescription par lettre de la police de sureté allemande adressé à M. le Commandant de Gendarmerie du Mans. Le 17 mai la préfecture transmet leur rapport relatif à l’arrestation de la juive Pikarski en résidence à à Thorée-les-Pins.
Les autorités religieuses
Le Cardinal Grente fut nommé en 1918 par le pape Benoît XV évêque du Mans. Grand voyageur et auteur de nombreux ouvrages il fut élu à l'Académie française le 12 novembre 1936. Il reste nationaliste, contre la franc-maçonnerie et les juifs, appréciant que la gauche anticlérical soit remplacée par une droite traditionnaliste resserrant ses valeurs sur la famille le travail et la patrie. Mais au sein de l'église le chanoine de Mamers, celui de Requiel, le père Charles Leboisne et beaucoup d'autres seront des acteurs du sauvetage de juifs en Sarthe.
L'organisation allemande
L'autorité allemande en France fut d'abord le commandement militaire : militärbefehlshaber in frankreich ou MBF. Pour la Sarthe c’est la Feldkommendatur 755 dont les chefs seront des Géneralmajor. Ses services sont divisés en deux grandes parties : les questions militaires et les questions civiles.
Le 1er juin 1942, les affaires de police et de sûreté passent entre les mains de la SIPO (Sicherheitspolizei : police de sûreté) - SD d'Angers. Le chef régional le SS haupt sturm führer (capitaine) Hans Dietrich Ernst de la Gestapo (Geheime staat polizei ou police secrète d'état) sera particulièrement "actif" et sera nommé le "bourreau d’Angers". En effet, le 1er juillet à Paris Eichmann décide que des convois partiront de province. De ceux prévus alors celui d'Angers n° 8 du 20 juillet 1942 sera le seul avec 824 juifs qui partirent directement à Auschwitz (dont un bébé d’à peine 2 ans, Iwan Angle, né le 23 février 1940 à Saint-Nazaire). Au départ, le 6 mai les allemands ayant inclus des français dans la liste des personnes à arrêter, ils durent la modifier pour obtenir la collaboration des autorités françaises. On laissa même à Tours 27 enfants et leur mères et à Paris 28 personnes qui devaient poser problèmes.
275 relevait de la région d'Angers dont Le Mans (plus de cinquante) lors des rafles du 16 juillet 1942 (32 au Mans, 8 à Ecommoy, 10 à Tuffé, 4 à La Ferté-Bernard sans les femmes et les enfants arrêtés plus tard.
Au Mans la police secrète allemande (GPF) est au 92 rue des Fontaines (actuellement rue des victimes du nazisme). L'équipe était composée de 11 titulaires et 60 personnes. Il y avait 12 français et françaises du groupe PPF (Paix et Justice) qui travaillaient comme auxiliaires ou indicateurs et qui étaient rémunérés.
La vie en Sarthe
La Sarthe était une région très catholique, avec une grande partie de campagne et de petites villes sauf la ville du Mans. La crise économique avait touché cette dernière. Le renouveau national proposé par Philippe Pétain lui même fils de paysan, aimé des anciens combattants fut accueilli assez favorablement.
Entre le 4 octobre 1940 et le 16 septembre 1941 : 26 lois, 24 décrets et 6 arrêtés furent publiés dans le journal officiel concernant les juifs.
Depuis le 18 octobre 1940 et le premier statut des juifs en Sarthe comme en zone occupée les cartes d'identités portent la mention "juif" ou "juive" à l'encre rouge. La plupart des professions leurs sont interdites comme l'enseignement : un professeur juif du Mans doit quitter son lycée.
En plus du couvre feu à partir de 23 heures, des pénuries..., le 7 février 1942, des heures de sortie sont imposées aux juifs. Le 8 juillet 1942, les magasins ne leur sont autorisés que de 15 à 16 h. Les interdictions pour les juifs sont étendues : bals, théâtres, musées, bibliothèques, concerts, stades, piscines, jardins publics, restaurants. De même ils ne peuvent être abonnés au téléphone et même faire usage des cabines téléphoniques ! Ils ne peuvent conduire un véhicule. Ou même posséder un poste de radio. La 7ème ordonnance du 24 mars 1942 confisque 49 postes au Mans. De plus, interdiction de changer de résidence sans autorisation, de se déplacer, ils doivent rendre leur vélos !
Restent les activités sportives, élément du redressement national qui sont encouragées mais la Direction Départementale des sports veille bien à ce que les comités directeurs d'association ne contiennent pas de juifs conformément aux statuts de 1940 et 1941.
On interdit la remise de prix aux élèves juifs avant de leur interdire tout simplement l’école.
Un groupe des amis de l’institut d’études des questions juives (section de la Sarthe ; 11 rue de Balyver au Mans) est formé. Ce groupe antisémite apporte renseignements, demande de documentation et propose adhésions et abonnements à sa revue : Le cahier jaune. La propagande antijuive bat son plein : Le petit chaperon rouge est présenté comme une histoire vraie sous le titre Doulce France et Grojuif (dans le rôle du loup)
Et le cinéma, outil de propagande par excellence grâce notamment à des actualités orientées (France Actualités à partir de l'été 1942) et développant les idées nationalistes, antijuives, anticommunistes et anti franc-maçonnes.
Du 4 au 9 février 1942, le cinéma Alhambra (place des Jacobins) présente le film antisémite Le juif Suss.
La légion des Volontaires Français qui a des bureaux au Mans, à La Flèche et à Mamers organise pour sa propagande des séances gratuites dans plusieurs cinémas en 1943.
Mais près de 2000 Sarthois ont résisté et ont été déportés soit pour des actes individuels soit pour des actes collectifs, en réseaux. Et ce ne fut pas seulement pour organiser une lutte clandestine armée ou fournir de précieux renseignements mais aussi pour distribuer des tracts (dont certains contre l’antisémitisme), réaliser de faux papiers (parfois pour des juifs), fournir des cachettes (aux réfractaires au STO, mais aussi à des familles juives…).
Les spoliations
Toujours selon l’ordonnance du 27 septembre 1940, une pancarte doit être mise sur magasins juifs dans les deux langues : Jüdisches Geschäft - entreprise juive. L’ordonnance du 28 mai 1941 bloque les comptes bancaires des entreprises et individus juifs. En vertu de la loi du 22 juillet 1941 "pour éliminer toute influence juive dans l’économie nationale" 49 entreprises juives vont être placées sous la responsabilité de 17 administrateurs aryens. Certains, privés de leur commerce, quittent la Sarthe pour la zone libre comme Robert Cahen ou Isaac Fresco.
L'amende du milliard
Le 14 décembre 1941, en représailles d’attentats commis contre des membres de l'armée allemande, une amende d'un milliard de francs est imposée aux juifs des territoires occupés avec menace de déportations si de nouveaux attentats venaient à être commis. Elle paraitra dans la presse et des avis sont placardés sur les murs. L'ordonnance du 17 décembre 1941 charge l'UGIF, organisme créé trois mois plus tôt, de collecter les fonds. En Sarthe le président était Alexandre Gross, président de la communauté juive et la secrétaire Odette BLOCH.
Concernant les juifs arrêtés leur mobilier sera expédié en Allemagne pour les victimes de bombardement dans le cadre de l'action meuble (M-Aktion). Les maisons seront récupérées pour les services allemands ou pro-allemands. Les Allemands occupent le château de Méhoncourt où on laisse à Alexandre Gross une seule pièce.
Les recensements des juifs prélude à leur arrestation
Suite à l’ordonnance allemande du 27 septembre 1940 suivi du statut des juifs du 18 octobre 1940, il est établi avec comme date limite le 20 octobre 1940, un premier recensement des juifs en zone occupée. Ce fichier nommé du nom de son créateur Tulard notait le nom et prénom, la nationalité, l’adresse et la profession. Les juifs Sarthois se présentent dans les commissariats pour être inscrits sur ce registre. Rares sont ceux qui dérogent à ce devoir par habitude d'obéir à la loi et surtout non conscient du danger d'un tel document. On doit donc considérer qu'il est pratiquement complet.
Parfois on s’interroge : Préfecture de la Sarthe 1ère division 3ème bureau A la police de sûreté allemande.
Je vous transmets sous ce pli copie d’une lettre qui m’est adressée par le nommé Perelstein Gerson, de nationalité russe (réfugié), né le 7 mai 1889 à Paris domicilié au Mans 15 rue de la Soierie. Je vous serais obligé de bien vouloir me faire connaître si l’intéressé est à considérer ou ne pas considérer comme juif
Cette liste comporte : 393 personnes. 260 demeurant au Mans
On y retrouve 24 juifs dits du Saint-Louis de nationalité allemande, autrichienne et tchécoslovaque. A Hambourg, un millier de réfugiés juifs s’étaient embarqués, le 13 mai 1939, sur un bateau allemand "le Saint-Louis". Le IIIe Reich essayait à l'époque d'accélérer le rythme de l'émigration juive forcée après les avoir délestés de leurs biens. Ils se rendaient à Cuba, en attendant d'entrer aux Etats Unis. La situation à Cuba fit qu'on leurs refusa l’asile (seuls 22 juifs purent débarquer). Une position qu’adoptèrent aussi les Etats-Unis qui ne voulait pas dépasser ses quotas d'immigration. Le St-Louis a fait le tour d’Amérique, cherchant un port où débarquer les passagers, y compris aux Antilles, et en Amérique du Sud. Le bateau n’a eu d’autres solutions que de repartir pour l’Europe où les différents pays lui refusèrent aussi l’entrée. Le 17 juin, les réfugiés exténués ne purent débarquer qu’à Anvers. Ils furent "répartis" entre divers pays 214 en Belgique, 287 en Grande Bretagne, 181 en Hollande et 224 en France. Une grande partie se retrouvèrent sous la botte nazie et disparurent en partie dans la tourmente. Ils auraient quitté la ville le 29 novembre 1940 pour se rendre en zone libre (Châteauroux).
Le 2 juin 1941, le second statut prescrit un nouveau recensement dans un délai d'un mois. Cette fois il se fait par une déclaration écrite à la préfecture ou sous préfecture par le chef de famille avec leur profession mais aussi l'état de leurs biens. 353 juifs sont ainsi répertoriés ce qui permet les arrestations de 1942 : 278 personnes. Il y a beaucoup de juifs étrangers : allemand, polonais, turque, grecque, roumains voire quelques sans nationalité. Parmi les adultes Il y a peu de juifs de nationalité française nés en Sarthe ou ailleurs par contre il existe des enfants nés en Sarthe, en région parisienne ou ailleurs en France là où résidaient au préalable leurs parents ( ce qui donne une idée de leur date d’arrivée et parcours en France )64 enfants de moins de 20 ans sont français (selon la loi de 1927 nés en France ) dont certains ont leurs parents indiqués comme étrangers quand ce n’est pas des frères et sœurs car
Les dénaturalisations
Mais la loi du 22 juillet 1940 demande la révision de toutes les naturalisations postérieures au août 1927 : 6 000 juifs vont ainsi être privés de la nationalité française.
Ainsi, il est demandé de bien vouloir ajouter à la liste déjà adressée au commissaire spécial pour enquête sur chaque intéressé :
Surveillance
Des juifs des départements côtiers sont refoulés dans les agglomérations sarthoises venant des côtes du nord seront placés en résidence surveillée, puis très vite arrêtés et déportés depuis la Sarthe.
On assigne des résidences forcées dans l'ensemble du département notamment à Écommoy mais aussi à La Ferté-Bernard, à Tuffé… Ils sont sous le contrôle très strict des services préfectoraux ou de personnes de mouvement de la révolution nationale. Écommoy aurait vu passer 339 personnes juives dont 65 enfants seuls. Sur certains documents il est cité un camp d’internement à Écommoy.
Chaque mouvement est signalé conformément aux instructions de M le Feldkommandant
Les arrivées : Le 21 avril 1943, Préfecture à Police de sureté SD : "Je crois devoir vous signaler la présence à La Flèche de quatre israélites venus clandestinement de Paris. Leur arrivée à La Flèche vient seulement de m’être signalée. Ci-joint copie du rapport de M. le Commissaire de police de La Flèche ainsi que les fiches des quatre intéressés."
Les changements d’adresses sont immédiatement signalés à la Feldkommandatur 755, mais certains préféreront se sauver sans laisser d’adresse, ce qui est signalé. Mais sur la liste des juifs ayant quitté le département pour une destination inconnue la plupart ont été arrêtés.
Les arrestations de 1941 des juifs étrangers
La loi du 4 octobre 1940 précise dans son article 1er que les étrangers pourront être internés dans des camps spéciaux par décision du Préfet du département de leur résidence. Fin 1941, le préfet décide d'interner au camp de Pithiviers :
L’étoile jaune : 8e ordonnance du 29 mai 1942
Avis aux israélites inséré dans le journal La Sarthe du 2 juin 1942 : Conformément aux instructions en vigueur les israélites en résidence au Mans et dans l’arrondissement du Mans devront se présenter à la préfecture de la Sarthe (première division) rez-de-chaussée pour recevoir un insigne spécial. Les insignes seront remis du 2 au 7 juin (dernier délai) .les intéressés devront se munir de leur carte d’identité et celle de textile. Les israélites des arrondissements de la Flèche et Mamers se présenteront à leurs sous-préfectures respectives. Un autre avis sera publié le 26 juin 1942 pour en préciser les conditions et indiquer les risques pour les contrevenants et les non juifs qui par sympathie porteraient ce signe et seraient envoyés dans "des camps de juifs". Il déplore cette attitude qui ne se rend pas compte du "péril juif", et s'étonne que des âmes sensibles s'apitoient sur le sort des juifs. Les deux signés du préfet Marcel Picot.
Les rafles de juillet et octobre 1942
Le 16 juillet 1942, ce sont les premières rafles au Mans préparées à Angers. Ces arrestations, par des gendarmes français, menottes aux poignets de commerçants juifs de la rue Nationale et de la Faie (50 juifs arrêtés au cours de cette rafle vont marquer profondément les manceaux de l'époque) :
Et dans le département :
Les rafles du 9 et 14 octobre 1942 au Mans vont compléter les familles après les maris on vient chercher les épouses et les enfants :
Un petit Izieu en Sarthe
Mme H. à Cérans-Foulletourte et son fils Michel avait une pension de famille avec 15 enfants juifs. Ils portent l’étoile jaune obligatoire depuis le 7 juin 1942. Le 14 octobre 1942, alors que Mme H. et son fils sont absents, les allemands (aidés de gendarmes français) avec un car et un camion allemands viennent chercher les enfants. Ils sont bien renseignés car ils n’ont pas oublié un des enfants âgé de 12 ans, Isaac Appel, placé chez des voisins. Ils furent conduits au camp de Mulsanne où ils sont restés trois jours puis à Drancy le 18 octobre. Le 28 octobre 1942 ils sont conduits à un des centres de l’UGIF à Paris. Malheureusement, plus tard les nazies sont venus en arrêter pour compléter leurs convois de déportation, quelques uns ont survécu soustrait du centre.
A la date du 10 novembre 1942 la préfecture indique 36 familles arrêtées.144 juifs sont arrêtés. (Convoi 45 du 11 novembre 1942). Fin 1942, deux tiers des juifs soit 278 ont ainsi été déportés vers Auschwitz.
Les arrestations de 1943-1944
En 1943, 15 hommes et 25 femmes, en 1944, 18 hommes et 22 femmes, sur 46 communes seront encore arrêtés dans l'ensemble des communes sarthoises.
Les camps
Pris en charge par l'administration préfectorale : gestion, secrétariat et gardiennage. Selon l’arrêté du 18 septembre 1941: les Préfets "liquident, ordonnent dans la limite des crédits délégués les dépenses relatives aux camps".
30 juifs au Camp de Beauregard, près du bois du Mélinais sur la route de Turbilly, se retrouvent en décembre 1942 à Drancy, hormis quelques uns qui se sont échappés, 2 mois plus tard ils sont déportés
Le camp de la Verrerie à Coudrecieux est crée en novembre 1940. Les conditions de vie sont tellement lamentables que Le Préfet Picot demande aux allemands la mise à dispositions du frontstalag désaffecté de Mulsanne.
Le camp de Mulsanne, composé de 35 baraques bâties en 1939 pour des renforts Anglais, avait en effet pour les soldats français prisonniers (Frontstalag 203). Mais au début 1942 ils avaient été envoyés en Allemagne. L’administration préfectorale prend alors en charge le camp qui devient un camp régional de concentration. Le 8 juillet 1942 il compte dans ses 35 baraques 877 internés gardés par 21 policiers et 3 brigadiers. Une sentinelle installée dans un mirador, une autre sur la route d'Arnage et une troisième à l'entrée. La nourriture y est naturellement très insuffisante et la violence des gardiens y est de règle.
En juillet 1942 il reçoit les 68 juifs raflés dans la région qui partent de la gare d’Arnage pour Drancy puis Auschwitz.
De même on y conduit les 140 juifs raflés à la mi octobre 1942 en Sarthe : convoi du 6 novembre 1942 de Drancy vers Auschwitz. Il a été posé le 24 avril 2005 un second panneau (le premier raconte l’histoire du camp) avec la liste des 43 enfants juifs arrêtés entre 3 mois et 17 ans.
Le Camp Auvours était un camp d'entraînement militaire qui servit également de camp.
Les prisons
La prison du Vert-Galant du Mans dont une partie avait été réquisitionnée: le quartier allemand servi exceptionnellement pour les juifs arrêtés. Ainsi, fin 1942, 50 israélites se retrouvent à la prison du Vert-Galant dont des enfants placés en Sarthe.
Les martyrs
En Sarthe, 362 juifs au moins ont été déportés dont de jeunes enfants comme Edia Jusim, 4 ans ou Claude Zylberszlak, 3 ans
Au cimetière de l’ouest au milieu des concessions israélites un monument a été élevé à la mémoire des juifs Sarthois victimes tuées ou gazées de 1939 à 1945. 71 noms y figurent mais il est indiqué et 80 martyrs inconnus Soit 151 personnes. Il en manque donc autant.
Il est difficile d'établir la liste exacte des juifs présents en Sarthe car certains vont continuer à s'installer en 1941, 1942 et plus. Si les premiers se déclarent, ce n'est plus le cas des juifs réfugiés en Sarthe après les rafles de Paris
Quand aux listes de Drancy, des convois ou des camps les noms sont notés parfois d'une manière phonétique avec seulement les lieux de naissance, difficile à rétablir et à retrouver. Certains ont été arrêtés ailleurs qu'en Sarthe
Et à l'inverse certains ont été arrêtés en Sarthe venant d'ailleurs .Si on a une idée du nombre des victimes (environ 400) il est très difficile de connaitre le nombre exact des juifs sauvés en Sarthe (environ 800).
Comment échapper
Certains ont très vite compris. Mais une partie sera arrêtée en franchissant la ligne de démarcation.
Le consulat d’Espagne aide les époux Avidgor qui seront rapatriés en Espagne ainsi que les époux Cohen (Juda et Lina) en résidence à Vouvray-sur-Loir. Celui de Turquie va s’intéresser à son ressortissant Adila qui avait été arrêté le 8 octobre 1942 par les allemands et sera relâché le 15 du même mois.
Un espoir : affecté à Infor Todt (travaux sur le mur de l’atlantique) pour les demi juifs ou les couples mixtes.
André Lazare, 19 ans, domicilié au Mans, sera envoyé le 25 mars 1943 à Saint-Nazaire
Les sauvetages
En 1953, l'assemblée législative de l'État d'Israël (la Knesset), en même temps qu'elle créait le Mémorial de Yad Vashem à Jérusalem consacré aux victimes de la Shoah, décida d'honorer "les Justes parmi les Nations qui ont mis leur vie en danger pour sauver des Juifs". Pour la Sarthe 60 personnes ont reçu la Médaille des justes (mais souvent des couples) naturellement c’est inférieur à la réalité mais c’est symbolique.
Les adultes mis à l'abri
Les enfants mis à l'abri
Le sauvetage des enfants juifs est beaucoup mieux connu pour la zone libre que pour la zone occupée. La Sarthe s'avère être un des départements de cette zone ayant accueilli le plus grand nombre d'enfants.Proche de Paris (200 km en chemin de fer depuis 1850) de nombreux petits parisiens y étaient confiés depuis fort longtemps en nourrice ou pension dans des familles. La Sarthe aurait été le département qui en élevait le plus. Il y avait aussi les enfants de l'Assistance Publique de la Seine qui apprennent très tôt les travaux de la ferme. Par ailleurs il existait en Sarthe de nombreuses colonies de vacances.
On utilisa donc les connaissances communes de placement avant guerre et les carnets d’adresse des assistantes sociales parisiennes pour placer des enfants
Les enfants étaient souvent présentés comme des cousins de la région parisienne voulant mieux vivre à la campagne. Ils suivaient le catéchisme et allaient avec la famille d’accueil à la messe le dimanche. Ils fréquentaient l'école communale et les institutrices et instituteurs sont informés de la réelle situation de ces enfants. Certains préfère l'ignorer, d'autres en relation avec des réseaux de résistance préviennent les enfants de rester chez eux si des contrôles allemands semblent imminents.
Les secrétaires de mairie souvent l'institutrice ou l'instituteur fournissent de vrais faux papiers et cartes d'alimentation.
Les filières pour les enfants
Les organisations juives avaient été toutes dissoutes à l'exception des associations cultuelles par la loi du 29 novembre 1941. L’UGIF (Union Général des Israélites de France) est créé à la place pour représenter les juifs auprès des autorités mais surtout pour les taches d'assistance. Ainsi elle gérait sur Paris des maisons pour les enfants qui avaient réussi à se soustraire aux rafles mais restés sans parents. Si dans un premier temps on les considère comme non déportables les allemands viennent par la suite y puiser des compléments pour atteindre exactement les 1000 ou 1500 individus prévus pour un convoi de déportation. Suite aux rafles de juillet l’UGIF dénombre 1500 pupilles pour 400 places dans ses 7 centres et la vie y est peu familiale. Aussi elle placera un grand nombre de ces enfants en province avec l'aide d'associations clandestines mais en lien avec ses directions.
Aidée financièrement par la WIZO (Women International Zionist Organisation) L’Américan Jewish Joint Distribution Commitee appelé JOINT et l'OSE (Oeuvre de secours aux enfants fondée en Russie en 1912) dirigée en zone nord par le Dr Minkowski Ces associations vont mettre en place des filières avec l'aide de nombreux non juifs pour placer avec d'autres organisation des enfants en famille d'accueil
Ainsi Eacute;pine*,( justes des nations), 30 ans, couturière à Paris place dès les premières mesures anti juives deux enfants juifs d'amis chez une nourrice en Sarthe à Montfort-le-Rotrou. Contactée par le WIZO elle va alors chercher des enfants de la rue Lamarck de l'UGIF pour les placer en Seine et Oise, Orne et Sarthe. (182 en tout). L'oncle des premiers enfants Marcel LEVY directeur des Galeries Lafayette va lui offrir une bicyclette pour faciliter ses déplacements. En Sarthe elle met en pension104 enfants dans 60 foyers. Les frères et sœurs sont installés dans le même village à défaut d'être dans la même famille. Pour elle "Le droit était de mon côté, contre les envahisseurs". "J’ai été arrêtée deux fois, mais je n’ai jamais vu le danger. Je garde ce cette période un souvenir merveilleux. Chaque fois que j’arrivais à bicyclette chez les uns et chez les autres pour leur porter ce dont ils avaient besoin, une ribambelle d’enfants me faisait fête". Trente communes sont concernées dont Pont-de-Gennes (21), Montfort-le-Rotrou (19), Lombron (11), Mayet (7), Requeil (5), Soulitré (5) , Mansigné (4) , ...
Les E.I. = Eclaireurs Israélites devenu la Sixième Clandestine amenaient dans des camps de secours d’urgence des enfants en Sarthe. Cela aurait concerné 250 enfants. Le président du Secours National dans la Sarthe (organisation nationale sous la haute autorité du Maréchal Pétain) Inculpé à la libération reçut la médaille de la Résistance par Freddy Menahem des E.I. pour avoir aider à trouver ces refuges.
Le père Théomir Devaux* (né en 1885 à Castillon et décédé en 1967 à titre posthume de juste de France en 1996), ordonné prêtre en 1911, il appartient à la congrégation des pères de Notre-Dame de Sion à Paris dont il est le supérieur. Les célèbres (par leur conversion) prêtres Simon Théodore (1802-1884) et Charles Alphonse (1814-1884) Ratisbonne furent à l’origine de la Congrégation des Religieux et des religieuses de Notre-Dame de Sion. Le but de Th. Ratisbonne est d'aider ses anciens coreligionnaires à se convertir au christianisme, en particulier leurs enfants qui pourront être accueillis dans les pensionnats de Notre-Dame de Sion. En 1928, le père Théomir Devaux* fonde la revue Question d'Israël, qui œuvre en faveur d'un rapprochement entre les religions interdite en 1940 et il sera sous la surveillance particulière de la Gestapo. Malgré cela en coopération avec la WIZO, il aide des familles et des enfants juifs à se cacher et organise une filière qui agit en Sarthe notamment aidé de nombreuses personnes religieuses de Sion ou non. Il participera au sauvetage de 443 enfants en les cachant dont 176 en Sarthe. Comme pour les autres œuvres qui se consacrent au sauvetage des enfants il faut trouver des familles où les placer, leur apprendre leur nouvelle identité et les y préparer en deux ou trois jours et enfin les convoyer vers leur lieu d’accueil. Germaine Ribière* (juste parmi les nations 1967) et Marcelle Deschamps établissent les faux papiers
Une des particularités de cette filière est que le placement se fait parfois dans des institutions religieuses et qu'il ne s'agit pas toujours d'enfants sans parents. Mademoiselle HUE ou Denise Paulin Aguadich* (juste des nations en 1989) vont convaincre des parents de se séparer de leurs enfants afin de les mettre à l'abri.
L’organisation doit faire face à des situations d’urgence ainsi après une rafle dans le quartier de La Chapelle, il fallut cacher d’urgence 45 enfants, le groupe fut organisé en colonie de vacances et conduit dans la Sarthe
Des résistants sarthois :
Ainsi Albert* et Germaine Guilmin* (justes des Nations) de la ferme des Peloisières à 6 km de Bonnétable aident dès 1940 des réfugiés, des prisonniers évadés, des réfractaires au STO ou des juifs. Ils servirent ainsi de relais pour une centaine de juifs adultes et enfants amenés par le WIZO ou le réseau N.D. de Sion. Ils gardèrent même avec eux jusqu’à la libération 2 enfants juifs. Ils seront aidés par Mademoiselle Gabrielle Morin*, directrice du pensionnat du Sacré-Cœur à Bonnetable et de Georges Bugleau, curé de Mamers depuis 1933. Ce groupe de quatre est à l'origine d'une centaine de placement de juifs adultes ou enfants car ils vont recruter des familles d'accueil aux alentours et veiller au versement des pensions.
En 2001, Auguste* et Marie-Rose Landeau* à la Fredonnière dans les bois à 6 km de Saint-Ouen-en-Belin seront honorés par le comité Yad Vashem. Chez eux transiteront 82 autres enfants juifs pour être ensuite cachés dans d'autres familles vers Saint Ouen ou Yvré le Polin. Auguste* allait chaque fois les accueillir à la gare avec les fils Anisten Raymond 10 ans et Bernard 13 ans qu’il avait chez lui pour les rassurer en yiddish
Vers la fin de l’année 1942 le curé de Requeil annonça à ses paroissiens que des enfants juifs parisiens recueillis par le père Théomir Devaux* attendaient dans une grange que l’on trouve des familles d’accueil.
A Courgenard (8 km de la Ferté Bernard) au lieu dit "la Bassetière" chez Baptiste et Irma Dumur pour 6 mois est envoyé en convalescence Lulu le futur Serge Ginsburg, victime d'une péritonite tuberculeuse
Les enfants signalés
Chaque mouvement devant être signalé conformément aux instructions de M le Feldkommandant en date du 8 avril 1941 certains n’y échappent pas : Les enfants Tcherniakouski Adèle 13 ans et Rose 5 ans françaises venant de Paris à Brains sur Gée ou Tylber Cécile 7 ans venant de Paris à Cerans-Foulletourte sont signalés à leur arrivée le 17 février 1943 par les affaires juives de la Préfecture à la police de sureté allemande .Le 14 mars ils doivent retourner à Paris « en conformité aux instructions données en réponse » et transmises à M le délégué départemental de l’U.G.I.F.
Mais le 18 mars 1943 un arrête interministériel rappelle l’interdiction formulée à l’égard des aryens d’héberger des enfants juifs. On peut donc affirmer un certain danger du moins après le durcissement de la chasse au juifs,
Georges* et Yvonne Mary* de Lavaré accueillirent la famille Liberman (les parents et leurs 3 enfants) mais certains habitants de Lavaré réclamèrent leur départ en disant que leur présence mettait en danger tout le village. Le père et le fils ainé partirent en zone sud mais Mme Liberman et ses deux plus jeunes enfants restèrent jusqu’à la libération.
Angèle* et Gabriel Bacle* de St Aubin de Coudrais s’occupèrent de la petite Thérèse Faszkewicz. Des personnes les dénoncèrent au maire, il fut même convoqué à la Kommandatur du Mans (faisant les 50 km à vélo) mais il réussit à nier avec force qu’elle était juive.
Mais pour certains enfants renvoyés : Mildman Charles et son frère Henri nés en 1934 et 1930 à Paris demeurant à Paris envoyés par Mme B domiciliée près de chez eux à Pontvallain chez Mme R. qui sont signalés aux autorités et renvoyés à Paris ils seront déportés par le convoi n°62
Les enfants mal placés
Les placements se firent avec plus ou moins de bonheur selon les familles d'accueil. Dans la plupart des cas ils furent cachés, choyés,…par des parents nourriciers. Mais comme on peut lire dans les cahiers de note de Lucienne Clément qui allait revoir les enfants placés pour payer les pensions , donner et prendre des nouvelles c’était parfois des « pas très bon placement » . Le plus souvent cependant une mise au point suffisait.
Nelly Sharapan, est née en 1936 Son père est prisonnier de guerre, sa mère travaille à l’UGIF mais sera arrêtée et déportée. Elle est chez une dame mère d’un petit garçon. Mais cette femme disparut, partie avec un allemand abandonnant Nelly mais aussi son propre fils. Nelly est placée dans une ferme pour servir de main d’œuvre. Dans cette famille il y avait deux fillettes plus âgées issues d’un premier mariage et un second mari alcoolique et violent. Traitée de sale juive on lui assigna le grand nombre de taches, les plus dures et les plus humiliantes.
A cette violence peut s’ajouter d’autres comportements ainsi Maria Blum dont le père était prisonnier de guerre, la mère et le frère déportés. Elle avait été placée dans une famille qui lui assurait le gite et le couvert contre des travaux mais le chef de famille tenta à plusieurs reprises d’abuser de cette fillette de treize ans. Elle fut prise en charge par Jules* et Marie Boussard* (juste des nations) résistants à Mansigné qui avaient déjà accueilli en février 1943 4 enfants Fachtenbaum, de 2 à 10 ans dont ils avaient déjà eu les deux plus grands en pension avant guerre.
Jusqu’à l’extrême
Une femme s’était fait confier un enfant juif en pension. Après "encaissement de l’argent pour la pension" la nourrice demanda à la kommandantur de venir en prendre livraison pour s’en débarrasser. Les Allemands refusèrent de se déplacer pour un enfant et proposèrent de l’envoyer en taxi, ce qui fut fait. Quelques jours après la "nourrice" appela la préfecture pour demander le remboursement du taxi !3
03/03/2013
Auteur : Dr Olivier Cahen
L’après-guerre : juillet 1944-juillet 1962
Les "absents"
Cet été 1944 les juifs de France à la libération sont inquiets pour leurs "absents" comme le ministère les nommait.
C'est seulement en avril et mai 1945 qu'à lieu la libération des camps nazies et le retour des quelques rescapés qui arrivent à l'hôtel Lutétia à Paris. Le Maine Libre diffuse des listes. En Sarthe sur les 400 juifs, aucun ne semble rentré.
Quelques retours
Les moyens de communication à la libération sont difficiles et les retours se font sur plusieurs mois. Peu se sont réinstallés au Mans comme Mme Bercu, d'origine roumaine avec 3 enfants qui avaient réussi à s'échapper en zone libre cachés sous un faux nom et qui reviendront au Mans dès décembre 1944 ou M Isaac Fresco.
Quelques personnes reprennent le commerce de leur famille disparus. Les biens juifs sont partiellement et difficilement restitués les logements sont occupés. Ces quelques juifs sont dans la misère et un comité juif d'action sociale et de reconstruction va verser quelques secours et distribuer quelques colis.
Joseph Weismann, vice-président de la communauté juive du Mans, homme de paix qui dénonce tous les racismes, chevalier de la Légion d'honneur échappé après l’arrestation de sa famille le 16 juillet 1942 Vel d’Hiv à Paris a été caché en Sarthe, seul au lendemain de la guerre. Il essaye de revivre en restant au Mans. Il devient commerçant. Au lendemain de la guerre du Kippour, il s'installe pourtant en Israël. En 1976, il revient en France, au Mans
Les enfants
L’ordonnance de 1945 place les enfants de déportés dans la catégorie des pupilles de la nation
Le fait que la Sarthe soit un département rural, isolé et étendu a été positif pour le sauvetage des enfants, mais cela devient un handicap pour leur récupération. L’OSE reconnaît en 1945 avoir encore des enfants placés en milieu familial ou dans des institutions non juives. Des parents éloignés viennent récupérer les orphelins à Lombron 11 enfants juifs placés dans 3 familles sont récupérés par un membre d'une famille à la mi octobre 1944. Reste le cas d'enfants "déjudaïsés pour leur sécurité" mais pour lesquels on veut aussi sauver leur âme. Pendant la guerre on a baptisé nombreux juifs parfois même à la demande des parents mais ce qui n'était que des certificats de complaisance, souvent faux gage de protection (puisqu'ils devaient en fait dater d'avant l'armistice). L’Eglise s’oppose au retour au judaïsme des enfants baptisés. Des enfants ont même fait leur communion.
L'Ordre de Sion du père Devaux aura vu passer 450 enfants juifs. Les listes comprenant l’identité des enfants ainsi que le nom des parents qui lui avaient confié l’enfant et le nom de celui qui payait les pensions étaient cachés dans la Chapelle, sous les marches de l’autel. Mais en janvier 1946 l'œuvre reconnaît qu'une trentaine n'a pas été rendue aux familles, elle se montre la plus réticente à rendre les enfants. La mère supérieure de Grenoble (Antonine) et celle de Marseille seront au cœur de l’affaire Finaly avec même des baptêmes après guerre ce qui n’avait plus aucune valeur.
Enfin il y aurait même eu un trafic d'enfant à adopter. Sans aller jusque là des familles d'accueil se sont attachées aux enfants confiés et ne veulent plus les rendre. Dans certains cas de jeunes adolescents eux mêmes souhaitent rester où ils sont pour divers raisons dont une reconnaissance pour les familles ou institutions. Les conseils de famille laissent les enfants dans leurs familles adoptives.
En Sarthe un aumônier juif de l’armée américaine se démène pour loger au Château de Méhoncourt une trentaine d’enfants juifs abandonnés. L’OSE prend alors le relais et y rassemble 72 enfants dispersés dans le département par les différents réseaux. Ils y resteront plus d'un an chacun. Elle est transformée en colonie sanitaire et ferme en 1954.
Par ailleurs le secrétaire du BUND américain charge en novembre 1944 Israël Gertler de regrouper les familles dispersées et de veiller aux enfants orphelins. C’est au Mans où sa famille vivait avant guerre qu’il ouvre sa première maison rue des Rouillons « les Buissons » grâce à la municipalité qui fournit également le nécessaire et la nourriture. Elle fonctionne dès juin 1945 avec 37 enfants de 6 à 12 ans. Elle déménagera par la suite pour Maisons-Laffitte. On leur apprend aussi bien le yiddish que la couture, l’hygiène et le théâtre. Les plus grands après un apprentissage sont émancipés. Par ailleurs on donne aux enfants la conscience qu'ils sont juifs mais on leur laisse la liberté de choix. Serge Gainsbourg y fut un temps moniteur. En Mars 1948 à l’occasion de la fête de Pourim (sorte de Mardi-Gras) un spectacle est présenté par les enfants des deux maisons au château de Méhoncourt devant de nombreuses personnalités.
Les responsables
Le "bourreau d’Angers", Hans Dietrich Ernst a été démasqué en 1975 par les KLARSFELD. Près de Hambourg il avait repris son métier d’avocat malgré 4 condamnations à mort par contumace. Victime d’un accident avant son procès il eut seulement le temps d’être radié
Les Préfets de Pétain : Dissard sera suspendu de ses fonctions lfin 1944 comme Marcel Picot. Ce dernier mis en retraite d'office sera réintégré en 1959. Jean Porte sera arrêtée à la libération, incarcéré à Angers jugé puis révoqué. Beaucoup de fonctionnaires (policiers et gendarmes, agents préfectoraux…) restent en poste pour ne pas désorganiser le pays. L’épuration est sobre.4
03/03/2013
Auteur : Dr Olivier Cahen
Angèle Bâcle (Saint-Aubin-des-Coudrais) | Marie-Louise Déré (Le Lude) | Léon Lefèbvre (Saint-Ouen-en-Belin) |
René Candas (La Chapelle-aux-Choux) | Esther Guillin (Sceaux-sur-Huisne) | Jeanne Méry (Bessé-sur-Braye) |
Jeanne Chérot (Saint-Martin-des-Monts) | Georges Hertaux (Saint-Georges-de-la-Couée) | Louis Pottier (Cogners) |
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16/07/1942 -
Rafle de juifs en Sarthe : 8 arrestations à Ecommoy, 32 au Mans, 10 à Tuffé et 4 à la Ferté-Bernard.
09/10/1942 -
Rafle de Juifs en Sarthe, les 9 et 14 octobre 1942 : 144 juifs sont arrêtés.
10/11/1942 -
D’après le récapitulatif de la préfecture, 36 familles ont été arrêtées parce que juives en Sarthe.
12/1942 -
A la fin de l’année 1942 : 278 juifs dont 184 hommes et 94 femmes ont été arrêtés en Sarthe.
12/1943 -
Pendant l’année 1943, 40 personnes sont arrêtées parce que juive en Sarthe (15 hommes et 25 femmes).
12/1944 -
Pendant l’année 1944, 58 personnes sont arrêtées dans la Sarthe parce que juives (18 hommes et 40 femmes).
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- 1 - Source Fusillés et déportés du Nord-Pas-de-Calais. La Voix du Nord Editions. 2005
- 2 - Auteur : Dr Olivier Cahen, fils de Robert Cahen, enfant caché, petit fils d'un déporté.
- 3 - Texte du Dr Olivier Cahen, reproduit avec l'aimable autorisation de l'auteur, fils de Robert Cahen, enfant caché, petit fils d'un déporté.
- 4 - Texte du Dr Olivier Cahen, reproduit avec l'aimable autorisation de l'auteur, fils de Robert Cahen, enfant caché, petit fils d'un déporté.
- 5 - Témoignage de son frère, Bernard (Dov) Skornik, le 14/04/1999, Daf-Ed 35100.
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*** Recherche descendants et famille Déposée le 04/01/2018 |
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Répondue le 04/01/2018
Avez vous consulter le dossier de la famille MERY qui a été reconnu comme juste ? Peut être trouverez vous des noms de descendants ?
cordialement
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*** CHATEAU DU LOIR Déposée le 21/12/2017 |
je suis à la recherche de la famille d'un jeune SCHWARS Jacques qui a été déporté depuis Château du loir en octobre 1942. Il était né en 1929. Il avait un frère Léon né en 1927 qui était domicilié en Israel en 1968. Avec mes remerciements. l'orthographe du nom est le bon... J'ai en ma possession son acte de naissance. Merci [répondre] |
Répondue le 21/12/2017
Peut-être pourriez-vous rechercher des membres de famille d'après l'extrait de naissance. Vous devriez pouvoir connaître les parents et à partir de cette information remonter plus haut, c'est à dire demander les extraits de naissance de ces derniers avec indication des mentions marginales et ensuite chercher quand les parents se sont mariés. Réfléchir aux dates possibles de naissance. Il faut consulter les services d'état civil du lieu de naissance. C'est un travail de fourmi mais qui peut être payant.
J'essaie de consulter les annuaires téléphoniques en Israelpour voir si il y a des descendants... mais malheureusement sans succés (je n'y arrive pas). Si quelqu'un peut m'aider j'accepetrai avec plaisir.
Je me permets de revenir sur ma demande de renseignements sur le jeune SCHWARS léon. Il a été pris en charge par l'OSE et hébergé par cet organisme au château de MEHENCOURT dans la Sarthe. C'est le seul élément sérieux que j'ai retrouvé. |
*** recherche réfractaire STO ami Famille Bignon/loué/Mareil Déposée le 01/01/2014 |
je cherche des personnes l'ayant connu ou ayant connu Mareil et Loué ce moment-là. Merci. [répondre] |
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*** recherche famille hébergée à Vibraye Déposée le 04/12/2012 |
Originaire de région parisienne, la maman se prénommait ADELE, sa fille MARIE PAULE (doit avoir maintenant entre 70 et 80 ans) le nom pourrait être DEMETZENFELD ou approchant. Cette famille est revenue voir ma grand mère jusque vers 1960. [répondre] |
Répondue le 04/12/2012
N'est-ce pas facile de les répérer sur Internet? Très cordialement à vous.
Merci à tous qui pourront m'aider. |
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